paper cuts )) daw

Les jours passent et se ressemblent, les promesses sont tenues, mais ça ne rend pas leur quotidien plus prévisible et huifan peine toujours à leur trouver un équilibre. Il a recommencé à prendre soin du plus grand et pendant quelques temps ça suffisait, mais ça ne peut durer indéfiniment. Huifan a essayé avec les gestes, les mots et la tendresse, mais rien n’y fait et son doux ange souffre toujours en silence. Il a essayé de lui dire que les autres importent peu, puis s’est rétracté en lui rappelant que certains l’aiment aussi –autant que lui– ceux qui en valent la peine. Il a essayé de lui donner confiance en lui, de lui prouver qu’il l’aime pour sa personnalité autant que son physique, qu’il en vaut des millions et même si les compliments sont souvent niés, ils ne cessent de fleurir. Huifan n’arrête pas, avec ou sans subtilité et jamais trop pour ne pas l’agacer, mais juste assez pour lui décrocher des sourires timides. Les petites victoires ne sont que des pansements sur une plaie béante, ils retiennent l’hémorragie un temps, mais elle finit toujours par vaincre. Huifan en est conscient chaque jour, mais il leur a offert le répit qu’ils méritaient après tant d’épreuves qui ont jusqu’à menacé leur relation, mais jamais leurs sentiments. main dans la main sur des sentiers quasi déserts, le soir et parfois plus tôt, cernés par la nature où daw semble le plus à l’aise. Ils s’accordent plutôt bien sur ce point et le fait d’éviter les lieux bondés ne le dérange absolument pas. ce n’est toujours que mieux s’il peut avoir daw pour lui et rien que lui. « hm tu penses quoi d’un chat ? » la question vient de nulle part tandis que huifan débarrasse les couverts d’une soirée tranquille. « ici, avec nous. » ils ont retrouvé assez de stabilité pour qu’il y pense à nouveau, mais il voulait en adopter un dès le premier jour. il lance un regard vers daw pour tenter d’y deviner une réponse, mais il n’y décèle qu’une paire d’yeux tristes. Las ou fatigués, absents peut-être même. et ce soir encore, le repas n’a pas été un franc succès. Il s’est armé de patience et si daw n’a pas reculé, il n’a pas avancé non plus. « on verra ça un autre jour, j'imagine. » lance-t-il depuis la cuisine, avec un enthousiasme modéré et un sourire qui le quitte lorsqu’il revient auprès de son ange. il y a des choses qu'il aimerait dire, mais ses maladresses ont causé plus de mal que de bien jusque-là et il a préféré leur laisser plus de temps. Il se penche pour lui donner un baiser sur la tempe et l’aider à se lever pour mieux s’accrocher à lui, les bras scellés autour de sa taille. « hey petit ange… à quoi tu penses ? » il fronce les sourcils et malgré la douceur dont il fait preuve, son visage trahit toujours ses inquiétudes. plus de pression inutile cependant, car désormais huifan se cale au rythme de daw, même s’il doute recevoir une réponse honnête. il l'encourage en venant presser ses lèvres contre les siennes quelques secondes, un baiser chaste qu'il répète pour les détendre avant de prendre d'autres devants, moins agréables.

Monotonie étrange. Comme un entrelacement de moments qui se répètent. Sursis. Huifan leur a offert un sursis. Arrêt sur image et le temps qui se fige. Les journées qui se répètent. La solitude qui tente d’être comblée autant qu’on le peut. Il s’acharne Huifan, il le sait bien. Il n’a pas baissé les bras lui. Daw … Daw, il ne sait plus. S’il avance, ou s’il sombre juste à l’arrière. L’impression que ce qui a été brisé ne sera plus jamais réparable. Mais il a arrêté d’appeler à l’aide, arrêté tout simplement. Se laisse porter. Sans abandonner. Sans se battre non plus. Des sourires fragiles comme des offrandes à Huifan. Les victoires de celui-ci. Pas les siennes. Parce qu’il ne sait plus trop. Et les mois s’enchainent. Sursis. C’est comme le calme avant la tempête. Le moment avant la fin tragique. Il ne sait plus. Et il n’arrive même plus à s’excuser. Parce qu’il ne sait pas de quoi. D’avoir brisé Huifan. D’avoir achevé les dernières étoiles dans ses propres yeux. Sans doute. Mais excuses silencieuses, juste ses doigts qui se serrent un peu plus fort autour de ceux de Huifan lorsqu’ils se promènent dans les parcs loin du monde. Juste son étreinte qui se fait plus sûre à l’abri des regards dans ce nid qu’est leur appartement. Juste des baisers laissés contre sa peau lorsque Huifan est sous l’emprise de Morphée. Des attentions fragiles, presque irréelles. Comme des excuses. À défaut d’avoir les mots. Des excuses qu’il voudrait lui donner pourtant. Encore maintenant. Assiette pleine qui le nargue sous ses yeux, à peine touchée, comme un supplice. Huifan ne le force pas, mais la déception est là comme toujours. Silence lourd, et la question qui l’étonne. Un chat … Sans doute qu’il devrait dire oui, pour lui. Mais Daw qui se sent bien incapable de s’occuper d’un animal. Déjà qu’il peine à trouver la volonté de se lever le matin, de juste trainer son corps, de juste … Vivre. Les mots qui résonnent toujours comme un cri déchirant dans sa tête : ‘j’ai plus envie de vivre’. Ces mots qui ont brisé Huifan. Pour vérité tragique. Il a plus envie Daw. Plus envie. Non. Alors il garde le silence, ses mains qui se tordent sous la table pour éviter d’attaquer sa peau dans une mauvaise habitude. Et juste un sourire triste sur ses lèvres, comme s’il attend que son compagnon comprenne. Et Huifan balaye le sujet, comme à chaque fois que Daw bloque, la crainte de le blesser alors qu’au final aux yeux de Daw c’est l’inverse. Main contre sa taille, pour l’aider à se lever, et Daw qui tangue un instant dans l’étreinte. Il n’a sans doute jamais été aussi bas, sans doute jamais été à ce stade là. Anorexie qui le ronge. Démon parmi tous ceux qui le hantent. Et il doute vraiment d’être entre si beau aux yeux de Huifan. Malgré ses mots, il doute, parce qu’il connaît le reflet du miroir. Ennemi personnel. Horrible Daw. Détestable Daw … Baiser contre sa tempe, et la question qui l’arrête dans ses émois silencieux. « Rien … Juste … » Les mots ne viennent jamais plus. Murmure rauque, gamin qui ne parle presque plus. C’est plus facile de ne blesser personne en gardant le silence non ? Baisers qui s’arrêtent sur ses lèvres, comme des notes d’amour pour le motiver. Mais il est fatigué Daw, et c’est presque triste cet état cacophonique dans lequel il plonge. « Serre-moi ? » La question presque inaudible et Daw qui plonge la tête dans son cou. Juste envie de ne rien faire. De se laisser aller. De s’oublier. De disparaître … Mais ça ferait du mal à Huifan, alors il ne dit rien. Comme toujours.

