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Le vol a été long, trop long pour tes nerfs. Même en étant installée en première classe, ça t’a semblé insupportable. Il en va de même pour le trajet en voiture malgré le fait que la présence de James rend le tout bien plus agréable. Tu as hâte d’arriver, hâte d’être chez toi dans un confort plus évident. Tu te demandes d’ailleurs à quoi ressemble cet appartement. Tu ne l’as même pas vu, n’a pas cherché à le faire, suivant simplement cet engouement général de loin. Vu comment ils se les arrachent, tu te dis que ça doit être bien. Tu l’espères en tout cas, même si au fond, par fierté et par amour, tu pourrais sans doute endurer des conditions moins optimales que celles auxquelles tu es habituée grâce à tes parents.

Pourtant, malgré tout ça, c’est une fois arrivée au complexe que tu réalises le véritable défi. C’était mignon de trimbaler tes quatre valises à l’aéroport, mais tu vois à présent qu’il va falloir que tu les trimballes jusqu’à l’appartement et selon les papiers que tu as eu, c’est au deuxième étage. « Bon, au moins il est meublé hein ? » Tu rigoles légèrement, sachant fort bien que le nécessaire a été fait à ce niveau là. « Donc il ne reste que les valises, ça devrait aller. » Elles sont lourdes tes valises, tu le sais bien, mais tu ne vas certainement pas faire ta faiblarde devant le jeune homme. Tu t’approches pour lui voler un baiser d’encouragement. Il te faut bien ça pour supporter tes valises dans les escaliers. Tu prends donc la première - la moins lourde - et t’approches de ce qui semble être une cage d’escalier. « Tu pense qu’on va se plaire ici ? » Tu commences une discussion autant pour profiter de cette nouvelle proximité qui à la différence des autres fois ne serait pas éphémère, mais aussi pour repousser le moment où tu devrais monter ta valise.  

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Arrivé la veille, il t’a fallu attendre avec pour seule compagnie ton chien et l’autre occupant des lieux – un type bien, si tu en juges la mince couverture aperçue. Valises encore dans leur état initial, rien n’a été touché si ce n’est que pour ta douche matinale avant d’aller périr à l’aéroport. Excitation palpable dans l’air, l’attente prolongée qui tire sur les nerfs, qui éveille quelques craintes infondées à mesure que le temps s’écoule. La peur d’une décision soudaine, contraire. Des plans qui changent à la dernière minute pour venir te claquer au visage, mais rien de tout ça. Les inquiétudes qui s’évanouissent à la seconde où son visage se détache aisément des autres et c’est un instant presque irréaliste. Surréaliste. Encore incapable de croire que l’on puisse vouloir quitter volontairement son pays pour l’autre bout du monde où tous et chacun ne sont qu’inconnus. Présence uniquement pour tes beaux yeux, le geste qui touche avec une tendreté marquée.

La même tendresse qui baigne les traits, la regardant galérer avec ses valises suite à son refus que tu lui portes secours. L’entêtement de la femme indépendante qui tire un sourire amusé sur tes lèvres, la laissant se débattre avec la première barrière de l’immeuble avant de t’imposer. Baiser dérobé, rien que pour cela tu pourrais te charger des quatre toi-même, mais la logique veut que tu pèses rapidement le tout en vitesse pour t’occuper des deux plus lourdes. « Je commence à me demander si t’as pas tout emmené ce que tu possèdes. » Amusement marqué, tu ne bouges pas en la voyant se diriger vers les escaliers. « Diana, je sais que t’es une grande sportive, mais l’ascenseur est juste là. » Une main qui se lève, les doigts désignant l’objet de vie moderne qui semble lui avoir totalement échappé. « Donne-moi ça, va empêcher les portes de se fermer. » Mouvement enfin enclenché, tu fais quelques pas dans sa direction pour lui prendre sa valise des doigts en l’obligeant à aller accomplir le rôle ordonné pendant que tu t’occupes de ramener chacun de ses lourds enfants roulants sur le plancher de l’ascenseur. « Mais oui, j’imagine ! L’autre gars a pas l’air méchant, je l’ai croisé hier. »

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Le commentaire de James te fait rire. Comme si ces quatre valises pourraient vraiment contenir tout ce que tu possédais. Ton entière garde-robe n’a même pas pu entrer dans ces valises à vrai dire. Tu évites pourtant d’affirmer la chose qui te ferait paraitre un peu trop matérialiste à ton goût. « Quand même pas, mais j’ai emporté au maximum. » Une erreur selon tes parents qui ne voient ce départ que comme une lubie temporaire de ta part. Tu as l’opinion totalement opposée et le fait que tu emportes autant de choses avec toi le démontre. Tu as besoin du contenu de cette valise parce que tu comptes rester longtemps, peut-être même de façon permanente. Enfin, autant ne pas mettre la charrue devant les boeufs, pas ouvertement en tout cas.

