down to the bottom, ten thousand emerald pools — hea&yon

(theme) — Les peurs, les redoutés : celle de voir les barrières autour de son cœur en ruine, celle de perdre ses repères et avec ses principes, le désir ardent de s’égarer dans des yeux aux couleurs de Mars (tout aussi mortels qu’ils ne l’étaient), un jour mal lire les traits sur le visage qui hante son esprit, toujours mal dire ce qui la fait baisser le regard, ce qu’elle implore pouvoir débarrasser sa poitrine. Les gens qu’elle blesse et ceux qu’elle blessera encore et encore ; le regret d’un astre perdu.

C’est une guerre d’âme qu’elle ne veut, ne peut pas mener ce soir.

Ses poumons brûlent par manque d’oxygène. Ses yeux fixent une lune déformée et sa vision s’obscure aux quatre coins ; il y a comme un écran de verre qui la sépare du reste du monde. Cette quiétude, apaisante et occasionnellement brisée par ses pensées fatidiques et assourdissantes dans ce vide liquide, se dissipe tantôt Yon regagne la surface pour une brusque goulée d’air.

Tout en un, la voix de Willie Davis l’accueillit, les étoiles dans le ciel et un enchevêtrement fugace. Tel un voile qui recouvre son corps, la nuit tient une promesse d’auspice. Son cœur palpite dans ses oreilles, mais son cœur bat ; ce soir, l’éreinte se sent plus écrasante alors rien que ce fait la console.

Elle rame jusqu’au bord de la piscine, là où l’attendent son téléphone et son Single Malt, là où elle repose un bras et attrape sa bouteille pour boire à la source. Soif inassouvie, absence noyée, you’re not in my mind if i don’t have the mind to think of you. Yon n’est plus certaine d’où elle en est – parce qu’elle s’étiole quand Hea n’est pas là, s’enflamme quand elle l’est. Bosra, conquise en un soir : tout son être écroulé et reconstruit et elle ne se reconnait plus.

A cheating filthy piece of shit is what you are, No. Cheers to that. Pourtant Hea reste un ange à ses yeux, parfaite, d’un autre monde. Hea qui ne voit aucun problème à guider le visage de Yon jusqu’au sien et sa bague toujours au doigt.

Et elle n’a pas tête à ça.

Ce n’est que quand elle repose enfin sa bouteille qu’elle ne perçoit la silhouette au noir un peu plus loin d’elle. Son regard devient torve, corps à l’affût. L’avocate bat des paupières, tente d’avoir plus de clarté malgré l’alcool dans son système. Les couleurs sont toujours aussi floues quand elle boit, et les lumières ternes de la piscine ne l’aident pas. Elle perçoit ce qu’elle peut, mais c’est suffisant quand il s’agit d’elle. Chevelure auburn, lèvres écarlates, iris constellés ; elle laisse un long soupir la quitter et repose son front contre son bras. « Fuck, you scared the shit out of me, Hea, » susurre-t-elle à la rousse, penchant la tête pour la regarder d’entre ses cils. Ce n’est pas le volume de sa voix, mais son ton, qui marque sa peur tournée en tranquillité. Yon reconnait le rythme maintenant familier que prend son palpitant, reconnait le rictus que tracent ses lèvres. Ivre, d’alcool ou d’affection, elle ne se sent pas coupable. Just contente, juste fatiguée.

« Hi, » salut-elle, l’air penaude et ses joues rosies. You look so beautiful tonight, too. Hello.

ootd— Elle se souvient. Du goût de ses lèvres (sucré), de la pression de son front contre son épaule (amer). Les plaintes de Yon, ses peines à peine dissimulé. Elle se souvient surtout du lendemain, Yon devant sa porte avec une boite de cupcakes et aucun n’était rose, elle portait la chemise qu’elle lui avait offerte, and she was so lovely. Hea n’a pas ôté son regard d’elle, la façon dont elle s’assoit et ses coudes se posent joliment sur la table, ses lèvres qui se meuvent, s’entrouvrent légèrement pour croquer un morceau de pancake – elle veut les toucher encore, s’assurer de cette sensation, est-elle éphémère, réelle ?  Même les œillades crispées qu’elle lance parfois vers Siyeon sont adorables. C’est tout ce que pense Hea. Ces petits bouts d’elle taraudent son esprit, la hantent et l’obsède. Contre ses lèvres, son prénom devient le plus beau des chants. Yon, Yon. Elle est éprise et sous l’emprise. Elle est poussière. Elle est l’incompréhension, avant tout. Et plusieurs fois, elle a hésité. A chaque fois, un Siyeon, hésitant, quitte ses lippes tandis que ses fins doigts s’agrippent de façon enfantine à la veste de son mari, elle désire des réponses, une aide, de lui qui semble tout connaitre. Il a si longtemps été son seul ancrage à la réalité. Mais sa couardise prenait le dessus, ou simplement l’envie que ce soit son secret à elle. Plus jeune, c’était des amis imaginaires qu’elle cachait à ses parents, guidée bien souvent par ce sentiment possessif qui n’avait pourtant pas entièrement de sens à ses yeux. Et Yon, elle était un plus beau secret encore.

Malheureusement, ça ne lui va pas de réfléchir autant. Ses pauvres petits neurones grillent et surchauffe.

Et quand le besoin d’une baignade nocturne gronde en elle, elle ne le réprime pas, au contraire. Ce ne sont que quelques minutes qui s’écoulent avant qu’elle ne soit en maillot de bain, peignoir sur les épaules et corbeille de fruits entre les mains, en cas de creux.

Ses sandales laissent derrière chaque pas un bruit qui fait écho au silence qui les entoure, elle en rit la môme, fasciné par le plus infime.

Mais le silence se noie un peu plus, dans les claquements de ses pas mais dans un air de musique qui s’éprend d’elle, forcer ses pieds à bouger plus rapidement.  

Jusqu’à ce que ses pieds s’arrêtent, Yon est face à elle, un peu plus bas, une bouteille et proximité et le corps sous l’eau. « Sorry ! » répond-t-elle en riant, aucunement sincère dans cette excuse et les deux syllabes qu’elle utilise bien souvent pour justifier le moindre acte reproché. Elle laisse son peignoir glisser le long de son corps, repose son panier de fruits en même temps qu’elle ne se baisse au niveau de Yon. « Tu as eu envie d’un bain de minuit, aussi ? Great minds think alike. » Bien qu’elle ne réduirait jamais Yon au statut d’un cerveau similaire au sien. « Tu me fais une place ? entre le rebord et toi ? » Elle glisse ses jambes dans l’eau et s’assoit sur le rebord. Son regard s’échoue sur Yon.
« Tired ? »

(theme) — Colère, frustration, confusion, affection, puis enfin l’épilogue : résignation. Elle est passée par tous les chapitres du livre, par toutes ses couleurs d’âme ; toutes les émotions qu’elle connait, et ceux qu’elle ne sait pas étiqueter, et ceux qu’elle ne veut plus jamais revivre. Là, il n’y a plus qu’un sentiment qui ressemble vaguement à de l’apaisement. Un égarement voulu, une transe lénifiante. Le monde en pause, tout le reste avec. Il y a une certaine léthargie dans son jeu, ce soir, une lenteur remarquée dans ses gestes las. Peut-être l’alcool, peut-être la musique qui berce sa conscience – pour une raison ou pour l’autre, Yon se sent bien, se sent sereine.

