criminel la façon dont j'tue le temps (iseul)

criminel la façon j'tue l'temps

« I-SEUUUUUL » Même si elle l’avait voulu, la miss n’aurait probablement pas pu éviter la boule humaine qui fonce dans sa direction, toutes dents dehors et les bagues captant les rayons du soleil. La journée se finit doucement et rien ne peux arrêter l’enthousiasme du gamin, quand il arrive enfin à la hauteur de son amie. « Salut ! Ça va ? Moi ça va ! Et toi ? Belle journée hein ? » Les questions jaillissent sans réel sens, l’impatience lui faisant dire à peu près n’importe quoi. Et le tout saupoudré de son accent campagnard, plutôt violent que d’habitude. « J’voulais aller à la salle de jeux, tu viens avec moi dis, tu viens avec moi ? Steuplé ! Dis oui ! » Gosse implorant, qui a pris bonne note de son enfance. « En plus depuis que Junhee est repartie, bah j’me sens trop seul, y a plus que Godzi et moi dans l’appart et je sais pas encore si et quand je déménage… Steuplé steuplé viens avec moi ! » Il force le trait pour attirer la compassion ; et pourtant s’abstient de tout mensonge. Gamin habitué à avoir sa sœur en permanence à ses côtés, ne sait plus quoi faire maintenant qu’elle est partie. Y a bien le chien – qu’il a réussi à garder à force de supplications et de larmes – mais c’est pas pareil. Il se sent seul. Atrocement seul. Physiquement et mentalement, ce qui ne lui était jamais arrivé de sa vie.
Pendant un instant, il regrette presque sa cambrousse, les jeux de société du vendredi soir, les petits plats cuisinés par sa mère, et les séances de lecture de son autre mère, quand il l’écoutait lui raconter ses histoires.
Y a tout qui lui manque, pourtant il veut pas quitter Séoul. Alors il s’accroche à Iseul, comme si elle pouvait lui faire oublier ne serait-ce que quelques instants, le manque de sa famille.

super potiche la gamine

Iseul attend dans l’entrée l’arrivée de Ki Suk. Bras croisés. Adossée au mur. Elle le voit et l’entend arriver au loin. Le pas lourd. Surexcité. Tout le contraire de la jeune fille. Un vague sourire s’installe sur ses lèvres en guise de salutation. Ce qui est déjà énorme quand on connait la demoiselle. Fort peu loquasse et tout aussi peu avenante. Ki Suk peut se sentir spécial aux yeux d’Iseul. Faut il qu’il l’ai remarqué. Elle ne lui répond pas. Elle ne sait même pas quoi lui dire. Est-ce qu’elle va bien ? Impossible de répondre à une question aussi simple. Elle est en vie et – relativement, en bonne santé c’est déjà pas mal.  Elle hoche la tête aux questions incessantes de son ami. Si elle est là c’est bien pour l’accompagner. Il est magique ce Ki Suk. N’importe qui d’autre aurait ce comportement avec elle, Iseul penserait que c’est une vraie plaie. Et pourtant ses gamineries à lui passent comme une lettre à la poste. « J’aime qu’on me supplie mais pas besoin de m’implorer pour quelque chose qu’on fait toutes les semaines. » Elle se décolle du mur pour suivre le garçon. « Allons-y. » difficile de croire que tous deux ont le même âge. Encore moins que d’eux deux Iseul est la lycéenne. Avec son attitude posée et son vocabulaire trop mature pour son visage de poupée. Elle marche d’un pas tranquille jusqu’à la fameuse salle de jeux. Un endroit où elle va rarement. Jamais seule. Toujours par l’initiative de d’une tierce personne. Même cette salle l’ennui quand on n’arrive pas à attirer son attention. Elle tire une chaise qui lui a l’air confortable vers l’endroit que choisit Ki Suk pour jouer. « J’espère que tu vas perdre. Ça fera l’animation. » sourire espiègle de sortie. Sans même qu’elle s’en rende compte Iseul ressemble presque à une gamine de son âge.

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Le caractère plus modéré d’Iseul, ses réponses presque froides, ne font qu’exciter encore plus le gamin qui, loin de se laisser démoraliser, préfère compenser par une attitude encore plus enjouée, le sourire aux lèvres et les gestes démesurés. Il aime bien Iseul, même si elle a l’air plus adulte – il aime bien Iseul, surtout quand elle a le sourire aux lèvres, l’étincelle enfantine. « Ouiiii ! » Exclamation victorieuse, quand il se dirige vers la salle de jeu, pousse la porte. Et la bouffée d’air frais qui accompagne leur entrée, la climatisation peut-être un peu trop forte, pour préserver les machines. C’est avec la force de l’habitude qu’il rejoint un de ses coins préférés, les jeux d’arcade où il pourrait passer des heures. Iseul tire une chaise, il se poste devant une machine libre. « Jamais j’perds moi, tu crois quoi ! J’suis le meilleur tueur de zombies du moooonde. En cas d’apocalypse zombie, clairement, j’m’en sors les doigts dans le nez. » Et il accompagne ses paroles d’un sourire victorieux, passe volontairement sous silence le fait qu’il finirait probablement parmi les premiers morts. Disons que c’est pas très pratique, quand on peut pas courir plus de dix minutes sans avoir l’impression de perdre un poumon. Pas qu’il soit pas sportif (enfin si, un peu) mais y a l’asthme qui accompagne le tout, la force à conserver précieusement sa ventoline avec lui. Ouais, en cas d’apocalypse zombie, il ferait pas long feu.
Alors il se contente de rêver, faut pistolet au point, quand le jeu se lance et qu’il abat ses premiers ennemis. Sourire aux lèvres, il coule un regard innocent en direction d’Iseul et lâche un, « tu sais, y a un autre pistolet, on peut jouer à deux… » Rengaine habituel – chaque semaine la même comédie, à tenter tant bien que mal de l’entraîner dans ses jeux.

