i can't remember - huifan

huang xiao lu ≈ hae huifan

⋈

Ça gronde. Temps en berne. L’orage à l’orée de la ville. Ça gronde. Et Xiao Lu se dépêche de ranger ses affaires. Il s’est perdu sur la glace. Solitude un peu triste mais habituelle. Zhifeng n’est pas trop là ces temps-ci. Ses amis. Son monde. Et le plus âgé des deux compréhensif. On ne peut pas toujours s’occuper de lui. Alors il s’occupe par lui-même. Passe ses fins d’après midi et soirées sur la patinoire. Pense même un instant à accepter de faire des compétitions. Juste pour s’occuper. Et lorsqu’il est à la maison, c’est avec Milk Tea dans ses bras qu’il passe du temps, la télé en fond sonore, lui allongé sur le canapé à somnoler plus qu’autre chose. Parfois il sort aussi avec tout le monde, mais c’est plus vraiment pareil ces temps-ci. Ils sont occupés. Il comprend Lu. Alors il tente aussi de s’occuper. Mais aujourd’hui il a l’esprit ailleurs. Tombe plus que nécessaire, ses mains qui commencent à s’érafler sur la glace. Aujourd’hui son sourire manque de finir au placard, frustration qu’on ne lui connaît guère. Il finit pourtant par réussir ce qu’il voulait faire. Mais il n’y a personne pour l’applaudir. Ni parents, ni amis. Juste lui et le vide de la patinoire à onze heures du soir passé. Juste le staff qui lui annonce qu’ils vont fermer, un ‘bon boulot’ murmuré, tapotement sur son épaule. Il regrette presque d’être rester aussi tard Lu. Surtout en voyant le ciel. Ses mains qui fouillent rapidement les poches de son manteau avant de se rappeler que son portefeuille traine sur la table du salon. Pas de taxi donc. Et il est à rien d’appeler Feng, à défaut qu’il vienne le chercher, juste pour ne pas être seul sous l’orage. Il a pas peur de grand chose Xiao Lu. C’est un grand garçon. Pourtant le tonnerre gronde et son téléphone reste dans sa poche de jean. Il n’était pas à la maison de toute façon. Il ne voulait pas le déranger. Blouson remonté au niveau de son cou, ses lames tronquées pour des roulettes, et il s’élance dans la ville. Mais le tonnerre gronde, les éclairs illuminent le ciel, et il fait tout pour pas pleurer. Il fait tout pour jouer les grands garçons. La pluie qui colle ses cheveux délavés à son front, et le voilà qui finit accroupi dans un coin d’une ruelle. Mains sur ses oreilles. L’envie de disparaître. Lu il a peur de l’orage. Tellement. Mais il ne le dit jamais. Finit toujours par se cacher dans un placard, une armoire, à l’abri … Mais dehors il n’y a pas d’abri.

huang xiao lu ≈ hae huifan

⋈

le temps est à l’orage pour huifan plus que pour le ciel. il est serein dans le fond du bar, la fierté lisible dans son dos droit et ses regards froids. il y a un homme face à lui et deux enveloppes, une qu’il garde scellée sous ses doigts pendant qu’on lui confirme le contenu de la seconde. son regard jauge les lieux et l’espace d’un instant, il se remet en question. juste quelques secondes de pensées pour daw et ilhoon, mais c’est bien pour ce dernier, qu’il rapporte de l’argent. mais que pourrait-il faire pour eux depuis une cellule ? la transaction reprend en le tirant de ses réflexions et quelques mots sont échangés, une poignée de mains fermes et huifan peut s’en aller. ne jamais laisser de traces, pas même sur son visage recouvert d’un masque par sécurité. il sort par la porte arrière et rabat la casquette sur ses yeux en cherchant le confort d’un toit pour allumer une clope. il en a besoin pour libérer le stress, sa façade toujours impeccable lorsqu’il travaille. il soupire et la fumée s’évapore dans l’humidité, sa vision troublée par la pluie et le faible éclairage de cette rue. il reste plusieurs minutes planté là avant de partir, sa moto laissée à quelques rues d’ici, mais il est arrêté par un bruit. il décide d’aller voir par curiosité ou méfiance, mais c’est le soulagement lorsqu’il tombe sur un gamin accroupi. plutôt recroquevillé et il lui vient son premier sourire de la soirée. « hey, ça n’a pas l’air d’aller. » pour commencer, mais il a l’air d’avoir peur aussi et huifan s’assure qu’ils sont bien seuls dans les environs avant de se mettre à la hauteur du jeune garçon. le tonnerre gronde au même moment et le petit sursaute, ce qui lui arrache un autre sourire. il retire son masque et rend ses yeux visibles, pour ne pas avoir l’air plus suspect qu’il ne l’est déjà. « des ennuis ? ou… l’orage ? tu es seul ? hey n'aie pas peur… je suis un ami, ok ? » pour preuve de sa bienveillance, il pose sa casquette sur la tête du plus jeune, la fixe et ouvre son parapluie au-dessus d'eux. « huifan, c'est mon nom. t'es pas obligé de me dire le tien, mais tu vis loin d'ici ? » ça l'aiderait de faire sa bonne action de la journée, pour rééquilibrer la balance.

