I'm not your paradise girls

J’ai le souffle coupé, mon cœur bat si vite, alors que mes pieds fouettent le bitume. Je cours, je n’ose pas détourner les yeux. S’il te plait, dis-moi que tu es là, juste derrière moi. J’ai peur en fait… j’ai si froid dans cette ville immense, cette nuit m’avale, comme toutes les autres mais cette fois c’est différent. Parce qu’il est là, à nous courser… Je n’ai plus de souffle, mais il faut que je trouve le courage de te demander si tu vas bien. Alors je tourne la tête, je t’aperçois juste là à quelques pas de moi. J’aimerais que tu ailles plus vite alors je cris ton nom, en espérant que tu reviendras. Tu accélères je crois, je me dis qu’enfin nous y arriverons. Je connais la ville comme ma poche, Miami ne ressemble pas à ce qu’on voit à la télé. Oh bien sûr, il y a des filles canons en maillot de bain, des voitures de luxe, des boites de nuit à n’en plus finir mais il y a aussi les gangs, la drogue, les paumés… les mecs comme moi. Tu savais que trainer avec moi ne serait pas une bonne idée mais tu n’as pourtant pas hésité. Je t’aimais bien tu sais ? Assez pour venir te parler de moi et de la vie que je menais. Je me souviens encore de ton sourire quand je t’ai dit que je dealais pour survire. Ça n’a pas semblé t’effrayé, au contraire tu voulais vivre ta vie toi aussi. Tu voulais ton indépendance et tu étais venu ici pour te changer les idées avant ton départ. La Corée… j’en ai entendu parler par ma mère lorsqu’elle était saoule. Elle me disait que sa vie était mieux là-bas, qu’elle aurait dut y rester car au moins je n’aurais pas été là. J’ai pleuré, mais au fil des jours j’ai encaissé pour finalement ne plus y penser. Toi ta famille elle t’aimait… parfois il m’arrive de penser à eux. Tu voulais les fuir, mais je crois que des parents comme ça, ça ne se fuit pas. Mais je suis égoïste, je suis un lâche, j’ai bien trop peur d’aller les voir pour tout leur dire.

Je crie encore ton nom, cette fois tu es à côté de moi. Cette barrière est immense mais on est assez agile pour l’escalader. Je prends le temps cette fois, parce-que je ne veux pas que tu y restes à cause de moi. Alors je t’aide, je fais tout ce que je peux pour te faire passer devant. Mais tu trébuches, tu n’es pas habitué à ces courses poursuites… Merde Jin Kyung ! Je t’en supplie dépêche-toi ! Je m’agace, déjà sa silhouette nous retrouve. Il a l’air aussi essoufflé que nous mais il a l’avantage. Parce qu’il nous menace de cette arme et que nous nous n’avons que nos jambes pour fuir. Heureusement tu finis par passer et moi je te suis, je te pousse si fort pour que tu partes devant. Cette fois je dois te voir, tu dois être celui devant. J’ai mal au cœur, j’ai envie de vomir mais plus rien ne m’arrête. Il faut qu’on tourne, les rues sont désertes mais je sais où aller pour qu’il ne nous trouve pas. Encore quelques efforts… on y est presque… Mais déjà tu n’es plus là, je t’ai encore dépassé et j’ai peur. Parce-que cette fois ses pas sont tout près. Et je l’entends… c’est brusque, c’est un bruit sourd, un long retentissement dans cette nuit silencieuse. Mon sang se glace, ma silhouette s’arrête et mes mains tremblent…

Je n’ai plus la force de déglutir, mais inconsciemment je me détourne, le temps me parait si long désormais et tout est si flou. Il n’y a que cette image qui me hante… cette de ta silhouette étendu sur le sol, dans une mare de sang. Je veux te rejoindre Jin Kyung, je t’en supplie crois-moi je veux venir mais il va arriver… et si son arme ne s’était pas embrayé alors j’y serais passé aussi. Je ne sais pas ce qui m’a pris, je ne sais pas pourquoi je me suis jeté sur toi et pourquoi j’ai pris tous tes papiers. J’avais peur je crois… Peur qu’on sache qui tu étais, peur qu’on remonte à moi… Il fallait que tu ne sois personne, pour qu’on t’oublie…Alors j’ai tout prit, j’ai tout fourré dans ma poche et je suis parti… tu portais mon gilet ce soir-là. Peut-être a-t-il pensé qu’il s’agissait de moi ? Je n’en sais rien, mais il ne pas suivi et je me suis enfuis.

On en avait parlé ensembles, tes projets tu me les avais confiés. Tu voulais t’inscrire dans cette université en Corée du Sud. Tu avais trouvé une famille prête à t’aider et t’accueillir. Tu étais resté secret sur certaines choses et un avantage pour moi ils ne savaient pas à quoi tu ressemblais. Alors j’ai refait ces papiers, ce passeport est le mien désormais et j’ai débarqué dans ce pays que je ne connais pas. Les débuts sont difficiles, mais je ne pense à rien… je fais semblant d’être toi en étant moi.

Je m’appelle Young Jin Kyung et j’ai volé ta vie.