Il a vécu parmi le danger toute son adolescence et plus d’une fois il a frôlé l’irréparable, plus d’une fois il a dû cacher ses blessures aux yeux de sa famille et supporter la pression seul. Il devrait être habitué et ne plus être affecté si aisément, mais il n’est plus question de lui seul désormais. Ce n’est pas sa propre souffrance qu’il doit guérir et plus les jours passent, moins il ne voit d’issue aux problèmes qui les rongent. Il voudrait que le mal disparaisse d’un claquement de doigts et il aimerait pouvoir arranger les choses sans leur faire mal, mais les épargner n’a rien changé. Ce soir encore Huifan tente sa chance et il se sent impuissant face à l’apathie qui touche son amant. Il sourit néanmoins et le prend dans ses bras pour lui demander à quoi il pense, mais tel qu’il s’en doutait, la question est esquivée. Il lui caresse les cheveux en le serrant contre lui pour apaiser ses mauvaises pensées, mais il devra se montrer plus honnête ce soir. Il soupire à l’idée des dégâts qu’il pourrait causer, mais il ne sait plus comment agir et tout ce qu’il tente se résulte par des échecs. « Daw… love. » Il l’appelle en sortant de l’étreinte pour les obliger à se faire face, mais il ne lâche pas sa taille et ne s’éloigne pas tant que ça. Non, il le garde près de lui et son regard est tendre malgré le poids de ses réflexions. « Ça ne va pas, ça n’est même jamais allé mieux… pas même un peu. » Il est fort Huifan, il n’a pas la voix tremblante ni les yeux brûlants, pourtant son cœur entame une course effrénée et il avance dans le noir sans aucune garantie, mais il est temps pour eux de prendre des risques. Il est temps pour Huifan de lui rappeler qu’ils sont deux et qu’il fait attention malgré les apparences. « Tu as la chance d’être en vie, en vie Daw et tu ne le sens pas. » Il lui saisit le poignet et lui pose la main sur son cœur à lui. « Qu’est-ce qui te bloque tant ? Si tu ne veux rien de tout ça, pourquoi tu restes ? » Son regard perd de sa chaleur, mais pas de sa détermination et il a l’air aussi bien désespéré qu’obstiné ce soir. « Ce n’est pas pour moi, ne le dis pas. Je ne veux pas de cette réponse toute faite. » C’était une soirée aux allures douces et chaleureuses, il voulait leur mettre un film et les installer sur le sofa où ils se seraient blottis l’un contre l’autre jusqu’à ce que la fatigue les gagne, mais ça ne les aurait pas servi. Le cœur de Huifan faiblit sous les coups silencieux qu’il subit et les cicatrices se rouvrent petit à petit. Il serre le poing en reculant et son regard vise le sol lorsqu’il passe aux aveux. « Je n’ai pas tant changé… tu sais. J'agis seul, mais je ne suis jamais vraiment sorti de là. J'suis le même type qui t'a condamné à vivre. » Il a l’air si calme, pourtant lorsqu’il retourne dans la cuisine, c'est pour y saisir l’assiette non touchée de Daw et la faire glisser jusqu’à ce qu’elle aille se briser sur le carrelage. « Avec toi j’me sens meilleur, t’es ma lumière et j’ai juste l’impression de t’étouffer un peu plus chaque jour. » La sérénité est brisée, mais Huifan ne cille pas. « Tu t’éteins devant mes yeux et j’me sens con de profiter de toi sans savoir quoi faire. » Il reste immobile un instant avant de marcher sur la porcelaine brisée pour s’approcher à nouveau du plus grand, qu'il essaie de regarder dans les yeux. « Pourquoi tu ne veux pas faire d’efforts ? » Il est las de brasser de l'air et il ne lève pas le ton, pas une once de colère n’est sorti de sa bouche malgré ses gestes, mais son regard lui, mêle culpabilité et accusation. Il aurait préféré agir autrement, mais il doit les réveiller d’une manière ou d’une autre.