your favorite song (hansol)

Musique lointaine, ses notes étouffées par les murs épais de l’université. Coeur de la fête lointain, présence humaine dispersée à travers les lieux. Papillon libre, regard divaguant entre les visages qui croisent l’attention. Paroles échangées, autant avec ceux que tu connais allant jusqu’aux purs étrangers, aisance sociale à enchaîner discussions éphémères à gauche et à droite. Verre lourd qui devient léger, qui reprend son poids initial à quelques reprises à mesure que le temps défile. Il y a plus d’une heure que tu as perdu Minjun, meilleur ami disparu dans la brume, d’abord emprunté par quelques membres de l’équipe sportive pour ne plus vraiment le croiser. Qui sait ce que la soirée lui a réservé, question à laquelle tu chercheras réponse une fois le lendemain venu. Téléphone oublié à l’appartement, départ précipité pour ne pas être laissé derrière et devoir te débrouiller afin de ne pas avoir à prendre le volant. Tracas multiples évités en échange d’une soirée sans possibilité d’être contacté par le monde extérieur, fait qui s’oublie après le troisième verre enfilé et le prénom de la demoiselle devant toi éclipsé. Il importe peu, possibilité déjà rayée avec vigueur après avoir observé ton ami par dessus son épaule te faire des grands signes d’abréger la conversation au plus vite. Sage conseil écouté, le décompte alcoolisé qui se perd après le cinquième remplissage. De toute façon, ton système découle des origines maternelles capable de supporter bien plus que ce que le côté paternel aurait pu offrir.

Tu flirtes sans trouver sans satisfaction, sans trouver connection. Cendrillon au soulier égaré, à cette incapacité d’allumer l’étincelle nécessaire à amener qui que ce soit. Chasse en vaine, projet à l’eau pour se contenter de laisser autrui faire les yeux doux sans y porter intérêt. Conversations vides, pincement désagréable qui se noie dans ton verre. On rit, pose la main contre ton épaule et tu imites l’action par automatisme, sans même savoir ce qui est vraiment amusant si ce n’est que la couleur des pommettes de la demoiselle. Tes songes oscillent, pensent à tout ce que tu pourrais accomplir en terme de composition musicale si tu étais resté chez toi. Envie soudaine d’y retourner qui éclate en fumé quand l’attention se porte enfin sur un miracle. Le sourire est sincère, cette fois. Couvre rapidement le visage et la main écarte doucement l’inconnue dans un manifeste brutal de désintérêt envers celle-ci. Imbécile que tu es, attaché par mégarde à l’inaccessible dont les traits dessinent une vague irritation ignorée pour le moment. « Hey, didn’t know you were coming. » Victime de tes mauvaises décisions, de ne pas tenir tes convictions de ne pas prendre affection pour ce qui ne le devrait pas. Un peu masochiste, ce n’est pas bien important, profitant de l’instant qui s’étire encore un peu plus à chaque fois que tu le vois. Étrange poison au goût mielleux, la fatalité qui laissera l’amertume prendre le contrôle lorsque la douceur d’une simple passion prendra son envol.   

