corrupted file. (ft. riogrololo)

Première nuit dans cette baraque à l’aura un peu trop féminine à mon goût. Une chance, j’ai passé la journée dans ma chambre, après avoir rencontré une des colocs. Paraîtrait que madame la deuxième coloc n’était pas là parce que madame bosse, et patati et patata. En tout cas, moi, je vais vous dire une chose : j’ai hâte d’avoir fini cette game parce que je commence à avoir soif et que j’ai fini ma bouteille. Quand le boulet de la team parvint à nous faire défoncer en plein milieu d’un raid, je lui balance une salve d’insultes bien senties avant de retirer mon casque, de mute tout comme il faut et de m’appuyer au fin fond de la chaise un peu trop confortable qu’un sponsor m’a filé y a deux semaines.

Pause physiologique.

Je m’arrache à ma chaise pour aller aux toilettes (parce que ouais, pisser dans une bouteille, c’est quand même un truc de crado, m’voyez) et je passe par la cuisine pour descendre non pas un, mais deux verres d’eau pleins à ras-bord. Putain, ça fait du bien. Je regarde l’heure. Ah bah ça va, il est juste trois heures du matin. Je me ferais bien une pizza.

Mes pieds me dirigent vers le frigo, une des premières choses que j’ai repérée en arrivant, et j’attrape la première pizza surgelée que je trouve avant de la déballer et de la mettre dans le four. La grosse flemme d’attendre qu’il préchauffe ce fils de pute. Tant pis elle sera toute molle, pas comme ma bite. D’ailleurs ça me rappelle que je suis en calebar.

Fier de ma pizza pas trop ratée (le fromage a l’air un peu chelou quand même, mais j’sais pas trop. J’espère que c’est pas un truc vegan relou, j’ai pas eu le temps d’aller faire les courses alors je me suis un peu servi chez ma mère, et ma mère a le don d’acheter ces merdes) je la sors du four avant de partir à la recherche d’un couteau pointu avec lequel je galère pendant huit ans. Et là, je prends le morceau du salut, je mords dedans et… j’entends la porte d’entrée ? Sûrement la deuxième gueuse. Je continue à mâchouiller tranquillement jusqu’à ce qu’elle passe dans mon champ de vision. Et c’est alors que je prends la parole, la bouche à moitié pleine de pizza, appuyé contre le plan de travail dans mon t-shirt détective pikachu et mon caleçon noir. « Yo. » Y a pas à dire, niveau premier contact, j’ai rarement eu un meilleur niveau.

d’une certaine manière, rio préférait les gardes de nuit. tant qu’elle se passaient bien et qu’aucun accident ne mettent les urgences en branle. non la plupart du temps, il s’agissait simplement de veiller sur les patients alités et de prendre soin de quelques épaves dont le trop fort taux d’alcoolémie leur offrait un aller simple pour les urgences. et d’une certaine manière la jeune femme aimait bien ce genre de patient. ils étaient certes bruyants mais la plupart d’entre eux tenaient des discours grandiloquents qui avaient tendance à l’amuser. aussi parce que les autres infirmiers n’avaient pas envie de s’occuper de ces cas alors rio finissait toujours pas s’y coller. avec le sourire en prime. bien-sûr qu’ils abusaient de sa gentillesse et elle en avait pleinement conscience mais dans toute sa naïveté elle avait l’impression d’être quelqu’un sur qui comptait. c’était ce qui importait le plus aux de la jeune femme.

tout de même, elle fut bien contente quand l’horloge annonça la fin de son service. quoi qu’elle était un peu angoissée à l’idée de retrouver l’appartement. mia était capable de tout et un nouveau colocataire devait arriver pendant son absence. mia aurait put oublier et laisser le pauvre nouveau à l’abandon devant la porte. elle en était parfaitement capable. ou pire encore, elle aurait put se mettre en tête de faire à manger pour le nouvel arrivant ! m’enfin elle n’avait reçu aucun message lui disant que leur appartement avait pris feu. c’était bon signe, n’est-ce pas ? pas de pompiers ni d’odeur de brûlé en arrivant à la résidence. elle pourrait dormir dans son lit cette nuit. dieu merci.

devant la porte d’entrée elle s’étira et fit craquer son cou. la fatigue était en train de la gagner. une douche, un repas chaud et au lit. ce qui ne l’empêcha pas de ranger soigneusement sa paire de chaussures dans l’entrée. pas qu’elle fut particulièrement ordonnée mais elle avait pour principe de ne pas imposer son bazar au reste des habitants. sans un bruit elle se dirigea vers la cuisine pour aller boire un verre d’eau en premier. il faisait si chaud. pour gagner du temps elle commença à déboutonner son chemisier. ah. elle s’arrêta net lorsqu’une voix masculine se manifesta. elle cligna des yeux avant de tourner la tête mécaniquement vers le garçon. « bonsoir. » et tout aussi machinalement referma un à un les boutons de son haut. évidemment qu’elle avait envie d’aller se cacher dans un coin. pour une première rencontre elle venait de lui offrir une vue plongeante sur son soutien-gorge blanc. la honte. quelques secondes venaient de passer. aller rio dit quelque chose, ne rends pas les choses encore plus gênantes. « enchanté je m’appelle fujibe rio. » elle se pencha en avant pour le saluer. dans un réflexe enfantin elle mit sa main sur sa poitrine pour masquer son décolleté. et elle n’était pas au bout de ses peines. en caleçon. il était en caleçon !! il lui fallut faire quelques acrobaties oculaires pour ne surtout pas attarder son regard sur les jambes – et surtout l’entre jambe, du jeune homme. « tu t’es bien installé ? » elle aurait préféré aller s’enfermer dans sa chambre mais elle avait faim et sa bonne éducation l’empêchait de le laisser planté là.

