poor condition feat. tael

Le cœur bat, larmoyant d'incompréhension. Battements troubles et submergés par l'immensité des questions sans réponses. Ses pensées se perdent dans l'abandon soudain, et il ne sait comment remédier à la colère qui ne cesse de grandir en lui. Chaque mouvement, action, arrêt, tout lui rappel ce présent dans lequel il est plongé. D'une obscurité effroyable et terrifiante … Seul et sans ami. Plus que ses jambes, tout s'est échappé cette nuit-là comme des minutes écoulées d'une lenteur monotone et discrète ; le plafond blanc similaire aux nouveaux battements de cils. Et ses bras s'épuisent. Ses doigts s'usent à longue de rouler, la face nostalgique. Il est énervé. De bien des choses, et pour d'autres encore.

Adrénaline guinderesse, le regard des autres ne le perturbe en rien. Son âme meurtrie ne cesse de se souvenir des mots qu'on lui a prononcés. Et redoute ceux qu'il pourrait entendre. Comment de scénarios ont tourné dans sa tête depuis sa sortie – avant, d'ailleurs ? La douceur de leurs mots n'a existé que dans les souvenirs lointains, saccadés de violences destructrices … Mais il a toujours été là. Ne comprends pas pourquoi tout s'est joué de lui. Comme un monde qui retourne sa veste ; Sueon n'arrive pas à oublier ce qu'ils ont été. Sauvage et précieux ! … Pourtant fautif de bien des cauchemars. Morphée à la gloire des nuits terribles, sous le silence de la lune le regard devient sombre.

le corps et l'âme exploité, longtemps que tael n'avait plus eu de calme avant une tempête. bien trop méfiant face aux bruits divers et variés. isolé au possible, lui qui pourtant autrefois, n'était que l'enfant lumière, l'enfant solaire. celui que l'on aimait pour son sourire bénit par des dieux lointain. celui qui portait douceur et chaleur aux âmes en peines. disparition soudaine ne font de lui qu'un garçon désormais oublié. l'âme honteuse, c'est à sa réapparition qu'il viendra à s'isoler volontairement, fuyant des regards qui pourrait percer à jour une coquille bien fragile recouvrant bien des secrets. il fuit, tel un lâche, perdant alors de sa lueur céleste et n'en devenant qu'un astre échoué, oublié ici et là. c'est à sa mère, qu'il clame avoir une vie des plus paisibles depuis son départ du foyer familial, mais bien loin de se douter, cette pauvre mère, que son enfant n'est devenu qu'un déchet de la société. usé, manipulé. triste et mélancolie berce alors son coeur qui se souvient d'une vie tout aussi compliqué, mais pourtant bien plus douce que celle qu'il possède à ce jour.

tael n'est que l'abomination qu'il a voulu devenir, malgré lui. prit dans un tourbillon de mensonges, il peine à se sortir de sa situation et couvre donc sa haine et plus encore au creux d'un oreiller, au beau milieu de larmes salés. pêché. voilà ce qu'il devient le jeune porteur croix, hurlant sa foi à un seigneur auquel il peine à croire aujourd'hui. pêché originel détourné par des voix tout droit venu des enfers. esprit faible. pornographie et prostitution en guise de passe-temps qui devait être la solution à ses problème. passe-temps dissimulé, imposé par une manipulation démoniaque dont il peine à s'éloigner. l'envie de régler ces tourments par le sang emprisonne alors son esprit. l'acte irréparable faisant de l'être innocent, un démon naissant. bien des jours qu'il sasse et ressasse ces idées noires et sanguinaires sans pour autant ne passer à l'action.

puis parfois, pour calmer les diablotins de son esprit, il s'évade durant des songes auprès de celui qu'il a toujours aimé. ou presque. lui aussi, abandonné. tael, petit être fait de lâcheté, ayant abandonné ce qu'il avait de plus précieux en dépit d'une carrière, pour finalement se faire avoir en beauté. tonnerre grondant, les doux songes n'en devenant que des cauchemars, il hurle souvent dans son sommeil, tael. puis le réveil fut. tambour qui raisonne. hurlement incessant et voix bien trop familière qui ère, pénètre ses tourments à contre coeur. des lames qui brûle un myocarde et des tremblements qui martyrise l'aspect gringalet du jeune. l'envie de répondre. d'ouvrir. mais aussi l'envie de fuir. pas pour lui. mais pour l'être précieux derrière la porte. car il sait, tael, ô combien ouvrir cette porte viendrait à mettre en danger la vie de son prochain. et pourtant, l'envie est là. celle de lui hurler dessus. de le serrer dans ses bras. parfois même de s'excuser. tout est là. et finalement, il cède. parce que c'est sueon. parce qu'il est et a toujours été bien trop précieux dans la vie de tael pour le laisser face à un vulgaire morceau de bois.

