c h a o s - dean

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Il y a ces mots qui s’écoulent de ses lèvres comme un flot d’angoisse et de soucis. Il y a ces maux plus que des mots qui passent sa bouche douloureusement tandis qu’il a le téléphone collé à son oreille, son café dans une main, et l’incompréhension face à une situation qui le dépasse. Sentiment de solitude. Sentiment d’être dépassé. Sentiment qu’on ne le comprend pas. Et on s’écarte sur son chemin, le japonais agité entre ses lèvres prévenant de sa présence avant qu’on ne lui rentre dedans. Et on s’écarte sur ses lèvres, son indignation tangible alors que ses yeux se plissent dans une colère certaine. Et c’est sans doute ça la cause de tout. Parce que Shina il n’est pas du genre à crier sur les autres. Pas du genre à perdre son sourire. Mais son sourire est perdu. Rencontre fracassante, son café qui vient tâcher sa chemise, cadeau du dernier photoshoot, signé Yves St Laurent. Rencontre fracassante, ses sacs qui s’échouent au sol, son téléphone qui suit. Et c’est dans un automatisme qui le rattrape, une promesse de rappeler, avant qu’il ne glisse l’objet dans la poche arrière de son jean, et qu’il ne constate les dégâts. Et il hisse Shina, comme un animal en colère, il hisse, feule presque, l’impression d’être un chat enragé, mais le tissu lui brûle la peau, sensation poisseuse qui glisse jusqu’à la lisière de son jean. « Putain, mais fais attention ! » Familiarité étrange, de ceux qui demande à être respecté pourtant, il a son cœur lourd dans sa poitrine, il pense à sa mère, au centre qu’il a appelé, qui demande toujours plus, d’argent pour ses médicaments, pour son confort, qui promet toujours plus, qu’elle ira mieux, qu’elle se souviendra, qu’elle sortira, en vain. Et ça l’énerve. Ça le blesse. « Tu sais combien ça vaut une chemise pareille ? » En vrai il s’en moque. Tellement. Mais il a cette colère là, au bord des lèvres. Celle qui fait briller ses yeux d’agressivité. Ce besoin de rendre le monde entier responsable de ses maux, de ses peines.

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ootd. frèle, maladroit. ces heures d'acharnement prenaient le dessus sur toi. épuisé, fragile. tu ne cherchais qu'un peu de réconfort, la voix de ton frère que tu n'avais pas entendu depuis si longtemps. il était la dernière personne à te raccrocher à ta vie d'américain. il était le seul dans cette famille à qui tu faisais confiance. parce qu'il ne te jugeait pas. tu avais cette envie folle de le voir, de ressentir un peu de cet amour familial qui t'avais toujours été inconnu. mais tu ne pouvais pas te le permettre. éternellement pressé, éternellement pris entre deux feux. deux rôles à jouer, chaque jour. celui du garçon de café entré dans la vie active, celui de cet étudiant qui se donnait à fond pour réussir. mais c'était fatiguant, à la longue. c'était usant de jouer sur ces deux tableaux sans le soutien de tes proches. bien sûr, il y avait tes amis pour compenser, mais parfois, ce n'était pas suffisant. et t'étais là, dans ce café, perdu dans tes pensées, bousculé par ton téléphone qui sonnait. la tête en l'air, un mouvement brusque, un jeune homme que tu n'avais pas vu, et la catastrophe. un geste malencontreux, une colère qui parvenait à tes oreilles alors que ton regard se perdait sur ces deux cafés au sol, ces sacs tâchés par ta faute. "je... pardon..." avais-tu simplement bredouillé, de ton accent qui ressortait à ta maladresse exacerbée qui se faisait également ressentir dans ta voix. "j'avais la tête ailleurs, j'en suis désolé." continuais-tu alors que, face à la colère de ton vis-à-vis, tu n'avais qu'une envie : celle de te faire petit, tout petit. échapper aux foudres de celui-ci et oublier. à quel point ce n'était pas ton jour, à quel point le simple prénom de ton frère sur un écran de portable pouvait te rendre faible, surtout en une pareille journée.

