(flashback) lies of love.

lies of love

La colère gronde, enserre son palpitant d’une poigne de fer. Gamin étouffe, voit rouge. La surprise est mauvaise, comme une claque sur son visage poupin. Il aurait dû le savoir, il aurait dû voir les signes. Enfant crédule, enfant berné par la façade brillante, trop naïf pour pousser plus loin, trop candide pour douter des sourires. Gamin qui se flagelle de sa propre innocence, pourtant né dans le pécher, élevé dans l’illégalité ; son âme plus noire que blanche a pourtant su être bernée, trahie par sa douce voix. Sirène des temps modernes, sorcière qui avait su s’emparer de son palpitant. Et pourtant, il ne ressent pas la peine, ne ressent pas la sourde douleur de la trahison, seule la colère résonne dans ses os. La main agrippe son téléphone alors que la chaine s’éloigne de l’écran, l’éclat de l’ordinateur s’estompe et ses traits sont plongés dans la lumière crépusculaire. rdv au bar du new moon à 21h ? tu me manques. message qui ne laisse rien présagé de sa découverte, des premiers balbutiements d’amour noyés dans le mensonge. Il attend la réponse positive avant de se déplacer. Tout de noir vêtu, il a fière allure le gamin. Accoutrement habituel pour le chérubin déchu, il s’empare d’une banquette. Commande un verre en toute illégalité, gamin roi à l’assurance et à la confiance imposante, on n’ose pas lui refuser ce qu’il demande et ça fait son affaire. C’est le regard plongé dans les profils instagram qu’il l’attend, verre à la main alors qu’il cherche déjà son remplacement. Gamin au temps précieux, gamin à l’aura meurtrière mais aux traits étrangement calmes, contrôlés.

last night story

lies of love

Longtemps, elle soupira, longtemps, dans cette même position, accroupie, les coudes aux flancs, les fesses sur ses talons, dans cette posture propre à elle lorsqu’elle fumait ; Bora fumait souvent de ces cigarettes de thé, qu'elle se procurait généralement dans le tabac du coin, et qui répandait un relent d'herbes brûlées, âcre et entêtant. À force de consommation, la fumeuse s'était accoutumée à leur goût si particulier, même si elle préférait l'arôme du tabac brun entre ses lèvres ; mais cette simple cigarette ferait l'affaire ; tant qu'elle lui permettait d'exhaler son ennui et sa peine, tout irait pour le mieux. Car dernièrement, Bora éprouvait dans la pensée un vide affreux, un dégoût, une lassitude de toutes choses et de toutes personnes qui l'entourait ; un sentiment d'inutilité qui lui rongeait l'âme lorsqu'elle n'était pas avec lui. D'ailleurs, elle pensait souvent à lui ; le matin, au levé ; le soir, au couché ; sans qu'il n'ait besoin de lui donner de ses nouvelles. Aujourd’hui, encore, en cette minute où ses idées couraient et tournoyaient dans sa cervelle comme une rivière débordée, il monopolisait son esprit : un seul message de sa part et toute son attention était tournée vers lui ; le reste devenait insignifiant, et seule subsistait cette irrésistible envie de le retrouver. « je serais là. tu me manques aussi... » répondit-elle, souriant avec douceur et d'un air content. Maintenant, il lui fallait se préparer. Elle regarda l'heure : 18:45. « J'ai encore deux bonnes heures devant moi. » ni plus, ni moins ; elle devait se dépêcher. Elle écrasa sa cigarette et un vent frais, arrivant par la fenêtre, fit virevolter les dernières cendres ; une douce brise nommée Dohwan venue balayer son ennui.


Bora s'était habillée rapidement mais pas à la hâte ; tout était murement réfléchie, calculé, pesé ; l'arrangement de ses cheveux, la forme de sa robe, sa démarche, même ses gestes ; rien ne dépassait — la copie conforme des filles riches de séoul. Mais pour lui, c'était la moindre des choses. « je suis arrivée, où es-tu ? »

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