everquiet - hyunseong

Il y a sa main qui s’arrête. Là juste contre la porte sans oser toquer. Sans oser être brave. Il sait pourtant qu’il ne dérange pas. Il sait. Les rappels constants. Les assurances. Et pourtant dans un sens l’impression de décevoir. Non pas qu’il ne leur, lui, fait pas confiance. C’est son être que Daw redoute. Sa propre personne. Ses égarements. Son oubli. Ce manque de volonté qui pèse. Il n’a même pas réussi à lui parler. À Huifan. Les mots qui se perdent dans des sourires vides. Les mots qui se bloquent contre ses lèvres closes, un joli sourire. Marionnette vide. On a coupé ses liens. Non il les a coupés. Lui-même. Fatigué. Et il n’arrive plus à lui parler. La crainte qu’il parte. S’en aille. Disparaisse de son monde. Alors il reste docile, tranquille fait ce qu’on attend de lui. Qu’il aille mieux. Fait comme si de rien n’était. Malgré les remarques, les suppliques. Malgré Chulhei qui tente de le faire sourire, malgré Huifan qui tente de l’atteindre. Il se replie derrière un joli sourire, et un silence qu’on lui connaît bien. Il se replie derrière ses yeux baissés et des hochements de tête. Il se replie, se perd. Mais sourit quand il faut. Il va mieux. Le simulacre est tenu. Il va mieux. Et pourtant lorsque ses doigts éraflent le bois dans un des coups discrets, il a la gorge nouée. L’envie de pleurer. Il n’arrivera pas à lui mentir à lui. Hyunseong. Qui voit à travers ses mensonges. Hyunseong qui sait quand ça ne va pas, d’un regard, d’un geste. Il aurait du venir le voir plus tôt. Regrets en pagaille, en bataille. En bouquet. Et Daw n’a pas envie de lui mentir. De le décevoir. Même si dans le fond lui aussi il veut sans doute qu’il aille mieux. Mais c’est pas aussi facile. Démons du passé qui le ronge, influence néfaste de sa propre personne. Ce n’est pas si facile. Surtout quand on a plus envie de vivre. De faire des efforts. Fatigué. Lessivé. Y’a ses doigts qui retapent à nouveau contre la porte, le regard qui passe d’un point à un autre, en alerte. Déjà prêt à faire demi-tour des idées noires plein la tête. Plein le ventre. Des idées noires plein le cœur aussi. Mais le bois craque, la porte s’ouvre, et Daw lâche un soupir soulagé qu’il ne pensait pas avoir retenu. Toujours légèrement tassé, recroquevillé, ce besoin de se faire tout petit. Petit, petit, invisible. « Hey. » Cils qui papillonnent, le regard qui peine à se lever, à se poser sur l’homme en face et ses doigts qui naturellement viennent se perdre dans ses manches trop longues. « Je … dérange pas ? » Murmure. Il a l’impression qu’il résonne trop dans le couloir. Sa propre voix insupportable. Chuintements qu’il hait tellement. Des envies ignobles de finir le travail, de replacer une lame contre sa peau, de … Stop. « Je peux … repasser. Je … Tu … » Et y’a une de ses mains qui se tend légèrement, doigts qui frôlent le tissu de son haut. Appel à l’aide. S’il n’arrive plus à trouver de l’aide chez Huifan, chez Chulhei, peut-être que dans la figure forte de Hyunseong il pourra. Peut-être qu’il l’empêchera de se perdre. De disparaître. Peut-être. « S’il te plait ? »