huang xiao lu ≈ hae huifan

⋈

Roues qui crissent sur l’asphalte. Nuages sombres au dessus de lui, et la pluie qui commence à tomber. Il est un grand garçon Xiao Lu, il prend sur lui, il sait qu’il a du chemin à faire entre la patinoire et chez lui. Il prend sur lui, prend de la vitesse aussi. L’espoir de dépasser l’orage. De le prendre de court. Mais le tonnerre gronde et il vacille l’enfant. Il s’acharne pourtant, le bruit de ses patins en échos à la voix de l’orage. Mais voilà qu’un éclair fend le ciel, et il ne sait plus trop. Ses jambes qui s’emmêlent, et l’effroi qui s’échappe entre ses lèvres, perles salées retenues au coin de ses yeux. Il voudrait se cacher Xiao Lu. Mais il n’y a pas de quoi l’abriter. De cette peur d’enfant, de cette solitude glaçante. De cette angoisse sourde. Alors il finit accroupi, main sur les oreilles. Accroupi, les yeux clos, un peu trop fort pour ne pas que ses larmes coulent, pour ne pas voir aussi. Et attendre. Que ça passe. Que le ciel se calme. Pourtant dans ce monde trop noir, une voix perce. Des mots qu’il ne comprend pas forcément. Barrière. Sa peur qui a inhibé ses sens. Qui le laisse finalement tel l’enfant qu’il est. Pas si courageux, un peu trop seul dans un pays qui n’est pas le sien. Il accueille la casquette sur sa tête avec un soulagement non feint, ses yeux qui papillonnent pour se poser sur la silhouette en face de lui. Et il essaye Lu, il essaye vraiment de comprendre ses mots, mais voilà que le tonnerre gronde encore et qu’un geignement faible passe ses lèvres. Huifan. Le nom ne sonne pas coréen, mais son esprit est brouillé. Il y a juste une de ses mains qui s’accroche à lui. Le regret de ne pas avoir appelé Zhifeng, de ne pas être chez lui contre son ami. Le regret de savoir qu’il n’aurait sans doute pas décroché, un peu trop occupé ces temps-ci. « I’m sorry … » Chinois. Les mots qui sonnent comme une excuse. « Huifan-gēgē, please … Stay ? » Il ne le connaît pas cet inconnu. Il sait juste Lu, qu’il a peur de l’orage. Qu’il n’est pas autant un grand garçon que ça. Et que dans la rue, il ne sait pas où fuir le tonnerre et les éclairs.