Surtout que pour l’instant, tu es bien occupée avec la tâche de monter les valises jusqu’à l’appartement. Tu t’apprêtes à le faire avec tout l’entêtement du monde lorsque James t’interrompt en te faisant remarquer l’existence d’un ascenseur. « Ah. Fallait le dire avant. » Comme si tu lui en avais laissé l’occasion. De toute façon ce n’est pas un reproche, tu serais même prête à t’entêter pour faire l’effort de monter les valises. Tu t’apprêtes à le faire lorsqu’il t’ordonne d’aller tenir la porte de l’ascenseur ouverte pendant qu’ils s’occupent de tes valises. Tu protestes légèrement : « Tu sais que je peux le faire. » Si tu étais prête à les monter toi-même, tu peux les mener jusqu’à l’ascenseur. Il ne te laisse pourtant pas le choix et tout de même satisfaite que ton homme prenne les devants, tu obtempères sans trop insister. Tu bloques la porte jusqu’à ce qu’il parvient à ramener toutes les poids lourds. À la mention de la troisième personne qui partage votre appartement, tu ne peux t’empêcher de froncer légèrement les sourcils. « Je ne comprends pas pourquoi on ne pouvait pas avoir un appartement à nous deux. » Enfin, tu supposes que ce n’est pas la pire chose au monde, au moins vous êtes ensembles. « Tant mieux s’il est sympa tu me diras. » Ça veut dire qu’il faudra que t’améliore ton coréen si tu veux lui parler, sinon James devra faire le traducteur à tout jamais. « Deuxième étage c’est ça ? » Tu n’attends pas spécialement la confirmation que tu appuies sur le bouton, convaincue par ta merveilleuse mémoire.  

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Voyageuse optimiste, peut-être même un peu plus que ta personne malgré que tu te considères sur un pied plutôt équivalent. L'envie de voir la situation bien se dérouler, que la relation se déploie aisément, sentiment réconforté devant le nombre de valises emportées depuis l'autre bout du globe. Des intentions entre les lignes, souhaits muets entre vous deux comme des promesses que l'on n'ose pas encore murmurer. Un séjour qui se veut théoriquement avec une date limite, mais une réalité où celle-ci est floue depuis les premières minutes.

Vague contemplation amusée de sa galère, tu ne tardes pas à la remettre sur le droit chemin vers l’ascenseur à défaut d'avoir envie de te fatiguer pour rien avec ses effets personnels nombreux. Ton ordre est suivi de protestations, sourire aux coins des lèvres. «  Je sais, mais j'essaie d'être galant. » Essayer, un grand mot pour tes piètres talents dans le domaine, mais il y a des efforts. Une envie visible de lui faire plaisir jusque dans les petits gestes, dont celui de ramener ses valises à bonne destination via la voie facile. Brève mention du troisième locataire, tu sens bien que ça ne lui fait pas plaisir à la belle Diana, mais ainsi va la façon de l'endroit et vous êtes déjà bien chanceux d'avoir droit de partager le même logis. « Vois ça du bon côté : tu vas pouvoir pratiquer ton coréen. » Langue ignorée entre vous deux, l'anglais utilisé par aisance et habitude au même titre que tu ne parles pas plus coréen lorsque seul avec ton frère. Bien sûr, tu n'as rien contre l'idée de lui servir de traducteur en tout temps, sauf que tu crains le retour handicapant pour Diana.

Hochement de la tête, tu la laisses appuyer sur le bouton pour l'étage et c'est un voyage de courte durée avant que tu acceptes silencieusement qu'elle reprenne possession d'une partie de ses affaires. Entrer est une chose, en sortir en est une autre, mais tu vis avec la menace de te faire écraser par les portes qu'une seule fois. « On aurait pu faire deux voyages.  » Comme l'épicerie, cela ne faisait toutefois pas partie des possibilités. Guide jusqu'à l'appartement, tu ouvres la porte et c'est une nouvelle bataille pour tout entrainer tandis que ton chien vient inspecter l'odeur inconnue – ou presque puisque le rottweiler a fait une fois la rencontre de l'américaine. « Nugget, fouille pas.  » Honnêtement, il se fiche de ton ordre, les pattes avant reposant sur le sommet de l'une des valises en reniflant avec curiosité. Niveau chien de garde, c'est à revoir.

