sweet poison ▪ grace

Loong 龍 nom du dragon, un nom notoire forgé dans l'or pur, et connu, entre autres choses, pour défigurer les plus beaux paysages des quatres coins du monde et y édifier des complexes hôteliers titanesques. Grace, prénom aussi gracile que celle qui le porte, choisi par sa véritable mère en guise d'hommage spirituel puisque tout le monde est chrétien protestant dans la famille Beaulieu. Un patronyme qu'elle vient de faire ajouter à tous ses papiers d'identité. le 19 février 1996, une après-midi glaciale pendant que le reste du monde asiatique célébrait le premier jour de l'an chinois. Une année qui promettait d'être de bon augure grâce au rat de feu. Ce qui a sans aucun doute encouragé le patriarche Loong à altérer la vérité et à se faire usurpateur et voleur... tout simplement parce qu'il est un superstitieux compulsif. Sale voleur de vies et de souvenirs  qu'ils ne pourront jamais rattraper. Ça remonte à 23 ans. Depuis que tout ce sait on attend d'elle une affection qu'elle ne peut rendre, une affection qu'on ne lui a pas donné. C'est au Singapour que ses poumons se sont remplis d'air pour la première fois. Les Loong sont d'origine chinoise depuis plusieurs siècles : ils sont prêts à désavouer l'un d'eux qui voudrait se lier avec n'importe quel étranger. Ils sont fiers d'être de purs chinois et compte évidemment le rester. Mais voilà, Grace est aussi française et coréenne : c'est raté.écrire ici. Son avenir elle le voyait tout tracé, sous ses esquisses, son nom en grandes lettres sur les robes qu'elle confectionnerait. Son rêve semble gâché depuis qu'elle ne voit plus ce qu'elle dessine. Etudiante par correspondance en art et design plutôt que sur le campus : son ego aurait pris un sacré coup si elle avait du se pointer en cours sans savoir aligner deux mots de coréen, dans une université même pas internationale. En un an, elle a réussi à combler ses lacunes, cependant elle ne veut toujours pas aller en cours alors qu'elle vient de perdre la vue et qu'elle ne se déplace pas sans son chien d'aveugle. C'est très simple, elle détèste la canne d'aveugle, trop bruyante, trop laide et avilisante à son goût. Le jour n'est pas encore venu oú on l'apercevra, avec ce truc à la main. Les cours à distance, c'est fade mais nécessaire pour obtenir ce master pour lequel elle a tant bossé. La maxime familiale, elle à fini par l'apprendre par coeur : un Loong excelle dans tous ce qu'il entreprend, il n'échoue pas, et n'as peur de rien ni de personne. Jusqu'à présent, elle ne lui a pas fait défaut. Ce n'est pas un handicap qui va la faire dévier de sa voie vers la suprême perfection. Loong rime avec ostentatoire, opulence et pouvoir. On ne la surnomme pas la famille impériale de Singapour sans raison. Elle règne solennellement sur tous les domaines, avec ses tentacules machiavéliques. Tous les moyens sont bons pour rester l'une des plus grandes fortunes. Pendant longtemps, le mot loisir a rimé avec torture. Des cours de solfège, de violon, de danse classique et d'anglais. En plus du professeur, elle devait supporter le regard froid et sévère de celui qu'elle devait appeler "père". Il s'incrustait dès que son agenda et le professeur le lui permettaient. Son seul refuge était la piscine de son école internationale, à Shanghaï.  Elle aimait flotter sur l'eau iodée ou nager comme une forcenée, pendant des heures. Ce n'est que plus tard que la sirène s'amouracha de l'art, en assistant à  une exposition organisé dans un des hôtels Loong de Singapour. écrire ici.  Grace elle a peur de pas grand chose dans la vie. Elle le doit à celui qui l'a forgée, lui a donné ce mental de fer. Elle craint juste de le décevoir, ce grand "père". Elle appréhende les faiblesses et l'amour. L'amour majuscule et minuscule. Des secrets personnels elle n'en a pas. Parcontre elle porte celui d'autrui : son père n'est pas son père mais son grand-père. Il lui a fait dark vador à l'envers. Du coup, sa belle-mère n'est que sa grand-mère et ce frère qui la détestait et qu'elle haïssait réciproquement, s'avère être son père. C'est beau l'abus de pouvoir qu'on utilise pour manipuler, pour pousser une étudiante érasmus à quitter le pays et par la suite lui enlever son bébé. Grace, elle rève que cette famille venimeuse lui fiche la paix. Elle rêve aussi qu'on cesse d'exiger ou d'attendre qu'elle que chose. Il serait temps qu'elle pense à elle-même, que sa quête du bonheur passe avant la famille, l'entreprise familiale, les souvenirs manquées et tous le reste. C'est très facile d'être égoïste en apparence avec le reste du monde mais pas avec son propre sang. Pourtant, ils l'auraient bien mérité. La métisse voudrait le retrouver lui, pour vivre cette histoire qui n'a pas vraiment débutée, pour réaliser leurs rêves laissés en suspens.