hiro ((and they call me the sick boy))

Ce n'est pas de la musique ça, Hiro. Ce n'est que du bruit. Il s'engouffre dans les souterrains du métro avec son casque sur les oreilles et ses cours sous le bras, tous les matins le même trajet vers son lycée. On le voyait suivre les traces de son père, enchaîner les concours et entrer au conservatoire, mais le gamin a préféré choisir une autre voie. Aussi belle soit la musique classique et ses airs au piano, ce n'est pas ce qui le fait vibrer depuis qu'il a découvert un univers différent, aux préjugés bien durs et en témoigne la déception qui se lit dans le regard de son père tous les soirs. Mais Hiro hausse les épaules à chaque fois, nonchalant, l'âge rebelle qui s'amorce et de toutes les façons, il sait qu'on le laissera faire ce qu'il veut de sa vie. Il est juste pressé d'se barrer du lycée et de gagner sa liberté, mais Hiro n'a pas attendu pour affronter le danger et Dieu seul sait jusqu'où il traîne la nuit. Sa sœur est la seule qu'il joint toujours pour lui trouver des excuses, celle qu'il appelle la moche et qu'il adore sous sa fierté, et elle l'appelle bien ducon en l'aimant tout autant, son alibi assuré. Ils ne sont pas jumeaux, mais pour une petite année, ils peuvent bien tricher.

Tous les matins le même trajet, mais tous les soirs une page différente de l'histoire, comme ces jeux où on laisse plusieurs choix qui en changeront le cours. On ne l'oblige pas à filer droit même s'il le devrait, on ne lui dit pas que l'avenir l'espère pointilleux même si on devrait. On le laisse dans sa chambre, fuir les repas à quatre, les confrontations avec papa. Il leur échappe, mais ils le laissent filer de travers, apprendre de ses erreurs ou au contraire, apprendre à les éviter la prochaine fois. Hiro est passionné et assez bosseur pour que ses études ne soient pas gâchées, mais sa vie, il en fait ce qu'il veut. Son corps, il en fait ce qu'il veut et s'il a choisi de le mettre à l'épreuve ou en danger, respectez-le. Il s'est épuisé pour en arriver où il est, même s'il ne sait pas vraiment où il va.


Il a roulé des heures sur les côtes est, un panorama qu'il connaîtrait presque par cœur à force et son regard toujours lointain vers une terre qu'il ne connaît pas trop bien. Celle d'où il vient, où il ne mettra peut-être plus les pieds quand sa curiosité l'amène à regarder dans le sens opposé. L'Europe, les Etats-Unis, des lieux qui le font rêver et il sautera le pas un jour. Mais sa vie lui convient bien comme ça, son boulot, ses potes et ses activités du soir – ce n'est pas si mal pour un garçon qui ne savait pas, qui y allait pas à pas, son avenir au bout des doigts. Aujourd'hui toujours là, un sourire au coin des lèvres et des idées plein la tête, le bonheur au bout des doigts. Demain toujours abstrait, mais il n'est plus effrayé Hiro, de ne pas savoir où il va. Il se laisse avoir par le hasard et les coïncidences, défie le destin chaque jour et espère toujours qu'après le même trajet du matin, le soir lui apporte son nouveau chapitre.