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Malgré la part de toi qui veut s’affirmer comme une femme forte qui n’a pas besoin de son aide, tu ne peux qu’apprécier le fait qu’il préfère se démener avec tes valises. Cet essai d’être galant te charme, comme à peu près tout chez le jeune homme. « C’est trop gentil. » Puis malgré tes réticences à le laisser tout faire, tu dois admettre que ne pas avoir à galérer plus longtemps avec tes nombreuses valises est un soulagement en soit. Tu essaies tout de même de l’aider un peu lorsque vient le temps de toutes les caser dans l’ascenseur avec vous.

Tu es curieuse de voir à quoi ressemble l’appartement même si la mention du troisième colocataire te fait un peu l’effet d’une douche froide. Tu n’as rien contre les inconnus et objectivement c’est une façon idéale pour rencontrer une nouvelle personne. Sauf que voilà avoir un colocataire implique certaines précautions et une retenue que tu n’es pas sure de vouloir appliquer. James évoque alors un point positif à cette situation : pratiquer ton coréen. « J’espère surtout qu’il parle anglais lui aussi. » Parce que tu connais des bases dans cette langue si particulière, mais ce n’est sans doute pas suffisant pour avoir des conversations complètes avec une autre personne. « J’espère que tu es prêt à faire office de traducteur. » Tu ne comptes pas vraiment t’appuyer sur lui à jamais, mais tu sais tout de même être réaliste. Il te faudra son aide - pour ça - au moins pour les premières semaines. Une énième raison pourquoi tes parents n’étaient pas franchement enchanté à l’idée que tu partes à l’autre bout du monde.

Une fois au bon étage, tu décides de faciliter les choses en t’occupant de deux de tes valises. Il faut dire qu’après le vol, tu as tout particulièrement envie d’aller t’écraser sur une surface molle. « Faire plusieurs voyages c’est pour les faibles. » Ou pour les idiots qui essaient de monter les valises par les escaliers lorsqu’il y a un ascenseur, mais c’est un détail que tu préfères ignorer à nouveau. Tu suis donc James alors qu’il te mène vers l’appartement. L’apparition du chien du jeune homme a tôt fait de te redonner de l’énergie. « Nugget ! » Tu ne l’as vu qu’une fois, mais ton affection pour les animaux est sans limite - un peu comme ton amour pour James. « Il est toujours aussi mignon. » Moins quand il monte sur tes valises, mais tu t’empresses de l’attirer vers toi pour régler ce léger problème. Tu entres ensuite dans l’appartement, trainant une valise avec toi. « Oh c’est pas mal. » Presque aussi beau que ton domicile à Houston. « C’est laquelle notre chambre ? » Question de priorité évidente à tes yeux. Tu ne penses même pas au fait qu’en théorie tu as ta propre chambre dans cet appartement. Après tout, tu n’as pas fait tout ce chemin pour que vous fassiez chambre à part.  

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La bataille contre les valises n’est qu’un élément de courte durée et tu te motives avec l’idée de ce que ces objets trop lourds représentent. Ce qui cause le plus de réticence en ce moment n’est que la mention du colocataire inconnu, à peine rencontré pendant quelques minutes la veille. Rien de bien détaillé, rien de bien précis à révéler au sujet de ce-dernier. « Considérant qu’il a un prénom anglais, j’imagine que oui. J’ai pas pensé à demander. » Remarque par laquelle tu prends la faute sur tes épaules, il faut admettre que tu avais d’autres priorités à cet instant que de noyer l’étranger sous les questions – comme empêcher Nugget de faire un ravage affectueux envers cette pauvre âme. « T’inquiète, je suis passé par là aussi, je sais ce que c’est. » Pour avoir vécu l’horreur de mettre le pied dans un pays où tu ne connais strictement rien en dehors des anecdotes de jeunesse des parents, tu ne peux que trop bien te mettre dans ses chaussures. Enfin, métaphoriquement – tu te vois mal être chaussé de talons hauts. Tu serais un piètre partenaire de la laisser se débrouiller sans lui tendre la main dans cette épreuve réalisée que pour venir rejoindre tes beaux yeux.  

L’ascenseur annonce l’étage avant d’ouvrir les portes et c’est le combat qui se poursuit avec un peu d’aide avant de trouver la bonne porte dans une mission peu complexe. « Bien, on sera deux avec le dos bousillé à trente ans. » Large sourire quant à la mention de cette hypothèse, tu es plutôt content de voir que cette notion est assez mondialement reconnue. Porte de l’appartement ouverte, tu fais au plus vite pour tout rentrer et refermer la porte avant que ton chien ne puisse se livrer à une tentative d’évasion. « Mignon ? Ma mère n’est pas du même avis.  » Plaisanterie à part, il est bien vrai que sa race de chien n’est pas ce qui se rapproche le plus des critères que l’on peut qualifier comme étant adorable. Nugget est un beau chien, pas une mignonne petite boule de poils qui jappe au moindre courant d’air. Au moins, Diana n’a jamais exprimé de problème envers ton compagnon, son comportement suffisant de le souligner à nouveau et te rassure. Clairement, tu n’as pas envie de te retrouver devant l’horrible ultimatum de devoir faire un choix entre elle et ton ami canin.  

