love stories end (yvel)

t’avais connu des tas de filles dans ta vie. t’étais pas bien vieux, mais t’en avais vécu des relations. la plupart s’étaient terminées très vites, trop vite même. tu n’avais même pas eu le temps d’essayer de les aimer, d’essayer de les voir comme des véritables petites amies. de toute façon, tu finissais toujours par déménager. et puis tu avais tellement de choses que tu ne pouvais pas leur confier, à quoi bon ?

yvel était différente.

tu l’aimais. quelque chose comme ça. t’avais jamais ressenti ça pour personne d’autre, alors c’était peut-être de l’amour que tu ressentais pour elle. quand tu posais tes yeux sur yvel, tu ne doutais plus de rien. tu ne pensais pas à tes secrets, ni à rien d’autre. le monde s’arrêtait de tourner, ou plutôt ton monde tournait autour d’elle. ton monde tournait autour de ses longs cheveux châtains, autour de ses yeux en amande, de sa jolie peau douce. tu aurais voulu que ça dure. que ce soit comme papa et maman, quelque chose que rien ni personne ne pouvait arrêter. tu voudrais être assez fort pour avoir le courage de continuer. mais c’était fini. ça devait se finir, maintenant.

tu étais arrivé en avance. tu avais commandé un americano et t’étais assis à une table en l’attendant. tu savais qu’elle arriverait bientôt, mais tu ne pouvais pas t’empêcher de souhaiter qu’elle n’arrive jamais. si elle ne venait pas, tu n’aurais pas à lui dire, pas vrai ? tu pourrais continuer à l’ignorer, sans rien dire. c’était plus simple pour toi.
mais tu l’aimais. il fallait que tu rompes avec elle, véritablement. elle ne méritait pas que tu ne lui accordes pas au moins ça.
tu lui dirais que ce n’était pas de sa faute, que tout ça ça venait de toi. tu lui dirais qu’elle n’avait rien à se reprocher, que le problème c’était toi. tu lui dirais qu’elle mérite mieux, qu’elle trouvera mieux que toi, parce qu’elle vaut mieux. qu’il lui faudrait quelqu’un qui l’aime plus que toi tu ne l’aimes.
si c’était possible.

tu avais déjà réfléchi à tout ce que tu comptais lui dire, mais quand tu l’aperçu par les vitres transparentes du café, tu aurais voulu tout abandonner.
la semaine dernière tu avais découvert que son père était un officier haut gradé de la police, et même si devant elle tu n’avais rien laissé paraître : tu avais senti que tout allait s’écrouler. maintenant il semblait avoir une barrière totalement infranchissable entre vous deux. tu pensais que vous n’arriviez jamais à passer au-dessus de ça. alors tu allais rompre, rompre avec la seule fille que tu n’avais jamais aimée. tu ne lui avais pas dit pourquoi tu voulais la retrouver au starbucks cet après-midi. vous étiez déjà venu plusieurs fois ici, c’était un peu votre endroit ? tu n’avais répondu à quasiment aucun de ses textos ni appels depuis près d’une semaine.
tu ne voulais pas rompre, mais tu ne voulais pas lui faire du mal dans le futur. quand elle s’assit en face de toi, tu essayas de cacher ta nervosité et tu te lanças : « hey… »

