3am at the end of the world

" it’s dangerous
to get attached to the things that never
want you.
or worse,
the o n e s who want to keep you:
like an animal, like a trophy, like
bragging rights.
when all you’ve ever wanted is
s o m e b o d y
who would keep you
like a promise."

— ashe vernon

01 — enfant prématuré, sa mère manque de le perdre à sa naissance et elle fait tout pour le maintenir en vie. destin cruel qu'elle lui offrait sans le vouloir. 02 — gamin chétif et fragile, il passe énormément de temps alité chez lui, sa mère pour s'occuper de lui. son père est aux abonnés absents, des rumeurs sur ses histoires avec ses maîtresses, ils sont laissés pour compte. 03 — timide, de ceux qui se font martyriser sans dire un mot, larmes silencieuses le long de ses joues. de ceux qui sourient alors qu'il voudrait geindre et se plaindre, le garçon qui reste toujours seul, des hématomes sur ses genoux. 04 — son meilleur ami comme une bouffée d'air frais, l'impression de pouvoir vivre. daw qui s'ouvre au monde, se prend de passion pour la vie, les livres, apprend à faire du vélo, vit enfin plus dehors que cloitré chez lui. premier amour qui fleurit comme un printemps précoce, sentiments gardés et affection apprivoisée de peur de le perdre, ce garçon lumineux. 05 — le temps qui passe, sentiments qu'il suppose éternels, et les premiers non-dits, santé fragile mise en avant quand papa se fait cruel et l'enferme plusieurs jours, maman qui camoufle le mal que cet homme leur fait quand l'amour vient toquer à leur porte inquiet. tout pour ne pas détruire ce bonheur fragile qu'il protège comme il peut. 06 — sur un quai de gare son sourire qui se fane tandis que son premier amour part, s'éloigne et que de son côté il reste là, à busan. il a vendu son âme au diable pour sauver celle de l'ange, il a vendu son âme sous couvert de ne pas écorcher les ailes de son amour plus qu'elles ne le sont déjà.  07 — il a des bleus sur le corps comme les constellations dans le ciel, il a des larmes taries sur ses joues et celles-ci qui se creusent. il grimace à chaque pas mais il sourit quand sa mère s'inquiète, il la voit pâlir, défaillir et il redouble dans ses mensonges, promesses d'aller travailler le piano alors qu'il traine dans la rue, promesses de l'école alors qu'il a abandonné l'uniforme. promesses afin de sauver cette illusion morcelée. 08 — même pas dix-huit ans tandis qu'il est seul sous cette pluie battante, même pas dix-huit ans tandis qu'il accuse la hargne du géniteur, condamné à prendre le fardeau de la mort de sa mère. et il pleure silencieusement. il pleure parce qu'il ne sait plus trop pour quoi, pour qui, il reste en vie. 09 — ombre de lui-même, il ne sait plus manger. ombre de lui-même il chancelle, son corps en horreur. les ecchymoses sont monnaies courantes, son père ne le regarde même plus, billets sur le meuble d'entrée pour qu'il rentre le moins possible. il erre daw, il erre et se perd, ment toujours, des sourires sur les photos qu'il envoie, des histoires bien écrites, et l'assurance que tout va bien. non. 10 — ses hurlements sont étouffés. il a appris à se taire. ses hurlements sont des murmures, il sait se faire discret. pourtant parfois pas assez. non pas assez. et sous le coup de l'alcool les jeux deviennent cruels. sous le coup de l'alcool, il voit son avenir de pianiste s'évaporer comme la fumée de leurs cigarettes, ses doigts si délicats brisés sous le talon de leur orgueil. gamin devenu catalyseur de leurs émois, la colère qu'ils déchainent sur lui. 11 — y'a les étoiles qui se meurent dans ses yeux, cadavres stellaires et il sait même plus vraiment pourquoi il est encore là. il a sa gorge à vif, des sifflements qui s'écoulent de ses lèvres comme le râle d'un animal à l'agonie. et il se laisserait bien aller le gamin, partir. il se laisserait bien emporter mais il se réveille encore. gorge bandée, la plaie cachée alors qu'il n'avait rien fait si ce n'est gémir trop fort de douleur. et il s'enfuit sans remercier, la crainte toujours de se faire exploiter. 12 — fantôme, il l'écoute parler, celui qui lui dit de s'enfuir. il l'écoute lui et ses jolis mots, teintes de supplication dans sa voix, et il se plait à imaginer, le nez dans cette écharpe, ce que ça serait d'être loin, à séoul. et il se plait à imaginer, une autre vie, début d'espoir. 13 — son départ a un prix, son silence s'achète même s'il est déjà tout donné. il finit pourtant. par s'échapper des griffes de la rue. par s'échapper des griffes du géniteur. compte en banque rempli d'argent, celui de maman, celui du père qui lui demande de disparaître pour de bon. et y'a une touche d'espoir dans ses yeux mornes. flamme vacillante qui pourrait s'éteindre à la moindre secousse. gamin brisé.