Après un rapide compliment sur les lieux, la question évidente tombe et tu gesticules vaguement vers la direction des chambres. « En théorie, la tienne c’est celle qui est vide de vie, mais la nôtre est à droite. J’ai déjà commencé à ranger mes affaires comme ça tu pourras envahir le reste. » Cliché abordé entre les lignes que les femmes ont davantage tendance à s’approprier les espaces de rangement que les hommes, tu ne fais pas spécialement exception à la règle. Certes, tu possèdes plus de fringues que ce que tu peux physiquement porter en deux semaines, mais tu t’amuses à dire que c’est ton côté Australien qui a besoin d’être prêt à toute température – t’as tendance à exagérer les journées plus fraîches ou froides et te perdre dans des couches interminables de linge.

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Un prénom anglais, voilà une première vraie bonne nouvelle depuis que tu as découvert l’existence du colocataire inconnu. S’il a un prénom anglais, il y a de bonnes chances pour qu’il parle anglais, au moins un minimum. Tu n’en veux donc pas le moins du monde à James qui a oublié de demander une confirmation. « On aura bien l’occasion de tester ses connaissances en la matière. » Le plus tard serait le mieux si ça ne tenait qu’à toi, mais c’est une autre histoire. Tu te ferais bien plus rapidement à sa présence s’il parlait la même langue que toi, ça c’est certain. Dans tous les cas, tu aurais James sur qui te reposer même si tu comptes devenir indépendante le plus rapidement possible. En attendant… « Heureusement que je t’ai. » Certes, c’est uniquement pour lui que tu as fait tout ce chemin, mais maintenant que tu y es, tu restes contente de pouvoir compter sur lui. Il sait ce que tu vas vivre comme étrangère dans ce pays où ta langue est minoritaire.

Mais bon, de toute façon, tu préfères ne pas y penser plus que nécessaire pour ne pas gâcher ces retrouvailles. Il y a des besoins plus pressants comme gérer les valises. Tu rigoles à sa remarque. « On fera la retraite préventive ensemble. » Tu ne serais pas compte, d’autant plus que tes parents ont largement de quoi te la payer. Enfin, tu ne t’attardes pas sur la question, croyant naïvement à l’idée que ton jeune âge te protégerait à coup sur de blessure dans le dos. Tu n’es pas faible après tout, sauf peut-être face à l’adorable boule de poils (selon tes standards). Tu caresses donc le chien avec une affection évidente. Tu hausses les épaules lorsqu’il mentionne l’avis de sa mère. « Mes parents diraient surement la même chose, mais regarde le. » Clairement, tu n’as aucun problème avec la bête, peu importe ce que certaines personnes pouvaient en dire.

Reste à présent à t’installer dans l’appartement. Tu comptes évidemment opter pour la même chambre que lui, sans lui demander son avis sur la question. Il y a donc une vague de soulagement lorsqu’il évoque la votre, de la même façon que toi. Tu hoches légèrement la tête lorsqu’il parle d’envahir le reste. C’est bien ce que tu vas faire, surtout considérant les quatre valises que tu as ramené. « L’invasion va attendre un peu, tu me fais visiter ? » Tu pourrais le faire toute seule, après tout tu es maintenant chez toi, mais ce serait moins drôle. Tu laisses donc tes valises et la brave bête en plan pour attraper la main de James et l’entrainer avec toi. Vu que le colocataire mystère brille par son absence… « Il faut bien profiter d’avoir l’appartement à nous pour l’instant. » Tu lui adresses un petit sourire, comme si tu lui proposais quelque chose d’indécent. Ce n’est pas exactement ton intention, pas comme ça disons. Tu penses plutôt à manger ou vous installer tranquillement d’une façon ou d’une autre.  