ainsi, le masque s'installe, le sourire s'étire et la porte s'ouvre avant qu'il ne s'appuie contre celle-ci. « Tu comptais rouler sur la porte ? » prince de comédie, enveloppé sous un personnage des plus rayonnant, il fausse la donne, tael. pensant berner le garçon face à lui qu'il laisse finalement entrer sans imposer de grande résistance. « ...Trois mois de quoi Sueon ? Trois mois sans faire l'amour ? Je comprends donc toute cette frustration qui émane de toi. » coquille des plus solide, l'enfant comédien ose l'humour et l'ignorance pour mieux approcher son semblable. cela serait mentir de dire qu'il ne s'en voulait pas de l'avoir abandonné malgré lui. cela serait mentir de dire qu'il ne lui avait pas manqué une fois la nuit tombée et la solitude retrouvée.

amoureux éternel d'une amitié.
de leur amitié.

Il y a de la rage dans ses yeux autant que la nostalgie marque sa présence d’humidités. Son âme tout entière hurle, pleure, fais mine de silence. Il y avait longtemps qu’il ne s’était plus préoccupé du regard des autres – celui de Tael pourtant précieux au possible. Mais il se sentait de traverser la ville entière s’il le fallait : pour le voir lui, maître de ses songes maudits. Gamin de l’abandon, les traces sur le corps, la tête folle d’un « eux » qui n’existe que dans l’authenticité de la nuit ; lune protectrice de bien des secrets. Faiblesse partagée. Chaque mot du garçon l’irrite. Il le déteste plus qu’il ne se déteste déjà bien assez. Et ne sait plus que dire tant les paroles l’use. Les mots déchirent un peu plus son âme – déjà en morceaux. Un puzzle qu’il ne sait reconstruire, détruit par le temps et achevé par l’accident. Sueon n’est qu’une ombre.

Un fantôme qui erre sans but, il a perdu tout espoir de vivre … Seule son âme pleure de l’absence creusée par l’autre.

Il cause l’ironie parfaite (imparfaite), les paroles brusques qui réveille l’âme en peine. Son âme, morte. Dépravée. L’amitié effacée, troublée par l’état fantomatique de l’un et de l’autre. Forcé d’avancer sans se retourner – ou le plus vieux fait don d’exception, règle bafouée là où le fauteuil tremble, où les mains chevauchent les blessures. Les souvenirs de Sueon n’estompent rien de ce qu’ils sont ; ce qu’ils ont autrefois été.

Le masque s’installe, similaire à celui qu’il a longtemps porté ; derrière le caractère obscur, ce sont les sourires en éclats. Opposés en toutes choses, les deux jonglent de sentiment incompris – le cœur de Sueon n’a jamais cessé de battre au nom de leur amitié, plus encore pour la face cachée qu’il s’éternise à taire. Aimer est un mot qu’il a appris à détester. Cause de quoi l’amitié disparaît de son vocabulaire. Un rien lui fait peur, il saigne de l’intérieur. « Ta gueule. » Qu’il balance.

Il hésite avant d’entrée,
mais la curiosité joue de lui.

Des explications, il en rêve. Seulement veut-il les entendre ? … Duo plongé dans l’obscurité des mensonges, le sens de leur relation n’est que comédie. Artifice sauvage. « Est-ce la seule vision que tu as de moi ? Un corps contre le tien, tout le reste à la poubelle ? » Ses doigts tremblent. Sueon ne sait que dire, que faire, chaque geste de Tael le terrifie autant qu’il le rassure ; le masque n’est qu’une figure qu’il a retirée plusieurs fois, réciproquement. Derrière les mots, il y a les sentiments. « Je t’ai attendu là-bas, encore et encore … Mais tu n’es jamais venu Tael. Pourquoi ? » N’est-il qu’un mythe à ses yeux ? Un mirage venant du passé ? Tout n’est que questions autour de lui. Est-il le seul à avoir ressenti l’alchimie qui émane d’eux ? Le seul à être désespéré …