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Iseul aime bien embêter Ki Suk. En fait c’est le garçon qu’elle aime bien mais ça s’est plus compliqué à assumer. A comprendre, au milieu de son cœur et son esprit qui lui soufflent tout et son contraire. Elle a désappris à apprécier son entourage. Détruisant avec un entrain presque macabre les synapses de son cerveau. Pourtant elle se retrouve là. Avec ce nouvel ami qu’elle fréquente de bon cœur depuis quelques mois. Le palpitant presque léger. Sans même qu’elle ait dû faire appel à la drogue ou l’alcool pour arriver à ce résultat. Iseul qui refuse de comprendre que plus elle s’enferme, plus elle est triste et seule.
Assise bien confortablement, elle jouit en silence de la réaction de Ki Suk à sa pique. Le côté mauvais perdant du jeune homme est une vraie mine d’or pour l’adolescente. Elle se repait de le voir rager à chaque défaite. Ses réactions valant très largement le détour. Elle arque un sourcil face aux déclarations de son ami. Lui ? survivre à une attaque de zombie ? Elle aimerait bien voir ça. Iseul l’imagine courir dans ses jupes en l’implorant de lui venir en aide. Il ne tiendrait pas deux jours. Elle ne répond rien mais son sourire vaut tous les sarcasmes du monde. Parce qu’Iseul sourit et que ça n’arrive pas tous les jours. Il est magique ce garçon. Et Ki Suk n’a pas l’air de s’en rendre compte. « Si je me joins à toi, qu’est-ce que je gagne en échange ? » Elle ne perd pas le nord la petite Iseul. Elle n’a jamais joué à des jeux d’arcades. Seulement à quelques jeux vidéo avec son frère quand elle était au collège. Son expérience s’arrête là. Même si elle maîtrise une partie du vocabulaire technique à force de traîner avec Ki Suk.

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Kisuk, il a l’étincelle dans les yeux, le sourire aux lèvres et l’attitude exaltée, enfantine, du gosse qui arrive à ses fins. Et il se sent bien Kisuk, ici, se sent à son aise dans cet environnement si familier, loin des p’tites guerres et des galères.
Et puis, y a Iseul. Iseul et son visage qui s’ouvre, témoin de cette jeunesse qu’elle réfrène et ignore – y a Iseul et Kisuk il aime bien passer du temps avec elle, malgré les taquineries incessantes et les moqueries mordantes. Il l’aime bien, tout simplement et se fait un devoir de l’épater sur son jeu même s’il est persuadé qu’elle ne l’en admirera pas pour autant. « Euh bah… » Déstabilisé, il en perd sa concentration ; et se reprend de justesse pour décapiter un zombie dangereusement près. « La satisfaction d’avoir joué à un jeu trop cool ? » Les mots ont à peine le temps de franchir la barrière de ses lèvres, qu’il sait que ça ne suffira pas à la convaincre. « Ou alors… la personne qui survit le plus longtemps gagne un dîner ! » Et il agite la tête avec ferveur, pour appuyer ses paroles. Il sait pas vraiment quel type de dîner, n’est pas allé jusque-là, lui capable de se contenter d’un bon bol de ramen – ou d’une petite pizza, gosse estimant que ça fait trop longtemps qu’il n’en a pas mangé, surtout maintenant que sa sœur n’est plus là pour lui en réclamer à grand cri. Profitant d’une accalmie, il coule un regard en direction d’Iseul, sourire toujours figé sur les lèvres, attendant avec impatience qu’elle attrape le pistolet pour venir se battre avec lui. Le prix, il n’en a rien à faire en vérité, tout ce qu’il veut, c’est s’amuser.