les quatre murs se font à la fois trop grands et trop opprimants, le vide résonnant en l’absence de juno. juste le temps de quelques jours, l’acteur ne pouvant pas se défiler à certains engagements dans son pays natal tandis que hyunseong était de retour au sien, de nouveau enchaîné par sa famille, comme avant. il s’en veut horriblement de faire passer ses bourreaux avant l’amour de sa vie,  à part sa foi qui lui demande de faire preuve de pardon mais qui, en comparaison, ne semble plus si importante. le besoin de s’en distraire devient donc urgent, presque étouffant, et il se perd dans les tâches en tous genres à longueur de journée pour ne pas se ronger les ongles à penser à ce qu’il pourrait arriver à juno en son absence. le bruit à la porte sonne comme un air de salvation et la présence de daw l’est encore plus. les traits crispés de hyunseong s’adoucissent devant sa silhouette et revêtent une pointe de soulagement alors qu’il lui ouvre la porte.  « non, jamais. » daw ne le dérange jamais, peu importe la lourdeur des maux et blessures qu’il vient panser chez lui. hyunseong en a besoin pour redéfinir sa raison d’être, quand juno n’est pas là pour le faire. il se sustente de la peine du plus jeune. « entre. » la voix se fait invitante, dissimule le ton commandant qu’elle a l’habitude de revêtir derrière un sourire chaleureux alors qu’il ouvre la porte et s’écarte pour l’attirer dans sa tanière. daw n’a pas le choix de rentrer chez lui, ou d’aller ailleurs. ils ont tout autant besoin l’un de l’autre. « je faisais justement à manger. installe-toi ! » il désigne la table déjà dressée d’un geste nonchalant avant de se précipiter vers la cuisine ouverte, redoublant d’efforts alors qu’il s’occupait de la cuisine beaucoup plus lascivement, presque lassement avant son arrivée. celle-ci le revigore, lui insuffle une force nouvelle alors qu’il s’affaire à jouer à l’hôte et à l’ami parfait. survolant les casseroles bouillonnantes sur le feu, hyunseong en déguste le contenu un par un, variant ses expressions selon l’état de chacun. il s’empresse de mettre de côté les plats déjà terminés et se met à ajuster ceux qui cuisent encore avec une telle concentration qu’il en oublierait presque la présence de son invité. désireux de lui rappeler qu’il a tout de même toute son attention, hyunseong décide de le faire participer à la tâche. peut-être qu’il a besoin d’être occupé, lui aussi.  « en fin de compte, je vais avoir besoin de ton aide, » s’écrie-t-il par-dessus son épaule, son regard toujours à moitié fixé sur la cuisinière, le dîner est pas encore prêt, tu peux m’aider à mettre la table en attendant ? »

Daw c’est des tentatives avortées, des mots tuées, assassinées par ses propres lèvres et juste des jolis sourires. Il ne dit presque plus rien. Ne sait plus trop comment ne pas se perdre. Conscient de ce qu’il est. Conscient de ses erreurs. Ses mains qui ne se tendent plus vraiment vers les autres. Plus d’appel à l’aide. Non des jolis sourires. Il se laisse aller. Il a abandonné. C’est une triste réalité. Même s’il tente de faire des efforts. Ce n’est jamais assez. Créature décevante. Jamais assez bien. Et encore une fois, il a des envies de fuir. Parce que Hyunseong voit dans son jeu. Si facilement. Aucun mensonge qui ne passe ses lèvres. Et pourtant quand la porte s’ouvre sa voix déraille et l’impression de déranger l’étouffe. Déjà des excuses pour revenir plus tard, mais une dernière fois sa main qui se tend. Parce qu’il n’a plus envie de vivre. Mais sombrer l’effraie totalement. Panique en des éclats dans ses yeux. La crainte qu’il ne lui refuse sa présence. Mais acceptation salvatrice, et Daw qui s’excuse en entrant, chaussures laissées à l’entrée, et le regard qui n’ose se faire curieux sur l’espace de vie du plus âgé. Gamin pourtant crispé, bloqué en plein milieu du salon, son regard qui coule effrayé sur la table puis sur la cuisine. Manger. Non. Pas ça. Enfer personnel, si maintenant Huifan ne dit plus rien sur son assiette pleine et ses sourires désolés, sans jamais le forcer, il ne sait rien de Hyunseong là dessus. Craint ses réactions, son regard, son avis. Et son silence doit peser. Trop, parce que lors que le plus âgé lui reparle, il sursaute. Mains cachées dans les manches de sa chemise trop longue, et l’envie de s’excuser de partir. Mais envie mise à mal, parce que si la voix est douce, il y a toujours ce commandement naturel chez lui. Et Daw il accepte. « Okay … » Si le couvert est mis, il imagine qu’il manque le reste sur la table, les accompagnements et les différents repose-plats. Pas habitué à ça Daw. Habitué à grignoter dans sa chambre, repas en famille inconnu, puis à manger de moins en moins, trop de stress, d’angoisse, trop de tout au final. « Tu n’es pas obligé … d’en faire autant … Je n’ai pas très faim. » Pas du tout. Et le murmure de sa voix comme son habitude. Hyunseong se doute peut-être. Il sait déjà qu’il se scarifie. Qu’il macule l’intérieure de ses cuisses de traces sanglantes. Pas forcément envie d’avouer à quel point il est encore plus détraqué. À quel point il est tordu. « Il manque quoi ? » Pas hésitants vers la cuisine ouverte, des envies d’aider, d’être important, de ne pas juste se sentir vide, inutile, déplacé. D’effacer ce sentiment de gêne. D’arrêter de se demander ce qu’il fait là.