flou artistique [ hoon ]

Elle a la tête qui tourne et les yeux qui partent en vrille. Ses jambes supportent avec toute la maladresse du monde son petit corps d'enfant. Iseul qui a l’impression de marcher sur des nuages. Les guiboles toutes molles. C'est comme si le sol était un énorme marshmallow. Ça la fait rire. Et Iseul ne se rend pas compte qu'elle glousse toute seule au milieu des danseurs. La plupart s'en contre foute. De la petite blonde défoncée sur la piste. Elle sait même plus ce qu'elle a pris. Si ce n'était que de l'alcool ou plus illicite. Plus rien à d'importance dans son monde duveteux mais terriblement étriqué. Un monde dans lequel l'euphorie règne en maître – pour une fois dans la vie de Iseul. La musique l'ennui alors elle décide de quitter la piste de danse. Elle se heurte maladroitement aux corps qui se déhanchent mais n'y porte que très peu d'attention. Tant que sa carcasse arrive à bon port. Le problème pour Iseul c'est qu'il n'y a pas de destination finale. Aucune qui en vaudrait la peine.  

Les nuits sont encore un peu fraîches. L'air lui claque au visage. Elle essaie de balbutier un truc. Mais tout ce qui sort de sa bouche n'est qu'un enchaînement incohérent de grognements. Quelqu'un la pousse par mégarde et Iseul tombe en avant sans montrer le moindre signe de résistance. C'est pas comme si elle le pouvait. Elle se rattrape au corps devant elle et clairement s'il ne la retient pas elle finira à même le sol. Mais elle s'accroche la bougresse. Elle baragouine encore quelque chose avant que son estomac ne se manifeste. Le changement d'ambiance ainsi que la chute semblent avoir eu raison de lui et avant qu'elle n'ait eu le temps de dire ouf, rend son repas sur les pieds de son poteau. « merci. » dit-elle en relevant la tête. Avant de sombrer dans le coma le plus profond.  

Hoon est dehors, l'air frais caressant son visage et le gardant facilement éveillé. Il était sorti de la boîte où il était pour fumer tranquillement et peut-être rencontrer quelqu'un, qui sait. Il y a souvent des personnes qui souhaitent un briquet ou une clope. Alors il se pose contre un mur, un endroit où il a l'habitude d'aller pendant ses soirées et où il se sent toujours bien. Ce soir, comme un peu tous les soirs, il n'a pas trop bu. Il a beau tenir l'alcool, il fait attention, comme si ça allait l'aider avec quelque chose, comme s'il pensait faire le sam pour quelqu'un de son entourrage  alors que non. Comme s'il pensait que ça l'aiderait alors que sa carrière était déjà en quelque sorte bousillée.

Une taf, c'est tout ce qui lui suffit pour qu'il cesse de réfléchir en vain et qu'il se détende enfin. L'alcool n'aidait que lorsqu'il y avait de la musique, la cigarette l'aidait en toute circonstance et surtout dans le silence. Une solution pour tout.

Une fois sa cigarette, il se redresse prêt à retourner dans la boîte, la nuit étant loins d'être terminée pour le jeune homme. Il s'avance et c'est une jeune fille qui le stop en tombant sur lui. Et bien que ce soit cliché, Hoon ne peut s'empêcher de la retenir pour ne pas qu'elle tombe et s'explose le crâne contre le bitume. Il avait eu peur pour elle mais il comprit par l'emprise des petites mains sur lui qu'elle ne voulait pas non plus tomber et qu'elle se serait bien accrochée toute seule. Puis, sans crier gare, elle rend le contenu de son estomac sur ses belles chaussures, et bien qu'il sache que s'énerver sur elle ne servirait à rien, il ne peut s'empêcher un grognement qui se voulait féroce. "T'es sérieuse ?" Il siffle avant de la redresser pour savoir que faire d'elle et ainsi découvrir de qui il s'agit.

"Réveille-toi. Dis-moi où tu habites que je te ramène." Il ne voulait aps avoir affaire à elle plus longtemps et c'était la meilleure solution qui lui vint à l'esprit. Elle serait trop bourrée pour savoir qu'il s'agissait de lui, trop bourrée pour se souvenir de lui le lendemain, trop bourrée pour finalement revenir à lui, se rendant compte de la manière dont il agissait en cet instant. Parce qu'il ne pouvait pas s'énerver sur elle alors qu'elle était dans cet état.
 