Comme délivrée d’un lourd fardeau, ne serait-ce que le temps d’une nuit.

Le Single Malt est une trainée de feu qui va de ses lèvres jusqu’à son sternum et qui dure longtemps même après sa dernière gorgée. Le peignoir, et la façon dont il glisse contre la peau de Hea jusqu’à pieds n’aident pas. Dans toute son apothéose la déesse, ou presque, ou mieux, elle se présente insouciante. Quand Yon la salut, sa voix est si fine qu’elle se brise ; elle boit depuis un moment, maintenant, boit à l’abandon et ne sait pas que faire d’une telle vue. Elle se retrouve submergée par le besoin, le sentiment si fort qu’un frisson la traverse – approche, approche-moi, s’il te plaît ; reviens-moi.

Ses joues s’enflamment, elle le sent. Ce qu’a commencé timide, devient un sourire si grand que ses yeux disparaissent. « C’est ma citation préférée, avoue-t-elle, toujours à moitié cachée contre son bras, great minds think alike. Tu le savais ? » Elle n’y pense pas trop lorsqu’elle se plie aux désirs de la belle rousse, instinctive lorsqu’elle abandonne sa position pour permettre sa requête. Ses jambes canotent pour la maintenir à flot, des mouvements indolents mais gracieux, ses mains restent contre le rebord. Hea s’approche d’elle, désinvolte lorsqu’elle s’installe juste devant elle, juste là. Ses pieds frôlent ses cuisses sous l’eau quelques fois, mais c’est assez pour lui voler son souffle. Elle se perd dans les iris de sa belle, n’y ressort que pour tracer ses lèvres dans son esprit. Tentation cruelle, reine sur l’échiquier alors qu’elle ne la croyait qu’un simple pion. « Yea. I’m jus’ a bit drunk. You ? » Yon déglutit pour défaire le nœud dans sa gorge. « Couldn’t sleep, too ? »

Il n’y a que l’envie qui la mène, rien que ses attraits, aucune seconde pensée, même pas un pincement de peur. Elle se rapproche un peu plus à son tour, sent les jambes de Hea s’écarter pour lui céder place. Les feux de la ville brillent autour d’elles, brillent pour elles. « You’re so much skin, tonight. » Susurre-t-elle d’entre ses lèvres entrouvertes, de la fascination qui danse dans ses yeux mi-clos lorsqu’elle lève la tête pour mieux la voir, envoûtée. Elle veut tracer chaque courbe de ses lèvres, veut marquer ce qu’il ne lui appartient pas, veut sentir sa peau nue contre la sienne, veut sentir ses doigts dans ses cheveux tandis qu’elle vocifère son prénom ; elles n’ont pas à aller plus loin, elles n’ont qu’à rester ici et oublier que les conséquences et les attaches existent. Elle n’engage rien, ne force rien, sait que le contrôle n’est pas sien, et elle n’en veut pas. L’urgence se lit dans sur son visage, son désespoir s’entend dans sa voix, son cœur risque d’exploser. « Please kiss me. » I’ve been a mess, waiting since the last time we kissed and you didn’t kiss me back. Elle n’ose pas le dire. That broke my heart and you heard it. Elle n’osera jamais le lui dire. I’ve been so patient. I’ve been so good. Préfère le lui montrer lorsqu’elle supplie, « S’il te plaît. »

Spoil me ; I deserved it.

ootd— « Non, je savais pas. » Un souffle qui s’échoue non loin de Yon alors qu’elle se baisse, corps offert sans le peignoir qui le dissimulait jusque-là, l’habit était au sol, à l’image de ses sentiments échoués à terre quand la brune était là. Yon. Tout commence par elle, se finit par elle (elle espère). Elle sourit doucement. Les effluves d’alcool parviennent jusqu’à ses narines, elle n’est pas certaine si c’est Yon ou la bouteille de single malt, le whisky a cette odeur familière, son mari en est adepte. C’est étrange que Yon le soit aussi. Une force la guidait-elle sans cesse vers des personnes similaires ? Pourtant, il n’y avait rien de semblable, l’essence même de chaque relation était différente. Elle n’a jamais eu envie d’embrasser ainsi Siyeon, son cœur n’a jamais battu si fort, que ce soit dans ses bras ou dans son manque. Yon est la découverte, belles pensées qui entravent un esprit libre. Not for long. Elle l’observe, la guette. Son regard ne la quitte pas, bien que celui de Yon semble ailleurs. Éclairée par des parcelles de peau qu’elle daigne poser sous son regard.

Elle approche encore. Proie mais aussi prédateur. Elle ne cille pas, la gêne ne s’éprend pas d’elle non plus, notion inconnue. Il y’a seulement son cœur qui gronde, bourdonne – s’étiole, à s’enfoncer dans une cage thoracique où il s’étouffe. Et son corps cherche sa proximité inconsciemment, elle quémande une place, Yon se plie à sa requête. Hea se glisse doucement jusqu’à s’assoir sur le rebord. Elle n’est pas glacée, elle n’en frissonne pas, heureusement, parce que le regard de la brune réussit bien assez à la faire faiblir.

Leurs yeux se recroisent, se retrouvent cette fois pour ne plus se quitter. Elle soutient son regard et ses mains se perdent sur les épaules de Yon, douce caresse. Elle joue avec elle, glisse ses doigts mouillés contre l’épiderme et y laisse une myriade de gouttes d’eau qui la font bêtement sourire. Elle est belle, Yon, doux astre qui aurait sa place au ciel. Mais elle n’est pas mécontente qu’elle partage la même eau qu’elle, déchue du céleste. « I was bored and lonely. » Elle avait pensé à l’appeler en sortant, puis l’hésitation avait fait son bout de chemin. La peur de déranger comme elle le fait bien souvent, elle s’est abstenu.

Elle appuie un peu plus contre les épaules de Yon, la jeune femme finit par s’approche d’elle et ses jambes s’écartent d’instinct pour lui laisser une place. It feels right. She. Her. Them. « Ah bon ? Do you like it ? » Ses doigts glissent jusqu’à ses mèches rousses pour relever ses cheveux et exposer son maillot de bain, qu’elle pense naturellement, et avec innocence, être la pièce-maitresse de l’attention de la brune. « It’s from an independant creator, je l’aime beaucoup. » Elle sourit, pensant déjà à emmener Yon voir ses nombreux modèles, tout lui irait.