punition divine. digne de celles que peut apporter le dieux des enfers à un astre bien trop fragilisé par un voyage des plus perturbateur. de marbre face à l’éclat d’amour, il observe, tael, le sourire aux lèvres, dissimulant au mieux sa vie qui l’a forcé à s’éloigner de lui. à contre coeur. il se maudissait bien assez, chaque nuit, d’avoir laissé derrière le seul être capable de cerner ce qu’il est, ce qu’il a été et ce qu’il peut devenir. éternelle âme-soeur qu’il repousse malgré lui. inconscience constante bercée par une douce naïveté. puis le tonnerre gronde.

la foudre s’abattant sur le jeune porteur de croix, il se crispe, vient à perdre ce sourire presque angélique, aussi faux qu’il puisse être. il s’envole, rejoignant le paradis pour laisser place à un enfer sentimental. les mots ne sont fait que de violence et tael s’éloigne. laisse sa carapace l'enrober pour glisser de sa froideur. « tu étais bien plus drôle, autrefois. » tout comme lui. mais le silence sabote les mots, les envies douces et les révélations dangereuses. tael n’est que violence silencieuse, le poing serrer face à son corps d’enfant frêle.

il observe sueon. encore et encore. le regard s’assombrissant et offrant partiellement son âme aux enfers. l’envie de hurler le manque n’est que plus présent. mais sa fierté n’en devient que plus dévastatrice. « j’étais là où toi, tu ne pouvais être sueon. tout simplement. » là où le paradis a finit par s’assombrir. là où son innocence s’est envolé en dépit d’un chaos monstrueux. tael, souillé au possible. secret, il était devenu l’enfant. plus qu’il ne l’était déjà. et la fuite fut dure. pour lui comme pour sa mère. fuite silencieuse car l’amour aurait pu avoir raison du reste, mais le choix ne lui était pas permis. loin de là.

alors il s’était envolé, de force, laissant derrière lui tout ce qui pouvait faire de lui une meilleure personne. et si autrefois, il n’était qu’un astre solaire, doté de doux sourire capables de penser bien des plaies, aujourd’hui, il ne reste rien de tout cela, si ce n’est que des artifices. une tragédie. une comédie sans fin. « puis en somme, quand m’as-tu attendu au juste ? avant ou après la venue de tes amis ? » amertume éternelle. jamais il ne pardonnerait ce comportement. et ce malgré sa facilité à céder, jouer son rôle à merveille, autrefois, pour satisfaire l’autre. une force d’amitié bien particulière. tael, éternel être bercé par l’aura d’un garçon qu’il n’a que trop aimé.

amoureux silencieux.

Que trop de mots connus. De phrases entendues. Le temps joue de ces mélodies où la connaissance des autres n’est que plus facile selon les notes qui en ressort. Et si le masque qu’il porte n’est que mirage, celui de l’autre n’en reste pas moins similaire – ils le savent. Seule la fierté raisonne dans la violence des mots. À se balancer une vérité germée de mensonges sur le chemin ; elle n’est qu’impossible à lire, pourtant discernable parmi le faux. Un filet si finement ficelé au milieu du chaos. Une définition écrite pour eux … La nostalgie du silence dans la brutalité d’une bouche qui s’ouvre.

Le cœur se déchire un peu plus devant le détachement qu’il impose à eux. Sueon n’est qu’impuissant devant celui qui n’a jamais cessé d’exister ; les regards plus différents chaque jour, l’annonce d’une relation qu’il tait dans la profondeur de son âme. Amoureux silencieux, l’enfant se berce d’illusions factrices. Paumé dans le trouble de ce qu’ils ont été. Aujourd’hui noyé dans l’eau profonde, l’espoir présent que l’autre vienne le repêcher ; inconscient de la réciprocité de ce même besoin. Un simple contact entre eux suffirait à le calmer, mais il n’y a rien d’autre qu’une glace qui se forme.

