everything will be fine feat. hea and si yeon.

(tenue) ✧ Belle poupée au regard de velours, il l'avait dragué puis relâché en liberté sauvage et comme beaucoup de fois, un grand frère enragé avait fait son apparition pour mener la plus chaleureuse des vengeances. Il saignait déjà sans le savoir au fond de son cœur dur qui ne s’épanouissait qu'à la vue de sa princesse et pourtant, les coups qu'il se prenait à cet instant le ramenèrent doucement à la réalité. Si Yeon offrait généreusement sans plus attendre, un coup de tête des plus délicieux. C'était lâche, très lâche de venir se battre à trois contre un seul, déjà démuni de ses sens par l'alcool qu'il avait laissé traverser son œsophage sans difficulté.

Les goûtes de sang tombaient petit à petit sur le goudron simplement éclairé par les lumières des néons dispersées un peu partout dans les alentours de la ruelle qu'il avait empruntée. Il souriait maladroitement en repensant à la scène qu'il venait de vivre – qu'il avait déjà vécu et qu'il revivrait. Si Yeon n'avait pas tout compris à ce qu'il c'était passé. Un trou de mémoire passager, il s'était réveillé dehors sans la moindre présence humaine. Le visage ensanglanté, les vêtements tachés et un mal de crâne incroyable. C'était tout ce dont il avait eu le droit à son réveil où il marchait avec difficulté pour retrouver la résidence Athéna. Il priait pour que l'ascenseur ne tombe pas hors-service et il espérait secrètement que son allure ne soit pas dégradante. Un procureur blessé, ce n'était pas beau. Un procureur tabassé, ça l'était sûrement plus encore.

Il posa un pied sur le tapis de l'appartement, puis deux. Les lumières étaient toujours allumées, Si Yeon regardait en face de lui. Hea jouait à la belle au bois dormant, doucement endormie sur le canapé. Elle avait l'air apaisé et c'était tout ce qui comptait à cet instant. Le garçon ne pensait plus à rien d'autre. Il attrapa sans plus attendre un plaid qu'il déposa délicatement sur la femme où il s’oubliait dans son regard. La douleur de ses blessures avait presque disparu par cette simple action. « Oh, je suis désolé. Je t'ai réveillé ? » demanda-t-il d'un regard sincèrement désolé en voyant les yeux de sa poupée s'ouvrir.

(tenue) ✧ Perdu dans ses pensées les plus douces, Hea avait toujours cet effet apaisant sur lui avec la simple présence de son regard. Peu importe si elle dormait ou si elle parlait à en avoir mal à la tête, elle rendait à Si Yeon son côté doux et protecteur qu'il perdait lorsqu'il quittait la pièce. C'était sa princesse depuis le départ et ça, personne ne pouvait lui refuser d'être transporté par de telles idées et de telles émotions. Tout était si fort quand ils étaient l'un à côté de l'autre ; le mariage n'y était pour rien. L'amour n'avait jamais triomphé entre eux, pourtant même en le sachant l'un et l'autre, ils avaient pris le chemin de l'union sans difficulté. Une promesse qu'ils s'étaient fait avant même d'échanger leur premier mot. L'amitié et bien plus encore, c'était la définition parfaite quand il s'agissait d'eux. Il n'y avait rien qui pouvait retirer les regards admiratifs de Si Yeon quand il se perdait dans la merveilleuse Hea. Parce que c'était elle et personne d'autre, elle était l'exception qui avait échappé à sa règle et jusqu'ici, il n'y avait rien de plus important.

Il était amusé de la voir porter une nouvelle fois l'une de ses chemises. Ce n'était pas la première fois qu'il la surprenait dans de tels vêtements mais loin de lui était l'idée du dérangement. Il voulait tout partager avec elle. « Minuit et demi, quelque chose comme ça. » fit-il en chuchotant alors qu'il caressait les cheveux de sa belle. Il sursauta sérieusement en l'entendant crier son prénom. Et ce fût au bout de quelques secondes qu'il se rappela des blessures qui le décoraient à présent. Il souriait légèrement en soupirant. « Je suis tombé sévèrement tout à l'heure. La tête la première. Ne t'inquiète pas Hea, ce n'est pas grand-chose. Ça ne me fait pas mal. » répondit-il en souriant pour la rassurer. Si Yeon se releva doucement pour s'installer à côté de la femme. Sans plus attendre, il l'a prit chaleureusement dans ses bras comme pour s'excuser de lui mentir. Il détestait quand Hea était concernée par ses actes, c'était étouffant à ses yeux. Elle ne méritait d'aucune façon de vivre dans les mensonges parfaitement calculés qu'il débitait à longueur de journée. « Tu as mangé ? » demanda-t-il en l'embrassant sur le front.