Bonjour vous. Vous pensez que ça fait louche si je lui dis ça en agitant les sourcils sur le ton de ce mec chelou dans le dessin animé avec la gonz aux longs cheveux ? Oui bon j’admets que ça fait pas élégant avec la pizza que j’ai dans la bouche et mon menton plein de graisse mais hey, si elle a pas d’humour c’est pas ma faute non plus. Je réprime un rire tellement fort que je ne peux pas m’empêcher de sourire et je continue à me gaver de pizza en la voyant approcher. Enfin, je mange pas bien longtemps parce que mon regard est irrémédiablement attiré par un centre d’intérêt bien plus important. Son haut. Je lui dis, je lui dis pas ? Non y a pas vraiment de dilemme, j’attends qu’elle remarque, et je suis même un peu triste quand elle entreprend de le fermer. Dommage. « Jonghyun. » Je prends quand même la peine d’enlever la graisse que j’ai sur la gueule. « Ça sert à rien de cacher, j’ai tout vu tu sais. » OUI BON PEUT-ËTRE PAS TOUT, à mon grand regret.

En tout cas, je continue à sourire comme un con, et je recommence à mâchouiller ma pizza, à peine gêné par le fait d’être en caleçon. Sa question m’amuse un peu. Si je suis là, c’est que je me suis bien installé, nan ? Ou alors j’ai manqué un épisode et j’sais pas trop ce qu’il se passe ? « Ouais. Votre débit est un peu lent mais ça va, on va arranger ça. » Quoi, c’est pas ce qu’elle demandait ? C’est ce que j’ai pu constater, laissez-moi faire mes commentaires. Ça va faire quelques heures que je joue alors forcément, j’ai eu l’occasion de voir que niveau connexion, c’est pas ce que j’ai à la maison. Puis d’ailleurs ça a pas l’air d’être une go qui joue aux jeux vidéos. Elle est peut-être plus du genre Candy Crush et compagnie ? Non parce que si c’est ça qu’elle me le dise direct je vais la remettre sur le droit chemin tout de suite. Jonghyun le sauveur de ces dames, voilà comment il faudra m’appeler !  

Désignant l’assiette où j’ai posé ma création (oui je l’ai seulement réchauffée et alors), je lui souris. « Sinon, tu veux d’la pizza ? » Molle et dégueulasse. J’vais pas lui dire sinon elle en prendra pas et je vais devoir la manger tout seul comme un grand, et laissez-moi vous dire que j’ai pas envie de passer ma journée aux toilettes demain. « Fait chaud hein ? » Elle me trouve lourd ? C’est dommage. « Tu rentres seulement du boulot maintenant ? » Ou alors elle avait un rancard et c’est pour ça qu’elle est rentrée à moitié à poil ? Non parce que ça m’intéresse vraiment. Comme ça je sais si j’dois attendre plus souvent à trois heures du matin avec ma pizza. Pour la science, vous voyez ? C’est important la science. Puis les vrais seins, c’est quand même mieux que ce que tous les mangakas du monde peuvent inventer, qu’on se le dise.  

elle put être choquée, ennuyée, saoulée par la lourdeur de leur nouveau colocataire mais non. dans toute sa candeur rio ne put qu’être gênée par cette toute première rencontre. elle n’avait jamais été à l’aise avec la nudité sous toutes ses formes, encore plus avec un parfait inconnu tel que jonghyun. il n’y avait que pendant son travail qu’elle arrivait à gérer, le reste du temps elle était juste embarrassée. comme à cet instant où ses joues se teintèrent de rose à ces quelques mots. tout vu. rien ne pouvait être plus gênant pour la jeune femme. croiser le nouveau venu au bout milieu de la nuit alors qu’elle s’apprêtait à se déshabiller. mia allait rire quand elle lui raconterait sa mésaventure nocturne. rio gardait sa main solidement plaquée contre sa poitrine, prête à la protéger des regards lubriques du jeune homme. elle n’avait pas l’habitude qu’on la reluque aussi ouvertement – ou plutôt c’était la première fois qu’elle le remarquait. ses formes échappaient rarement aux yeux des hommes mais elle était bien trop persuadée de la banalité de son physique pour s’en rendre compte. et peut-être que c’était mieux ainsi.