Quand Yon lève la tête vers elle, la rousse baisse la sienne. Les centimètres deviennent millimètres, aspirent à s’évaporer en néant.


Elle cille pour la première fois, sa tête bascule sur le côté. Elle se perd sur son visage, redécouvre chaque trait, chaque détail comme pour la première fois. « Why ? » Ses doigts reviennent vers elle, leur pulpe trace les contours de son faciès jusqu’à trouver leur place sur sa joue. La distance disparait, devient mirage quand leurs lèvres se retrouvent. Elle enroule ses bras autour de son cou et se laisse tomber dans l’eau, sans jamais briser le contact. « It felt like last time. » Elle revient vers ses lèvres encore, les ravagent tendrement.

(theme) — Elles sous-entendent plus qu’elles ne disent, ces belles demoiselles : dévore-moi des yeux et je saurais si tu m’aimes. Une danse maîtrisée, ou presque ; celle où elles tournent autour de l’évident sans jamais trop oser – sans jamais savoir oser même si le désir est là. Ce soir, en cette quiétude si particulière, c’est différent. Elles ne sont pas nues mais il y a tant à voir. Tant de peau, tant d’espoir, et il suffit de lire entre les lignes. Car les barrières sont effondrées, et les armes sont abandonnées, et Yon ne s’est jamais sentie aussi vulnérable. Libérée, aussi, quand elle réalise que la nuit est faite sombre pour camoufler les attaches.

Hea l’a toute entière, elle n’a plus à le cacher, et elle ne peut plus le cacher. Elle ne veut plus faire comme si. Comme si son cœur ne s’affole pas à sa vue. Comme si elle n’a pas mal qu’elle ne soit pas sienne en retour. Comme si elle ne veut pas la tenir contre son corps et poser ses lèvres partout, partout. Alors Yon la dévore des yeux, dit je t’aime sans le dire. Des mains se posent contre son épaule, fébriles celles-ci et à la fois sûres. Des symboles se tracent sur sa peau humide et font sourire sa belle rousse. Elle les espère être des mots d’amour chiffrés dans une langue qui leur appartient ce soir, demain, et même quand l’éternité cessera.

Éprise, elle permet un sourire à son tour.

« Call me the next time you feel lonely and bored, yeah ? » Douce – dans son regard, dans ses expressions, dans ses gestes – elle propose. Fragile aussi, mais plus elle ressent pour elle plus elle désire être touchée. Plus elle l’approche plus elle réalise l’étendue de ses sentiments. Autant sobre elle se serait centrée sur ses peur, ivre elle ne pense qu’à la façon dont Hea pousse ses cheveux pour lui exposer plus de peau. Son innocence, ses attraits, contraste. Elle pense à révéler le fond de sa pensée, et combien elle aurait préféré l’avoir sans son maillot. Comment elle aurait préféré l’avoir. Or les mots n’ont plus leur place, quand elle lève la tête. Enchaînée à son regard, esclave de ses iris. Leurs souffles se confondent, elle en est bien trop consciente.

Please kiss me. Ce souhait l’avait quitté comme une prière, pitoyable celle-ci, trop pleine, trop lourde. Une ode d’oraison. Ses yeux dans les siens, à l’affût, she feels on edge all the goddamn time around her. Yon n’est pas certaine de savoir expliquer, mais elle essaye, échoue lamentablement. « Because I might die if you don’t kiss me, Hea. » Because I’m always craving heartbreak when you look at me like I might be your whole world. C’est honnête autant que ça n’est insuffisant, la deuxième partie de sa confession retenue pour un autre jour, s’il y a un autre jour. Mais elle n’a rien d’autre à dire, et peut-être que ça l’est, suffisant. Hea s’approche, mais Yon n’arrive plus à attendre. Ses mains effleurent ses hanches et elles les agrippent pour la pousser vers elle, pour qu’elle les enroule autour de sa taille. Elle capture enfin ses lèvres, la plaque contre le mur derrière pour se blottir contre elle. Le goût du bourbon s’efface, elle enivre ses sens. Il y a une cruauté dans ses gestes, une certaine fougue qui a rarement teinté leur dynamique avant. Une main monte, trace les courbes de la rousse tendrement. La température augmente, ou ce n’est peut-être qu’une illusion, mais elle le ressent partout, et en un frisson qui devient liquide tantôt elles se séparent. Hea dit quelque chose que Yon accepte d’un souffle lourd contre ses lèvres. « Do you feel good for me, hm ? » Une demande susurrée tandis qu’un mouvement du bassin se fait et l’aînée guette une réaction, un soupir, une indication quelconque.

Let me hear you.

Elle l’embrasse encore, ne veut faire que ça tant la permission lui est accordée. Plus longtemps cette fois, moins de retenue, plus de passion – beaucoup trop de passion, tellement que ça devient un supplice. Elle pose son front contre le sien et se sépare d’elle, souffle écourté. « Attends, elle dit, supplie, doucement, je veux pas te faire peur. »

ootd— On ne l’a jamais regardé ainsi. Jamais des yeux posés sur elle n’ont ainsi brillé, n’ont embrasé sa peau et sa chair. L’eau est froide mais son corps est brûlant, comme si des langues enflammées l’entouraient de tout côté. Elle se retrouve assiégée. Mais il n’y avait que Yon, ou parce qu’il y’avait Yon. Un battement de cils, ses mains qui s’emparent d’épaules frêles. Elle joue, elle ne pense pas. Call me the next time you feel lonely and bored, yeah ? It sounded like a booty call, something mister Drake would say. Elle sourit. And Yon - elle cherche son regard et le capte – did make her feel less lonely. Ses lèvres ne perdent pas de leur candeur quand elle continue à les étirer dans une esquisse, tandis qu’elle expose plus son corps au regard de l’ainée. Yon reste silencieuse et Hea la comprend, elle aussi avait eu le souffle coupé par ce maillot de bain, il était sublime.

Leurs regards semblent aimantés, parce que c’est toujours vers l’autre que chacun revient. Comme si le manuel pour respirer, continuer de vivre, était gravé dans leurs iris. Elle ne ressent pas le supplice dans la voix de Yon, c’est un sentiment qu’elle ne reconnaît pas consciemment, mais son corps y répond et se penche plus vers la brune. Elle guette ses traits, le plus minimum changement sur son beau visage attire sa curiosité.