@song yvel

Son cœur n’avait jamais été aussi éprit, c’est ce qu’elle se disait alors que ses pas déterminés s’opposaient au cœur lourd qu’elle portait depuis une semaine maintenant. Comme un foutu mal de mer, le voyage vers la terre ferme semblait durer sans qu’elle ne puisse rien faire. Le vent ne ferait pas avancer le bateau plus vite, juste un signe de sa part et il grimperait les vagues avec une fougue nouvelle. Semaine solitaire où elle écoutait la voix de son répondeur à repasser en boucle ses interrogations. Le corps pratiquement vide de tout au fur et à mesure que l’espoir de le voir au détour d’un couloir s’envole. Son appartement toujours clos faisait plisser ses lèvres sous l’énervement contenu et piquer ses yeux.
L’indifférence.
Le sang bouillonnant, la rage au ventre par son égo mis à mal ces derniers jours. La fille song toujours protégée, toujours aimée savait pas comment faire face à l’absence d’attention que levi semblait décider à lui montrer. Certaines nuits blanches passaient lentement pendant qu’elle réfléchissait, le cœur inquiet et la peine qui emportait la colère et la frustration de ne plus le voir. Première séparation qui lui laissait un goût amer, un regard dans la glace pour s’apercevoir que ça n’allait pas. Pour une fois son visage trop expressif lui donne envie de le cacher sous un masque de joie factice qui pourrait apaiser son organe maltraité, pas préparé à ces émotions détruisant petit à petit la confiance qu’elle portait à ce qu’ils avaient appelé l’amour. Son esprit trop fier pour s’apercevoir qu’il l’avait bien fait tomber dans ce sentiment trop peu connu, un peu trop dangereux selon les regards de son père. Elle comprenait désormais par la douleur enserrant ses entrailles. Les pires jours de sa vie. Ressentir autant de peine n’allait pas à son visage habitué à la joie et aux rires. Nombreuses questions indiscrètes qu’elle chasse d’un sourire, le regard agacé, les poings serrés sous la rancune. Amour cruel.
La porte du Starbucks qu’elle ouvre, le cœur au bord des lèvres malgré la détermination de son regard. Colère, impatience, frustration qu’elle gardait enfouit en elle bien qu’il les verrait tourbillonnant sur son visage rien qu’en un seul coup d’œil. Ses yeux qui retrouvent enfin ceux de levi, s’en s’empêcher de ressentir du soulagement. Il avait l’air d’aller bien, et au fond c’était tout ce qui comptait. « hey… » Après le soulagement, la colère envahit son esprit et sa bouche s’amincit pour ne pas faire une scène dans le café. Les doigts qui enserre l’americano de son copain, se concentrant à en boire une gorgée sans croiser son regard. Même après ça, le souffle profond pour ne pas exploser elle reste tendue sur sa chaise, repoussant la boisson vers lui sans aucun regard. Elle lui en veut. Tellement qu’un soupir passe la barrière de ses lèvres pulpeuses alors que ses mains trouvent ses cheveux dans une légère étreinte durant plusieurs secondes. Elle reste comme ça avant de relever son visage un peu moins colérique, rencontrant cette fois ses yeux. « Ça va ? » inquiétude sincère qu’elle arrive pas à cacher. Ils le savaient, cette question se révélait beaucoup plus profonde que ça en avait l’air. Yvel, malgré ses émotions toujours trop puissante savait pas aligner les bons mots, maladroite, les grands discours elle savait pas faire. Mais elle savait qu’il comprenait, qu’il la connaissait bien trop à présent.

@wang levi

elle était en face de toi, mais tu n’osais pas vraiment la regarder dans les yeux, bien trop peureux de l’effet qu’elle te faisait. comment est-ce qu’elle allait réagir ? est-ce qu’elle te croirait ? tu étais prêt à aller aussi loin qu’il le fallait pour que ce soit le cas. tu avais vécu la scène des centaines de fois dans tes pensées. tu avais imaginé qu’elle pourrait s’énerver et te balancer sa boisson à la figure, tu avais imaginé qu’elle puisse faire une scène en criant dans le café, mais le pire des scénarios possibles : qu’elle puisse pleurer. comment est-ce que t’étais censé réagir à ça ? lorsque tu lui dis bonjour, ta voix est hésitante, trop basse, pas comme d’habitude. tu n’avais pas eu de geste tendre envers elle alors que vous ne vous étiez pas vu depuis une semaine. tu aurais voulu la prendre dans tes bras au moins, si le contact de vos lèvres devait rester un moment précieux à ne pas exposer aux yeux de tout le starbucks. lui tenir la main peut-être, sentir sa peau contre la tienne. simplement la regarder dans les yeux. tu la laisses boire dans ton café, incapable de lui refuser quoi que ce soit. aucun de vous deux ne regarde vraiment l’autre, mais tu sens de la tension. lorsque yvel te redonnes ta boisson, tu lèves les yeux vers elle pour la première fois tandis que sa voix brise le silence : « ça va ? » ces mots sortent de sa bouche et te semble comme un électrochoc, tu regrettes ce qu’il va se passer. elle semble sincère, réellement préoccupée et tu n’oses pas lui dire maintenant. pas tout de suite. « et toi ? » tu fuis sa question, refusant d’y répondre. tu prends une nouvelle gorgée de ton americano et essaies de rester impassible. « tu veux prendre quelque chose ? » tu lui dis en montrant le comptoir avec un signe de tête.
tu n’avais encore rien dit, mais tu te détestais déjà pour les mots encore captifs entre tes lèvres. c’était un sentiment égoïste de penser que prendre ton temps était la meilleure des solutions. tu n’en faisais pas mieux en prétextant vouloir la protéger. ce que tu voulais protéger surtout, c’était toi. tu ne voulais pas qu’elle te laisse tomber au moment où elle finirait par apprendre tout ce que tu cachais. alors tu voulais être le premier à le faire. tout ça, tu le savais très bien. tu n’ignorais pas le problème, tu l’avais simplement accepté. tu avais accepté qui tu étais, et ce depuis longtemps. c’était une habitude de mentir, de dissimuler, de cacher aux autres, de te cacher aux autres. pourquoi est-ce que ça changerait d’un coup ? « yvel… » tu ne retiens pas le geste de tes dents qui mordillent ta lèvre inférieure quand tu prononces son nom. « il faut qu’on parle de nous. » tes iris rencontrent les siennes, et tu ne la quittes plus des yeux.