Elle se réveille en grognant. Les yeux collés et sans la moindre volonté de les ouvrir pour le moment. Iseul tourne dans les draps. Ça sent bon la lessive. On ne dirait pas l’odeur de ses draps. Ce parfum lui semble familier mais impossible de mettre la main dessus. Et son crâne endolori l’empêche de réfléchir davantage sur les fragrances qui embaument ses narines. Ce n’est pas désagréable et la jeune fille pourrait facilement s’y habituer. Elle enfonce son nez dans l’oreiller moelleux. Elle roule encore, les yeux toujours clos. Erreur de jugement. A croire qu’elle ne sait plus se repérer dans son propre lit. Iseul tombe comme une imbécile. Elle essaie de se retenir à la couverture mais celle-ci la suit dans sa chute. La petite blonde se retrouve les quatre fers en l’air forcée d’ouvrir les yeux et de se réveiller une bonne fois pour toute. Sa vision est peu trouble et il lui faut quelques secondes d’ajustement pour faire la mise au point ainsi que retrouver une vue claire. On pourrait se dire que tous les plafonds blancs se ressemblent mais de toute évidence celui là n’est pas le sien. La différence est subtile pourtant elle saute aux yeux de l’adolescente. Malgré ses pupilles sèches et sa vue à la clarté discutable. Elle se redresse sans comprendre. Essaie désespérément de se remémorer la soirée de la veille mais tout est trouble. Elle ne se souvient plus ce qu’elle a pris et encore moins ce qu’elle a fait. Elle se souvient vaguement de cette impression de flotter au milieu des danseurs. Iseul prend sur elle pour ne passer céder à la panique lorsqu’elle se rend compte de sa tenue. Ses vêtements ont disparu. Sur son corps il ne lui reste plus que ses sous-vêtements ainsi que ce qui ressemble à une chemise. Elle n’aurait tout de même pas ? Elle force ses souvenirs mais rien n’y fait. Sa mémoire reste désespérément close. La jeune fille palpe son corps à la recherche d’un indice sur ce qui s’est passé pendant la nuit. La gamine courageuse ne l’est plus du tout. Elle en regretterait presque sa consommation incontrôlée de stupéfiants. Elle souffle de soulagement en voyant qu’elle est seule dans la chambre.

Assise sur le lit Iseul prend de longues minutes pour essayer de faire le point. Pas un seul souvenir un tantinet clair ne lui est revenu. En tout cas pour l’aiguiller. Pas de trace de ses vêtements et toujours ce doute sur sa pureté. Elle essaie d’évaluer les probabilités que cet homme l’ai touchée ou non. Et ça lui fou un sacré coup au moral. Elle sursaute quand il lui semble entendre du bruit à l’extérieur de la chambre. Elle ne peut pas rester enfermée indéfiniment. Quoi qu’il se soit passé elle n’aura qu’à faire la fille qui s’en fout. Ne surtout pas dire qu’elle a tout oublié. Agir comme si c’était presque anodin pour elle. Même si tout au fond d’elle Iseul voudrait se réfugier sous ses draps pour pleurer. Malgré ses jambes chancelantes elle se lève et décide d’affronter. Elle n’a pas le choix. Elle avance par petits pas jusqu’au salon. Il y a quelqu’un sur le canapé. Son cœur manque un battement. Il est de dos et ne l’a pas encore remarquée. Iseul reste figée quelques secondes. Incapable de savoir quoi faire. Elle avance encore d’un pas mais glisse sur un livre qui traine sur le sol. L’adolescente s’étale de tout son long par terre en criant. Sa voix craque.

Il avait attendu une réponse, il avait vraiment espéré qu'elle lui dise où elle habitait. Il pensait que même à moitié endormie elle pourrait lui donner quelques indications mais il avait trop espéré. Comment pouvait-il se dire qu'une gamine mal au point de vomir sur lui et de tomber, irait assez bien pour lui dire où elle habitait et pouvoir rentrer, même accompagnée ? Il soupira donc avant de la mettre debout devant lui. Il vérifia qu'elle allait bien, aussi bien que son état povait le permettre, et qu'elle respirait correctement. Elle aurait besoin d'une douche, de boire de l'eau et surtout de se réveiller rapidement, ce que Hoon savait ne serait pas faisable.

Il attendit encore quelques secondes, quelques minutes comme si la jeune fille allait finalement se réveiller et rentrer chez elle sans le moindre problème. Seulement cela n'arriva pas, et il ne pouvait pas s'en étonner. Alors il la prise jusqu'à sa voiture, la mise à l'arrière, ceinture attachée avant de démarrer pour rentrer chez lui. Il ne savait pas quoi faire de plus et se devait de faire attention à sa réputation, tout en faisant à elle. Quelle plaie.