Elle ferme les yeux, la distance qui disparait entre les deux alors qu’elle se retrouve entièrement dans l’eau. « You die when your heart stops. » corrige-t-ele pourtant, le ton presque mécanique mais les mots se meurent dans un soupir alors que leurs lèvres se retrouvent encore, enfin. Les mains de la brune se perdent sur ses hanches, non, elles ne sont pas perdues, elle les sent certaines, presque conquérantes. Elles s’agrippent à elle, la ramène vers leur maitresse. Elles ne se quittent plus. C’est moins déconcertant que la première fois, mais toujours aussi affolant. Le mur de la piscine devient support pour son dos et la taille de Yon le refuge de ses jambes. Elles sont trop proches et pas assez à la fois. Elle s’électrise du contact de Yon. « Oui. » Le mouvement de la belle brune la fait trembler, rend sa voix cassé au point où on ne réussit à lui extorquer que cette pauvre syllabe. Elle devient miroir des gestes de Yon, l’amène un peu plus vers elle et presse ses jambes contre sa peau. « And you ? »

Dernier baiser, dernier soupir.

Ses mains glissent jusqu’aux cheveux mouillés de Yon, descendant sur sa nuque jusqu’à son dos qu’elle caresse doucement. « I’m not scared. » Elle encadre son visage et la contemple doucement, son cœur qui prenait enfin répit se retrouve à batailler de nouveau entre quelques battements ratés. Elle pose les lèvres contre le bout de son nez et rit légèrement. « Tu me sers ? » demande-t-elle finalement en tournant le visage vers la bouteille. Elle se tourne dos à Yon pour regarder la bouteille et son panier de fruit qu’elle tire un peu plus vers elles, elle s’attend pourtant à ce que la brune se rapproche. « Tu trouves pas que les fraises sont un fruit bizarre ? Les graines tout autour, j’ai toujours peur qu’un fraisier grandisse dans mon estomac alors je bois jamais d’eau après en avoir mangé. » Elle fronce les sourcils, sérieuse.

(theme) — Le moment s’éternise. Chaque effleurement se sent, tout comme chaque soupir s’entend. Leurs cœurs alignés, chaque battement traque le suivant jusqu’à l’étouffement. Peut-être que le monde s’est arrêté de tourner à un moment, ou peut-être qu’il n’y a juste plus personne sur terre ; Yon n’est pas certaine de savoir décrire ce sentiment tel qu’il la traverse, mais elle gravite dans l’orbite de Hea d’une vitesse qui effraie – et elle ne résiste pas. Pas ce soir, pas quand ses sentiments brouillent sa logique. Ses lèvres dansent avec ceux de Hea. Ses lèvres dansent avec ceux de Hea et il n’y a plus rien d’autre qui l’importe. Il n’y pas plus rien d’autre qui l’importe. Le premier bruit émit vient d’elle. Vient du désir brûlant de vouloir déraper, de vouloir ramener une main contre sa joue et appuyer son pouce contre sa lippe pour que sa bouche s’ouvre, pour qu’elle puisse—

Yon se retient ; par peur ou par défiance, elle se retient. Elle se pousse un peu plus près entre ses jambes. Greedy. Elle devine exactement comment bouger pour soutirer un cri de plaisir à sa belle, un oui pathétiquement faible qui résonne si fort pourtant, si puissant qu’elle se défait presque. « Yeah. You feel so good around me, like this. » Elle se retrouve à son tour incapable d’imposer ne serait-ce qu’un semblant de contrôle sur sa voix ; elle tremble. Elles tangent une valse orchestrée par une cité silencieuse et un ciel étoilé ; l’une sait plus que l’autre, mais l’autre apprend si vite, et leurs mouvement s’accordent.

Quand elles se distancent enfin, c’est moins une fin et plus une transition en quelque chose de plus intime. Les mains de Hea tracent sa peau, Yon en fait de même. Elle se plaît à croire qu’elles laissent leur marque derrière, qu’elles parlent d’amour sans avoir à le faire. L’idée trace un sourire fatigué sur ses lèvres maintenant rougeâtres. « Oh, well... I’m scared, » confesse-t-elle, ton léger, facile. Confiance accordée, elle ne réprimande plus ses sentiments. « Not tonight ; I mean every other night you’re on my mind and I can't focus on anything else. » Des lèvres se posent sur son nez. Yon grimace. Ses mains grimpent pour se poser sur ses épaules et elle est joueuse lorsqu’elle se tient un peu plus droite pour laisser un baiser chaste contre le nez de Hea. « T’es sûre ? C’est plutôt fort comme boisson. » La brunette permet assez d’espace entre elles pour que la belle rousse se retourne. Sa main retrouve la bouteille de Single Malt et la ramène vers ses lèvres d’abord. Elle prend un long coup pour calmer ses nerfs, avant de remplir le verre qu’elle avait jusque-là délaissé. Le monologue de Hea l’accompagne. Fait tituber son cœur, son sternum chargé d’affection en son égard. Elle sourit malgré elle. « Pourquoi tu en manges, alors ? » Elle pose sa tête contre l’épaule de la jeune fille, enroule un bras autour de sa taille d’une aise flagrante. Elle feigne l’agacement. « Ah bah merci, en tout cas. Grace à toi, je vais plus manger de fraises. »

C’est à croire que maintenant qu’elle a commencé, elle est incapable de s’arrêter. Yon presse ses lèvres contre son cou, hésitante mais insatiable. Sa bouche s’ouvre, et ses dents tentent de rayer la peau qui s’offre à elle tandis qu’elle grimpe jusqu’à son oreille. « Tell me more about you, Hea, demande-t-elle, voix lacée d’envie, I want to know you better. I need to. » Elle déglutit. « I need you. »

ootd—
Leurs lèvres se retrouvent naturellement, comme si c’était un moment qu’elle a attendu toute sa vie, parce que ce contact, ce contact, il suffit à gonfler ses poumons, éveiller ses sens, réduire son cœur à l’état de tambour. Il tremble si fort, battements erratiques et désordonnés, le monde entier pourrait l’entendre. Si le monde n’avait pas été réduit à Yon et Elle, uniquement. Deux âmes qui s’enlacent sous la douce lumière de la lune, musique reléguée en un fond sonore qu’elle entend à peine, sa plus belle mélodie sont les soupirs de la sublime brune, puis ceux qu’elle lui extirpe d’un mouvement maîtrisé. Un qui n’avait jamais frôlé ses lippes auparavant, Yon est la seule. L’harmonie se fond dans leur échange, Hea est le parfait replica. Elle est curieuse, avide d’entendre ces sons que l’ainée semble aussi pourvoir retenir en elle. Elle aimerait que l’échange dure encore longtemps – l’éternité, tant c’est agréable, qu’il la consume et lui dérobe son dernier souffle. Mais c’est humainement impossible et la pénible distance se crée, ses yeux d’enfant se déposent sur Yon.