« J’aurais aimé. » Être au même endroit que lui. Qu’importe où, simplement ensemble. Combien de fois en a-t-il rêvé ? Là, le regard plongé dans un même plafond blanc. Le lit d’hôpital en guise de compagnie, les mouches autour de lui. Pas même le père, pas même la mère, lui. « Bouger, être près de toi. J’aurais aimé faire tout ça. » Tout simplement – si seulement c’était si facile. Sueon n’est que l’ombre de lui-même. L’accident l’a brisé autant que l’absence de l’autre à creuser un vide en lui. Il aurait aimé être tant important à ses yeux que l’abandon n’aurait eu lieu que dans ses pires cauchemars. Mais que s’est-il des activités de Tael ? Le masque ne renferme qu’une âme plus perdue encore que la sienne. Il en est certain, fais vœux de silence.

Il a les larmes aux yeux. Gamin capricieux, qui pourtant s’obsède dans l’idée d’équiper une parure impassible – qui ne lui va pas, pas devant lui. Sueon n’est que trop faible. Frêle et fragile ; le ridicule émane de lui tant les poings qu’il ferme ne demande qu’à se relâcher, tant il tente de contrôler une colère qui n’existe qu’à contre sens de tout … Après tout, il est fautif. Des maux offerts au nom d’une amitié transparente dans la journée, tant à la nuit tomber les soupirs s’échouaient contre les draps humides. Mascarade, mensonge, comédie ; bal d’hypocrisie. « Tout le temps. » avoue-t-il un peu plus tremblant. « Personne d’autre que toi. » Ils ne sont rien de plus qu’un passe-temps. Tael un monde à lui seul … Mais qui aime à croire les mots d’un Tartufe réincarné ? « … Tu m’as manqué. »

Sa voix, son visage, son corps,

l'ange cédant sa place au diablotin. l'auréole perdant desa lueur face à l'être qu'il a pu détester autant qu'il a aimé. taël n'en devient que silencieux. en colère, mais silencieux tout de même. enfant qu'on a baigné dans des promesses et des mirages mais qui soudainement se noie dans une triste réalité. sueon face à lui. douloureux au possible pour le jeune blondinet qui s'en veux, silencieusement, de ne pas avoir serrer sa main à de mainte reprise. lui-même qui s'en veux de ne pas avoir pu le prendre dans ses bras lorsque le besoin s'en faisait sentir. rancœur grossissante qui ne vient qu'alimenter une haine déjà bien présente envers l'homme coupable de ses absences. il est à l'image de ces hommes venant tout droit des enfers. ceux qui possède une emprise auquel on ne peut se détacher. et taël subit dans un silence douloureux. taël encaisse et sourit l'air de rien parce qu'il est plus facile de porter un masque que d’énoncer les méfaits du diable.

enfant lâche.

et à nouveau, il l'était face à l'autre garçon. lâche. et même si les mots ne sont que porteur de baume au coeur, taël ne fait que repousser, rejeter pour punir l'autre, mais surtout se punir lui-même. « tu aurais aimé, sueon ? vraiment ? quand ça ? une fois que nous nous serions cachés ? à l'abris des regards parce qu'il est toujours plus beau de conserver une foutue réputation qu'une sorte d'amitié factice n'est-ce pas ? » éternel cracheur de venin. taël, enfant bien trop brusque, ne portant que peu de filtre dans ces propos car la sensibilité du jeune garçon faisait de lui cet être débordant d'émotions. hypersensible, mais pourtant fort dans sa mentalité. dualité. à l'image de sa relation avec son semblable. « ton bouche-trou t'as manqué sueon ? que c'est mignon. » froideur et amertume. l'ironie berçant les mots, accompagné du sourire tout aussi factice. « maintenant que tu te retrouves tout seul et sans intérêt pour les autres, tu viens retrouver la seule personne, qui autrefois, aurait pu t'accueillir à bras ouvert pour te protéger du reste du monde ? ça marche pas comme ça. » ça ne marche plus comme ça.

taël détruisant un peu plus à chaque mot, une âme, peut être deux, déjà bien endolories par la vie. le porteur d'auréole, maître incontesté de ces lieux, devenant subitement enfant des enfers. autrefois silencieux sur la colère qu'il pouvait camoufler par amour de l'autre. aujourd'hui en furie face à la facilité, de celui qu'il a autrefois aimer, de revenir dans sa vie, pourtant bien chaotique. « je pourrais te dire aussi que tu m'as manqué, mais comme tu le vois, j'y arrive pas. » et pourtant, brisé il avait été, taël. le laisser derrière lui. sans un mot ni même un regard. pas même un geste tendre. envolé au petit matin. enlevé pour protéger sans vie, mais celle des autres aussi. peu comprendrait. alors il continue de porter ce masque nauséabond, le garçon d'église. mais il sait au fond que toute sa vie n'est désormais qu'un pêché maudit.

