lies of love
Longtemps, elle soupira, longtemps, dans cette même position, accroupie, les coudes aux flancs, les fesses sur ses talons, dans cette posture propre à elle lorsqu’elle fumait ; Bora fumait souvent de ces cigarettes de thé, qu'elle se procurait généralement dans le tabac du coin, et qui répandait un relent d'herbes brûlées, âcre et entêtant. À force de consommation, la fumeuse s'était accoutumée à leur goût si particulier, même si elle préférait l'arôme du tabac brun entre ses lèvres ; mais cette
simple cigarette ferait l'affaire ; tant qu'elle lui permettait d'exhaler son ennui et sa peine, tout irait pour le mieux. Car dernièrement, Bora éprouvait dans la pensée un vide affreux, un dégoût, une lassitude de toutes choses et de toutes personnes qui l'entourait ; un sentiment d'inutilité qui lui rongeait l'âme lorsqu'elle n'était pas avec
lui. D'ailleurs, elle pensait souvent à
lui ; le matin, au levé ; le soir, au couché ; sans qu'il n'ait besoin de lui donner de ses nouvelles. Aujourd’hui, encore, en cette minute où ses idées couraient et tournoyaient dans sa cervelle comme une rivière débordée, il
monopolisait son esprit : un seul message de sa part et toute son attention était tournée vers lui ; le reste devenait insignifiant, et seule subsistait cette irrésistible envie de le retrouver. «
je serais là. tu me manques aussi... » répondit-elle, souriant avec douceur et d'un air content. Maintenant, il lui fallait se préparer. Elle regarda l'heure :
18:45. «
J'ai encore deux bonnes heures devant moi. » ni plus, ni moins ; elle devait se dépêcher. Elle écrasa sa cigarette et un vent frais, arrivant par la fenêtre, fit virevolter les dernières cendres ; une douce brise nommée
Dohwan venue balayer son ennui.
* * *
Bora s'était habillée rapidement mais pas à la hâte ; tout était murement réfléchie, calculé, pesé ; l'arrangement de ses cheveux, la forme de sa robe, sa démarche, même ses gestes ; rien ne dépassait — la
copie conforme des
filles riches de séoul. Mais pour
lui, c'était la moindre des choses. «
je suis arrivée, où es-tu ? »