Leurs paumes se découvrent avec innocence, celles de Hea notamment. Elle apprécie la sensation de Yon, son grain de peau. Son regard toujours attiré vers les lèvres de la brune, rougies et gagnant d’avantage d’attraits. Elle se demande si c’est le même cas pour elle, glisse passivement ses doigts sur ses lippes. Elle ne comprend pourquoi Yon a peur. Hea se sait inoffensive, elle l’était beaucoup moins durant son enfance où elle avait plus de mal à contrôler ses crises. « Why do you think about me at night ? » Elle sourit. On lui rend le baiser sur son nez et elle en rit agréablement, avant de demander que la belle la serve.

« My mother is russian. » répond-t-elle simplement. Elle sait que c’est la dernière chose à laquelle on s’attend en la voyant, sa résistance à l’alcool digne d’un slav perdu dans un bar un lundi matin avant d’aller travailler.

Toujours, il y’a son regard qui se perd sur les lippes de Yon quand elles se meuvent en quelques paroles ou pour couvrir la bouteille d’où elle prend cette gorgée. Elle ne sait pas d’où lui vient cette obsession soudaine, comme si la caresse de ses lèvres avait laissé sur son passage une traînée addictive de venin.  

Elle parle de fraises et de craintes de mômes, avant de relever un sourcil aux mots de l’ainée. « ‘Cause i like the taste of it, duh. » She shakes her head, like Yon was the loveliest dumb on earth. Elle abandonne un baiser sur son crâne, se love un peu plus dans l’étreinte de Yon. L’alcool glisse dans sa gorge, la fait trembloter autant que les bouche de Yon qui s’égare sur son cou. Les soupirs qu’elle lui confère sont doux et bas, nombreux aussi. « Qu’est-ce que tu veux savoir ? J’ai rien de spécial. » Elle tourne la tête sur le côté, assez pour effleurer de ses lèvres la mâchoire de Yon puis ses lèvres. « J’aime être avec toi. » Cela lui semble être la chose la plus importante à dire.

(theme) — Il n’y a rien de plus obscur que d’être sans Hea. Entre confusion et reproches, désirs et mœurs ; son absence ne fait qu’aggraver ses frustrations. Son absence se sent si péniblement fort que parfois, parfois Yon manque d’en mourir, une main excavée entre deux hanches tremblantes et une autre qui se crispe autour de draps qui ne portent pas le parfum de Hea et elle en est consciente. Terriblement, terriblement consciente. Mais c’est son image qui l’encourage à y aller juste un peu plus vite, juste un peu plus bas, et c’est son beau prénom qu’elle chantonne lorsqu’elle se défait.

Et il n’y a rien de plus évident que d’être avec elle. Simplicité déroutante, même si Yon se doute bien que les complications les rattraperont tôt ou tard. Leurs mains vont si bien l’une dans l’autre, leurs lèvres dansent si gracieusement ensemble ; l’infatuation parait tangible. C’est comme se laisser aller par un océan de promesses, bercées d’illusions mais bercées quand même – elles arriveront quelque part un jour, mais aucune ne veut deviner où exactement.

Hea lui reprend le baiser qu’elle lui a volé, puis elle en rit, et elle est si belle ce soir, bon Dieu. Yon recherche son regard, ce regard qui ne manque jamais de mettre son cœur en feu et comme par enchantement, comme toujours, ce traître se rebelle contre sa cage thoracique, tente de quitter sa poitrine pour rejoindre celui de la belle rousse. « Hea – you’re so wonderful, » souffle-t-elle, voix chargée de surprise. Comme si elle le remarque pour la première fois, encore une fois. « That’s why i think about you at night. I think about you all the time, too. Cause you’re so beautiful inside out and it makes my heart race. » Elle porte le ciel dans ses iris, peut-être même l’espace, ou toute une galaxie ; elle est si belle, ce soir – tout est si beau. Ce soir. Demain s’annonce terrible, l’aftermath comme un coup en plein estomac et Yon ne veut pas y penser. Elle a besoin de plus d’alcool. Elle a besoin que Hea arrête de la regarder comme ça, aussi.

Like she’s seen her naked.
(Yon couldn’t be more naked.)

Elle émet un grognement de plaisir lorsqu’elle se sépare de sa bouteille et que le liquide auburn traverse sa gorge, brûlant. Chaud. Confortable. Elle a toujours apprécié son Bourbon – mais il lui suffit de voir Hea en boire pour décider que l’apprécierait encore plus sur ses lèvres. Une main glisse sous l’eau et se pose contre la hanche de sa victime, avide de contact. Yon la sent soupirer de plaisir contre elle, mais elle en veut plus. Tellement plus. Ses dents effleurent la chair de son cou. Sa langue vient calmer la peau irritée où apparaît graduellement un bleu qui comble l’aînée d’un sens de fierté déplacée qu’elle ne se reproche même pas. « You’re so wrong. You’re so special to me. » Celle-ci tourne la tête vers elle, ses lèvres d’abord contre sa mâchoire, puis enfin sa bouche. Brièvement. J’aime être avec toi. Un bruit quitte la brune malgré elle, entre vulnérabilité et plaisir. Elle n’attend plus avant de rattraper sa lippe entre les siennes. Fuck, bourbon tastes so good on your lips. You’re killing me. Sa position ne lui permet pas d’approfondir le baiser, par contre. Ça l’agace. Elle se distance d’elle dans râle de frustration et d’une moue boudeuse. « Je veux t’embrasser, » se plaint-elle, trop intoxiquée pour penser à une alternative. « Je veux t’embrasser encore et encore. »


Ses yeux deviennent vitreux. « Je veux pas qu’on soit demain. »

ootd—

Les lèvres de Yon n’ont pas le goût du défendu, parce que pour Hea il n’y a pas de cela entre elles. Yon est une présence qu’elle apprécie, qu’elle attend, qu’elle quémande presque à ses côtés, elle aime être avec elle et un sentiment si positif ne peut dissimuler le moindre interdit à son regard. Elle caresse sa peau, glisse sa paume contre sa peau qu’elle est avide de découvrir. Elle n’a jamais touché une autre fille ainsi avant, l’envie n’est présente qu’en compagnie de Yon, la brune accentue son côté obsessif, Hea ne veut qu’elle, ne pense qu’à elle. Chaque souffle épanché contre son épiderme lui exsude un long frisson, plaisant et enrobé d’un désir qu’elle ne se connaissait pas.

Elles se regardent et Hea lui sourit, naturellement cette fois, ce ne sont pas les esquisses de bienséance qu’on lui apprend, l’oblige, à prétendre sur son faciès quand elle est en société, parce que la posture naturelle de son visage dénué d’émotion est désagréable au regard. Ce sourire-là n’est ni calculé ni le fruit de l’habitude, il est réel. Yon la rend heureux, c’est tellement simple que même elle arrive à s’en rendre compte. Les battements de son cœur sont effrénés, un brasier dans l’eau claire, mais ils ne l’étouffent pas. Elle peut bien s’y habituer.