« tout a été détruit sueon. que ce soit de ta faute, ou de la mienne, il ne reste plus rien de ce qu'il a pu exister. » l'enfant s'écarte à nouveau, abandonnant sa place initiale pour rejoindre le bord d'une table basse. perdu au possible. « on est plus ce qu'on était... » destins brisés. l'âme en peine faisant de l'astre solaire, un astre perdant de sa lueur, n'en devenant que lunaire et nocturne. comète instable, taël ne restant que l'ombre de lui-même. plus encore devant celui qui ne cesse de lui rappeler malgré lui, sans un mot, ni même un geste, l'enfant innocent qu'il était autrefois. taël, grandissant que bien trop vite, au milieu des enfers. sueon n'en devenant que son seul repaire. mais repoussant ce dernier, encore et encore. « encore faut-il savoir ce qu'on était réellement au final. »

Amitié factice.
Bouche-trou.

rêve maudit. les éclats de lèvres aux baisers échangés. des embrassades tout aussi délicieuses que divines, se mêlant aux draps qui n’ont de cessent de recueillir les dégats d’un amour étouffé, opprimé, camouflé. tael, l’esprit volatile, trouvant refuge dans le creux des bras de son semblable, au milieu d’un passé désormais lointain. la boule, aussi douloureuse qu’elle puisse être, naissant au fin fond de sa gorge le pousse à s’isoler, laissant au milieu de cette pièce, qu’une coquille vide en guise de compagnie.

amoureux meurtrit.

longtemps il avait cherché à cacher des sentiments bien peu contrôlable pour celui qui autrefois était un ami. sentiments qui rongeait cette même amitié. sentiments qui débordent au point de n’en devenir que plus passionnés, amoureux. tael, éternel silencieux, cherchant à offrir de son être pour combler ces envies chastes de l’autre garçon. toujours souriant, la tête blonde qui espérait au fond de lui pouvoir aimer plus que de raison celui qui n’a jamais été que l’ange d’une nuit. blessé dans un silence, il s’est envolé, l’amour. laissant l’ange au coeur brisé derrière lui. sueon, toujours prêt à user de son ami une fois les regards indiscrets envolés. tael, toujours prêt à céder pour l’amour. pas amour. mais toujours silencieux car le fracas pourrait en naître. alors il a fuit, le lâche blondinet. il a fuit pour tuer ces sentiments, laissant l’autre derrière lui.

éternel fautif d’un abandon soudain.

sueon, l’être désormais en peine. tael, nouveau vagabond. le blond abandonnant le brun dans son malheur sans même le savoir, ou peut être bien trop tard. l’envie de faire demi-tour nait au fin fond d’un myocarde porteur de poison amer, bien que sentimental. mais la raison et le regard d’un enfer suffit à tael pour laisser derrière lui le seul être capable de prendre son âme en otage. ainsi il fuit, tael. pour revenir il y a quelques mois. et ainsi revient sueon. la colère au bout des lèvres. les regards entre eux ne sont que tempêtes et tael cède au pouvoir de l’eau du corps. larmes dévastatrices qui quittent ses yeux aux paroles assassines de l’autre. « pourquoi es-tu aussi abject ? pourquoi t’as juste refusé de voir ce qui était pourtant évident ? pourquoi tu t’es pas contenté de comprendre plutôt que tout noyer dans une mascarade qui n’avait pas lieux d’être ? » sentiments balayés, tael n’étant désormais fait que de rancoeur et de haine. observant celui pour qui il aurait pu et a vendu son âme à la réincarnation du diable en personne.

« parce que tu crois que je ne te déteste pas moi, sueon ? » larmes qui s’envolent. regards noyés de tristesse. âmes toutes deux usées par le temps et de valeureux sentiments quelque peu destructeur. requête empoisonné de sueon, aux yeux d’un tael emprisonné dans ses envies lointaines qui n’ont de cesse de revenir au galop. « qu’as-tu fais pour moi sueon ? qu’as-tu fais, outre le fait de m’utiliser ? outre le fait de me foutre dans ton lit. qu’as-tu fais de bon, de bien ? rien du tout. » et le coeur s’effrite. la respiration s'accélère alors qu’il punit la requête du jeune face à lui, tael. il punit ses envies de céder. il punit cette étreinte qu’il a longtemps rêver. il punit sueon autant qu’il se punit lui-même.

