hyo ( b i n g o )

bakh, le nom coréen qu'il a subit plus qu'apprécié la moitié de sa vie. moqueries ou jeux, enfants cruels qui souriaient en gueulant hyo dans les couloirs, comme s'il allait un jour l'oublier. habitué depuis, le gamin a appris à relever le regard ; fier de ses origines. vingt-neuf janvier, la belle saison, le renouveau. plein de rêves et de pensées nouvelles. le gosse qui devait annoncer la grandeur, qui a amené la décadence mais en a ri. dix-sept ans qu'il se promène avec des boulets aux pieds, le sourire aux lèvres pourtant, incapable de s'enfoncer bien longtemps. séoul l'a vu naître mais ne l'a certainement pas vu grandir. quelques semaines au compteur quand son père a été muté, voyage du bébé qui ne comprenait même pas ce que ça voulait dire. la famille transférée et il a toujours fait avec. à la maison, pourtant, jamais personne n'a renié les origines coréennes et le dépaysement n'était cruel qu'une fois la porte passée. hyo, il a l'amour facile, l'amour impossible. il pense parfois que son coeur bat plus vite, plus fort, mais du haut de ses dix-sept piges, il a encore jamais connu ce sentiment, la folie d'un baiser prometteur. célibataire, il n'a jamais fait que s'amuser de la tendresse, du regard tremblant des jolies blondes. il l'a cru, un temps, quand il a été touché, apprivoisé, par un mec de sa classe. quand il a découvert, qu'au fond, il était bisexuel et se contentait d'aimer les paroles, les regards, les rires, à défaut de craquer pour un genre. le sens des responsabilités, c'est probablement pas encore pour lui. lycéen, il apprend encore à devenir un adulte, un vrai. il apprend la vie, il apprend surtout le passé et l'histoire, la belle, la sale, la compliquée. spécialisation qui lui a toujours plu, revenu dans son pays natal pour le découvrir plus encore. plutôt aisée, papa gagne bien sa vie, là-bas, dans la grosse pomme. l'argent envoyé à son fils tous les mois permet de payer le loyer, permet de s'inviter au restaurant, d'acheter les plats préparés qui lui évitent de cuisiner quand il n'en a pas l'envie. il ne roule pas sur l'or mais se débrouille au final, n'ayant pas réellement de gros besoins. passion éternelle, la natation qu'il pratique depuis que son trouble a été diagnostiqué. hyperactivité qu'il étouffe dans le sport, à défaut d'accepter les médocs que ses parents continuent de lui envoyer au cas ou. saloperies qu'il refuse d'approcher, le gamin préfère se plonger dans le sport jusqu'à épuiser ses batteries, jusqu'à ramper dans un nouveau sourire. décision folle pour retrouver de l'indépendance, envie de casser le cocon qui l'emprisonnait, envie de jouer avec le feu ; décoloration, ses cheveux qui virent au blanc et il a apprécié chaque seconde. aucune envie de revenir à sa couleur naturelle, il s'amuse plutôt à cultiver la couleur de neige. vertige, les hauteurs font trembler le coeur parfois fragile. pourtant incapable d'admettre sa peur, l'enfant sauvage grimpe toujours plus haut, combat la peur par la peur, essaie toujours de pousser jusqu'à succomber au malaise. incapable d'admettre qu'il ne peut tout simplement pas le supporter.