« ah. » elle ne passait pas assez de temps à leur domicile pour se rendre compte d’une potentielle faille dans leur réseau internet. et puis qui était-elle pour se plaindre ? ce n’était pas elle qui payait le loyer alors jamais ô grand jamais elle se permettrait de faire la moindre remarque. aussi parce qu’elle savait à peine comment faire pour se plaindre sans que cela ne vire au pugilat et à l’autoflagellation. un peu plus et elle s’excuserait auprès de jonghyun pour la qualité du débit. quand bien même elle n’avait rien à voir avec cela. et puis finalement elle décida de se défaire de ce terrible malaise en quittant le jeune homme des yeux et en rallongeant la distance entre eux. elle fit le tour de la table pour aller chercher un verre et se servir à boire. il y avait toujours de l’eau au frigo – quand quelqu’un ne vidait pas les bouteilles et ne pensait pas à les remplir de nouveau. elle but son premier verre d’une traite avant de s’en servir un second. il faisait une chaleur à mourir dehors et sa récente altercation avec le garçon n’avait pas aidé à refroidir son corps. « je veux bien. merci. » elle lui sourit avec gratitude bien loin de se douter de la qualité de la pizza. elle avait faim aussi et c’était une aubaine de ne pas avoir à cuisiner en pleine nuit pour une fois. elle ne se méfia pas quand bien même la part qu’elle pris était étrangement molle et mordit à pleine dents dedans. évidemment que le gout n’était pas au rendez-vous et fut même surprise par la consistance. marquant un temps d’arrêt avant de se mettre à mâcher.  encore une fois elle ne dirait rien. parce que jonghyun avait eu la gentillesse de partager sa nourriture avec elle. il fallait être monstrueux pour oser se plaindre quand on vous offrez quelque chose. elle se trouvait déjà à la limite de l’impolitesse de penser que la pizza n’était pas franchement très bonne. « hum, c’est étouffant même. » elle répondit la bouche pleine, une main pleine d’huile devant ses lèvres. et avala la faim de sa part. « oui j’étais de garde cette nuit. » elle but une gorgée d’eau. « je peux ? » en désignant la pizza. elle n’était pas très bonne mais avait un étonnant gout de reviens y, aidé par sa non envie de cuisiner. « tu es rentré tard toi aussi ? » innocente au point de ne pouvoir imaginer qu’il aurait veillé jusque si tard dans la nuit.

Elle a l’air gentille, cette meuf. Du style, gentille au point de vous faire vomir des arcs-en-ciel si vous l’écoutez trop, tellement elle est gentille et que ça en devient relou. Totalement le contraire de moi, quoi. Parfois je me demande comment ils font ces gens qui vous disent jamais rien, même lorsque vous faites trop de la merde. Genre, les gens qui s’excusent quand ils cognent une table ou un meuble, alors que n’importe quelle personne normalement constituée serait juste en train d’insulter la race de tous les arbres du monde et de souhaiter du mal à la forêt amazonienne en plus. Ces gens là ils me gavent tellement. Mais bon, vous me direz, ça m’arrange bien si ma coloc est une de ces personnes-là. Je peux lui refourguer ma pizza tranquillement et elle la mange alors qu’elle est franchement dégueulasse. Le rêve quoi. Puis sa poitrine a l’air bien gentille, elle aussi.

D’ailleurs je ne me prive pas de la regarder quand elle va au frigo. Putain j’avais tellement peur de me retrouver avec des thons ou des hommes d’affaires relou, je suis refait. REFAIT. Je me demande ce qu’elle fait dans la vie. Sûrement pas plombière ou camionneuse. Quoique remarquez, ça ferait le bonheur des routiers, s’ils devaient voyager avec une meuf pareille. Ils s’arrêteraient tous en même temps qu’elle quand elle irait faire son plein à la pompe. Vous imaginez la scène ? Définitivement bonne. Je la regarde attentivement pendant qu’elle mange. Elle dit même pas qu’elle est pas bonne. Trop marrant. « Ouais, ouais vas-y. » Je vais lui laisser tout le reste. Peut-être qu’elle aime la pizza molle ? « De garde de quoi ? T’es flic ? » Oui bon, je sais pas quels métiers ont des services de garde. Oh putain, j’aurais pas dû l’imaginer en flic. Je la vois trop comme dans ce clip-là, avec la meuf trop bonne déguisée en fliquette.

Je souris comme un con en la regardant, puis je secoue la tête en riant carrément. « Ah non mais moi je bosse ici meuf, j’suis pro gamer. » Bon, parfois on bouge, mais la majorité du temps je bosse de chez moi et je m’éclate. Puis parfois je fais quelques lives pour les gens, mais bon. En soi, je passe pas mal de temps à la maison. Ça dépend vraiment des trucs. Pour certaines compets on nous fait aller dans des endroits précis. C’est toujours relou. Je reprends un morceau de pizza et je le mâchouille sans honte avant de m’arrêter en désignant l’horreur d’un geste de la main. « Tu trouves pas qu’elle a grave un goût de plastoc c’te pizza ? »

elle mâchouilla longuement, redoutant le moment fatidique où il lui faudrait avaler. non vraiment, la pizza n’était franchement pas bonne mais elle continua de faire bonne figure. parce que jonghyun lui offrait gracieusement un peu de nourriture mais aussi parce qu’elle avait trop faim pour tenter de le vexer. ce serait une première rencontre tout à fait désastreuse et elle serait forcée de se faire à manger. double peine. bien que l’idée de donner une mauvaise impression à son nouveau colocataire inquiétait plus rio que l’idée de devoir cuisiner. après tout elle avait toujours agit ainsi lorsqu’elle rentrait en pleine nuit. ça ne l’avait dérangée de faire à manger, qu’il soit trois heures du matin ou de l’après-midi. et en général elle gardait même une part de côté pour mia afin qu’elle ait de quoi se nourrir pendant que rio dormait encore. son amie devrait faire autrement au petit matin.