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elle comprend pas trop l’attrait qu’on les gens pour les jeux vidéos. pas qu’elle trouve ça nul ou qu’elle porte un jugement sur ceux qui , comme ki suk, passent le plus clair de leur temps devant une console ou un ordinateur. iseul qui pourrait passer des heures à ne rien faire. les yeux fixés sur le ciel ou le plafond. iseul qui possède cette capacité rarissime de se pouvoir se vider l’esprit en toute circonstance. d’arrêter tout simplement de penser. presque d’exister. la voilà pourtant touchée par l’étincelle de vie qui s’échappe du garçon et se reflète sur son appareil dentaire qui rutile à chacun de ses sourires. un sourire d’enfer qui s’immisce en elle et vient remettre en marche la mécanique. qui réveil ce qu’elle essaie de cacher au plus profond d’elle. ki suk qui dans son innocence ravive celle qu’iseul s’imagine avoir perdue.
elle arque un sourcil – pour changer. expression moqueuse solidement attachée à son visage de poupée. un sourire en coin vient s’ajouter. il a maintenant compris que des arguments trop simples ne marchent pas avec elle. sa pureté la touche mais pas de là à tout d’un coup lui donner l’envie de s’amuser comme une adolescente normale. pourtant elle en meurt d’envie iseul. de lâcher la pression. et puis elle se sent légère. une pensée s’échappe dans la direction de hoon. ça ne dure pas plus d’une poignée de secondes. mais c’est suffisant pour que l’idée flotte qu’il serait soulagé de la voir ainsi. un court instant qui inconsciemment fait définitivement disparaître sa léthargie. ce qu’il est chanceux ce ki suk. « fini ta partie et tu me montreras comment ça marche. » dit-elle presque comme une mère qui fait une fleure à son garçon.

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Gamin insouciant dont le visage se barre d’un immense sourire solaire dès que les mots parviennent à son oreille ; lâche une exclamation enjouée, tandis que s’échappe de sa gorge le « YEEEES » tonitruant de la victoire. Enthousiasme pourtant rapidement douchée par son impatience – et le gosse qui fait exprès de perdre, se laisse attraper puis dévorer pour que la partie n’en finisse que plus vite. « Oups. » Comme une erreur, quand tout était pourtant prémédité ; « alors, t’es prête, t’es prête ? » Réactions enfantine de celui qui n’a fait qu’obtenir ce qu’il désirait, gamin têtu n’aurait dans tous les cas pas lâché l’affaire, beaucoup trop heureux à l’idée de pouvoir partager une partie avec son amie.
Et ses doigts se faufilent jusqu’à sa poche, récupère les deux précieuses pièces qu’il glisse dans la machine, avant d’attraper la deuxième arme, pour la lui remettre, sourire aux lèvres. Et le gosse insouciant devient joueur, quand naît dans ses prunelles la lueur taquine. « La prise en main est facile, juste, t’appuie là pour tirer et tu tournes le pistolet pour tourner la tête… Le perdant... a perdu ! » Et, sans lui laisser plus de temps, il lance la partie, gamin persuade qu’elle n’a pas besoin de plus d’explications ; et que dans le cas contraire, il n’en sera que plus facile de gagner.
Le sourire renaît sur son visage quand un premier zombie apparaît dans son champ de vision ; zombie vite assassiné par une balle si bien placée, gosse tellement familier du jeu, qu’il pourrait probablement continuer les yeux fermés (sans pour autant s’assurer une victoire écrasante néanmoins, il n’est pas non plus tout-puissant).

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elle a un mouvement de recul et regrette presque d’avoir acceptée l’invitation de ki suk. la demoiselle à légendaire léthargie est pris de cours par l’entrain de fort, trop grand, du garçon alors qu’il a terminé sa partie. partie qu’elle soupçonne d’avoir été sabotée par son ami lui-même. elle ne croit qu’à moitié à cette défaite inopinée. un suicide calculé d’après iseul. la gamine se rétracte sur elle. soudainement bien peu à l’aise alors qu’elle se lève pour rejoindre son poste. elle empoigne l’arme en plastique avec une pointe de gêne dans l’estomac. le jeu n’a pourtant pas l’air bien difficile. elle a regardé kisuk faire des tonnes de fois. et les explications laissent transparaitre un gameplay – mot appris par son cadet au sourire d’enfer, plutôt simple. iseul ne dit plus rien. rien de bien étonnant cela dit. elle pointe timidement son arme vers l’écran. un regard jeté derrière son épaule pour vérifier qu’ils sont seuls. sait on jamais. quelqu’un pourrait être témoin de ce qui va se passer dans la salle de jeu. quelqu’un pourrait surprendre choe iseul en plein délit d’amusement. drôle d’activité pour une gamine qui semble juste bonne à s’intoxiquer. shootée au malheur. pas aux petits plaisirs de la vie tel que le moment qu’ils s’apprêtent à partager.
elle surprise par l’arrivée du premier zombie. ouvre de grands yeux ronds. pris au dépourvue. avant de se ressaisir pour enfin tirer sur son premier zombie. elle éprouve une grande satisfaction en touchant sa première cible. iseul a beau être silencieuse et son visage rester impassible, à l’intérieur elle n’est pas aussi tranquille. véritablement transportée par le jeu. jusqu’à ce que la situation se complique et qu’il faille regarder à gauche et à droite. elle a beau tourner le pistolet les commandes ne lui répondent qu’à moitié et bien vite elle est attaquée jusqu’à perdre la vie. « j’ai tourné comme tu m’as dit ! c’est la machine qui ne m’écoute pas. » dépitée.