it's no more feat. hylan

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— La pluie s’écrase lentement sur la vitre menant à son bureau. Costume retiré, les habits sont répartis soigneusement dans son casier – prêt à retrouver le loft vide, quelques heures si ce n’est plus encore. La solitude est la même, et les sentiments poursuivent la route, petit à petit, qui mène à un cœur détruit par l’absence d’une présence qu’il a longtemps connue. Les recherches sont les mêmes, chaque soir. Ne change en rien son quotidien journalier d’enquêteur, cette même affaire qui le ronge, et les cicatrices sur le corps. Cette même nuit qui ne cesse d’atteindre ses yeux à chaque fois qu’il tente doucement de les fermer, pensant alors que la fatigue apparaît – il n’en est rien. Seuls quelques cauchemars, l’histoire de quelques minutes, juste avant la brutalité du réveil. Orpheo est épuisé. Les cernes sur son visage témoignent de la même paperasse qu’il lit et relit depuis longtemps, déjà. Et parfois, tard, il s’imagine son visage riant, et de son sourire qu’il aimait tant plus jeune … Mais elle n’est plus, et peut-être est-elle plus loin encore. Ce sont des mirages de la tête, comme un dessein de croire en l’éventualité d’une vie toujours possible ; ça fait des années.

Énième respiration, le souffle paradoxalement coupé. Il est fatigué à la simple idée d’y penser, mais ne peut s’imaginer ne pas y songer. « À demain. » La voix exprime la même sympathie qu’habituellement, ce même sourire taquin aux lèvres, il ne montre aucune inquiétude. Aucun signe de faiblesse. Fidèle à lui-même … Jusqu’au visage croisé. Celui tant aimé, jusqu’à se perdre de folie. Et son cœur bat un peu plus fort. Orpheo reste impassible, pourtant paumé en l’instant. Est-ce lui ? Est-ce vraiment lui ? Sa main tremble légèrement, perturbé à la simple pensée. Il se demande, et tente de calculer le nombre d’années maintenant écoulées sans plus jamais avoir croisé sa route. Ce chemin une fois rencontré, longtemps apprécié, sans pour autant le détester à la fin.

Leur fin.

Ses yeux ne décrochent pas de son regard.
Est-ce de la colère ? Ou de l’amitié ?

|	it's no more ; ootd feat. @Eogeum Orpheo

— L’ennui lui a toujours été mortel.

C’est lui qui guide ses pas jusqu’à ces bars et ces clubs, c’est lui qui fait trembler ses doigts autour d’un verre de whisky, c’est lui qui lui pousse le nez contre un rail poudreux. Ce soir, Siyang n’est pas là, occupé avec quelques affaires familiales qu’il n’a pu fuir. Hylan a été plus chanceux, il éteint son téléphone, feint le silence pour ne pas supporter les appels incessants de ses parents. Il est fatigué de ces soirées mondaines et l’hypocrisie qu’elles lui forcent, il ne veut plus sourire alors que la lassitude lui fend le cœur. Il sait que la fuite ne durera pas, ses engagements le rattraperont à la violence dont un loup poursuit sa proie. Mais ce soir, au moins, il veut souffler.

Ça fait longtemps que les rues séoulites ne l’ont plus accueilli la nuit, les néons et les musiques de la scène tapageuse et nocturne ressemblent à un souvenir flou. Il est plus souvent aux côtés de Siyang et ensemble ils boudent l’extérieur où ils perdent de la liberté. Il repose son front contre le volant de sa voiture, tout un orchestre joue un opéra strident dans sa boite crânienne. Il a trop bu, jusqu’à atteindre ses limites. Il a chancelé jusqu’à sa voiture et s’y est réfugié, incapable de faire quoi que ce soit. On toque à sa fenêtre et il lève les yeux ; un policier. Il sait qu’il ne devrait pas être là et c’est ce qu’on lui confirme. Son visage est connu, fils des Shin, ce n’est pas la première fois qu’on le couvrira. Le policier lui propose de le conduire jusqu’au poste non loin le temps qu’il recouvre ses sens et Hylan accepte, il n’avait aucune autre alternative. Là-bas, on lui offre un verre d’eau, puis une tasse de café et encore un peu d’eau. Il passe une main tremblante dans ses cheveux de jais, couleur plus naturelle que son paternelle lui avait imposé ces dernières semaines où il avait dû se montrer plus souvent à l’entreprise.

Les heures passent et il se sent mieux ; c’est l’heure de rentrer. Il se tient en équilibre sur ses deux jambes, sautillent les quelques marches jusqu’à l’extérieur et lève les yeux au ciel, humant la brise fraîche. Et c’est là que son regard croise le sien. Fantôme du passé, rappel du monstre qu’il est. Il a les joues blêmes Hylan, le regard cendré. Celui qui aurait pu un jour le guérir de tous les maux face à lui, s’il s’était laissé faire. « Hyung. » Ils ne se sont plus revus depuis la rupture qu’il a causée. « Ça fait longtemps. » Sourire timide, ses mains s’enfoncent dans les poches de son gros blazer. Peut-être qu’il a envie de disparaitre.

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— Le surnom d’autrefois est porté aux lèvres sans la moindre hésitions. Il n’y a aucun signe de faiblesse dans la voix, le corps moins certains – et pourtant. Incapable de comprendre les sentiments qui bouleversent son esprit en l’instant. Un fantôme du passé, ô loin d’être oublié quand bien même les années. L’affection droite et pure, timide et sincère ; chaque moment à ses côtés est gravé, et le deuil est loin. Orpheo n’est plus le jeune policier de l’époque, et le plus jeune n’est plus l’adolescent d’antan – ils ont évolués avec le temps, la relation qui suit leurs pas … Mais que d’émotions ! Parce qu’il ne sait pas. Ne sait plus. Il a presque oublié les mots doux qu’ils se berçaient une fois la nuit tombée. Alors la parole n’est plus la même, et la colère n’est plus là. Orpheo est partagé de nuance salée et sucrée ; la nostalgie gagne. La gorge nouée.

Ils ne sont que des fragments d’un passé lointain.
Deux âmes égarées sur une route autrefois similaire – longtemps brisé par cette séparation qu’ils imaginaient déjà silencieusement. Hylan avait été courageux, là où Orpheo savourait encore les moments qu’il savait derniers ; lâche. « Qu’est-ce que tu fais au commissariat ? » Curieux, il demande. Bercé par un vent envieux de discussion mêlé à une vague violente d’envie de disparaître … Il se sent nauséeux. Mais il ne regrette en rien ces moments joyeux. Ceux de doutes et de disputes. Des fous rires et des coups de blues. Ils ont été à une époque ce qu’ils ne sont plus que de façade. Masqué par le tourbillon de la vie, et chaque ennui. Les tourments de la nuit. Ils ne sont que des ombres au milieu des lumières. « J’ai terminé ma journée. Tu as le temps de prendre un café ou tu comptes disparaître comme ce jour-là ? » C’est malheureux à dire. À prononcer. Sa voix se resserre machinalement.

Ou est-ce la plaie qui s’ouvre à nouveau ?