elle secoua le tête en riant à la question de jongyun. elle ? policière ? quelle drôle d’idée. rio ne s’imaginait pas une seule seconde en représentante de la loi. surement laisserait-elle filer tous les suspects qu’elle prendrait de pitié. elle avait bien trop conscience qu’elle était trop naïve pour ce genre de profession. elle se ferait avoir tous les quatre matins. non vraiment, rio agent de police serait une vraie incapable. « non, je suis infirmière. » elle était bien plus utile dans le milieu de la santé. quand elle ne se mettait pas à pleurer face aux malheurs de ses patients. là elle devenait particulièrement inutile. et tous s’énervaient contre elle. peut être qu’elle n’était bonne qu’à nourrir son entourage et à parler dans un micro.

et même si la pizza avait un gout douteux elle en repris une tranche. c’était là-dedans que résidait toute la magie de la nourriture grasse. cette capacité à pousser les gens à toujours revenir à ces aliments suintants de tout ce qui se faisait de pire pour le corps humain. et c’était une infirmière qui le disait. il fallait savoir craquer et s’offrir une overdose de mal bouffe de temps à autre. même si une meilleure pizza aurait été accueillie à bras ouverts. rio se contenterait sans sourciller de ce qu’on lui offrait cette nuit. « oh. » véritablement surprise. c’était la première fois qu’elle en rencontrait un. au moins lui semblait avoir la chance de vivre en faisant ce qui lui plaisait vraiment. « j’ai doublé la voix d’un personnage de final fantasy XV. enfin c’était qu’un personnage secondaire. » aussi vite entendue qu’oubliée. comme la majorité de ses contrats. les plus mémorables étaient ceux qu’elle préférait faire disparaître de sa mémoire. trop honteux pour elle.

elle soupira discrètement. il fallait bien admettre que ce n’était pas bon. « c’est vrai qu’elle est pas très bonne. mais comme on dit la faim justifie les moyens. »  elle ria à son propre jeux de mot. aussi mauvais soit-il. elle finit de boire son verre avant de se rendre compte qu’elle avait manqué à tous ses devoirs. il était autant chez lui qu’elle mais il venait à peine d’arriver. c’était son devoir de bien l’accueillir. « tu veux de l’eau peut-être ? » proposât-elle en même temps qu’elle remplissait son verre.

Non franchement, cette pizza est dégueulasse. Limite je me demande pourquoi je bouffe un truc pareil. Par flemme, certes, ça explique beaucoup de chose. La flemme est ma raison de vivre, et ma raison de vivre est la flemme. Alors je continue à mâchonner cette atrocité en me disant qu’au pire, c’est pas le plus mauvais truc que j’aie pu bouffer. Le pire, de mémoire, c’était le jour où j’ai décidé de manger des pâtes que j’avais gardé quelques jours au frigo. Déjà, elles étaient toutes molles, mais en plus elles étaient un peu rances, comme ça. Absolument goûtu. Tout ça pour dire que cette pizza, c’est pas la fin du monde.

La fin du monde, par contre, c’est qu’elle soit pas flic. Ça lui irait trop bien. Mais l’instant suivant elle se rattrape. Infirmière, c’est vachement sexy aussi. Vous savez, les meufs trop bonnes qui sont aux petits soins avec vous quand vous vous faites mal, qui vous demandent si vous allez bien… Ouais c’est gravement plaisant comme idée. Faut surtout pas que j’oublie que je suis en caleçon, la meuf elle se remettrait pas.  « Oh, c’est intéressant. Tu fais les soins à domicile ? » Et je souris, presque innocent. Vous pensez qu’elle est du genre facilement gênée ? Sûrement, vu comment elle a caché son soutif. Le monde entier regrette cette décision. J’vais sûrement pas tarder à tomber malade, avec une infirmière à la maison. Surtout aussi bonne. Vous ne pouvez pas m’en vouloir, je suis sûr que la moitié des hommes feraient pareil. Peut-être même pire. « On t’a déjà demandé des trucs kinky un peu chelous ? » Genre stp madame tu veux pas utiliser le thermomètre rectal j’ai grave envie ? Okay, je retire, ça me dégoûte rien qu’en y pensant. Je sais que ça existe en plus, les tordus du genre. Je passe trop de temps sur le net pour avoir un esprit vierge et pur.

Je reprends un petit morceau de l’immonde pizza, que je galère tout autant à manger que le premier. «  Aaaah, donc un perso que personne a retenu, en gros ? Ça craint un peu. » Elle pense vraiment qu’on écoute les personnages secondaires ? Les trois quarts du temps, c’est ceux qui nous cassent les couilles parce qu’ils donnent des infos relous, et on passe leurs dialogues quand c’est possible. Pauvre elle, franchement. Si ça c’est pas un job de merde. «  T’es infirmière ou t’es doubleuse du coup ? Je pige pas trop. » Et ça m’intrigue un peu. Mais pendant 4 secondes, après je repense à ma pizza.