Yon parle et Hea suit le mouvement de ses lèvres de ses yeux. Elle écoute, puis se perd dans le flot de paroles, son attention difficile à rendre captive très longtemps. Et elle lève simplement les yeux vers elle, oublie sa contemplation pour se perdre dans les yeux en amandes. « You’re beautiful. » Yon lui rappelle une poupée qu’elle avait plus jeune, sa préférée, la plus belle. Elle a fini par la casser. Elle ne veut pas qu’il arrive la même chose à Yon, surtout pas.

Elle ne sait pas comment elle arrive à sentir Yon partout contre sa peau quand il n’y a que sa main sur sa hanche et ses dents sur son épaule. Elle a l’impression que son corps entier l’appelle, qu’il se désespère de son toucher qui lui insuffle la vie. Elle sourit encore et tourne uniquement la tête pour l’effleurer de ses lèvres. L’une d’elle se retrouve prisonnière, et c’est son cœur qui s’emballe de nouveau, son bas ventre qui s’enflamme et se tord. Yon est comme un enfant. Hea laisse filtrer un simple rire mêlé à un soupir, un son bas et éphémère. « Alors fais-le, qu’est-ce qui t’en empêche ? » Elle imite le geste de Yon plus tôt, ouvre la bouteille d’où elle boit quelques rapides gorgées. Son corps se dirige naturellement vers la brune, son dos pressant légèrement sa poitrine. Elle repose la bouteille.

« Pense à maintenant, pas à demain. » Les heures étaient encore longues et les séparaient d’un nouvel aurore, Hea n’est pas le genre à planifier, elle est incapable de réfléchir trop longtemps de toute façon. « On se verra demain aussi. » Si ça peut la rassurer.

Elle lui fait face enfin et agrippe ses hanches pour l’entrainer plus loin dans la piscine, jusqu’à l’autre côté où elle laisse le dos de Yon buter doucement contre le rebord. Elle aurait pu simplement la retourner à l’endroit où elles étaient plus tôt, mais elle n’y a pas pensé. Ses mains glissent un peu plus bas, raffermissent leurs prises afin de forcer Yon à entourer sa taille de ses jambes. Elle désire que Yon ressente chaque émotion qu’elle lui confère, elle n’est pas certaine d’y arriver totalement, mais elle y met son cœur. Elle a toujours été douée pour copier les autres, à défaut d’avoir l’inspiration et l’imagination nécessaires. Ses lèvres cheminent contre la gorge de Yon jusqu’à la naissance de sa poitrine, la douceur de sa peau l’affole.

Elle relève la tête vers elle, les lèvres légèrement entrouvertes, l’invite silencieusement à l’embrasser de nouveau comme Yon avait dit souhaiter faire.

(theme) — Elle ne sait pas pourquoi elle s’en fait tant, tout le temps. Peut-être parce qu’elle n’a jamais autant désiré quelqu’un et il y a déjà beaucoup à perdre. Peut-être à cause de l’amas d’étoiles qui décorent l’auburn des yeux de Hea et qu’elle ne sait pas lire pour reprendre repère, ou deviner leur fortune. Peut-être par peur que les attaches s’affermissent et se renforcent. Que quand viendra le moment de départ, le déchirement lui arrachera le cœur de la poitrine et la laissera à sa perte. Peut-être que c’est tous ces peut-être, toutes ces appréhensions qui entourent et manquent d’embrumer la seule chose dont elle est sûre et certaine : Hea. Elle navigue entre paradis et enfer. Si heureuse, ou tellement affligée.

Éprise par sa reine ou égarée dans le doute.


Il y a quelque chose de magnétisant dans la façon dont la femme ramène la bouteille de Bourbon jusqu’à sa bouche, avide et hâtée. Dans la façon dont son corps se colle parfaitement au sien. Ivre d’autre chose, plus que l’embrasser, elle veut la dévorer. Le remarque-t-elle ? Qu’elle veut l’aimer au-delà des mots ? « Je veux penser qu’à toi. Tout le temps. » Elle la corrige tendrement, lèvres contre sa nuque. Elle adore la voir trembler contre elle, s’abandonner à chaque sensation. Elle est belle, Hea, lorsqu’elle souffle si bas pour elle. « Tu promets ? » Murmure lâché contre son oreille, cette fois-ci. « Je veux te voir demain, et après-demain, et le jour qui suit, et encore celui d’après. Tu promets ? »

Un sourire vainqueur illumine son visage quand la rousse se révolte enfin. Elle se retourne, et ne perd pas de temps avant de la mener à sa guise ; son tour venu, elle semble résolue à plaire. Yon refuse de voir ailleurs, s’équilibre de deux mains contre ses épaules et cloue son regard dans le sien d’une fougue obvie. Elle veut que Hea percute à quel point elle s’est enfoncée dans cette histoire. Elle veut que Hea remarque l’emprise qu’elle a sur elle. Elle veut que sa peau blêmisse et verdisse sous ses doigts. Elle n’a qu’à peine le temps de trouver comment le lui dire que les mains de Hea glissent plus bas contre sa peau et ramènent ses jambes autour de sa taille et les mots s’écroulent en un « fuck » chargé de surprise et de plaisir. Ses hanches tremblent contre son bassin au contact et Yon devrait lui demander d’arrêter un instant parce qu’elle ne se fait pas confiance quand chaque fibre de son corps est en feu.

Elle en veut plus.

Hea reprend son assaut, découvre sa peau de lèvres curieuses. Elle va exactement là où on la veut. Yon se cambre sous l’intensité de ce qu’elle ressent. « Love, look at me. » Son cœur bat dans ses oreilles, sa respiration reste laborieuse même quand sa belle s’arrête. Pire quand elle lève le nez pour la voir. Un souffle s’étouffe dans sa gorge et l’aînée sent bas-ventre se tordre agréablement. Ses pupilles éclatées jusqu’aux limites de l’iris, le regard de la rousse est vorace. God. Elle ramène une main pour épouser la courbe de sa joue, s’approche assez pour que leurs souffles se confondent. « Mon ange. » Elle tente le sobriquet, aime son poids, puis n’attend plus. « T’es si belle. Tu le sais ? » Tu me tues.

