stuck on ft. im bora

ootd | L'obscurité régnait depuis un moment, et avec le soleil couché l'air avait légèrement refroidi dans les rues parfois bruyantes de la capitale coréenne. La soirée était bien entamée, la nuit même, et pourtant, Yoo Sung rentrait seulement dans la résidence, les mains dans les poches alors qu'il se dirigeait vers l'ascenseur. Il allait sans doute avoir du mal à assumer le réveil le lendemain matin, mais il n'avait pas su dire « non » à une soirée à boire des verres et à parler musique entre potes. C'était ainsi qu'on le retrouvait dans la petite cabine, légèrement étourdi par ce qu'il avait bu un peu plus tôt. Il appuya sur le numéro de son étage, trouvant toujours très ironique de vivre au quatrième étage. Il se souvenait encore de la réaction de sa mère lorsqu'elle l'avait appris, et à quel point elle avait insisté pour qu'il protège son appartement et sa chambre avec des charmes qu'elle avait elle-même envoyé. Il lui avait répondu d'un ton grinçant que lui et sa famille étaient au-dessus de ces superstitions ridicules, néanmoins, il avait obéi. Alors que les portes métalliques se refermaient dans un grincement métallique, Yoo Sung entendit des bruits de pas arriver en courant vers l'appareil. Instinctivement, il passa son bras entre les portes pour qu'elles se rouvrent. Avisant la silhouette qui entra avec lui dans l'ascenseur il pinça les lèvres brièvement avant de sourire. « C'était moins une. » Remarqua-t-il simplement avant d'enlever sa main pour que les portes puissent enfin se refermer. Sans avoir à poser la question à Bora, il appuya sur la touche « 5 » qu'elle puisse elle aussi rejoindre son appartement. « Toujours les mêmes qui jouent les oiseaux de nuit. » Plaisanta-t-il sans réellement la regarder, alors que l'ascenseur se mit enfin en route dans un grondement presque inquiétant.

l’ombre grandit, l’azur décroît, le temps est encore chaud ; le vent tiède caresse sa fraîche peau, et, apaisé, son esprit se délecte de ce doux moment ; tout son être s'enivre des senteurs humides et des parfums de terres. et sous la pâleur de l'astre lunaire, rêveuse, son coeur vagabonde dans ce labyrinthe de bâtiments pour retrouver son havre de paix. ses mains nues frôlent la porte de la résidence, ses pieds foulent son sol bétonné pendant que son regard se perd dans l'immensité du lieux. un endroit calme, froid, sombre qui la frappe d'un éclair lumineux. « merde ! l’ascenseur ! attendez ! » s'enchaîne un tumulte, une confusion nocturne, l'agitation de ses pas le long de ce sentier que personne n’a parcourus aussi rapidement. on peut parfaitement entendre ses pas lents et pressés, qui vont et viennent dans cet écho assourdissant. un écho qui se perd et que personne n'entend, dans une course infernale qui semble impossible à remporter. mais, elle arrive à se glisser juste avant que les portes ne se referment, grâce à dieu, grâce à lui. « merci... » légers sont ses dires, clair est sa voix mais lourdes sont ses pensées qui l'accablent en ce moment même. « oui, on ne change pas... toujours les mêmes. » oui, comme toujours, elle monte dans l'ascenseur et la lumière se déploie, les clartés transfigurent, la peine reste la même, inchangée ; elle monte dans l'ascenseur, l'ascenseur de cet immeuble, cet endroit-là, celui du premier baiser. et c'est ainsi, qu'un beau jour, ensemble, dans ce lieu sacré, les souvenirs battent le rappel ; un pincement au coeur et le regard vague, bora se souvient de leur passion, si fugace fût-elle. « ton bras va bien ? j'espère que tu ne t'es pas fait mal. j'ai essayé une fois... et- » les lumières s'éteignent, l'appareil s'immobilise dans un hurlement brutal, les parois grincent, son cri résonne. tout est si confus. et sa bouche pourtant si bavarde, se fait à présent muette. elle tente de comprendre l'angoissante situation dans laquelle elle se trouve prisonnière. puis, vient la solution. « mais ! ah... je crois que l'ascenseur est encore tombé en panne... »