(tenue) ✧ Depuis toujours, Hea voyait le bon côté du garçon que les autres ne pouvaient même pas apercevoir. Si Yeon ne laissait qu'elle pour tenter de le comprendre et c'était sans doute mieux ainsi. Tout était toujours compliqué et lui-même ne se comprenait pas, se contrariant à chaque fois qu'il ouvrait la bouche, qu'il pensait, qu'il bougeait. Dégoûté de son reflet dans le miroir. Dégoûté de ses mensonges. Dégoûter de la vie qu'il menait. Son mariage était un rayon parmi l'accumulation de noirceur qui pouvait flotter dans son cœur, son métier, une brume douce qui enveloppait le tout dans un même cadre. Et quand bien même il y réfléchissait longuement, encore et encore, il se demandait dans quel fossé ou dans quelle rivière on aurait retrouvé son corps si cette belle poupée n'était pas venu à sa rencontre, si elle n'avait pas été là pour l'épauler dans ses pires moments, pour emménager à ses côtés ou encore, pour prononcer le mot si symbolique dans une tenue blanche. La plus belle de toutes les princesses.

Assis à ses côtés, Si Yeon recula lentement ses lèvres. Il soupira légèrement avant de prendre la petite main frêle de sa femme pour la caresser doucement du bout des doigts. Il frissonna. « Qu'est-ce que tu veux manger ? » demanda-t-il en souriant presque faussement. C'était déplaisant de la voir le regarder avec ses yeux si inquiet, si méfiant envers lui. Pas elle. Tout mais pas elle ; son seul souhait. Si Yeon baissait les yeux pendant quelques minutes, un lourd silence se créant dans la pièce qu'il ne mit pas longtemps à briser, ne tenant plus en place. « Écoute Hea, si je ne t'ai pas dit la vérité ce n'était pas parce que je ne te fais pas confiance, tu sais bien que je t'aime. » fit-il doucement en la regardant. Reprenant l'étape du silence durant quelques secondes cette fois, il reposa sa tête sur l'épaule de cette dernière ; son sang presque sec ne manquant pas de venir tâcher l'habit qu'elle portait. « On m'a frappé. » finit-il par dire en soupirant. Ses bras vinrent se poser petit à petit sur la taille de la femme, besoin évident d'être consolé l'air de rien.

(tenue) ✧ Sa belle princesse. Parfois, elle paraissait si grande à ses yeux, plus responsable que lui et ses règles qu'il s'imposait lui-même ; ses règles dont il semblait parfois se lasser plus que d'autres fois, ses règles plus horribles peut-être que la raison qui l'avait poussé à devenir celui qu'il était aujourd'hui. Si Si Yeon se vengeait d'un mensonge, sa bouche en sortait dix en deux minutes seulement. Au fond, il se vengeait peut-être plus de lui-même qu'autre chose ; à toujours vouloir blesser le monde, il finissait par se blesser lui-même et c'était peut-être le pire dans cette histoire. À force de faire du mal aux autres, il s'en faisait à lui en n'offrant sa confiance à personne au risque de croiser des types comme lui ; des joueurs, des manipulateurs. Et c'était peut-être poussée autrement que par une promesse d'enfance que Si Yeon avait épousé Hea ; parce qu'elle ne méritait pas de rencontrer quelqu'un comme lui, parce qu'elle fuirait peut-être si elle savait la vérité. Et pourtant. Pourtant, il ne pouvait plus faire machine arrière, poussée par une habitude plus que par une envie, poussée par un destin qui ne s'arracher plus de lui ; et Hea, au centre de tout ce monde cruel, cette poupée aux yeux attendrissant et ses regards durs de colère, de peur pour lui. Elle était ce monde qu'il ne méritait pas.