un mal pour un bien.

et pourtant. dans le silence le plus incompris, il sombre l’enfant porteur de croix. cède à ses vices. son vice. sueon toujours gagnant malgré la colère d’une tête blonde. la tête enfouis dans le creux du cou de l’être qu’il a longtemps aimé, tael brise les chaînes qu’on lui a imposées il y a de ça quelques mois. aussi plaisante que douloureuse puisse être la chaleur qui émane du corps de sueon, tael se retire peu de temps après son instant d’être faible. « et maintenant ? » qu’il s’interroge « tu comptes me cacher à nouveau, sueon ? »

et ainsi, il l’avait sentit,
le paradis au creux de ces bras.

Il y a les mots imaginés. Les scénarios néfastes à l’abysse des pensées. Ceux plus émotionnels, et la neutralité du reste. Puis viens la vérité ; brusque et réaliste, vraisemblable en tout point, débordant un peu d’énergie mais qui se rapproche cruellement de celle qui se passe sous les yeux meurtris. Le silence s’éloigne de la colère qui se noie bêtement dans l’attitude idiote, bien qu’argumenté. Sueon n’est qu’un pion dans une vie incontrôlable, faisant paradoxalement de Tael son complice. Son jumeau poignardé en plein cœur, et dont il semble ne plus rien connaître. Deux ombres fondues dans la nuit, l’écorchure d’un rayon lunaire sur la peau, les yeux irrités. Le corps brisé. Surplus d’âmes déchirées par les actions. Par les mots prononcés, et les silences qui s’éternisent dans le temps.

Par la vie - la mort complice.

Il ne sent pas les larmes s’échouer le long de sa joue. N’ose pas regarder les perles jumelles face à lui. Elles ne reflètent que la dureté de ce qu’ils traversent ensemble, pourtant à l’écart. Tout les oppose pour mieux les rapprocher dans une douleur commune. Sueon suffoque et s’effondre, il s’épuise à étouffer les phrases chaleureuses dans l’échancrure de ses lèvres. Annonce les mots qui fâchent. Allume le feu, se brûle en chemin, et emporte le garçon avec lui. Qu’importe, il ne sait quand tout se finira, et ne sait si la guerre amènera le drapeau blanc sur le champ de bataille à un autre moment. « Ne joue pas les étonnés, tu sais pourquoi j’ai fermé les yeux ! Tu sais ce qui me terrifie là-dedans, et tu sais que je n’en veux pas pour toi. La mascarade t’a sauvée autant qu’elle m’a sauvée. » L’homophobe lui-même amoureux d’un semblable. Harceleur harcelé. Il y a eu les actes avant les sentiments ; la haine contre un autre avant la douceur trouvée dans les bras du blond, le tout premier qu’il avait déjà fait mourir silencieusement, aujourd’hui rattrapé. Plus fort qu’auparavant, sans doute. Et que serait-il devenu aux yeux des autres ? Le poing serré contre un ancien ami, bien-aimé dont il n’a jamais connu plus que des sourires, les insultes dans la bouche pour couvrir une colère noire d’un cœur brisé. Qu’auraient-ils été, lui et le blond, si les mains se seraient liées devant les regards qu’il a lui-même rendu sombre ? Sueon n’est qu’une marionnette en ce monde – de ceux qui ne souhaite que les œillades plaisantes, et non les rires cruels.

Ô mascarade !

Divin jeu,

enfant de dieu, malmené au possible. il avait longtemps redouté cet instant. ce face à face. ces mots. ces gestes. amoureux maudit, il était. sentiments qui n’ont jamais cessé d’exister, plus encore dès l’abandon qu’il a pu causer auprès du brun. jamais il ne l’aurait laissé, oublié derrière lui si cela n’avait pas été sous la menace. jamais il ne l’aurait laissé, livré à lui même. jamais. pour rien au monde. mais le destin en avait décidé autrement. les astres se jouant de cette relation. tael, perdu au possible. plus encore après les mots de celui qu’il a sû toucher, embrasser à de maintes reprises. nuits d’ivresses. baisers empoisonnés. tout n’était que mascarade. un ballet de comédie où les premiers rôles ne sont que mensonges et hypocrisies. tael amoureux silencieux. sueon tortueux torturé. délices, malices. jamais il n’aurait cru, le jeune blond, développer une telle dépendance pour l’autre. lui qui, à l’image de son semblable, criait à l'amitié plus que le reste.