@song yvel

“We had a little love once
But now it's in danger
We got a little lost, babe
But that's human nature
Now it's too late to save us
Oh, 'cause now she's a stranger”

Parfois ça arrive. Juste comme ça le verre se brise en plusieurs éclats. Le bruit aussi perçant que le verre dans la peau fragile. Sans même savoir où il était parti, ça s'était juste fait, comme ça. Du jour au lendemain, sa main avait lâché la sienne, comme apeuré du danger qu'elle semble représenter. C'est ce qu'elle voit dans son regard, sans même qu'un mot ne traverse ses lèvres, elle savait.
Il partait.
Depuis qu'il l'ignorait, son cœur se tordait dans l'attente du fameux message, celui qui marquerait un tournant dans leur relation naissante et pourtant déjà si profonde. Malheureusement trop perspicace, ou peut-être juste qu'elle préférait s'attendre au pire, ça ferait moins mal, ses yeux prendraient pas la peine de s'écarquiller alors qu'il aurait sorti ses phrases toutes faites, celles qu'il aurait répété en boucle dans sa tête avant de la revoir. Ses poings se serrent, le regard dans le vide alors que son esprit embrouillé peinait à se calmer. Des jours qu'elle ne s'était pas enfin concentré sur quelqu'un, c'était difficile de trouver un pilier stable parmi le chao de son absence. L'imaginant rire et sourire, la torture de le savoir ailleurs sans elle, cette absence qui lui a fait réaliser combien elle l'aimait déjà. Trop tôt et pourtant plus elle le regardait plus elle avait quand même l'impression qu'il l'aimait toujours un peu. Petite flamme remplie d'espoir qui finira par disparaitre en une respiration. « Tu veux vraiment savoir ? » sarcasme un peu trop violent, le sourire trop faux pour ne pas remarquer à quel point elle se contenait d'exploser. L'humeur essoufflé, d'un coup violente, d'un coup fatiguée, le café trop bruyant et parfois pas assez. « tu veux prendre quelque chose ? » bouche qui s'ouvre pour se refermer de suite après, se retenant de lui hurler de la quitter, que l'enfer se termine enfin, qu'elle puisse voir le nombre de verres brisés autour d'eux. Au final elle secoue la tête sans le regarder, les yeux fuyards, trop honteux d'avoir déjà mal alors que rien n'avait encore été dit. Trop fiers aussi, sans doute. « yvel… il faut qu'on parle de nous. » la partie qui se termine et elle sentait déjà le bad ending arriver à son apogée. Elle était déjà prête pourtant, les prunelles déterminées comme lorsqu'elle était arrivée il n'y a pas si longtemps et elle hoche la tête doucement. « Pourquoi est-ce que j'ai l'impression que ça nous fera du mal à tous les deux ? » les yeux ne mentent pas, alors pourquoi lorsqu'il la regardait elle le voyait tout aussi affecté par la situation qu'elle ? « Tout allait bien pourtant, enfin c'est ce que je pensais… Jusqu'à ce que tu disparaisses pendant plus d'une semaine. » Difficile pour elle de comprendre. De comprendre comme ils avaient fait pour en arriver là.

