try to return to the singularity "Hiro

Nuits aux aspects lumineux, plaines illunées voilant le paysage endormi, mères de ses premiers satori et vices, eux-mêmes animés par l'odeur du vin jaspe à ses lippes et les sensations vulnéraires procurées. Les barreaux livides, ainsi que les minois atones des sbires, supposés gardiens de la loi... Tout cela lui manquait étrangement en cette soirée. Elle pensait juste faire semblant. Jouer comme si, blablater comme ça. Simplement une envie, histoire de paraître indifférente, neutre. La petite douleur était toujours présente, bien enfuie grâce au temps passé sans le veinard, seulement qu'elle ne s'en doutait pas, pensant ne pas être rancunière pour ce genre de choses aussi. Illusion pathétique et éphémère... Restait simplement à prendre connaissance du malaise qu'elle allait bientôt engendrer. Allant de la cuisine, pour ensuite revenir au salon, petit manège répétitif, de quoi armer la table en vin et autres boissons alcoolisées cachées derrière des cassettes. Elvis Presley. Sarang n'aimait que trop gratifier de ces touches années soixante-dix et antiquailles à ses petites soirées. Cigarettes dont elle n'userait pas, deux pizzas commandées en route. N'en avait-elle pas fait toute une pléthore ? Brunette répondrait négativement. Plus qu'à espérer un bon film d'action pour assurer leur aise aux deux amis. Les yeux coruscants d'impatience, elle observa quelques instants les sombres recoins de la pièce. Plutôt regardant dans le vide. Sarang savait que Hiro, cette starlette, ne daignerait pas de se faire ponctuel, comme il aimait tant laisser désirer sa présence. Une acrimonie continuelle... « Petasse... » Cracha t-elle sèchement, à l'endroit de l'absent, dans un soupire empli de lassitude. Son derrière à même le sol et ses bras reposant sur le canapé, elle n'attendait qu'une venue mirifique, gage d'une fin de soirée moins morose. Une seconde de plus, et elle aurait lâché. La sonnennerie avait faite sa pipelette depuis un moment. Sarang acquiesça un sourire vicieux, enchantée d'avoir laissé sa victime caresser la sonnette une petite poignée de temps. Mais encore, elle s'acharnait à le pousser à bout. « C'est qui ? ».

C'est un peu étrange de mettre les pieds ici, mais ses pas l'ont guidé presque naturellement tant il avait l'habitude de venir, avant. C'est un peu étrange, mais il a répondu à l'invitation comme à chaque fois, ignorant ou indifférent, prenant pour acquis que la page de leur histoire a été tournée. C'est simple de prononcer le mot amitié et prétendre qu'ils sont restés en bons termes, mais parfois, les insultes se perdent au milieu des rires et Hiro repart le cœur lourd – mais il revient, à chaque fois. Il y a ces relations qui nous touchent plus que d'autres, qui nous marquent et dont on portera toujours la cicatrice, même à peine visible. Il est parti avant que ça ne devienne trop pour lui, il est parti avant de s'accrocher pour retrouver sa liberté, mais parfois.. il y a des soirs où il se demande, où ils auraient pu aller s'il était resté. Il l'aime bien, c'est une bonne amie qu'il ne veut pas forcément perdre et c'est un peu égoïste, parce qu'il ne se rend pas bien compte Hiro, du cœur qu'il presse et blesse à chaque fois – à chaque fois qu'il dit oui. Il sonne une fois, deux fois, trois fois et son impatience se voit en sa mâchoire crispée et les dents serrés, mais il continue jusqu'à ce qu'une voix lui réponde, de l'autre côté. Étouffée par la porte, mais perceptible avec le silence qui occupe le couloir. « Service de chambre » qu'il réplique avec ironie. « Aller Sarang, ouvre-moi... » si elle l'a appelé pour le rembarrer devant sa porte, il se sentira très con, mais le comprendrait aussi. « J'ai ramené du soju, » ajoute-il comme une offre pour se vider la tête à deux, ce qu'ils font toujours, jusqu'à ce que la réalité les rattrape.

Ses lèvres s'étirèrent en un sourire qu'elle abhorrait, la crainte de se perdre de nouveau dans une comédie vespérale. « Service de chambre » sa langue tournait toujours de la même façon, sans vouloir trop appuyer sur la chanterelle; un poil jalouse de ne pouvoir en faire de même, à force de plier les pages de ses passages éphémères, une histoire différente sur chacune d'entre elles, dominées par une héroïne bien trop ambiguë pour demeurer une et seule. Son rire ne se fit entendre qu'en un friselis, avant que ses mains n'empoignent le solide, le salon finalement libre d'accès et l'esclandre occasionné par la ballade du solide de retour pour quelques dixièmes. Ses arrières cramponnés au frigide du mur, elle s'inventait un abri, camouflée derrière la porte, les incessantes conspirations de son subconscient ressuscitées. L’inhabituel de cette rencontre si ordinaire, résultait en un semblant de gêne, qu’elle feignit d’une mine neutre aux effluves malicieux, alors que sa cachette l’abandonna. « Mon soju, d’abord, service de chambre... » Ses pas la dirigèrent auprès du jeune homme, à qui elle déroba la bouteille, s’empressant de prendre place sur le canapé. Lâchement, elle lui tournait le dos, pour ne pas avoir à le regarder dans l’immédiat, ses réelles pensées perdues dans le frimas créé par ses agissements fallacieux. Elle se sentirait plus à l’aise par la suite, se laissait-elle penser animée de ses réminiscences. Bien trop nostalgique, l’un de ses seuls amis ne devrait pas l’abandonner, les séquelles en finiraient plus tranchantes que jamais. Donc, elle s’acharnait à ne rien laisser passer et toujours tout garder pour elle. « Et nettoyez bien les alentours, je ne veux voir aucune trace » Elle s’était descendue en un couinement, convive du reposoir, le sombre de ses iris fuyant ce grincement, la seconde pipelette de l’habitat forcée d’informer de la présence d’un corps à son blanc. Cela laissait croire en échappement que ses amies n’auraient pas tardé à moquer, même en totale connaissance de la culpabilité du canapé. « Aucun commentaire… » L’avertit-elle, pourtant amusée, le regard plongé dans un vide né à la seconde. Une place à côté d’elle sur le second rapporteur de cette soirée après la sonnerie, se trouvait être destinée au jeune homme, qu’elle voulait proche, comme durant l’avant de leur couple, il était d’abord l’un de ses uniques amis. « C’est pizza pour ce soir, et je te préviens, j’aurai la dernière part cette fois-ci ! »