Elle l’embrasse encore, presque féroce dans son initiative. C’est physiquement douloureux de rester loin d’elle. Éhontée, elle ne cherche plus à prévoir les réactions et éviter les abus – elle aurait aimé, pourtant. Ses lèvres s’entrouvrent pour permettre à sa langue d’aller traquer sa proie et approfondir le baiser. Elle veut l’entendre gémir son prénom. Fort. Maintenant. Ses jambes se défassent d’autour de la taille de Hea ; Yon en glisse une entre les siennes, plutôt, lui donne un point de contact plus ferme pour qu’elle y chasse son plaisir. Elle recule un peu, juste assez pour la voir. L’entendre. She looks so lustful it makes her chest ache. « Je comprends pas pourquoi je t’aime si fort. » Elle le confesse pour la toute première fois, honnête et certaine mais aveuglée par l’intimité du moment. « I’m so in love with you. You weren’t supposed to ruin me this bad. »

You weren’t supposed to ruin me at all.
(Please. Don’t you ever stop.)

ootd—

Elle ne se braque pas devant la nouveauté de la chose, au contraire, Hea ne sait pas se poser les questions qui dérangent, encore moins se confiner dans le doute. Elle écoute son cœur, les battements qui voguent et dérivent, seulement dirigés vers ceux de Yon qu’ils veulent tout aussi affolés qu’eux, parce qu’elle ne veut pas être prise dans la folie, seule. Ses lèvres contre la bouteille d’alcool ne cherchent pas l’ivresse et la confiance que celle-ci procure, loin de là. Elle n’a pas besoin d’artifices pour s’enhardir, à ses yeux, ses agissements sont normaux, guidés uniquement par l’instinct le plus primaire. Quelque chose en elle qui peinait à s’éveiller jusque-là, présente depuis toujours mais enfoui dans un recoin de pénombre. « Je pense beaucoup à toi, aussi. Mais pas toujours. » Des mots qui pourrait trahir une once de séduction alors qu’elle se colle un peu plus à elle, mais ils ne sont emprunts que de sincérité. Elle aime quand Yon la touche et que ses dents s’égarent contre sa peau offerte pour elle uniquement.

« Hm. It’s a promise. On se verra tant, that you’ll get sick of me. » Elle rit doucement, plus pour elle-même, se rappelant cette expression qu’elle avait toujours trouvé drôle, imaginant sans cesse une fièvre impétueuse s’emparer de Yon simplement de par sa présence. The fever was laying somewhere else. Elle s’empare de Yon, concède à ce sentiment possessif qui s’empare d’elle quand leurs regards se croisent. C’est normal et pourtant différent. Hea aime que les choses soient à elle, qu’elle puisse marquer sa propriété, sauvage et enfantine à la fois. Mais le sentiment n’a jamais été si virulent qu’en présence de Yon. Elle l’imagine sourire à d’autre, décèle l’expérience dans ses doigts habiles et détester penser aux épidermes qu’ils ont aidé à trainer jusqu’aux cieux.

Jalouse sans le réaliser, elle s’accroche à elle et la ramène contre elle. Her mind wandered without aim, would her scent leave its mark after dawn comes. Hea regarde droit vers elle, il y’a Yon et autour d’elles c’est la brume, le néant, même l’eau qui les entoure n’est plus qu’une part de décor, sa sensation fraîche est obstruée par les constellations de flammes qui cheminent sur toute sa peau.

Elle sourit à l’injure. Triomphante, elle se plait à pouvoir être la cause des tremblements du corps de Yon et avide, elle désire en conférer plus. Elle a besoin d’entendre sa voix encore, découvrir chaque son que ses effleurements peuvent exhumer de leur maitresse. Et obéissante, elle relève la tête vers elle. Fireworks in her head. Sa tempe épouse sa joue, y laisse une légère pression. « Tu l’as déjà dit. » Réponse au compliment, le sourire presque espiègle, avec Yon elle apprend doucement.

Hea comble un peu plus la distance entre leurs deux corps tandis que leurs lippes se retrouvent dans un enchevêtrement sonore, ses gémissements sont étouffés par leur baiser, sourd mais leur vibration transcende son corps en de longs frissons. « Yon, Yon… » Elle se répète, n’a plus que son prénom sur les lèvres. Celles de sa belle ont le goût du whisky, she loved the taste, she wanted more. More of her. More of them. Yon délient ses jambes mais jamais elles ne s’éloignent. Hea ne pourrait assurer qu’elle suffoquerait de l’avoir loin d’elle, mais elle est certain d’une chose, elle se retrouve asphyxiée par les vagues de plaisir. Elle se presse toujours plus contre la jambe de Yon, les lèvres à la recherche d’un semblant d’air et les paupières mi-closes, sa poitrine se soulève à chaque respiration saccadée. La chaleur qui s’est réfugié dans son bas-ventre ne veut plus la quitter, pesante, opprimante ; agréable. « I didn’t take your money, though. » Innocente jusqu’à son dernier soupir. Ses propres jambes créent un étau entre celles de Yon, l’enserrent un peu plus alors qu’elles quêtent le plus de contact possible. Ses doigts s’accrochent de toute leur force à la taille, ses ongles tailladent la douce peau sans qu’elle ne le réalise, elle aura tout le temps de s’en morfondre après. Yon est si belle, elle ne veut pas l’abîmer.

Mais la réelle réalisation qui la percute sont les mots de Yon, leur signification.

« I don’t wanna be with anyone else. »

Elle a toujours ressenti un inconfort au contact physique, excepté de rares personnes. Et Yon, elle la désire tant. Elle est la seule à pouvoir la frôler ainsi.

(theme) — Syndrome de sevrage. Poitrine comprimée, gorge nouée. Mauvaise humeur. Tous les souvenirs qui la narguent d’être passés trop vite, et devant elle le futur qui se dresse incertain tel un mirage moqueur. Quand elle n’est pas là, son cœur est lourd. La lumière s’éteint. Son esprit tourbillonne et creuse trop loin parmi les démons, c’est les anxiétés et les regrets qui resurgissent de l’ombre et s’agrippent à ses chevilles. Hea ne croit pas si bien dire. Les symptômes sont bien réels, elle est malade de son manque et sans aucun instinct de survie pour seul remède sa présence. Mais elle est là maintenant, et Yon veut s’ancrer au moment présent sans songer à ce qui les attendait au pied de la pente. Rien d’autre n’importe plus que le regard rutilant de désir que sa belle porte sur elle.

L’injure a titubé d’entre ses lippes sans son autorisation, la sensation d’extase autant familière, autant nouvelle – à jamais étourdissante. Hea n’a aucune idée de combien d’emprise elle a sur elle, sur son corps, parce que Yon pourrait se défaire sans qu’elle n’ait à la toucher et fuck, elle lève un peu plus la tête, révèle plus de peau diaphane suppliant d’être meurtrie par sa conquérante, that feels so fucking good, please hurt me more. Peut-être le contraste exaltant entre l’expression pleine d’innocence et d’affection que porte Hea, et ses phalanges qui l’agrippent délicieusement fort ; ou peut-être l’empressement et la ferveur remarqués dans ses avances incertaines. Elle a chuté dans les draps de beaucoup d’autres, Yon, des têtes inconnues lui soufflant des poèmes d’entre ses hanches mais ça n’a jamais été aussi intense. Ça n’a jamais été aussi bon.