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Ce serait que de mentir à l'humanité que d'ignorer cette crainte qui te ronge depuis que tu sais qu'elle vient vivre avec toi. Entre les visites et les messages, le courant passe bien, mais le test ultime débute sous votre nez et tu redoutes la possibilité de ne pas atteindre ses attentes. Le simple fait de partager les lieux avec une troisième personne semble être une balle tirée dans le pied, mais tu espères surtout que ce sera une façon efficace pour elle de s'acclimater à ce nouveau pays. « J'en doute pas. » Sincèrement, tu espères qu'il parle anglais afin d'éviter de devoir jouer l'intermédiaire à tout instant. Une réalité qui ne te dérange pas, mais tu n'es pas contre le fait de pouvoir prendre une pause de traduction dans ton appartement une fois de temps en temps. Le commentaire suivant suffit à placarder un énième sourire sur tes lèvres. « Autant je suis flatté, autant je sais que tu finiras bien vite par ne plus avoir besoin de moi. Pour traduire. » Ajout de qualité et de dernière seconde, il te serait impensable de lui faire sous-entendre tes petites peurs naturelles quant à l’issue de votre relation encore fragile.

« Tu crois qu'on peut la commencer maintenant? J'ai les épaules tendues, on est dû pour un massage. » Remarque de plaisanterie à part, tu préfères encore ne pas voir des valises trainer pendant trois semaines et t'éclater les orteils contre celles-ci au cœur de la nuit. Ou que le quadrupède poilu décide d'en faire son prochain objet fétiche à déchiqueter lorsque vous avez le dos tourné. Aussi adorable puisse-t-il paraître lorsqu’il déborde d’affection, autant il n’est pas nécessairement le chien le mieux élevé que la terre puisse porter à l’heure actuelle. Un point que ta mère se ferait un plaisir de souligner sans vouloir être de mauvaise foi, mais pour l’instant tu préfères relayer ta famille à un autre plan.

L’étape cruciale du moment se dessine au moment présent, invitation à ce que tu lui fasses visiter les lieux malgré le fait que tu n’as probablement aucun talent comme agent immobilier. « Tu peux compter sur moi pour te faire visiter plus que l’appartement. » Âme touristique, l’envie de toi aussi faire de nouvelles découvertes dans cette ville que tu ne connais pas tant que ça au final. Débuter par les liens est une option évidente, mains qui se glissent ensemble pour gagner le premier lieu d’intérêt qu’est la chambre que vous partagez officieusement en suivant le ton de paroles dont le sens peut se retourner sous bien des aspects. Regard dans sa direction, tentative nerveuse et rapide de découvrir s’il y a un message caché, mais tu en doutes pour connaître quelques détails sur l’aspect plus intime de la demoiselle. Alors, tu te racles la gorge discrètement pour mieux présenter la chambre dont tu regrettes ne pas avoir pris deux minutes pour faire le lit. « Mh… J’aurais peut-être dû t’avertir que faire le lit n’est pas mon plus grand talent. Mais, mais, attention, tu remarqueras que mon linge sale ne traine jamais par terre. » Une grande fierté pour un homme, vraiment. Blague à part, tu ne sais pas trop quoi ajouter de pertinent sur la pièce puisque tu y es également peu familier. « J’ai rangé les croquettes de Nug dans la penderie, mais on peut leur trouver un autre endroit. J’ai pas encore osé les mettre dans la cuisine. »

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Sans même faire attention à l’ajout de dernière minute, tu hoches distraitement la tête. En effet, tu n’aurais pas besoin de James à jamais pour ce qui est de la traduction. Si ton coréen est trop boiteux à l’instant précis, il s’améliorait sans doute à force d’être confrontée à l’impossibilité de parler anglais. « Ce n’est pas grave, j’aurai besoin de toi pour autre chose. » Après tout, ça reste pour ses beaux yeux que tu as fait le déplacement, tu ne comptes donc pas t’en lasser de sitôt. Qu’il fasse office de traducteur ou non ne changerait donc pas grand chose à terme. Dans ton esprit, vous êtes partis pour vivre des années de bonheur ensemble même s’il ne fait aucune doute qu’un peu d’indépendance serait une nécessité pour que vous puissiez voguer sur un petit nuage.

Tu ne t’en soucis pourtant pas à l’instant présent, préférant te laisser aller aux pensées que te traversent l’esprit. Une retraite préventive serait une chose plaisante et en soit tu pourrais sans doute le faire vu le compte en banque fourni de tes parents. Tu esquisses un sourire à la mention d’un massage, ce serait une excellente idée, peut-être quelque chose à appeler pour la fin de la soirée. « Bonne idée, un massage ferait des merveilles après ce passage dans l’avion. » La retraite préventive ne serait pas de sitôt, mais vous pouviez tout de même faire certaines choses. Défaire tes valises étant forcément sur cette liste sinon vous risquez de regretter leurs présences assez rapidement.