Il s'occupa d'abord d'elle, la changeant et lui mettant une de ses chemises avant d'aller se doucher et de mettre les vêtements sales à laver. Il était très organisé, ordonné et faisait tout ce dont il avait besoin de faire avant de se coucher, même cela lui prenait du temps. C'est donc ainsi qu'il se retrouva à se coucher sur le canapé à plus de quatre heures du matin, complètement lessivé. Il ne se sentit même pas sombré dans les bras de Morphée, se mettant immédiatement à rêver de choses dont il ne se souviendra pas au réveil.

Réveil brutal qu'il aurait préféré ignorer, jusqu'à ce qu'il se rende compte qu'il s'agissait d'Iseul. Il eut d'abord peur, trop habitué à se vie tranquille de célibataire vivant seul.Qu'est-ce que tu fais ? Tu essayes de me tuer dans mon sommeil ? Me voler ? Il regarde ensuite au sol et voit un livre, celui qui l'a fait trébucher et il rit doucement. Lui qui est si ordonné habituellement, elle n'a vraiment pas eu de chance qu'il y ait un livre, un livre qui n'aurait habituellement pas été là.

Il se lève ensuite sans prendre la peine de l'aider et se dirige vers la cuisine. Je vais faire le petit-déjeuner, tu as faim ? Si oui, va te laver et viens manger. Il pourrait se doucher plus tard, il avait assez faim et savait que la jeune fille aurait aussi faim que lui, sachant qu'elle avait rendu tout le contenu de son estomac la veille.


 

La honte à tous les niveaux. C'est la deuxième fois qu'Iseul se retrouve par terre. Deux fois de trop. Ça ne lui ressemble pas d'être aussi maladroite. Elle déteste ça. La petite blonde se retrouve à quatre pates le regard fixé sur le sol. Ses longs cheveux cachent un visage qu'elle ne veut pas relever. Trop honteuse pour affronter l'homme qu'elle a du réveiller. Iseul est malheureusement obligée de relever la tête pour s'assurer de quelque chose. Cette voix sonne avec bien trop de familiarité dans ses oreilles. Son bas ventre se tend. Elle n'aime pas du tout ça. Et cet humour un peu nul dz trentenaire qui assez d’avoir l'air cool. Qu'elle jugeait déjà lorsqu'il n'était qu'un simple professeur. Iseul a peur d'avoir raison. Elle voudrait que ça mémoire lui joue des tours. Les yeux à moitié fermés, comme lorsqu'on a du mal à regarder une scène trop violente au cinéma, la gamine affronte enfin l'homme. Pour son plus grand regret, elle ne s'est pas trompée. Le professeur Lee n'a pas changé d'un pouce. Et ça l'énerve. Pendant qu'Iseul se noyait il continuait sa petite vie. La même rage la prend aux tripes que lorsqu'il l'avait abandonnée.  Ses yeux brûlent. Il l'a laissée seule. Autant la laisser se noyer dans la piscine l'été dernier. Ça aurait été plus simple. Ses yeux lancent des éclairs mais lui la regarde à peine. Et Iseul se retrouve seule dans le salon avec sa colère. Ah.
Puis l'indifférence fini par reprendre le dessus. Elle s'est laissée emportée. Elle ne doit plus céder aux travers de la colère. Certainement pas envers son ancien professeur. Voilà ce qu'elle se répète tandis que l'eau chaude coule le long de son corps. Il n'est pas question qu'elle lui laisse penser qu'il puisse avoir un impact sur ses émotions. Elle s’est promis de ne plus rien ressentir. Il faut s'y tenir. Et Iseul a plus de volonté qu'on pourrait le croire.
Elle repasse la chemise blanche. Ne peut résister à l'envie d'admirer son petit corps menu dans l'immense vêtement. Un sourire lui échappe alors qu'elle tourne sur elle-même. Comme une adolescente normale. Ses cheveux goutent sur la chemise. Elle ressort de la salle de bain avec une serviette sur la tête. Elle n'a pas d'élastique pour limiter les dégâts et n’a pas vu de sèche cheveux. Tan pis. Elle va s'installer à table sans dire un mot, sans un bruit. Sans le vouloir elle regarde le dos du jeune homme qui cuisine. Elle pourrait s’y habituer. Cette pensée l’effleure. Passe sans qu'elle ne lui donne d'importance. Inconsciemment la gamine refuse de s'attarder sur l'idée. « Vous n'avez pas changé professeur. » Et sous son indifférence Iseul lui en veut.