“Now we're back to where we started
Right back to strangers”

@wang levi

Est-ce que ça devait se terminer de cette manière ? Toi qui lui dis qu’elle trouvera quelqu’un d’autre, elle qui n’a d’autre choix que d’accepter ta décision. Est-ce que tu voulais vraiment que ça se termine de cette manière ? T’avais l’impression de ne rien contrôler. D’être tout sauf maître de ce qui se passait. Ce que tu voulais importait peu, comme d’habitude. Avoir le choix : c’était quelque chose que seuls les privilégiés pouvaient se vanter de posséder. Toi ? Non. « Pourquoi est-ce que j'ai l'impression que ça nous fera du mal à tous les deux ? » C’était prévisible, t’étais prévisible. Déjà depuis que tu t’étais éloigné d’elle, elle avait bien remarqué que quelque chose n’allait plus entre vous. Tu ne quittes pas Yvel des yeux, encaissant difficilement ses mots. Elle avait le droit d’être énervée, elle avait le droit de réagir de la façon dont elle avait envie : parce que c’était de ta faute tout ça. Tu avales ta salive, en prenant une grande inspiration. T’avais vraiment pas envie de faire ça. « Yvel… » Les phrases avaient été répétées dans ta tête, ton discours avait été travaillé, tout était prêt. Sauf toi. « Tout allait bien pourtant, enfin c'est ce que je pensais… Jusqu'à ce que tu disparaisses pendant plus d'une semaine. » Comment tu pouvais la contredire ? Tu voudrais lui dire la vérité, mais la peur qu’elle s’en aille après ça t’empêchait de tenter quoi que ce soit.

C’est parce que c’était peine perdue, une histoire vouée à l’échec. Alors pourquoi t’avoir fait goûter à la vue d’éden, si c’était pour t’y laisser aux portes ? Tout aurait été plus simple si vous ne vous étiez pas rencontrés. « Je sais que c’est arrivé d’un coup… » Tes doigts tapotent la table, tu recommences à être nerveux. « C’est pas de ta faute, t’as rien à te reprocher. » Et si on pouvait tout recommencer ? Et si tu lui avais parlé dès le début de ta famille, qu’elle t’avait parlé de la sienne. Et si vous aviez été ordinaires ? Qu’elle et toi aviez simplement été enfants de gens normaux ? « C’est moi… »  

“We had a little love once
But now it's in danger
We got a little lost, babe
But that's human nature
Now it's too late to save us
Oh, 'cause now she's a stranger”

Ça arrive lorsqu’on s’y attend le moins, le coup de feu perçant la cage thoracique d’un seul mouvement, rapide et pourtant la douleur qui grignote peu à peu son âme égarée. Comme une blessure trop profonde pour qu’on la soigne, Yvel vivait avec des questions et des rêves se terminant en cauchemars, vivant le premier amour comme le dernier. L’humeur changeante, passant de l’énervement à l’épuisement depuis plusieurs jours, désormais elle touchait du bout des doigts sa limite, le point de rupture qu’elle aurait jamais pensé atteindre un jour. Tout ça à cause de lui. Et elle. Elle et son cœur trop sensible, prêt à se déchirer à tout moment depuis les messages sans réponses, les appels rejetés.


Parce qu’elle savait. Et c’était parce qu’elle savait que sa poitrine se compressait comme si c’était la dernière fois. Pas envie de se réveiller en sachant qu’elle le verrait plus, sa main qui tremble alors que l’idée de lui jeter son gobelet semble devenir une bonne idée au fur et à mesure qu’il parle. Le souffle profond pour se calmer, les lèvres plissées à mesure que Levi récite les paroles de ruptures. Ceux qu’elle reconnaît des films qu’elle avait regardés cette semaine sans lui. L’eau qui ne veut pas déborder de ses yeux de biche, pendant qu’il enfonce le couteau dans sa poitrine tout en la regardant dans les yeux. Encore un peu plus.