Pour l’instant, tu comptes tout de même faire autre chose que t’attarder au cas de tes valises. Il te faut visiter l’appartement, histoire de voir ce dans quoi tu t’embarques. « Donc en plus d’un traducteur je gagne un guide ? C’est pas mal en fait. » Tu lui fais un clin d’oeil pour souligner que tu n’es pas bien sérieuse. Même si dans les faits, James risque fort bien de remplir ces deux rôles, ce n’est pas non plus cela qui détermine sa valeur comme amoureux. C’est à ce demander ce qui la détermine considérant que vous n’aviez pas non plus passé certaines étapes de la vie de couple. C’est d’ailleurs ce que tu sembles souligner avec ta proposition vaseuse. Tu n’insistes pas autant pour ne pas causer un malaise plus grand que pour ne pas vous pousser vers une situation que tu ne saurais assumer. « Oh ne t’en fais pas, je ne pense pas être particulièrement douée pour un ou l’autre. » Le résultat d’années passées avec quelqu’un qui nettoyait derrière toi. « Mais on s’arrangera ! » Tu parles autant pour le rangement de la chambre que pour les croquettes de Nuggets.

Sur ton petit nuage, tu n’as pas spécialement envie de penser aux détails pertinents. Pas du tout même, à la place tu t’approches de James pour lui voler un autre baiser, un peu plus passionné cette fois. Ce serait presque à croire que tu es partante pour plus… si ce n’était de ton ventre qui choisit ce moment pour signifier le fait qu’il soit vide.  

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L’évidence tracée que tu ne serviras pas uniquement à faire découvrir des liens que toi-même tu découvres encore, tu serais déçu de n’avoir que cette vague utilité aux yeux de l’étrangère venue de l’autre côté du globe juste pour toi. Une réalité un peu effrayante quand tu t’arrêtes pour y penser deux secondes puisque, du coup, tu as cette impression venimeuse que tout dépend uniquement que de toi et qu’il te faut être pratiquement sans-reproche à tout instant. Au fond, tu te doutes que Diana ne s’attend pas à la perfection vingt-quatre heures sur vingt-quatre, mais il n’en demeure pas moins que la pensée ronge le fond de l’esprit avec ténacité. Notion plus joyeuse remise à l’avant de ton train de pensée, l’implication du massage finit par te faire hausser les épaules. « Je peux toujours m’y essayer, mais je garanti pas que ce soit efficace. » Bref regard à tes mains, il va de soi que la situation devrait être laissée à des professionnels, mais ta propre proposition est loin de te déplaire.

Prêt pour tous les rôles que tu devras endosser dans les premiers temps, t’es heureux de pouvoir combler un aspect pour lequel tu aurais bien apprécier avoir un guide à tes premiers pas dans la ville. « Te réjouit pas trop vite, on t’a pas fourni le meilleur guide ou traducteur. » Nombreuses lacunes, tu n’as pas forcément l’âme de ni l’un ni l’autre, mais t’as de l’expérience dans la gestion de situation, alors vous devriez survivre et Diana ne devrait pas se retrouver perdue quelque part sans la moindre idée de quoi faire. Visite des lieux se concentrant sur la chambre, tu mentionnes à la hâte ton point faible et ton point fort avant qu’elle ne rétorque ne pas être davantage douée. « Donc, je vais râler sur tes chaussettes qui traînent. C’est bon à savoir. » Ça ne risque pas d’arriver puisque tu n’es pas spécialement un maniaque sur l’entretient de ta chambre, préférant concentrer ton attention sur le reste de lieux que la partie qui sert principalement à dormir. Ce n’est pas un t-shirt par terre qui va t’empêcher de fermer les yeux. Le principal, ce qui t’importe le plus, c’est surtout que l’américaine prenne ses aises pour s’approprier l’endroit autant que toi.

Les croquettes du chien misent de côté, elle se rapproche pour un nouveau baiser et tes mains trouvent immédiatement confort contre sa taille. Un bref instant vite brisé par l’estomac de la demoiselle qui ne manque pas de te faire rire. « Pas une fan de la nourriture qu’ils servent dans l’avion, mh ? » Pour avoir fait le trajet une fois, tu sais que c’est surtout le fait que le vol est interminable. « Y’a un petit resto d’inspiration américaine pas trop loin si t’as pas envie de vivre pleinement ton immersion coréenne en une journée. » L’un des avantages d’être également étranger de base c’est que t’as appris à découvrir des points de repère qui se veulent comme une sorte de confort.