Si Yeon souriait bêtement pour se protéger des larmes, des yeux brillants qui l'accompagnaient. « Je peux te faire ton plat préféré si tu veux. Est-ce que tu veux ? » Il demandait tout de même, sachant pertinemment que sa femme n'avait pas non plus le cœur à penser à ces choses-là dans l'instant présent. « Je sais mon cœur… Je sais. Tu es la meilleure femme au monde, bien sûr que tu n'es pas une enfant. Et même si c'était le cas, je t'aimerais quand même. Je me marierais avec toi mille fois s'il le fallait, tu le sais ma Hea, pas vrai ? » avait-il dit sincèrement, un sourire comme apaisé sur ses lippes abîmées puis, il ferma les yeux quand la femme lui caressa la chevelure. « Je t'aime. » Il laissa suspendre ces mots quelques secondes profitant des baisers de la rousse ; baisers qu'il chérissait terriblement. « S'il te plaît… Ne me demande pas. Pas ça Hea, hum ? S'il te plaît… » finit-il par dire calmement en resserrant leur étreinte un peu plus encore. Puis, il avait lentement hoché la tête à ses paroles. Bien sûr qu'il fallait le soigner, parce que même s'il ne le disait pas, il avait mal. Il avait mal, au corps, au cœur.

(tenue) ✧ S'ils devaient être question, s'ils devaient décrire la relation qui les liait depuis tant d'années, il y aurait-il quelques âmes qui comprendraient là où leurs sentiments étaient ? Certains savaient qu'ils étaient mariés tandis que d'autres l'ignoraient, les dures lois d'une vie sans doute. Seulement, Si Yeon et Hea se comprenaient plus que quiconque et le sujet était clos avant même de naître. Pourtant l'homme n'arrivait pas à se détacher des siennes, de ses questions dont il ne pouvait pas même oser prononcer à voix haute tant les réponses lui faisaient peur. Elle était tout ce qu'il avait de plus précieux au monde c'était certains mais accepterait-elle tout pour lui ? Tout dans les moindres détails, du plus attendrissant au plus répugnant ? Il n'en était pas certains malgré ses gestes, malgré la bonté de ses mots et son côté si insouciant, si doux dont il pouvait témoigner ce soir encore. Si Yeon ne regrettait rien, pas même le mariage qui semblait être une prison aux yeux des autres, avec Hea aucune pensée de la sorte lui était venu à l'esprit lorsqu'il s'était agenouillé avec angoisse ; l'angoisse d'un refus qui n'avait jamais eu lieu. Elle ne l'avait jamais déçu, pas même lorsque sa voix s'était doucement élevé pour lui demander la raison de son état, quand elle avait compris qu'il venait de lui mentir. Non, jamais. C'était peut-être pour ça qu'il lui avait laissé une chance de l'approcher plus qu'à un autre, parce que c'était elle tout simplement.

Doucement, ses doigts étaient venu rencontrer les joues de la femme, fragile et tremblant de ses propres mouvements Si Yeon était fatigués de vivre de la sorte. Néanmoins, il était certain de recommencer, jamais las de ses actions quand le sentiment commençait à le rendre ainsi. Au contraire, égoïstement ressourcé par sa femme, il revenait à l'attaque un peu plus tard quand il pouvait partir l'esprit tranquille, quand Hea lui semblait bien, apaisé et calme. L'homme le savait, il déplacerait des montagnes pour elle si elle le lui demandait. L'esprit d'abord tourmenté, Hea arrivait toujours à le rendre plus doux, plus tactile de ses gestes quand il se sentait bien. Et il aimait Hea, différemment de n'importe qui d'autre, elle et ses câlins, son côté enfantin qui chérissait tant et il l'épouserait des centaines de fois encore s'il le devait ; le souvenir de leur union qui lui revenait en tête à chaque fois qu'il n'allait pas bien, le sourire qui réapparaissait l'instant d'après. Aussi fou que cela pouvait-il paraître, il faisait de ses défauts des qualités qui la rendaient plus belle. « Oui. » répondit-il. Puis, il attrapa la main tendue dans le vide de la femme pour se relever non sans grimacer légèrement.

« Des pâtes. » répéta-t-il en recherchant le regard de sa femme lorsqu'il s'était assis sur le rebord de la baignoire. Il se sentait bête d'être revenu dans cet état, d'avoir attiré l'attention de sa princesse quand ils auraient pu passer une simple soirée devant la télévision. À la place de quoi il était rentré à moitié ensanglanté sans se soucier des conséquences qui en suivait. Non, il avait simplement joué la carte de l'égoïsme parce que c'était ce qu'il avait toujours été envers Hea, égoïste. « Va s'y doucement s'il te plaît… » fit-il en se perdant à nouveau dans les iris de la femme, ses mêmes iris qui l'avaient tant de fois fait chavirer quand ils étaient enfants.