La fête l'anime mais il y a cet étrange vide qui continue à se pointer. Musique trop forte, atmosphère étouffante mais Hansol, il ne peut pas s'en passer non plus. Néons dansants, tout qui se brouille par moments. Verre à la main, conversations inaudibles. Les filles qui l'entourent, une de chaque côté. Et la danse qui se poursuit, les rires aussi. Hansol qui déconnecte mais il ne trouve plus la satisfaction d'antan à poser ses mains sur les corps de belles inconnues. Elles ne l'électrisent plus comme dans le passé. Il se sent presque comme un saint en enfer. Il ne peut pas décrire cette sensation. C'est comme s'il rejetait son propre monde. Ennui palpable mais il ne perd pas espoir, il enfile verre sur verre; sachant pertinemment que ses jambes l'emmèneront au bout. Il y a quelques baisers égarés, au goût amer. L'amusement qui va et vient, les inconnus qui défilent et la chaleur qui monte. Mais personne ne comble le vide, ni ne l'intéresse assez pour qu'il daigne converser. Les corps sont tous les mêmes. Rien qui ne brille plus que d'ordinaire, toujours le même cercle vicieux. Mais Hansol, il a les yeux attirés par une silhouette devenue familière. Il le repère dans la foule, coup du sort certainement. Il le voit, avec ces gens. Pincement désagréable, irritation grandissante à la vue de ce tableau déplaisant. Ses poings se serrent, son expression hautaine disparaît pour une grimace non maîtrisée. Sourcils froncés, l'enfant qui resurgit. Il tente de l'ignorer mais l'envie est trop forte. Il n'arrive plus à l'observer sans rien dire. Ebullition interne. Et Hansol, il se fraye un chemin dans la foule. Lui en veut de ne pas avoir répondu aux maigres textos envoyés, alors qu'il essayait de dé-saouler il y a quelques heures. Fille au visage rouge inévitable, Hansol qui choisit d'ôter sa main de Caliel, doigts trop aventureux. Pathétique à voir, insupportable aussi sans qu'il ne mette la main sur la raison. Le regard froid, aucune émotion. Ses yeux fusillent la demoiselle, qui ne tient pas à rester plus longtemps. Il la voit qui s'en va, retourne vers son groupe d'amis. Et la voix de Caliel lui parvient par petites touches. L'agacement ne s'est pas enfui. Distance pourtant réduite, son parfum qu'il hume au passage. « Let's go talk somewhere else. » Qu'il lâche au creux de son oreille, ses doigts se refermant sur son poignet pour l'entraîner à l'air frais. Vent qui s'abat sur eux, solitude naissante. Secondes de vide, Hansol qui observe l'extérieur. « So were you having fun ? » Il ne mentionne pas les autres personnes, ni même les caresses trop amicales à son goût. Il se contente de le fixer, aussi sérieux qu'il sait l'être. La honte qui ne l'a pas encore frappé. Soupir qui s'échappe, il ne le contrôle pas. « Nevermind. » Qu'il suppose. Ils ne sont rien mais pourquoi ressent-il cette sensation désagréable.

 

Son irritation t’esquive, se fait fantôme à tes yeux et ton attention accaparée par la vision inattendue. Ignorance absolue de son comportement envers la jeune femme, déni quasi volontaire de voir la réaction aux couleurs de jalousie, regard déjà placardé entièrement sur Hansol dans une évidence qui fait regretter de s’être laissé apprivoiser si rapidement. Pas assez farouche, conquis par les promesses vides d’un être en quête d’expériences. Corps donné sans parvenir à retenir le coeur de s’enticher. De quoi, tu ne le sais pas. Les barrières claires transgressées sans problème pour nourrir des attentes que tu sais irréalistes, alors tu te contentes de les taire. Il est plus facile de sourire et faire semblant que de se laisser emporter dans l’envie d’exposer la réalité. Murmure à l’oreille, doigts enroulés au poignet qui invitent à suivre vers une nouvelle destination et tu obéis. Docile, sans même l’ombre d’une plainte amusée qui perle aux lèvres. Mutisme d’un instant, son énervement qui se fait sentir à travers la question qui perce le silence et un sourcil s’arque sur ton visage. Surprise étrange, ne t’étant pas attendu à une telle réaction de sa part. « Not really. I was thinking about how much more fun I would have at home. » Pourtant, il s’empresse de corriger en donnant cette fausse impression que ce n’est pas important. Et il a raison : ce ne l’est pas. Tes actions ne le regardent pas, ce que tu fais quand vous n’êtes pas ensemble ne sont pas de ses affaires. Son nez n’a pas à venir fouiner dans ton quotidien, dans tes activités et encore moins à découvrir qui fréquente les parages de ton intimité. « Are you alright? You’re tense as fuck. » Humeur soudainement palpable dans l’air frais, verre toujours cloîtré dans ta main qui retourne à tes lèvres pour une énième gorgée tout en l’observant faire son attitude qui ne va pas de pair avec l’idiot que tu apprends à connaître.