« Je me suis juste lassé. »

La bouche asséchée devant l’aveu qu’elle n’arrive pas à croire, alors que son cœur se déchire totalement. L’innocence de son regard écarquillé où les larmes manquent de déborder, ça faisait mal. Les bruits du café bien loin désormais, même les mots que prononçait Levi n’arrivaient pas à atteindre la statue qu’elle était devenue. Esprit répétant en boucle la phrase qu’elle aurait souhaité ne pas entendre, toute colère évaporée de son corps. Juste la tristesse.

Alors c’était ça l’amour ?

« C’est fini… Toi et moi. »

Larme solitaire coulant silencieusement alors qu’elle s’empresse de l’effacer, sortant de son mutisme, le visage presque embarrassé de montrer une telle faiblesse. Pas habituée à pleurer, surtout pas face à celui qui lui donnait le plus envie de sourire. Avant.

« Alors c’est fini. » Faible murmure sortant de ses lèvres s’arquant en un sourire sans joie et le regard fatigué. Cette impression d’avoir perdu quelque chose d’important lui serre le cœur, mais jamais elle supplierait qu’il reste, pas après ce qu’il avait dit. La fierté qui s’accroche malgré l’épuisement mental des nuits à moitié terminées alors qu'elle se lève pour marcher vers la sortie du café. Maintenant elle savait.

“Now we're back to where we started
Right back to strangers”

@wang levi

C’était mieux comme ça.

Celle que tu aimes qui semble s’effondrer devant toi face à tes mots que tu ne pensais jamais pouvoir lui dire. Tu lui mentais. Aujourd’hui encore comme tous les prochains jours de votre relation si vous ne vous quittiez pas maintenant.

C’était mieux comme ça, pas vrai ?

Les histoires d’amour ont une fin, comme tout. Celle qui vous unissait Yvel et toi était fini. Tu voudrais pouvoir la prendre dans tes bras, l’embrasser même une dernière fois : mais tu résistes. Tu tentes tant bien que mal de rester impassible, de te détacher de tes paroles. De faire court, d’aller droit au but. Tu faillis à ta tâche lorsque tu vois une larme couler le long de sa joue à l’instant où tes derniers mots détruisent tout espoir d’un avenir pour vous deux. Elle efface sa peine d’un revers de main, mais tu sais que tu ne parviendras pas à te défaire de cette image. Tu te mords la lèvre inférieure pour contenir tout ce que tu voudrais réellement lui dire. Elle brise finalement son mutisme pour répéter tes paroles froides et atroces : Alors c’est fini.

Si seulement Yvel savait.

Si seulement elle savait que tu n’avais aimé qu’elle. De toutes celles de qui tu t’étais entiché, elle avait été la seule à qui tu avais refusé de mentir davantage. Parce qu’elle était spéciale. Parce que son bonheur passait avant le tien, tu refusais d’agir égoïstement, tu refusais de lui faire espérer un brillant avenir avec toi alors que tu savais pertinemment que ce ne serait pas possible. Tu lui épargnais les difficultés qui pourraient l’attendre si elle avait choisi de rester avec toi. Pour tout le monde, c’était sans doute la meilleure des solutions. Tu ne la forcerais pas à te cacher à ses parents, tu ne la manipulerais pas. Tu ne lui raconterais pas tout et n’importe quoi sur ton passé pour couvrir ce que tes parents et toi faisiez réellement de votre vie.

Tu savais que ça lui ferait du mal. Beaucoup de mal. Parce que tu savais qu’elle aussi elle t’aimait. Peut-être pas autant que toi tu l’aimais : tu n’étais peut-être pas pour elle une bouffée d’air, une échappatoire, une évasion. Mais tu savais qu’elle te portait dans son cœur et que la douleur qu’elle devait ressentir à l’instant où elle se leva de sa chaise pour quitter le café ne pourrait pas s’effacer rapidement. Elle trouverait un moyen de vivre avec, parce que la fille dont tu étais tombé amoureux était forte. Tu t’accrochais à ça, pour te rassurer.

Les yeux sur sa silhouette qui s’éloigne et passe la porte, tes pieds cloués au sol. Tu voudrais la rattraper, mais tu la laisses s’en aller. « Je suis désolée… » Tu murmures alors qu’elle était déjà partie.

C’était mieux comme ça.