Il se mit ainsi à préparer le petit-déjeuner, petit-déjeuner complètementcoréen au vue de ce qu'il lui restait dans le frigo. Il aurait bien aimé manger des pancakes, mais il devait remettre cette envie à plus tard. Il ne comptait pas aller faire les courses maintenant. Il devait s'occuper d'Iseul et rapidement pour la faire rentrer chez elle et ne pas avoir à s'inquiéter. Merde. Il lui en voulait, il voulait lui en vouloir, mais elle était là, et sa simple présence n'aidait pas, surtout lorsqu'il la voyait ainsi, sans défense. Il essaya donc de se concentrer sur la nourriture, sur les oeufs qui étaient en train de cuire, sans entendre la jeune fille arriver, se poser à table et le regarder. Ce n'est qu'au moment où elle se mit à parler qu'il se retourna pour la regarder.

Hé merde. Il n'aurait certainement pas dû se retourner. La voir en chemise était déjà assez difficile, il s'était persuadé de ne pas la regarder et s'était dépêché vers la cuisine, mais là ? Elle était en face de lui, des gouttes d'eau tombant sur son frêle corps et il ne pouvait d'abord rien dire. "Tu n'as pas non plus changée à ce que je vois." Le même corps, les mêmes mimiques, le même regard, le même effet sur Hoon.

Il se retourna à nouveau pour terminer de cuire les oeufs et vint à table avec le tout. Riz, oeufs, légumes en tout genre qu'il avait déjà dans son réfrégirateur. On se croierait presque dans une maison de parents où tout est parfait. C'était ça d'être professeur, d'avoir passé l'enfance, l'adolescence. Il était coincé entre les deux en quelque sorte, mais il aimait bien. Alors il se mit à manger avant de reporter son regard sur la petite. "Qu'est-ce que tu faisais dehors hier ? Il n'y avait personne pour te raccompanger chez toi ?" Et plus que cela, il se demandait pourquoi elle était si déchirée, mais ne posa pas la question. Ne soutenant pas la vue d'Iseul plus longtemps, il reporta immédiatement son attention sur son oeufs, qu'il se mit à dissecter sans le manger. Pourquoi se sentait-il ainsi ? Il ne savait même pluss'il s'agissait de haine ou autre chose, il voulait simplement la voir partir au plus vite sans pour autant oser le dire. Il savait qu'il la détestait au moins pour une raison, le faire se sentir ainsi. Et elle était toujours aussi froide, alors que lui bouillait littéralement de l'intérieur.


 

Elle lui en veut. Terriblement. De vivre une vie si bien rangée. De se porter comme un charme. Elle lui en veut de vire. Alors qu'elle s'enfonce toujours un peu plus. Iseul ne lui pardonnerait jamais d'être parti au pire moment. De lui avoir laissé entrevoir une solution. Pour lui avoir fait miroiter une vie meilleure. Une vie dans laquelle ni son frère ni son père lui manqueraient jusqu'à en crever. Une vie qui serait supportable chaque jour. Sans cet infâme sentiment de survie. Et il ose dire qu'elle n'a pas changée ? Connerie. Rien n'est plus pareil pour Iseul. Mais avec sa petite existence bien rangée il ne peut pas voir ça. Il ne peut pas comprendre. Ses ongles courts raclent contre la table. Il ne lui porte aucune attention et ça l'agace encore plus. Elle pourrait partir. Demander ses vêtements et disparaître. Une force invisible la garde vissée à son siège. Et ce n'est pas la faim qui la retient. Bien que les effluves commencent à doucement réveiller son estomac. « bon appétit. » Qu'elle lâche du bout des lèvres. Ses bonnes manières la rattrapent toujours. Iseul regarde sans envie l'œuf devant elle. Vient percer le jaune et le regarde couler dans son assiette. Ah. Elle est prise d'envie de réduire l'œuf en bouillit du bout de ses baguettes. Mais sa voix la ramène à l'ordre. La jeune fille relève les yeux vers son ancien professeur. Elle se sent comme une enfant prise la main dans le sac. Alors qu'elle s'apprêtait à reporter sa colère sur le contenu de son assiette. « je prenais l'air. » elle ne se souvient même pas être sortie. « je préfère sortir seule et rentrer bien accompagnée. » Un sourit de connivence vient étirer ses lèvres. Laissant planer un lourd sous-entendu. L'air de dire : je n'ai pas vraiment changé et je ne t'ai pas entendu. Il est comme les autres. Il doit croire qu'Iseul est une femme. Qu'elle n'est plus l'enfant trempée qui pleurait dans ses bras. Elle contrôle la situation. Le plus gros mensonge de son existence. Si bien qu'elle ne sait plus démêler le vrai du faut.

