A journey of a thousand miles begins with a single step (Ma)

Ma n’a pas vécu avec ses parents ; sa mère, seule et enceinte après le décès de son compagnon dans un accident de travail, a préféré le confier à sa tante, qui rêvait d’avoir un enfant – mais dont le mari était malheureusement stérile. Il apprendra plus tard, dans l’incompréhension et la tristesse liées à son abandon, que la femme qui l’a mis au monde s’est suicidée quelques mois plus tard, après avoir sombré dans l’alcool.

Plutôt que d’assumer ce don de Dieu qui lui aurait peut-être permis de remonter la pente, elle s’est laissée glisser toujours plus bas. C’est bêtement dommage.

Ce n’est pas pour autant qu’il n’a pas été heureux, même si ce fardeau fut lourd à porter pour son jeune cœur. Sa nouvelle famille était adorable et lui a donné toute l’affection dont un petit garçon a normalement besoin. Il fut gâté et chéri comme aucun autre enfant dans son entourage, mais ça ne le rendit pas égoïste et aigri pour autant.

Il fut le premier à avoir un téléphone portable à l’école, le premier à surfer sur internet et à jouer à des jeux vidéo. Cela devint presque une addiction qui le tenait éloigné des autres, et sa tante et son oncle furent obligés de mettre un stop pour qu’il ne devienne pas trop accro. Malgré tout, ils restèrent relativement laxiste et le garçon trouva de toute manière des moyens détournés de s’amuser. Ils ne le surent jamais.

A l’adolescence, Ma passait le plus clair de son temps entre ses jeux vidéo, quelques rares sorties avec les amis, et Youtube qu’il affectionnait particulièrement. Il suivait à cette époque bon nombre des youtubers taïwanais et chinois, et voulut rapidement faire comme eux. Cependant, sa tante n’accepta pas les choses aussi facilement, et il fut forcé de choisir des études pour avoir à la clé un vrai travail, une vraie situation. Bon. Pourquoi pas infirmier ? Il ne sait pas vraiment pourquoi il choisit ça, mais heureusement, ce ne fut pas une perte de temps et les études ne furent pas trop fastidieuses.

Lors de sa dernière année, d’ailleurs, il réalisa enfin son rêve et ouvrit sa chaîne Youtube. Succès immédiat. Est-ce que ce fut sa bouille d’ange, son grand sourire, ou simplement les sujets qu’il abordait dans ses vidéos ? Aucune idée, mais un million d’abonnés, ça n’est pas rien.

Son stage l’envoya en Corée du Sud pour y travailler pendant trois mois. Toutefois, à l’issue de ceux-ci, il ne revint qu’un court moment à Taïwan avant de repartir ; il était tombé amoureux. De la culture, de la nourriture, de la langue (qu’il maîtrise très mal) et des stars. L’hôpital dans lequel il bossait, satisfait de son travail, n’eut aucun problème à l’embaucher pour de bon, et après bien des péripéties, il peut enfin s’affirmer au sein de la capitale coréenne.

Et peut-être un jour, quand il sera prêt, créer une chaîne secondaire dans la langue du pays, qui sait ?