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Sans doute aussi responsable que son vis-à-vis, et pourtant il se montrait mauvais dans ses commentaires. Il se montre mauvais dans ses mots, pour cacher les maux qui habitent son cœur. Colère sourde qui bat contre ses tempes, il sait bien pourtant qu’il est tout aussi fautif que l’autre homme. Il le sait bien. Pourtant les mots s’échappent de sa bouche comme un fleuve de haine, et il ne se reconnaît plus Shina. Grimace tandis qu’il s’entend parler, s’entend réclamer des excuses, s’entend afficher une richesse comme un paon. Il ne se reconnaît plus, déteste presque ce personnage qu’il montre. Sacs au sol, la chemise qui est foutue, et pourtant il n’y a pas mort d’homme. Pas grand chose qui mérite ces actions. Si ce n’est un cœur meurtri, des promesses vides de sens, et un avenir sombre dès qu’il s’agit de sa mère. Automatisme, il défait les boutons de sa chemise, décence et pudeur perdues devant les flashs des appareil photos et les commentaires du staffs à l’arrière. Le tissu humide qui finissait dans les mains vides du garçon, le bruit du café en fond sonore, eux deux en acteurs sociaux. Et Shina qui s’abaissait, fouillait ses sacs, attrapait un nouveau haut, signature d’un grand couturier avant de la passer sur ses épaules, non sans accepter l’aide de la serveuse qui daignait enfin s’approcher, un chiffon humide pour nettoyer sa peau meurtrie, brûlures rouges sur la blancheur laiteuse de son torse. « Et merde. » Il jure en japonais. Il jure dans sa langue, la réalisation qu’il allait se faire tirer les oreilles par le styliste par Chul Hei aussi si les rougeurs dues au café ne partait pas d’ici le lendemain. « Fuck, j’espère au moins que tu pourras rattraper les dégâts. » Ses doigts qui s’enroulent autour des anses de ses sacs, et il se redresse finalement, plantant son regard dans celui du garçon. Familiarité étrange, il ne pense pas à un moment qu’il pourrait être plus âgé que lui. « Tu me dois aussi un café. C’est la moindre des choses. » Et sur ces quelques mots, il prend place à une table vide, de son pied repousse la chaise en face de lui. Le geste clair, l’invitation réelle sans en être une. Il attendait son café et l’assurance qu’il s’occuperait de sa chemise.

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ootd. On aurait pu croire à une scène apocalyptique. Les foudres du jeune homme en face de toi, cette chemise entre tes mains, et cette paralysie qui te bloque. Comme une marionnette qu'on a cessé d'utiliser. Même cette serveuse s'approchant enfin n'arrive pas à te faire bouger, incrédule. De tes yeux qui s'écarquillent, tu daignes enfin, au bout de plusieurs longues secondes, à détourner ton regard. Le jeune homme qui se change, et tu pars récupérer de nouveaux cafés. Silencieux, usé. De cette maladresse que tu ne connais que trop bien au regret d'avoir créé cette scène. Le regard désolé lancé au serveur, tu demandes deux nouvelles boissons. T'aurais envie de t'écraser, disparaître sous le sol. Pour oublier. Mais au bout de quelques longues minutes, ce ne sont que deux gobelets qui se retrouvent en face de toi, et de tes yeux vagabondant, tu te diriges vers la table que le malencontreux à choisi. Chaise poussée, invitation à peine intimée. Et tu t'installes, sans un mot, déposant cette boisson en face de lui, cette chemise sur la table. Et tu regardes les dégâts, perdu, docile. "Je vais réparer ça." que tu souffles, n'arrivant pas à trouver les bons mots pour t'exprimer. "Je suis désolé." que tu répètes inlassablement. Désolé d'avoir gâché cette journée par un tel accident. Même si au fond, il n'y a rien de grave. Mais t'es encore trop perdu dans tes pensées. Trop perturbé par ce quotidien qui te ronge, quelque part. T'oses pas vraiment rester là, t'es déjà prêt à repartir, nettoyer les dégâts, disparaître. Mais t'es bloqué face au jeune homme, ne sachant pas réellement ce qui serait mieux à faire. T'aurais presque honte de ce qui vient d'arriver, tête baissée, prenant une première gorgée de ce café nouvellement fait.

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Aucune pudeur tandis qu’il se change dans ce café. Aucune pudeur tandis qu’il donne sa chemise foutue pour en prendre une autre dans ces sacs aux marques couteuses qu’il avait laissé à ses pieds. Aucune pitié aussi tandis qu’il attaque, ses foudres pour le garçon en face de lui. Aucune pitié tandis qu’il va savoir le somme d’aller lui chercher un café, esclave de ses envies pour avoir détruit un morceau de tissu dont la valeur n’est rien au final face à ce garçon. Assis en face de lui. Tête basse. Qui promet d’arranger ça, mais qui n’ose pas le regarder. Ce garçon qui tremblerait presque à oser boire son café. Et il soupir Shina. Désolé. Il soupire. Y’a sa colère qui bout toujours en lui, injustice qui le bouffe de l’intérieur. Injustice d’une mère qui ne le reconnaît pas. Mais ça ne regarde en rien son vis-à-vis. Victime de sa colère. Shina il ne se reconnaît pas. Dans l’être imbu et supérieur, il ne se reconnaît pas. Finit même par enlever ses lunettes, une main glissent sur son visage. Un nouveau soupir entre ses lèvres tordues en une grimace. « Hey … Regarde moi. » Et il attend. Patient. Que l’autre relève la tête, lui fasse face. Lui son bourreau du jour. « J’suis désolé okay ? C’est une mauvaise journée pour moi. T’y es pour rien. Une chemise foutue ? Et alors … Tant pis si elle d’Yves St Laurent … C’pas comme si c’était important hein. » Grimace à la fin de sa phrase, visage contrit. Il cherche un moyen de se rattraper. Pas du genre à devenir tyrannique avec les autres. « J’t’ai même fait payer un café … J’suis totalement odieux sur ce coup là … » Et il se sent idiot tandis que la réalisation se fait, l’impression d’être le pire des imbéciles. Le pire homme sur terre. « Ashina Chiaki … Ton nom c’est ? » Et il tend des perches le mannequin. Espère se faire pardonner un minimum. Au moins être sûr de ne plus l’effrayer par son attitude ignoble.