c’était au gré de pas légers que la porte s’était timidement entrouverte, juste la veille, laissant apercevoir une chevelure ébène qu’il avait tant de fois parcourue avec ses longs doigts d’artiste, puis ces yeux rieurs au sein desquels il appréciait tant se perdre. lentement, les échos enfantins de rires et autres sourires mielleux avaient laissé place aux sonorités moins subtiles, soupirs comme berceuse nocturne, complaintes exprimant un désir peut-être trop ardent, les vêtements parsemés sur la moquette des lieux comme pièces à conviction.
c’était au creux de ses bras qu’elle s’était abandonnée à ceux de morphée, sa belle muse aux traits finement dessinés. elle rappelait à cet éternel amoureux de l’art un tableau de millet, ou bien la grâce de vénus. elle était parfaite en chacun des points la distinguant, et chaque son franchissant le barrage de ses lippes était un péché qu’il s’empressait de consumer sans le moindre remord.
c’était au beau milieu de la nuit que son esprit s’était remis à le tourmenter; elle était encore là, protagoniste de bon nombre de ses pensées nocturnes, miu détenait le don de s’accaparer ses moments de répit qui résultaient souvent à une énième crise d’angoisse; lui léguant alors un cœur dont la lourdeur semblait particulièrement imposante subitement ainsi qu’une vague d’incompréhension. tel un message qu’il ne parviendrait jamais à décrypter.
c’était donc la première fois qu’il tournait dos à l’objet de ses fantaisies favoris pendant que sa main, horriblement tremblante, s’acharnait sans relâche sur le papier froissé de son carnet à croquis fétiche, à présent recouvert de traces à l’encre noire témoignant de son perfectionnisme perpétuel. l’astre lunaire comme unique témoin de son tourment, jugeant certainement l’état déplorable au sein duquel il était dorénavant victime; les yeux rougis de n’avoir que trop songé à sa présence permanente dans ses rêves, alors qu’il ne pouvait pas l’atteindre. ce sont d’infimes agitations à l’autre extrémité du matelas qui le faisaient enfin émerger de son état pensif, lui qui se blâmait immédiatement d’avoir probablement perturbé le sommeil de la brune à ses côtés. « j’ai dû te réveiller, je suis désolé. » le fauteur de trouble ne se retourna pas malgré tout, gardant le regard rivé en direction des portraits aux allures féminines prenant forme sur son carnet.
miu était bien là, alors, pourquoi l’envie immense de pleurer tordait autant ce battant qui s’agitait si fort dans sa cage thoracique ? elle était là, miu. du moins, d’après ses démons qui lui murmuraient sans cesse à l’oreille, le guidant ainsi tel le plus maniable des pantins.