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Guide, traducteur et peut-être même masseur, James aurait plusieurs rôles à tenir même si évidemment, ce n’est pas pour cela que tu es venu à l’autre bout du globe. Loin des idées anxiogènes du jeune homme, tu penses plutôt à l’hypothèse d’un massage qui te fait sourire de plus bel. Bien sur, tu sais que ton amoureux n’est pas un expert en la matière et que si tu souhaites un réel soulagement, c’est vers un professionnel que tu devrais te tourner, mais tu t’en fiches royalement. Au fond, pour l’instant, toute activité avec lui te comblerait, d’autant plus s’il s’essaie à un massage. « C’est pas important ça. » Signe que tu n’as pas d’attentes inimaginables à son égard, quelque chose qui dépasse la simple hypothèse d’un massage. Heureusement ou non, tu as tendance à te satisfaire des doux sentiments que sa présence t’inspire et tu te dis naïvement que cela suffira.

Puis, il faut dire qu’il est aussi encourageant en acceptant de se plier aux exigences de la situation et de se transformer en homme à tout faire pour un temps indéterminé. Tu rigoles lorsqu’il t’assure que tu n’as pas droit au meilleur guide ou traducteur. « Mais j’ai droit au plus beau. » Même encore cela pourrait être discuter, mais tu n’y penses même pas. Non, vraiment tu le veux lui, tout simplement, les autres détails ne t’intéressent pas le moins du monde, même si ça pourrait vouloir dire qu’il y a une possibilité où vous seriez perdus tous les deux. Pas que ce soit une possibilité à l’instant présent puisqu’il entreprend de te faire visiter l’appartement à commencer par la chambre. Elle n’est pas mal, même si un peu de décoration seraient de mises. Par-là tu ne voulais même pas évoquer les vêtements que tu laisserais éventuellement trainer. « Exactement, mais je ferai un effort ne t’en fais pas. » Tu doutes que James serait si à cheval sur la propreté et sur les quelques pièces de tissus qui pourraient joncher le sol, mais autant le rassurer sur ce point. Après les chances que tu réussisses vraiment à calmer tes propension à te laisser trainer sont minces, autant être franche.

Non pas que ce soit ta priorité à l’instant précis. Non, tu te laisses plutôt porter vers un doux moment avec James. Moment vite gâché par ton ventre qui décide qu’un concert est requis. Ton amoureux vise juste en évoquant la nourriture de l’avion, même si l’argent t’a permis de mieux manger que la grande majorité des voyageurs. « En même temps, c’est infect. » Et long, trop pour le petit repas qu’ils vous fournissent en tout cas. Puis, James fait une proposition qui sonne comme une symphonie à tes oreilles. « Tu sais parler aux femmes toi. » Ou à toi, ce qui est tout ce qui importe en vérité. Tu réfléchis un bref instant avant de dire. « Laisse moi juste me changer d’abord. » Une douche serait même nécessaire, mais vu tes habitudes, cela risque d’être bien trop long pour soulager ton estomac. Tu attrapes ton bagage à main pour en ressortir un habit plus propre. Tu entreprends ensuite de te changer, n’ayant aucune gêne devant le jeune homme. Ce n’est pas comme si quoi que ce soit était une surprise pour lui. « Bon je te suis. » Jusqu’au bout du monde même.

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Peu habitué aux multiples compliments, ton estime personnelle est plus que flattée d’apprendre à nouveau que tu es une jolie mine aux yeux de Diana. Certes, tu sais valoir un peu plus que ça pour elle, donc ça n’a rien de bien dramatique de faire souligner ton physique. Le compliment pourrait aisément se retourner, mais tu ne le fais pas dans l’immédiat puisque tu aurais tout bonnement l’impression de relancer la balle que tu viens d’attraper sans que ça ne paraisse sincère. La visite devient le point de mire, l’implication directe que cette pièce servant de chambre ne connaitra probablement jamais la même propreté qu’à l’instant. Une réalité qui s’étend à la majeure partie de la civilisation. Seul un psychopathe peut entretenir une chambre dans une propreté sans faille.

Un instant vite rattrapé par la faim qui tiraille la jeune femme et tu ne rates pas cette chance de t’en amuser. « C’est toi qui est difficile. » Ce n’est pas la seule raison, mais il faut bien faire semblant de faire porter le blâme à quelqu’un d’autre que les pauvres compagnies aériennes. « Je sais pas parler aux femmes, je sais parler à ton estomac. Nuance. » Précisions sur le sujet, tu ne t’attends pas à ce qu’elle change ses vêtements directement devant toi. Tu prends tout de même sur toi de lever le regard vers le plafond en tournant un minimum la tête. Non pas que tu ne sois pas tenté de te rincer l’œil, mais tu n’as pas spécialement envie de te faire des idées avant de sortir vers le monde extérieur. Ton regard ne s’abaisse que lorsque sa voix retentit à nouveau, prête pour l’escapade qui risque d’être rapide puisque tu ne crois pas qu’après le vol interminable elle soit d’aplomb pour une journée débordante d’activités.