«  On dit ça ? » Jamais entendu l’expression. Je ris quand même, allez. On va être gentil, elle a l’air de trouver ça drôle. Femme qui rit, à moitié dans ton lit. « Ouais, j’veux bien, s’te plaît. » Et je souris encore avant de mordre un coup dans la croûte de l’abomination culinaire. «  En tout cas, t’as l’air meilleure que la pizza. » QUOI, C’EST UN COMPLIMENT. On peut plus complimenter maintenant ? Je continue à manger sans rien dire en attendant le verre d’eau qu’elle m’a proposé. Parce que j’ai grave soif, en vrai. C’est sûrement leur pizza, là, elle doit être livrée avec la fonction déshydratation intégrée ou je sais pas.

et le pire fut qu’elle ne vit même pas les allusions évidentes du jeune homme sur son métier. pauvre, pauvre rio. incapable de déceler les regards du nouvel arrivant. pas plus qu’elle ne saurait soupçonner la nature de ses pensées. et peut être que c’était mieux ainsi. peut être même qu’il s’agissait d’un atout que de ne jamais se rendre compte des travers de la nature humaine. quand bien même il lui arrivait de venir s’y briser. il y a tant de choses qu’elle ignorait, rendant son monde bien meilleur. et plus sûr pour s’y épanouit ou du moins pour essayer de le faire. car jamais elle ne le serait vraiment. pas tant que la culpabilité continuerait de l’écraser vicieusement. ((aussi vicieuse de jonghyun tmtc)) « non je travaille dans un hôpital. » réponse en toute innocence. il lui semblait pourtant avoir parlé de garde. ce n’était pas clair ? ou peut-être que son coréen avait été approximatif – il lui arrivait encore de faire quelques petites erreurs parfois. et dieu merci elle n’avait aucun moyen de savoir ce qui passait par la tête de jonghyun à ce moment précis. il n’était pas certain qu’elle arrive à le regarder dans les yeux si elle savait tout l’effet qu’elle semblait lui procurer. une véritable aubaine qu’elle n’ait pas conscience de ses charmes. charmes qu’elle continuait de croire enfantins. trop pure pour ce monde. elle eut un léger rire nerveux lorsqu’elle commença à entrevoir où le jeune homme voulait en venir. un peu idiote mais pas à ce point non plus. il y avait bien quelques vieux messieurs un peu borderline mais elle n’avait pas envie d’aborder le sujet. dans ces moments là il fallait sourire et ne surtout pas relever les remarques ou les regards déplacés. juste continuer sa tâche et rester cordial. et parce qu’elle était encore une gamine, ses collègues avaient pris l’habitude de prendre en charge les plus virulents à sa place. rio manquait cruellement de recul dans ses relations avec les patients, ce qui pourrait finir par se montrer problématique. « je- enfin non pas vraiment. » et s’ils ne mangeaient pas un peu de cette infâme pizza plutôt que de parler de choses étranges.

c’était parfait, maintenant ils enchaînaient sur la profession de jonghyun. laissant au loin les patients aux mœurs légères de la jeune femme. quoi que finalement. c’était gênant mais pas blessant. elle avait raté sa vocation rio. être seiyu c’était le rêve d’une vie. et peut être qu’elle aurait put en faire quelque chose si elle n’avait pas tout plaqué d’un coup. elle n’avait jamais eu le courage de s’attaquer au milieu coréen. sûre et certaine de se retrouver face à un mur parce qu’elle était japonaise. elle n’avait jamais réussit à percer dans son pays natal alors à l’étranger… ça lui semblait impossible. et parce qu’il fallait qu’elle travail, rio c’était rabattue sur ce diplôme d’infirmière dont elle avait pensé ne jamais rien faire. « j’étais seiyu mais plus maintenant. » elle se pinça les lèvres. « je suis juste infirmière. » dit-elle avec un sourire amer. et elle noya ses remords dans l’eau et la malbouffe.

elle lui sourit avant de se mettre à lui remplir un verre d’eau. il n’avait pas l’air mauvais, juste un peu rustre – douce enfant. elle n’était pas au bout de ses peines. elle cligna des yeux à plusieurs reprises sous la surprise. rio était surement la seule qui ne l’avait pas vu venir. et la surprise fut telle que la jeune femme resta comme une imbécile, le verre dans la main, laissant le robinet allumé. jusqu’à ce l’eau déborde. « ha. hahaha. » elle avait rarement rie si nerveusement. et le plus bizarre était que d’une certaine manière il venait de lui rappeler ses vieux patients.

Elle est mignonne. Ou ingénue ? Je me pose des questions, parce que l’allusion était quand même évidente et la demoiselle a l’air tellement naïve en y répondant comme ça. J’ai bien compris qu’elle bossait à l’hôpital, hein. Adorable, vraiment. À croquer, comme dirait ma grand-mère. Sauf que mamy, elle pense sûrement pas à la même façon de croquer que celle que j’ai en tête là. Pas très important, je vous avoue. Je continue à manger ma pizza en toute tranquillité, les yeux posés sur elle. Je fais rien de mal, après tout, j’apprécie juste la vie, comme tout homme de ce monde. J’y peux rien si la demoiselle est belle à voir. J’aurais pu avoir une coloc moche, et je crois que je l’aurais beaucoup moins bien vécu. Parce que ouais, j’aurais pas pu me rincer l’œil de temps en temps. Vous pensez qu’elle se balade à moitié à poil ? Sûrement pas, vu la façon dont elle s’est rhabillée.

Dommage. Vraiment dommage.

