remember me (hyunsik)

vingt-trois heures passées de quelques minutes à l’horloge de son téléphone, ran prend la direction du combini, son éternel mug rempli de café à la main. elle vient à peine de se réveiller, n’est certainement pas d’humeur, en témoigne le regard hargneux qu’elle adresse à la ronde – pas question de la déranger. et, comme en souvenir de son passé de délinquante, les badauds s’écartent instinctivement sur son passage, fuyant instinctivement la menace de la petite teigne. dans sa tête, elle se contente de ressasser inlassablement la torture qu’elle va faire subir à son colocataire pour avoir osé la réveiller. un tel comportement était impensable, inimaginable, impardonnable.
il doit mourir.
elle s’arrête net, coupée dans ses pensées, quand elle se rend compte qu’elle était passée devant le combini. elle aurait pu faire demi-tour, aurait probablement fait demi-tour – si un bruit n’avait pas attiré son attention. elle entend les bruits de bagarre, dans une ruelle non loin, aperçoit les mines apeurées de ceux évitant les lieux avec soin. probablement aurait-ce été mieux qu’elle fasse comme eux. mais elle est de trop mauvaise humeur. et ils sont obligés de se battre pas loin de son hôtel ? elle s’approche d’un pas d’abord rageur, avant de se faire plus lent et silencieux. elle se glisse jusqu’à la ruelle, jette un coup d’œil. se mord la lèvre. elle aimerait bien les rejoindre. elle aimerait bien… non. elle secoue la tête, se décide à faire demi-tour, quand une pensée la pousse à regarder plus attentivement. « quoi ? » ce grand débile qui se bat lui est étrangement et désagréablement familier. elle s’extrait de sa cachette et avance vers eux, avec une témérité frôlant l’insouciance (pour qui ne la connaîtrait pas, néanmoins). « hé, vou- toi… ! » en tant normal, elle aurait usé ses poings pour attirer leur attention, mais se contente de taper dans ses mains.