ootd | Malgré ce que l'on pourrait penser de lui, Yoo Sung avait un certain côté fataliste. Ne comptez pas sur lui pour s'accrocher à des espoirs, à des possibilités vaines qui le laisseraient blessé, le cœur à vif et faible. Son histoire avec Bora ne l'avait pas laissé indemne. Le fait qu'ils soient restés en bons termes et continuaient de se croiser et parler régulièrement n'aidaient pas non plus. Il gardait ses regrets, même s'il savait depuis longtemps que leur histoire n'était pas faite pour durer. Leur histoire était faite pour réparer Bora et pour abimer un peu Yoo Sung. Mais là seule pensée qu'il parvint à avoir alors qu'elle passait les portes de l'ascenseur ou encore lorsque celui-ci s'arrêta subitement, fût de se dire que peut-être il aurait dû demander aux cartes un avant-goût de sa journée. Il n'avait même pas pu lui répondre, son bras allait bien, mais pour le reste... Ils étaient quand même coincés dans un ascenseur, même si c'était habituel dans la résidence. « On dirait bien... » Il alluma la lumière de son téléphone portable pour trouver les boutons, celui qui l'intéressait étant évidemment celui d'appel d'urgence. Mais lorsqu'il effectua une pression dessus, il ne s'alluma pas, ils restèrent irrémédiablement dans la pénombre, brisée seulement par la lumière froide du flash de son téléphone. « Bon... J'espère que tu n'avais rien de prévu pour la soirée, on a l'air d'être là pour un moment... » Et malgré lui, il repensa à ce que cette simple cabine avait abrité pour eux, témoin de premiers moments si simples et pourtant si symboliques. Il appuya encore quelques fois, espérant voir le bouton s'allumer, montrant qu'il y avait un minimum de courant et donc la possibilité d'une réponse, mais il se rendit rapidement à l'évidence. Dans un grognement de frustration, il finit par se laisser tomber, s'asseyant en tailleur sur le sol de la petite cabine. Il tourna son téléphone pour éclairer Bora. « Ça va aller ? » Parce que la situation était tout sauf rassurante, mais il essayait de ne pas y penser, et se concentrer sur le fait qu'il fallait simplement patienter.

sous le vol rapide du temps, bora songe à leurs mauvais jours, leurs heureux jours, ceux qui ont disparu et ceux qui lui reviennent, passant éternellement en se suivant infiniment, ceux qu’en vain on souhaite retenir ; et le temps, pendant qu’il avance, laisse d’hier un souvenir, pour demain donne une espérance, celle d’être à nouveau réuni. car malgré les vieux jours, aucun lien n’a su les retenir. pourtant, en dépit des années passées, elle n'a eu de cesse que de ressasser leur idylle oubliée ; et dans les reliquats de sa réminiscence, elle y a celé les douces images de leurs beaux moments, les joyeux désirs de la jeunesse, cette si douce tendresse qui savait s'unir aux ardeurs de leur chaleureuse ivresse. hélas ! ce n’est qu’un souvenir, mais dans son âme rien ne l’efface. « non, je n’avais rien de prévu… heureusement d’ailleurs. » ses mots s'achevèrent dans un embarrassant silence, écho de leur indifférence, qu'elle s'empressa d'étrangler dans un ricanement confus. « oui je vais bien... enfin, je crois ? je ne suis pourtant pas claustrophobe, mais étrangement, je me sens mal à l'aise... » mais sans être savant, et sans philosopher, il est facile de comprendre la situation : l'unique cause de ses maux n'est autre que l'âme assise à ses côtés. « tu veux bien éteindre la lumière ? je préfère être dans le noir… » au moins, dans l’obscurité, unis dans l’ombre de leurs souvenirs, il ne pourra discerner le vrai du faut, le bien du mal, les véritables sentiments qui rongent assidûment le coeur de la brune. « ça fait longtemps… oui, longtemps qu’on ne s’était pas retrouvé tous les deux. c’est quelque peu étrange, mais j’en avais besoin… » lentement, les souvenirs dormants de leur amour éteint s’éveillent sous les pas d’un sommeil calme et doux ; ils murmurent ensemble leur chant dont les accents connus émeuvent encore. mais à ses yeux bientôt la vision décroît, alors doucement elle entrelace ses doigts aux siens, pour que le souvenir reste, qu’il ne s’efface pas. « restons comme ça, un moment, le temps que l’ascenseur soit de nouveau opérationnel. » désormais, devant eux s’ouvre l’avenir.