Et sa réponse est trop hésitante pour que je ne saisisse pas l’occasion cette fois encore. « Pas vraiment ? Donc y en a eu quand même, non ? » C’est juste pas possible qu’avec un physique pareille, la meuf ait pas eu des propositions chelous. Genre, avec des vieux pépés dégueulasses qui ont plus l’occasion de voir des jolies minettes. Le monde a bien changé, si c’est le cas. Je peux aller à l’hosto et rétablir l’ordre des choses, si elle veut. Voir jusqu’où elle fait les trucs sans être gênée. Quoi vous pouvez pas m’en vouloir, cette meuf a l’air tellement innocent qu’on a forcément envie de pousser pour voir jusqu’où elle accepte sans rien dire, non ? Elle a l’air gentille jusque dans son ADN, limite le papa des Supernanas il aurait pas pu la fabriquer, il aurait réussi à mettre trop de sel. Fin je dis ça mais peut-être que c’est juste une connasse qui se dissimule pour faire bonne impression, hein. Je suis quand même le nouveau coloc qui vient de débarquer de nulle part. Faudrait que je mène l’enquête.

Je commence tout de suite, en décidant de ne pas la lâcher des yeux une seule seconde alors qu’elle me sert un verre d’eau et que je continue cette pizza trop molle et franchement pas bonne. Vivement la fin de ce morceau, parce que je ne pense pas pouvoir en avaler un autre. Ça m’apprendra à utiliser des appareils électriques dans un endroit que je connais pas. Les fours c’est trop la roulette russe : tu sais jamais si leur puissance est bien réglée ou pas, et tu te retrouves avec des plats dégueulasses alors que t’étais pas censé pouvoir les rater. Triste vie d’un homme qui essaie de survivre dans le monde des adultes.

« Ouais, je vois. Ça doit être vachement moins fun. » Mais tellement plus sexy. Remarquez, les gens qui doublent les persos font un job de fou, même si les persos secondaires craignent du boudin, mais infirmière, quand t’as son corps, ça vous donne juste envie de réclamer des piqûres ou d’attraper un truc. « Tu doublais juste des persos secondaires ? » Oui, ça m’intéresse. J’aime bien les animes et les jeux vidéos, donc forcément ça m’intéresse. Mais bon, elle doit se douter que c’est pas pour ses beaux yeux que je lui pose la question. Ça ferait grave classe de balancer à mes potes que je vis avec la meuf qui a doublé un perso important dans un de nos trucs.

Sa réaction m’arrache un sourire beaucoup trop fier. Elle est gênée ? ELLE EST GÊNÉE ? « Quoi, t’aimes pas les compliments ? » Mais cette meuf c’est un personnage de manga, putain. Vous savez, la petite meuf de shôjô timide qui rougit à chaque fois qu’on lui fait un compliment et qui drop ses cours de façon totalement random quand son sempai est dans les parages ??? Je vais la mettre mal à l’aise, ça sera mon nouveau sport. « Tu préfères être fraîche comme une bonne glace ? » Je peux lui en sortir des tonnes, j’en ai une réserve incroyable. Mais là, un truc vient de me revenir. « Ah ouais, y a des moments où faudra pas me déranger parce que je bosserai. Je ferai une liste. » Au cas où.

c’était un garçon gênant. jonghyun la mettait terriblement mal à l’aise et le pire dans tout ça était qu’elle s’en voulait d’avoir de tels pensées. alors que le jeune homme venait tout juste d’arriver et paraissait déterminé à établir un dialogue entre eux. et tout ce que rio arrivait à faire, c’était être gênée. si bien qu’elle arrivait difficilement à créer une conversation durable avec son nouveau colocataire. qu’elle hôte terrible elle faisait – même s’il était ici chez lui dorénavant. il allait la prendre pour une fille bizarre et un peu idiote. et surement qu’il ne serait pas loin de la vérité. elle pouvait se flageller ainsi des heures durant même face à l’incarnation de la lourdeur et de la perversion. face à jonghyun, donc. qui ne méritait définitivement pas qu’elle se mette dans tous ses états. mais qui était-elle pour juger quelqu’un ? surtout à la première rencontre. douce enfant, inconsciente du fait qu’elle n’était pas au bout de ses peines et qu’elle allait au-devant de situations bien pire. cette nuit n’était qu’un avant-gout. une fois de plus, il était peut-être mieux que son innocence batte des records et qu’elle ne voit rien venir. parce qu’elle n’était pas au bout de ses peines.

en effet, son travail d’infirmière ne lui procurait pas le même plaisir que son ancienne profession mais au moins elle se sentait utile – sauf quand elle se mettait à pleurer à la place des patients, là elle devenait juste problématique. « oui essentiellement. » elle avait eu des rôles principaux mais uniquement dans des hentais et rio n’en était pas vraiment fière. elle préférait occulter cette partie obscure de son cv. « et surtout pour des animes. » mais elle avait obtenu des rôles de figurants dans des monuments tel que l’attaque des titans ou sailor moon crystal. et même si ce n’était que quelques répliques dans un épisode, la jeune femme continuait de voir ça comme de véritable exploits. « mais j’ai déménagé en corée et j’ai changé de métier. » et elle lui serait gré de bien vouloir changer de sujet. elle n’aimait pas spécialement parler d’elle et encore moins lorsque l’on s’attaquait à des sujets sensibles. elle n’avait aucune envie d’importuner le garçon avec ses problèmes personnels – et jonghyun en a très certainement rien à foutre.