Il ne répondit pas au bon appétit, du moins pas réellement. Il le répéta mentalment avant de finalement se mettre à manger. Il était content de son repas, comme la plupart du temps et ne lançait que quelques regards vers la jeune fille pour savoir si elle appréciait tout autant le petit-déjeuner, sans avoir aucun indice sur la réponse. Elle retait froide et malgré le fait qu'elle commence à s'acharner sur l'oeuf, il ne pouvait rien dire. Il fut cependant ramené à la réalité par la réponse qu'elle lui donnait. Il avait posé la question par curiosité sans vraiment y prêter attention, mais la réponse le fit réagir d'une manière qu'il ne pensait pas vraiment méchante. "Ah c'est comme ça que tu testes ta chance ? Tu te lances vers les genss en espérant qu'ils soient de bonne compagnie ?" Jusqu'à ce qu'il s'entende. A ce moment-là il regretta ses paroles mais ne dit rien pour les reprendre, ne fit rien pour éviter le malentendu. Il la regarda simplement d'un regard froid, noir, quasi mépisant. "Mais je suis content si tu m'estimes comme de bonne compagnie." Il crracha la dernière tel un venim, son regard toujours froid et distan alors qu'il se remit à manger. Pourquoi était-il ainsi ? Il ne le savait pas lui-même. Il lui en voulait, vraiment, mais pourquoi agir ainsi et répondre ainsi ? Ne pouvait-il pas le faire avant et pas simplement à cette réponse ? Il écarta ses pensées et se contenta de manger sans accorder le moindre regard à Iseul. A moins que quelque chose n'arrive, il voulait éviter un contact visuel. Il voulait qu'elle rentre et qu'il n'ait plus à la revoir, et ecnore moins en de telles circonstances. Il s'était senti obligé de l'aider car elle n'avait personne. Pourquoi n'avait-elle pas d'amis avec si sortir qui l'aiderait dans ces moments où elle étiait trop bourrée ? Un casse tête qu'il détestait mais qui le hantait malgré tout. Put**n de merde.


 

Il est toujours là à manger, à l'écouter mais ne saist plus quoi faire ou uqoi dire Il voudrait qu'elle s'en aille, qu'elle cesse de le perturber ainsi, tel un brouilleur de fréquence. Il aimerait passer à autre chose, au pire continuer de la haïr dans son coeur. Cependant c'était difficile, elle était là et même une fois partie elle continuerait de le hanter. Cette rencontre n'était sûrement pas la meilleure chose ua monde, il seavait, c'était peut-être même la pire, mais on sait à quel point Dieu aime jouer. Un simple petit déjeuner ? C'est déjà un petit déjeuner, j'aurais pu te laisser mourir de faim. Il ne sait même pas pourquoi il a dit ça, mais il en a marre de leur jeu, de leur haine mutuelle, il en a marre de la haïr mais de la trouver jolie en même temps. Il se souvenait de cette nuit, cela avait été difficile de s'occuper d'elle, il s'en était plaint, mais il ne pouvais pas s'epêcher de la trouver mignonne une fois endormie dans son lit. Il ne pouvait pas s'empêcher de vouloir la prendre dans ses bras et la garder pour qu'elle ne s'échappe pas. Une pensée qu'il voulait voir disparaître, qu'il aurait aié brûler afin de pouvoir continuer de la détester et continuer sa vie merdique. Si tu t'attends à plus, tu risque d'être déçue, il n'y a rien d'autre et il n'y aura rien de plus. Il se reconcentre sur son assiette pour terminer son repas et se lever poser son assiette dans le lavabo. Il n'osait aps se retourner et aller s'asseoir à nouveau, il voulait garder cette fausse attitude, qu'elle y croit, que lui-même finisse par y croire. Elle devait finir de manger, il lui donnerait ses affaires, puis elle partirait, tout finirait bientôt il n'avait qu'à tenir quelques minutes avant de ne plus la revoir. Une fois partie il n'aurait plus à la revoir. Il se le répétait, se disant que le destin ne les feraient sûrement pas se rencontrer encore et encore, non, toutes les histoires ont une fin.

Bullshit, nonsense.

Tu as fini de manger ? Il se fichait de savoir qu'elle le trouvait mon cuisinier ou non, il se fichait de ce qu'ele pouvait penser. Il voulait se ficher d'elle, de ce qu'elle pensait, réellement.