ootd | Si se retrouver coincé dans un ascenseur n’était déjà par quelque chose de facile à vivre, l’être aux côtés d’une personne que vous aviez un jour aimé l’était encore moins. Se retrouver proche de Bora avait toujours été difficile pour Yoo Sung après leur rupture. Il avait respecté le choix de la jeune femme, mais les raisons de cette rupture restaient si floues et ne faisaient, à ses yeux, aucun sens. Il ne cessait de se demander ce qu’ils seraient, où ils en seraient si les choses avaient été différentes. Même si leur idylle n’avait duré que quelques mois, ce qu’ils avaient vécu avait été sincère et d’une réelle intensité au point que leur histoire trouvait encore un écho dans leurs présents mutuels. « Mmh... » Pensif, tout comme elle, il ne se sentait pas particulièrement à l’aise dans cet espace restreint. Trop de souvenirs, trop de regrets, trop de... Bora. Il releva les genoux contre son buste comme pour se protéger, y posant la tête. « Bien sûr. » A la demande de la jeune femme, il plongea l’étroite cabine dans l’obscurité. Côte à côte, il sentait la chaleur émaner du corps à ses côtés. Il se souvenait de toutes ces fois où il l’avait serré contre lui, où ils étaient restés aux creux des draps collés l’un contre l’autre. Autre fois rassurante, cette chaleur était chargée de tant de questions et de tant de regrets à présent. « Tu en avais besoin ? » Il releva la tête comme s’il allait pouvoir le voir dans cette obscurité, se demandant ce que Bora traversait. Presque instinctivement, il effectua une légère pression sur sa main, lui indiquant par là qu’il était là, qu’elle pouvait compter sur lui. Ils n’étaient plus amants, mais il espérait pouvoir prétendre qu’ils étaient encore au moins amis. « Si ça peut te rassurer, les cartes ne m’ont pas montré d’accident ou de mort imminente. » Dit-il, un sourire audible dans sa voix, alors qu’il essayait de détendre l’atmosphère. Il se rapprocha un peu de la jeune femme, leurs épaules collées complètement l’une à l’autre, de son pouce il caressa la main qu’il tenait. « Alors on s’en sort pas trop mal. » Finalement... Ils avaient bien le droit de voler quelques instants.

à l'affleurement, son coeur vacille. peurs, chagrins, regrets n’existent plus. dans cet univers sombre et métallique, seule sa présence compte. yousung : sa main composée sur elle ; sa voix l'enlaçant d'une chère étreinte ; et ses quelques mots sondant son âme, d'ici à là, la comblent et l’apaisent pour tout lier, tout délivrer. « les cartes... j'aimerai bien qu'un jour tu me les lises à nouveau..., découvrir mon malheureux châtiment pour l'avenir... » murmura-t-elle, la voix altérée sortant avec peine, et la gorge se contractant au moindre effort. « q-quand tu auras l-le temps..., et si c'est possible. » une larme vint se perdre sur sa joue, qu'elle ne tarda pas à dissimuler d'un revers de main, tout en s'efforçant de sourire dans l'obscurité ; et à travers son chagrin le silence s'était fait, donnant à l'atmosphère cette sensation de vertige et de lourdeur. heureusement, très vite, les ténèbres firent place à la lumière, jetant contre les parois de l'ascenseur une vibration métallique assourdissante ; dans les yeux de bora luisirent enfin la lueur de ce monde sans pitié, qui laisse des blessures inestimées. « ah... je pense que l'ascenseur fonctionne à nouveau... nous devrions y aller ? » après le regret, le souvenir, l'amour, après les braises, les larmes, la raison, vient le temps de se quitter ; chacun doit retrouver sa route et partir. pourtant, de sa lèvre muette, elle pleure, elle le supplie, elle l'implore de rester, comme on implore dieu, mais il ne l'entend pas.