quoi que, finalement peut être qu’elle aurait préféré la partie où ils parlaient de son passif de seiyu. il devait la taquiner. bien loin de se douter qu’il était juste lourd et que sa candeur faisait d’elle une brebis de choix – parce que n’importe qui d’autre lui aurait trouvé des allures de loup qui n’aurait même pas pris la peine de se déguiser en mouton. pas besoin face à rio cela dit. « si enfin je… » elle se mit à bredouiller comme une imbécile et son japonais natal vint de mêler à son coréen. bravo, il venait de nous la détraquer. et pour ne pas perdre complètement la face, elle préféra enfourner une nouvelle part de pizza. pizza dont la consistance ne faisait qu’empirer en refroidissant. elle regretta aussitôt de s’être jetée sur cette nourriture infâmante. elle regardant jonghyun avec les joues gonflées par la pizza. mignon petit hamster au bord de l’indigestion. elle fini par boire un grand verre d’eau pour faire passer le tout. c’était vraiment mauvais – dégueulasse mais elle se permettait rarement un tel vocabulaire. « oui tu me diras. mais la plupart du temps je dors la journée. je ne devrais pas trop te déranger. » mais elle ferait tout de même attention.

Ne suis-je pas un garçon adorable, plein de bonne volonté, mû par le désir de faire le bonheur d’autrui, en leur offrant, par exemple, un morceau de pizza spéciale goût caoutchouc fumé ? Je croirais presque entre mon père. Enfin, ce serait possible, si monsieur mangeait de la pizza. Mais ça, non, c’est bien trop bas-standing pour monsieur. Monsieur, il veut son petit caviar dégueulasse, parce que c’est vraiment de la bouffe de bourge et que je préfère un bon vieux burger des familles. Bref, il est gentil mon père, mais je n’ai pas envie de commencer à causer comme lui. Imaginez, je serais un mec tellement chiant, si je m’y mettais ? Et moi, je ne suis pas un mec chiant. Je suis l’exemple même de la sympathie et de l’altruisme. La preuve, je nourris ma toute nouvelle colocataire – parce qu’elle est bonne surtout, mais personne n’a besoin de savoir ça, pas même vous, je ne sais pas pourquoi je le dis- et je m’assure qu’elle ne meurt pas de faim pendant la nuit, après être rentrée du travail trop tard pour cuisiner. Le cœur sur la main, vraiment ! Puis, entre nous, la demoiselle a l’air plus gentille que mère Térelsa, Tairess… Oh puis merde, la bonne sœur là, démerdez-vous !

En plus, c’est vachement cool de vivre avec une doubleuse. Vous pensez qu’elle acceptera de faire des voix si je suis en vocal avec mes potes ? Bon, j’en doute, elle voudra sûrement que je la paie. Triste vie. Les gens manquent de générosité à notre époque. « Ah ouais ? Lesquels ? J’en ai vu plein. » Oui, enfin, surtout des animes qu’elle ne doit pas regarder. Genre, des trucs bien graphiques, bien sympathiques… Fin, sauf si c’est son truc de voir des gens ken sauvagement en poussant des couinements intempestifs ? Je la regarde. Fait chaud qu’un coup, non ? Je ne peux même pas me mentir et dire que c’est la pizza, c’est une excuse de tapette qui n’affirme pas son attirance, ça. « C’est dommage, c’était un job vraiment cool ! » Certes, être infirmière, c’est cool aussi. Surtout pour les patients qui ne doivent pas se faire tripoter par Eunbi le dindon de 45 ans qui est blasée à l’idée de les aider alors qu’ils sont dans la souffrance la plus profonde.

Ouais, à choisir je préfère madame la charmante colombe qui se trouve dans la pièce sous mes yeux ébahis. Franchement, elle a l’air d’avoir un cul aussi sympathique au toucher que la poitrine que j’ai pu entrevoir. L’avantage, en plus, c’est qu’elle est réelle. Non parce que les demoiselles des jeux vidéo, elles sont grave bonnes, mais c’est surtout des pixels. Dommage. Remarquez, ça ne m’empêche pas de me refaire devant, à défaut d’avoir une vraie meuf. J’aimerais trop avoir une meuf avec un corps pareil, bordel. Non parce que les meufs gameuses, on fait genre elles sont bonnes, mais c’est souvent des petits pâtés ramassés ou des meufs avec des gueules de fouine, là. Triste monde que celui dans lequel nous vivons. « Tu ? » Elle est adorable bordel. Faudra que je le raconte à mes potes. Ma coloc est jap et quand elle est gênée elle bredouille. C’est trop mignon. On dirait une meuf de shojo. Et elle ça a presque quelque chose de sexy de la voir bouffer cette pizza dégueulasse. Bordel, je dois être sacrément en manque pour penser des choses pareilles. « Ça dépend, tu ronfles ? » Un petit clin d’œil, et je ris. « Je déconne, je t’entendrai sûrement pas avec mon casque. » Je réfléchis un peu. « D’ailleurs, j’peux installer mes consoles sur la télé du salon ? » J’ai des jeux cools, ça sera une excuse parfaite si je la convainc de jouer à la Wii. Imaginez, un petit Wii sports, posé… Oui bon, ça date Wii sports, mais ça reste une bonne excuse. La Switch est pas mal aussi. J’aime bien recevoir des trucs okay.