 

Iseul ne s'intéresse plus à ce qui se passe en face d'elle. Elle mage patiemment la nourriture. Du moins c'est l'impression qu'elle donne. A l'intérieur la jeune fille n'est pas aussi indifférente au peu de réaction de son ancien professeur. Elle voudrait qu'il grimace. Qu'il soit au moins déstabilisé par ses paroles. Mais non. Rien n'y fait et le professeur Lee reste imperturbable. Elle se désole par le peu de consistance du petit déjeuner. Elle voudrait faire passer sa frustration par ses dents. Croquer pour ne pas hurler. Malheureusement… heureusement ? Iseul n'est plus capable d'exprimer grand-chose. Ses émotions sont enfermées quelque part. Perdues dans un coin de son être que l'adolescente ne peut plus retrouver. Les muscles de son visage se sont figés l'été dernier quand cet avion a fini sa course dans l'océan Pacifique. Ses dents rencontrent avec un peu trop de hargne les baguettes en métal. Une douleur vive lui électrise toute la mâchoire et une mince grimace lui échappe. Iseul manque de faire tomber ses couverts. Et dans toute son immaturité maudit Hoon pour qu'il connaisse le même incident. Un court moment de relâchement qui passe pourtant inaperçu aux yeux de la gamine. Trop occupée à jouer à l'adulte pour se rendre compte de sa propre bêtise.

C'est un vrai cercle vicieux. L'indifférence du professeur la fait enrager. Et lorsqu'elle se rend compte qu’elle attend toujours quelque chose de lui, la colère monte. Ça n'en fini jamais. Iseul s'en veut de porter tant d'attention à cet homme qui l'a laissée tomber. Un moins que rien. Un traitre de plus sur sa liste. A croire qu’elle n'est bonne qu'à ça. Être abandonnée. Et Iseul ne leur pardonnera jamais. Parce que c'est tout ce qui lui reste. Le chagrin et la colère.

Elle se lève et abandonne son assiette sur la table. On dirait une poupée de porcelaine. La peau lisse et la visage vide. « Je vais me sécher les cheveux. » Sa voix sonne sans couleur. Iseul reprend son rôle de corps creux. Elle laisse s'écouler tout ce qui fait d'elle un être humain. Le vide lui va beaucoup mieux. On ne ressent rien. On n'entend rien. On existe à peine. Iseul qui croit n'exister pour personne. Iseul qui laisse le temps couler sur elle, immobile. Elle se remplit d'air pour ne pas laisser de place au reste. A tout ce qu'il est trop difficile à affronter. A ces trucs qui lui donnent l'impression d'être évissairée à chaque respiration.

Elle va partir. Quitter cet endroit qui la force à ressentir. Cet appartement est bien trop dangereux pour elle. Iseul renonce à sa vengeance pour aujourd'hui. C'est tout juste si cette fois elle voit son reflet dans le miroir de la salle de bain. Elle veut partir très vite mais ne trouve pas de sèche cheveux. Cette pensée l'énerve prodigieusement. Un rien suffit à remettre la machine en marche. Elle serre des poings devant les placards ouverts. Elle a soudainement envie de vider leur contenu sur le sol et de piétiner ses affaires de toilette. Arracher les portes. Briser sa glace. Mais elle reste immobile. Les ongles plantés dans ses paumes. Et cette colère qui ne veut pas retomber.

Elle le déteste.

Imbécile

Lui

Elle

Tous les deux

Il attendit qu'elle parte pour relever le regard, pour s'autoriser à enfin faire quelque chose. Il se sentit souffler, il n'avait pas remarqué qu'il avait retenu sa respiration tout ce temps-là. Pourquoi même ? Etait-ce une sorte de réflexe ? Et si oui, pourquoi donc ? Il n'en savait rien et ne voulait pas vraiment le savoir. Il se mit donc à débarraser et à faire rapidement la vaisselle, chantonant afin de ne pas avoir à penser à Iseul.
Elle se sèhe les cheveux... Puis il se souvient ne pas avoir de sèche cheveux.

Pourquoi est-elle une telle nuisance ? Il voulait simplement finir la vaisselle et attendre qu'elle parte, mais il continue de penser à elle, se disant u'elle allait mettre du temps, peut-être ême s'endormir dans la salle de bain. Qui sait? Et il ne voulaitpas, il voulait qu'elle s'en aille, qu'elle n'apparaisse plus devant lui. Etait-ce si dur ? Etait-elle destinée à venr le hanter, encore et encore ? Alors il se dirige dans la salle de abin et prend une serviette sèche avant de passer derrière elle.

