crawl to me (tyler)

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Le mouvement du matelas est ce qui sort peu à peu Tyler de ses rêveries ensommeillées. La sensation du corps qui s’échappe de ses bras en un fracas silencieux de gestes brusques et le doux bruit d’une porte qui claque. Ce n’est cependant pas assez pour le réveiller complètement et les questions survenues dans son esprit brumeux sont vites envolées alors qu’il est de nouveau happé par Morphée, bercé par le bruit lointain de la douche.

Il est de nouveau sorti de ses rêves par une main qui le secoue légèrement, arrachant un grognement mécontent à ses lèvres tandis que la voix de la nippone se fait entendre et ramène avec elle les souvenirs de la nuit passée. Et quelle nuit. Tyler n’est pas prêt de l’oublier. Le contact humain s’était fait rare ces derniers temps et même s’il n’a jamais été quelqu’un qui ressentait un besoin intense de proximité avec d’autres ou de sexe, il ne pouvait nier les effets bénéfiques d’une telle nuit sur son corps et son esprit. Les muscles usés le lançait légèrement, tandis que les images repassaient en boucle derrière ses paupières closes. La satisfaction du temps passé en compagnie de la jeune fille était cependant sans doute le meilleur des cadeaux après cette nuit. Il n’aurait jamais imaginé finir au lit avec quelqu’un cette soirée là et encore moins avec Sawa. Sawa qui l’adorait, le détestait et surtout adorait le détester. Le jeu auquel il jouait était un jeu dangereux et la présence de Tyler entre les draps de la jeune femme en était la plus belle preuve.

Sawa le secouer toujours, assise au bord du lit et lui ordonnant de se lever mais le jeune américain avait bien d’autres envies et il ne se gêna pas pour lui faire savoir d’un simple « hmm non » mi-prononcé, mi-murmuré, avant de tendre ses mains vers elle dans le but d’attraper quelque partie de son corps sans avoir à ouvrir ses yeux. Sa proximité rendait la tâche aisée et il lui attrapa rapidement le bras pour la tirer à lui, une nouvelle fois.

« Pas envie, et j’ai rien de spécial à faire donc à moins que t’ai une très bonne excuse on va rester au lit », dit-il au creux de son oreille alors que le lit bougeait de nouveau, Hélios les ayant rejoint avec des aboiements enjoués.

Tu parles d’un portrait de famille. 


Silhouette appesantie de sommeil vallonne le linge (im)maculé en des courbes suggérées, lascives et tendres dans les délices de Morphée. De toute leur curiosité s’évadent les orbes sombres, se perdent dans la masse ébène des cheveux qui tranchent la morosité des draps. Ils s’échouent contre la peau hâlée, suivent les arabesques encrées sous son derme tandis que la voix assoupie de Tyler secoue ses entrailles. « Hmm si, crois-moi tu vas vite — » Les menaces s’étouffent entre les bras de l’apollon quand sa bouche s’écrase contre le cou brûlant. Et le souffle qui fait frémir sa nuque, et les notes rauques qui exaltent le myocarde sans crier gare, et les frissons nocturnes qui ressurgissent, éveillés au seul vouloir de l’homme... D’image en soupir Sawa se surprend à désirer la bouche, la poigne impérieuse, les boucles charbon perdues entre ses cuisses. Son visage s’embrase, jusqu’à ce qu’Helios survienne et s’impose, tirant la japonaise d’indécentes fantaisies. Elle râle alors pour calmer le shiba qui, loin d’obtempérer, se blottit aux pieds de Tyler. « Traître. » siffle-t-elle, tentant de se libérer de l’étreinte de l’américain, et elle grogne contre son cou. « Je suis encore chez moi, si je veux que tu te barres j’ai qu’à appeler les flics et leur expliquer que t’as abusé de moi alors que j’étais saoule et sans défenses... » Un rire lui échappe, et elle se hisse sur ses avant-bras, accoudée au torse du garçon pour le toiser d’un air mesquin. « Alors tu te lèves, tu t’habilles et tu te casses. »

La résistance est toujours présente et c’est touchant, Tyler pense distraitement, à quel point elle essaie de se détacher de lui, d’eux, malgré les gestes qui sont si loins des paroles. Il la voit rougir encore une fois et prend la coloration de ses joues comme une victoire avant de se perdre une nouvelle fois dans la douceur de sa peau et de son souffle chaud qui caresse la sienne. Les paroles le font sourire.
 « T’as vraiment un soucis avec les fausses accusations tu sais ? Et je pense qu’on aura plusieurs témoins en ma faveur, qui pourront attester que tu t’es jetée sur moi ».
Plongé dans le regard dense de la jeune femme, la situation est presque comique. Encore une fois, la nippone dit le contraire de ce que son corps fait et l’américain ne se gêne pas de lui faire remarquer.
 « Et puis, tu veux que je parte mais je suis censé bouger comment quand t’es allongée sur moi comme ça ? »
Il la tire à nouveau vers lui, plus près, avant de basculer sur le côté, de façon à ce qu’il soit cette fois-ci au dessus d’elle. Ses lèvres se perdent un instant dans le cou de la jeune femme, puis vers les clavicules saillantes avant qu’il ne se détache et ne se lève, se dirigeant vers la cuisine.
 « Bon puisque je suis un gars sympa je te prépare le petit dej, j’espère que t’as autre chose que des saucisses ».

happée corps et âme dans ce regard empreint de mystère, sawa se sent faiblir à une vitesse folle, comme si son myocarde effréné résonnait dans le studio tout entier. lorsque ses lèvres laissent filer un ultime reproche, elle ne peut s’empêcher de se demander qui elle tente encore de convaincre. « crois-moi, ça serait jamais arrivé si j’avais été sobre. » et son cœur, soudain, bascule avec son corps tandis que tyler passe au-dessus d’elle. est-ce qu’il n’a pas raison, au fond ? est-ce qu’elle ne cesse donc pas de se contredire ?

tandis que les lèvres conquérantes s’attardent sur sa gorge, tandis que son échine s’en trouve secouée de frissons et que son derme s’électrise au contact de ces mains, de ce torse, de ces cuisses chaudes contre ses jambes, tandis qu’elle peine à retenir un grognement de plaisir et que ses doigts délicats s’empressent de sillonner le dos musclé et les bras couverts d’encre, il lui semble qu’une infinité de certitudes volent en éclats ; pourquoi lui ? pourquoi maintenant ? pourquoi un homme, après tout ce temps, et malgré ceux qui se pressent à son oreille chaque nuit ? pourquoi se sent-elle si bien ? pourquoi le brasier qui crépite au creux de son ventre s’éveille-t-il aussitôt qu’il la frôle ? pourquoi c’est aussi fort ? pourquoi en veut-elle plus ? une peur immense la submerge soudain, de cette impression de chuter du haut d’une falaise, tête vers l’inconnu.

« va t’en. » assène-t-elle lorsqu’il la relâche enfin — ou trop vite, elle ne sait plus. « tu mangeras chez toi, laisse-moi tranquille. » rouge de colère et de confusion, de chaleur aussi, et de honte, elle ramasse les vêtements qui jonchent le sol et les fourre dans les bras de tyler tout en l’entrainant vers la porte, qu’elle claque sous son nez. soupir… et elle jette sur la pièce un regard dépité. il n’est plus là, mais sa présence demeure.