comedia dell arte.

ainsi, sous les derniers rayons d’un astre solaire, les larmes avaient coulées pour mieux se retrouver. tael indomptable dompté par les mots, bien que rancunier. s’échouant sur les genoux d’un amour masqué, empoisonné. rien n’avait de sens et pourtant tout n’était qu’existant. les sentiments, les actes. les mots. absolument tout. et l’absence se fit sentir. cette même absence qui avait fait naître chez le jeune blondinet, cette froideur qu’il impose désormais après une étreinte furtive. « j’en sais rien. à toi de me le dire. » parce que, personne, n’existait pas. parce que tael ne voulait plus d’une mascarade et pourtant, il était à son tour, aujourd’hui de devoir cacher l’autre, aux yeux du monde. « il est de mon devoir de te cacher toi, désormais sueon. » l’arroseur arrosé. involontairement. tael se souvenant de sa vie et ses déboires. se souvenant ô combien impliquer sueon dans cette vie, c’était le mettre en danger. dilemme parmi les peurs et les envies. « dormiras-tu avec moi ce soir ? » requête soufflé au milieu de tremblements.

parce qu’il a peur de le perdre à nouveau.
peur de le laisser s’en aller et ne plus le revoir.

Demande chuchotée parmi tant d’autres. Mêlé à un chaos devenu incertain – à présent baigné dans un univers plus calme. Les bras s’enlacent sans jamais se lasser de ce même fait, même geste. Ils en ont tant rêvé.  Néanmoins, les mots brûlent les âmes des deux enfants maudits. Sueon n’est plus que perdu dans le délice des paroles qu’on lui offre généreusement. Voix craquée. La gorge est nouée de nœuds marins, tenaces. Il ne comprend finalement que bien peu de choses au milieu du fléau. Paradoxe. Une poésie sans la moindre ligne de synonyme, rime ; ce n’est que sourcils arqué. Visage décomposé avant le sourire timide. Et il ne sait que dire. Que répondre devant tout ça. Parce qu’il ne s’attendait ni à la remarque, ni à la demande. L’avait silencieusement imaginé. Égoïstement espérées, mais ses jambes freinent soudainement le cours des pensées.

Pourquoi doit-il le cacher lorsque deux minutes plus tôt on le lui en a fait le reproche ? Ces dernières années de cache-cache, la couverture en guise de cachette. Couette directrice de bien des secrets. Relation créée dans la discrétion douce mais puissamment douloureuse … Sueon n’est pas le seul à avoir perdu quelque chose trois mois plus tôt. Tourment et obscurité. Reflet flasque dans la glace.

Et il se sent mal de lui refuser une volonté qu’il sent vitale aux yeux de l’autre. Non pas que l’envie lui manque ; ce serait mentir que de dire la chose. Mais plutôt parce qu’il n’est que plus honteux face à sa propre condition. Enfant ténèbre devenu solitaire, Sueon ne veut en rien imposer sa présence là où autrefois la place était sienne. Tout a changé à ses yeux, les sentiments sont les seuls restés intacts. Ô combien il l’aime ! Il veux le lui clamer. Lui montrer de mille autres façons. « Seulement ce soir … Et les autres soirs alors ? » Ce n’est qu’un nuage de paroles évaporées qu’il chuchote plus à lui-même qu’au garçon. Mais la question n’est que réelle dans la tête – ce sont les larmes qu’il a en face des yeux qui freinent le cours de ses pensées.

Il tend les bras pour attraper ses mains. « Regarde-moi. » demande-t-il à son tour. Les émotions sont les mêmes dans les deux camps. Aussi vulnérable l’un que l’autre. Alors les joues de Sueon se noient dans la même tristesse pour la partager avec complicité. « Si tu veux, oui. Je reste avec toi. » Ses doigts caresses délicatement la paume qu’ils rencontrent. Le chaos n’existe que dans cette vie qu’ils mènent dehors, derrière la porte en bois qui menace un peu plus les cœurs. « Je t’aime. » Qu’il dit. Il jette les armes. Sueon en a marre de se battre, alors il s’offre un moment de repos. Un peu de répit avant la reprise du combat.

Et il rêve que le jour ne se lève jamais.
Il a tant peur de demain ; et du jour d’après.