Il ne sait pas pourquoi il fait ça, il ne sait pas ce qu'il lui prend mais il laisse faire ses mains, ses gestes qui semblent si naturels. Il ne se rend même pas compte de ce qu'il fait, son regard est simplement posé su le reflet de la jeune ille. Puis, il sent les cheveux mouillés d'Iseul entre ses doigts. Je n'ai pas de sèche cheveux, et je ne veux pas que tu tombes malade en partant. Et surtout il ne voulait pas attende. Poutant n'était-ce pas mieux d'attendre ? Il la regardait mais avait peur de croiser son regard. Comment serait-il ? Vide ? Plein de haine ? Il ne voulait pas le savoir, il était lui même empli de hain, pas vrai ?

Alors il baisse le regard sur sa chevelure et cesse de penser. Elle allait sûrement le repousser dans quelques secondes, peut-être qu'elle s'énerverait enfin sur elle, parce qu'au fond, c'est peut-être ça qu'il attend, une réaction de sa part. Quelque chose d'autre que ces yeux vides, que ce corps sans âme. Qui veut d'une coquille vide ? Et pourtant c'est ce qu'il est en cet instant. Du moins en apparence, celle qu'il a décidé de se donner pour ne pas montrer son trop plein d'émotions. Il ne sait même plus lui même ce qu'il ressent, ce qui est vrai et ce qui est faux, ce qui est réel ou non, à quel degré il est perdu.

Il sait simplement que c'en est trop pour lui, qu'il a tout mis de côté, qu'il veut éviter d'y penser mais qu'il aimerait aussi s'en débarrasser complètement. Alors son visage reste impassible et il se concentre sur la simple tâche qu'il s'est donné.

 

Enfermée dans sa colère elle ne voit plus rien. Ne réfléchit plus à rien. Le monde autour d'elle est mis sur pause. Plus rien n'a d'importance. Iseul focalise avec une rare intensité toute sa frustration sur l'absence de sèche cheveux. Ça l'empêche de penser au reste. Elle contourne fiévreusement le noyau du problème. Projette toujours un peu plus un épais voile sur la réalité. Préférant le détester parce que ses cheveux dégoulinent sur ses épaules plutôt que pour tout le mal qu'il lui a fait. Elle ne veut plus être la pauvre gamine abandonnée par ce professeur qui une fois a dépassé les limites. Alors elle préfère oublier. Concentrer ses sentiments sur des choses superflues. Pauvre enfant perdue. Incapable d'affronter la réalité. Refusant d'ouvrir les yeux sur le monde. Iseul avance à tâtons depuis des mois. Les paupières résolument closes.

Elle ne s'est pas rendue compte qu'elle a véritablement fermés les yeux. Et les ouvre subitement quand elle sent la serviette se poser sur sa tête et les frictions de Hoon. La jeune fille observe sans comprendre leur reflet. Elle refuse de faire attention à la chaleur qui s'immisce doucement en elle. De la racine de ses cheveux jusqu'à ses orteils. Elle frissonne.  De dégoût. De plaisir. C'est réconfortant. Iseul lutte pour que cette sensation ne s’impose pas en elle. Elle ne veut pas mette de mots sur cette chose qui fond doucement en elle. Qui réchauffe son être.

Sa peau semble souverainement avoir pris une teinte plus humaine. Comme si Iseul reprenait vie sous les mains de son ancien amant. Ses lèvres ne semblent plus si indifférentes. Elles tremblent. Ce n'est pas visible au premier regard. Il faut se concentrer pour voir les changements subtiles qui sont opérés chez l'adolescente. Et sans le savoir Iseul prit pour qu’Hoon ne les remarque jamais. Pour que son secret reste caché. A l'abris de leurs regards à tous les deux.

Peut être est-ce la chaleur qui la réveil. Iseul se rappelle à l'ordre. La gentillesse du professeur n'est plus qu'un vague souvenir. « Je vais le faire moi-même. » Elle lève les mains pour récupérer la serviette mais l'une d'entre elles atterri sur celle du jeune homme. Ses doigts glissent entre les siens. Le contact est électrisant. Les picotements qu'elle ressent contre son épiderme sont d'une rare puissance. Elle se sent aimantée par cette grande main. Elle se mort la lèvre pour résister à l'envie d’entremêler leurs doigts.

Elle ne veut plus vraiment partir.

Iseul ne respire plus. & la colère s'est envolée.