Avant de quitter les lieux, tu t’assures d’avoir tout pris avec toi et de verrouiller la porte après un mini combat avec Nugget déçu de rester à l’intérieur. Tu l’aurais bien emmené avec vous, mais peu de restaurants sont friands de voir des animaux débarquer dans leur établissement, alors sa sortie devra attendre à un peu plus tard. Ta main trouve celle de Diana, profitant du même coup pour rendre le trajet un peu plus éducationnel en donnant quelques points de repères. Au moins, tu connais le coin où tu vis, même si tu n’es pas encore des plus familiers en raison de ton arrivée récente.

Le restaurant est simple, mais tout de même chaleureux et ils ont un menu comportant à la fois la langue coréenne et la traduction anglaise. L’optique de devoir bientôt jouer les traducteurs ne te dérange pas, mais si tu peux vous éviter de ne parler que de traduction à votre première journée ensemble ce serait bien. Table sélectionnée, le service est presque immédiat à offrir les menus avant de repartir pour vous laisser choisir. « Tu commences à travailler quand ? » Information importante, cela te permettra de déterminer combien de temps vous avez pour optimiser son intégration à la ville.  

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Toi difficile ? Ton ventre le prouve sans doute à cet instant alors qu’il réclame davantage de nourriture après que tu aies rechigné ce qu’on t’offrait à bord de l’avion. Ce n’est rien d’étonnant, même en première classe on ne peut pas dire que les plats proposés soient les plus délicieux. Tu prends tout de même un air faussement vexé, histoire de te venger un peu du commentaire. « Je sais ce que j’aime c’est tout. » C'est-à-dire pas la nourriture des compagnies aériennes et tu n’es définitivement pas la seule. Après, on pourrait tout de même te taxer de difficile, mais pour d’autres raisons complètement. Enfin, James aurait largement l’occasion de découvrir la chose, même s’il a pu avoir un aperçu lors de vos visites respectives. Enfin, la mention d’un restaurant d’inspiration américaine a tôt fait de remettre un sourire sur ton visage. Sourire qui ne te quitte pas même lorsqu’il souligne que ça ne fonctionne qu’avec ton ventre, pas avec la gente féminine entière. « C’est tout ce qui compte non ? » Ce n’est pas comme si James cherchait à séduire qui que ce soit d’autres, du moins tu l’espères.

Tu t’empresses donc de te changer pour quelque chose de plus propres que les vêtements que tu as portés dans l’avion. La retenue de James te fait sourire, peut-être aurais-tu du te changer ailleurs pour ne pas le gêner. Peut-être, mais le problème, c’est que tu es loin d’être pudique, que ce soit des étrangers ou (encore moins) s’il s’agit du jeune homme. Tu te dépêches donc un peu plus pour ne pas le faire trop attendre avant de t’affirmer prête. Bon, tu n’es pas au top, pas même moindrement soignée, mais ça ferait le coup le temps de te sustenter. Tu suis donc ton amoureux hors de l’appartement, te promettant intérieurement de te forcer à ressortir pour amener Nugget avec vous cette fois. Tes doigts entrelacés dans les siens, tu écoutes avec attention ce qu’il souligne dans les environs. Autant retenir les points de repères qu’il te donne si tu ne veux pas finir perdue en moins de deux.

Néanmoins, c’est surtout l’arrivée au restaurant qui te fait plaisir, encore plus lorsque tu réalises que le menu comporte une traduction anglaise. Voilà qui faciliterait les choses et supprimerait le besoin que James fasse office de traducteur dès le premier instant. Tu attrapes le menu qu’on te tend avant de l’observer avec attention, ne relevant la tête que pour observer le jeune homme lorsqu’il te pose une question. « Je dois passer au bureau à la fin de la semaine pour finaliser le tout, mais je ne pense pas commencer officiellement avant une semaine ou deux. » Tu l’espères en tout cas. Tu préférerais de loin avoir le temps de te familiariser avec la ville un peu avant de passer le plus clair de tes journées derrière un bureau. C’est d’ailleurs ce que tu as demandé lors de tes entretiens. Après tout, ce n’est pas comme si tu as vraiment besoin de travailler immédiatement. « Au moins comme ça on aura du temps à passer ensemble. » Ce qui est une autre de tes priorités. « À moins que tu aies déjà commencé à travailler ? » T’en sais rien à vrai dire, autant demander. Puis, le serveur revient pour prendre vos commandes. Tu optes pour un cheeseburger, sans aucune pensée pour ta ligne. Ça viendrait un autre jour.