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| apology - huifan Lun 3 Juin - 5:46
Je vais mourir Huifan. Les mots qu’il n’a pas osé dire. Et le sourire qui a sonné sa propre condamnation. Il a pris sur lui Ilhoon. Ces derniers mois il a pris sur lui. Il a tout caché. Tout. La fatigue, les attaques. Les rechutes. L’argent qui s’évade, son temps qui s’évade. Peu de gens savent. Quasi-personne. Il se meurt dans son silence. L’enfant solaire devenu lunaire. Il regarde son monde qui lui échappe sans réussir à garder prise. Yuna lui échappe. Tout le monde. Même Huifan qui fait pourtant des efforts, les messages souvent échangés à nouveau. Des après-midi ensemble. Et il y avait presque cru Ilhoon. Qu’il pourrait être plus fort. Que son corps, que la maladie. Mais l’ombre qui referme ses griffes sur lui, le pouls qui s’emballe et la sensation de ne pas avoir pris sa dose d’insuline. La fatigue qui le paralyse, son regard qui se remplit d’étoiles funèbres, compréhension douloureuse que son corps cède, le trahit. Le nom de son frère entre ses lèvres, il n’est pas là pourtant. Appel à l’aide, supplique qu’on le sauve et voilà qu’il s’effondre Ilhoon, dans les bras froids de l’inconscience. Amante impitoyable qui peine à vouloir le rendre. Qui aimerait le garder pour elle. Là sur le sol froid d’une salle de danse. Comme un tombeau éclatant. À croire qu’elle ne le rendra plus. Mais le temps s’affole, le monde aussi et c’est le souffle rauque qu’il reprend connaissance. Ballet disharmonique, médecins et infirmières qui se relaient dans une danse grotesque, doses de morphine pour calmer l’agitation de son cœur. Il peine à tout comprendre. Entend la voix de Huifan qui supplie qu’on le laisse entrer. Entend la voix de son frère, et sa main qui se tend pour ne saisir que le vide, et une sensation de douleur qui lui vrille encore les sens. L’inconscience est de nouveau salvatrice et il n’entend pas les cris, l’inquiétude. Ne sait pas que ses reins sont cruels, que son corps se referme juste sur lui-même, qu’il veut arrêter de fonctionner. Ne sait pas que son cœur s’est stoppé un instant. Ne sait pas qu’on l’a perdu. Juste un peu. Trop. Ses yeux qui papillonnent. Du blanc. Juste du blanc. Et le silence. Juste ce silence effrayant et son besoin d’hurler qu’il tait, refoule. Et c’est dur de sourire. Dur de lui sourire, de faire comme si de rien n’était alors qu’il pleure, réflexe, alors que la vie s’est jouée garce avec lui encore. Mais dans sa main il y a celle de Huifan et dans les yeux d’Ilhoon, les cadavres stellaires de ses derniers rêves. La douleur pulse dans ses veines comme de la lave et même abruti à coups de morphine il ne peut que la sentir comme le monstre malingre entre ses côtes. Je vais mourir Huifan. « Combien ? » Le masque contre son visage pèse, la respiration reste hachée et la voix détruite. Mais combien. Combien de jours resté dans l’inconscience. Combien de jour dans son décompte. Combien. Combien. Combien. last night story |
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