huang xiao lu ≈ hae huifan

⋈

ils viennent de deux mondes différents et il ne lui a fallu qu'un regard pour le savoir. il a l'air aussi jeune qu'un lycéen et huifan espère que ce n'est vraiment que l'orage qui l'effraie tant, parce qu'il a eu son âge et qu'il faisait autre chose que du roller sous la pluie. il parle le premier et même lorsqu'il ne reçoit aucune réponse, il continue. la peur n'est pas dirigée contre lui et ça le fait sourire, mais ça ne le soulage pas vraiment non plus parce que ça rend le garçon vulnérable. il aurait pu tomber sur un type moins sympa, mais sa bonne étoile devait l'accompagner. alors huifan va jusqu'à poser sa main sur les épaules du plus jeune pour le rassurer, mais un nouveau coup de tonnerre résonne et son coeur fond quand il sent une main le retenir, suivi d'excuses aux sonorités étrangères mais familières. oh. « it's okay. » le chinois glisse naturellement sur sa langue en réponse, il le laisse s'exprimer et ne peut se retenir de rire un peu, le regard adouci et le sourire toujours présent. ce n'est pas la première fois qu'on lui demande de rester et il connaît ces yeux désespérés, apeurés et ce ton presque suppliant.. vulnérabilité qui le fait flancher. « what's your name, little boy? » il attrape gentiment la main accrochée à sa veste pour la saisir et se relever, en invitant le garçon à faire de même. « i'll stay with you, but we should go. it's not really safe here... » n'importe qui le trouverait louche, presque trop gentil pour être honnête et parler chinois n'est pas toujours rassurant entre ces murs sombres. d'autant plus s'il compte les emmener vers ces ruelles étroites plutôt que de revenir sur la route, car il n'est pas venu en métro ni à pieds et qu'un trop grand détour l'ennuierait. « i'll buy you hot choco and let you cling on me, so you're coming or not? » il a l'air louche, c'est confirmé alors que ses intentions sont sincères et qu'il essaie juste d'être encourageant. il veut bien tenir compagnie à ce jeune homme et l'aider jusqu'à ce que l'orage passe ou même, jusqu'à ce qu'il veuille partir de lui-même. il le laissera courir dans la direction opposée si telle est sa réponse.

huang xiao lu ≈ hae huifan

⋈

Perdus dans ses angoisses et ses peurs. Il sait pourtant Xiao Lu. Faire comme si de rien n’était. Jouer le fort. Contrôler ses frayeurs. Se cacher dans un coin et attendre que ça passe. Parce qu’il n’a jamais eu quelqu’un pour le prendre dans ses bras. Il ne connaît pas le réconfort d’une étreinte, ne le recherche pas non plus. Seul, souvent dans un recoin de la maison, une armoire, un placard, son casque sur les oreilles pour ne pas entendre l’orage, le grondement du tonnerre. Dans le noir, pour ne pas voir les éclairs. Mais il est dehors Xiao Lu. Le cœur en berne, la réalisation terrible qu’il n’aurait pas de réponse en appelant Zhifeng. Il est dehors. Loin de chez lui, sans argent, sans rien. Juste ses affaires pour la patinoire. Juste ça. Et son courage. Mais il s’est déjà sauvé. Et Xiao Lu s’accroche juste à cet étranger. Avec un nom aux sonorités connus. Il s’accroche juste, parce que le tonnerre a grondé et qu’il a peur. Terriblement peur. Et personne au final pour lui dire que la foudre ne le frappera pas, qu’il est en sécurité. Que ça va aller. Personne. Questions en chinois, et son attention qui se focalise avec du mal. Son propre nom comme étranger entre ses lèvres lorsqu’il le prononce. « Xiao Lu. » Soulagement de le voir rester. De ne pas le voir décrocher sa main. De ne pas le juger de n’être qu’un enfant. C’est une peur d’enfant. À son âge on ne devrait plus avoir peur des orages. C’est ce que sa mère lui dit, avec un sourire, et il n’ose pas lui dire qu’il est toujours autant effrayé. Qu’il a juste envie de se cacher, de disparaître ces moments là. Proposition de le suivre, de ne pas rester dans la rue, et il ne réfléchit pas Xiao Lu. Notions de danger qui lui échappent toujours, personne pour lui dire de se montrer ne serait-ce qu’un brin méfiant. Juste un peu. Non. Sa main qui vient se glisser dans celle du plus âgé, et une réponse quant à une interrogation qui pourrait venir. « It’s not because I’m a child … The floor is wet, I don’t want to fall. » Sourire fragile, et ses yeux toujours remplis de larmes. Non il est juste un enfant Xiao Lu, et ces temps-ci, c’est difficile de sourire comme si de rien n’était.