c’était une infâmie. et le fait qu’elle ait enfourné la quasi-totalité de la part de pizza dans sa bouche avait pour seul effet d’intensifier le gout. malheureusement, en plus d’être trop polie pour montrer son écœurement, rio n’aimait pas gaspiller de la nourriture. même lorsque le gout pouvait faire croire que l’on tentait de l’empoisonner. évidemment c’était en grande partie la faute du nouvelle arrivant mais ô grand jamais la jeune femme n’oserait émettre une telle pensée. peut-être qu’il ne savait pas utiliser le four correctement, ce qui pourrait expliquer un raté pareil. ce n’était pas le moment mais elle nota dans un coin de sa tête qu’il lui faudrait montrer comment fonctionnaient les appareils de la cuisine. et même si jonghyun semblait être né pour la rendre mal à l’aise, elle ajouta à sa liste qu’elle devrait lui faire à manger une fois. pour l’accueillir comme il se doit mais aussi pour lui rendre la pareille. elle débarquait sans prévenir en pleine nuit et il la laissait manger une partie de son repas – aussi infecte était-il.

elle avala difficilement la trop grande quantité de pizza coincée dans son gosier. rio but à nouveau une grosse gorgée d’eau, pour faire passer la pilule. elle se laverait les dents pour chasser le gout avec le dentifrice avant même de prendre une douche. « non je ne crois pas. » ses joues semblaient ne plus vouloir quitter cette teinte rosée si gênante. trahissant l’embarras dont rio n’arrivait plus à sortir. « oui tu peux, je ne pense pas que ça dérange hara. » elle n’avait jamais possédé de consoles de jeux vidéos. sa famille n’avait pas vraiment les moyens et surement que leur vieille télévision n’était pas adaptée aux modèles récents. aujourd’hui ce serait surement possible mais la jeune femme n’avait jamais pris le temps de s’intéresser aux jeux vidéos. elle suivait seulement les histoires des licences qu’elle avait doublées. « tu crois qu’un de ces jours tu pourrais me montrer ? » une vraie girouette. tout comme les enfants, il n’était pas compliqué de détourner l’attention de rio et de l’attirer vers une nouvelle chose. elle aimait la nouveauté et prenait un certain plaisir à découvrir ce que les autres aimaient faire.

elle bailla la bouche grande ouverte en la cachant vaguement avec le dos de sa main. la fatigue commençait à pointer le bout de son nez et il lui fallut lutter pour ne pas bailler une secondes fois. il était grand temps qu’elle aille se coucher. « tu vas encore manger ? sinon je vais ranger et je vais aller me coucher. je tombe de fatigue. » évidemment qu’elle allait s’occuper de la vaisselle. même si elle n’avait plus les yeux en face des trous et que c’était sa pizza à lui.

Je suis presque trop heureux de voir la demoiselle bouffer la pizza : ça en fera moins à manger pour moi. Non parce que, en toute franchise, je suis convaincu que sur l’étiquette, on peut lire caoutchouc en grand. Mais je crois qu’on a assez parlé du goût de cette pizza, et pas assez de la saveur incroyable de ma colocataire, que je continue à regarder comme un poisson coloré au milieu d’un aquarium de thons. Oui, c’est à peu près mon sentiment, et je ne dis pas ça parce que les femmes que je connais sont rares ou bien différentes de celle que j’ai devant les yeux, détrompez-vous… Quoique. Faut dire que dans notre milieu, quand une meuf est vraiment bonne, c’est souvent parce qu’elle n’est pas juste là pour faire du gaming, vous voyez ?

Au moins, on ne pourra pas m’accuser d’être égoïste : je partage ma pizza, je suis là pour l’accueillir quand elle rentre du boulot… Certes, de façon un peu inattendue, mais on ne va pas pinailler sur des détails, si ? Ne soyez pas si tatillons. Typiquement le genre de mots qu’emploierait mon père.

Voilà que je ricane quand elle me répond. Et elle rougit. Adorable. « Parfait, je crois que j’vais bien me plaire ici. » Pas comme chez moi, où y avait toujours mes vieux pour râler parce qu’il y avait des câbles partout, parce que les manettes n’étaient pas rangées ou insérez ici une plainte quelconque et inutile que des parents un peu vieux peuvent formuler rien que pour emmerder leur progéniture. Je hoche la tête avec enthousiasme. « Clairement, si ça t’intéresse. » Ce n’est pas une bonne idée ? Bien sûr que si. Et je m’emballe encore en imaginant une meuf comme elle jouer. Hey, faut que je me calme. Je n’étais déjà pas émotionnellement prêt à avoir une meuf pareille en coloc, alors si en plus elle me demande de lui montrer les jeux, jackpot hein. Vous pensez qu’elle acceptera de me montrer ses seins en guise de remerciement ? Non parce que ça serait vraiment sympa comme idée. Vous pouvez lui souffler ?

« Nan, je vais retourner dans ma chambre aussi j’crois. » Et c’est bien qu’elle propose de ranger, j’ai la flemme j’aurais laissé tout traîner jusqu’à demain. D’ailleurs je finis mon morceau de pizza et je bâille un bon coup en vidant mon verre d’eau. « Allez, bonne nuit poulette. » Et sur ces mots, je pars vers ma chambre pour raconter mes nouvelles fabuleuses aventures à mes potes… Et me soulager au calme.