Il prend son temps, laisse ses mains caresses ses cheveux au travers du tissu alors qu'il évite son regard dans le miroir. Il est certain qu'elle le regarde, peut-être même qu'elle le fixe, alors il évite de regarder par là. Il se contente de sécher ses cheveux omme s'il s'agissait de la chose la plus naturelle. Il ne prête pas attention aux battements de son coeur qui accélèrent, à ce toucher qui lui fait ressentir une chaleur inhabituelle. Il ne veut pas penser à toutes les sensations qu'elle lui procure parce qu'il a peur, et qu'il est encore un peu en colère. Une colère qui s'est cependant déjà bien dissipée, qui n'est presque plus présente et ne laisse place qu'à une certaine douceur indésirée.

Et il s'attendait à rejet, quelque chose pour retrouver cette haine enlui, pour la laisser s'en aller, pouvoir la haïr facilement; et elle était prête à lui dire non. Il l'entendit clairement alors pourquoi est-ce que son geste était si hésitant ? Si doux ? Ses gestes et dires étaitent contradictoire, et il saisit l'occasion pour entrelacer leurs doigts, se disant qu'elle aurait sûrement aimé le faire. Il s'improvise prince charmant, s'essayant à ces choses comme si elle le désirait réellement, comme si sa colère n'avait jamais existé.

"Tu en es sûre ?" Parole à peine perceptible, ses yeux la fixe finalement, ce visage l'ayant trop manqué, cette proximité aussi. Et ile voudrait combler le vide entre eux, se rapprocher jusqu'à ne plus pouvoir respirer. Ses gestes s'arrêtent net alors pour pouvoir lui faire face, le désir de l'embrasser faisant surface, et il doit batailler pour ne pas franchir le pas.

Pourquoi était-ce si difficile ? Il devait attendre signe, positif ou négatif, de la part d'Isel pour initier autre chose ou se rétracter. Il n'attendrait cependant pas longtemps, un manque de réaction équivaudrait à un oui et il n'hésiterait pas une seconde.

 

Ses doigts tremblent sur la grande main de Hoon. Elle sent un poids tomber dans sa gorge jusqu’à venir compresser sa poitrine. Elle peut à peine respirer. Comme si ses poumons étaient pris en tenaille. Ses jambes se font coton et Iseul se demande comment peut-elle rester encore debout. Sans que ses membres ne flanchent sous le poids de son corps. Un corps lourd et tremblant. Incertain. Ses yeux humides et brûlants croisent le regard de son ancien professeur dans le miroir. Elle ouvre la bouche mais la referme sans qu’aucun son n’en sorte. Ses pupilles sont de plus en plus sèches pourtant elle se sent les larmes prêtent à couler. Ses oreilles se mettent à bourdonner. Elle ne l’entend pas parler. Elle voit la bouche du professeur bouger mais ses paroles ne l’atteignent pas. Elle va craquer. Iseul sent qu’elle a atteint ses limites. Les brèches dans le masque s’agrandissent. Laissant passer la chaleur de Hoon. Elle voudrait lutter mais n’en a plus la force. Les souvenirs sont plus puissants que toute la haine qu’elle pourrait ressentir. Elle veut qu’on le lui rende. Ce petit bout de bonheur au milieu d’un océan de désespoir. Et il est là. A portée de main. Juste sous ses doigts qui vacillent. Iseul n’arrive pourtant pas à franchir cette distance infime qui les sépare. Paralysée par la peur. Effrayée à l’idée de connaître autre chose que la tourmente dans laquelle elle se complait aveuglement. Elle le veut plus que tout autre chose. Mais l’angoisse de se brûler encore une fois les ailes l’enchaîne au sol. Iseul a déjà touché le fond. Il n’y a plus aucun risque d’être blessée par une nouvelle chute. Pas si elle garde les pieds bien ancrés sur la terre ferme. C’est peut-être ça la meilleure solution.

Elle entend une lourde porte se fermer en elle. Ses yeux deviennent ternes. Sa bouche ne tremble plus. Et sa main glisse mollement le long de son corps. Oui c’est mieux comme ça. Si elle ne ressent rien, Iseul ne peut pas souffrir. Elle a déjà trop mal. Plus et son âme se brise. Elle se convainc en silence que c’est la meilleure chose à faire. Et dans un silence de mort elle pleure. Sans s’en rendre compte les larmes coulent d’elles même. Dernières preuves d’une Iseul au bord de l’explosion. D’Iseul qui cherche désespérément un peu de chaleur. De l’enfant enfermée quelque part dans ce corps sans vie.