Elle aurait geint de frustration si elle n’avait pas été celle à demander répit. Elle se retrouve à geindre d’autre chose pourtant : le désir cru qu’elle retrouve dans les yeux de la rousse, et la façon dont elle ne tente même pas de le cacher. Son bas ventre se tord d’envie. Elles s’embrassent encore, langoureusement, passionnément, comme si c’était la dernière fois. Yon préfère cette danse-là, plutôt : celle où elles n’ignorent pas l’évident et la voix de Hea se casse sous le poids du besoin alors qu’elle vocifère son prénom. Sur toutes les bonnes octaves. Yon, Yon. Comme une promesse, comme une prière. Elle presse sa jambe un peu plus fermement contre elle, regarde ses lèvres s’ouvrir silencieusement mais elle l’entend sans qu’elle n’ait à le dire encore : Yon. L’aînée est incapable de se focaliser sur autre chose que le corps de Hea tant il se meut contre le sien, et ses ongles qui creusent des arabesques contre sa peau.

« I don’t wanna be with anyone else. » « Then don’t be with anyone else but me. Please. »

La requête porte le poids du monde. Elle cale sa paume contre la nuque de Hea tandis que son autre main se pose camuse contre son estomac, là où les muscles se contractent au moindre mouvement. Elle n’est pas brusque lorsqu’elle la rapproche d’elle, leurs lippes à un souffle près de se retrouver encore. « Breathe for me, yeah ? » Elle le murmure doucement, rien que pour eux deux. Sa main descend un peu plus bas, lentement, comme pour donner le temps de réflexion à la rousse. « If you want me to stop, just say the word and I’ll stop. Okay ? » Ses doigts glissent à peine sous le pan de tissue qui les séparent de leur cible, et Yon est patiente, attentionnée, éprise par l’intensité du moment. « I want to make you feel good. I just want to make you feel really good, love. Do you want me to ? Can you let me take care of you ? »

Elle n’est pas sûre de ce qu’elle fait, mais il lui semble qu’elle ne l’est jamais, auprès de Hea. Elle sait ce qu’elle veut, par contre : la prendre jusqu’au ciel et la rattraper à sa chute. Ses lèvres se posent contre son menton, douces murmures de tendresse avant qu’elle ne dérive vers son cou. La première effleure suit, Yon n’est pas sûre de qui a émis le première bruit. Sûrement elle.

So. Fucking. Ready.

ootd—

Son prénom sur ses lèvres, ses douces sonorités extasiant ses tympans ; Hea ne sait pas la lâcher du regard.

Son prénom sur son épiderme entier, sillons de feu qu’elle trace de ses lippes et ses dents, brasier invisible à l’œil nu mais qu’elle sent de tout son être. Aucune n’est réellement à la merci de l’autre, elles ont toutes deux courbées l’échine, Hea ne sait pas ce que c’est, sa seule certitude est qu’elle ne veut pas que ça s’arrête. Elle courbe le regard et se noie dans celui dans la belle brune. Elle est curieuse, avide. Elle en veut plus, sans avoir la moindre idée de ce que c’est réellement. She wants her. She needs her. Toujours plus proche, ses doigts s’agrippent à elle de toutes leurs forces. Aucune crainte de faire du mal, peut-être même une certaine excitation à cette pensée qui se dessine dans son esprit.

Elle ne veut être avec personne d’autre, et elle ne sera avec aucun autre. Yon lui suffit. Yon excède toutes ses espérances, elle devient conciliante entre ses bras, à la recherche d’une suite à ses mouvements. Plus de plaisir pour clore ses paupières, plus d’actes à copier pour refléter son propre tumulte chez la belle. « Anything…Everything…For you. » Chaque souffle, chaque bouffée d’oxygène conquise douloureusement tant son cœur se cambre, elle lui cède tout. Il faut juste que ce murmure doux continu, que Yon ne regarde qu’elle.
La main de Yon glisse plus bas, les siennes entourent ses épaules et s’échouent sur sa peau, un simple toucher qui lui donne envie de l’embrasser encore plus. She feels too much. Et pourtant pas assez, son corps se colle à celui de son ainée, désireux d’annihiler le moindre espace. Elle sent la respiration de sa compagne contre la sienne. Elles sont semblables, aussi désespérée l’une que l’autre. Elle ondule doucement et maladroitement du bassin, à la recherche de ce contact qui l’enivre encore plus que n’importe quelle liqueur. C’est différent de tout. Elle ne s’est jamais permis d’être ainsi proche de quelqu’un. « Embrasse-moi encore. » Elle aime le contact de ses lèvres contre les siennes, elle aime l’avoir pour elle. Les pulpes de ses doigts se resserrent contre les frêles épaules, elle tremble dans son étreinte tandis que sa gorge s’égosille en un son méconnu jusqu’à présent. Elle ressent et apprend à la fois, guide ses propres doigts à la découverte de la brune, hésitante mais attentive.


« I don’t want you to be like this with anyone else. » Possessive et jalouse, sans même réussir à poser de nom sur ses tourments, elle ancre son regard boudeur dans celui de Yon comme à la recherche d’une promesse, même silencieuse.

(theme) — « Embrasse-moi encore. » Encore, et encore, et encore.

Elle pourrait le faire jusqu’à son dernier souffle. Yon a l’âme en feu, et comme seul désire se laisser être consommée en cendres et en néant. Chaque parcelle de son corps est celui de Hea, si seulement Hea veut bien abréger ses souffrances et la prendre telle qu’elle s’offre : entière, vulnérable, sur le point d’éclater sous la pression de ses émotions. Il y a une passion sauvage dans ses mouvements, rien de tendre et tout hâté ; quelque chose de brute dans son regard qu’elle plonge profondément dans les prunelles tourmentées de son amante. Doucement, puis rapidement, puis fort et fermement – ses doigts cherchent à défaire le nœud qu’elle sait, qu’elle sent se nouer bas dans le ventre de sa belle.  Chaque souffle est sien, chaque petit gémissement lui appartient à elle, et à personne d’autre. Jamais personne d’autre. Et Yon ne sait pas quoi faire de cette jalousie qui n’a pas lieu, ou du moins pas maintenant, pas maintenant qu’elle a Hea sur le bord même de l’euphorie et à sa merci. Alors elle cherche ce point qu’elle sait être tout ce qu’il faut pour que la rousse se défasse sous ses yeux, cherche les genoux de Hea pour mieux s’approcher et enfin, enfin l’embrasse langoureusement pour dire ce qu’elle n’ose pas dire.

Elle gémit tout aussi fort quand elle la sent trembler de plaisir contre elle – « yeah, that’s it, come for me, hm ? » Elle tente de mémoriser le moment, d’imprimer l’image de Hea dans son cerveau pour se rappeler et au besoin qu’il n’y a qu’elle seule qui sait la faire fondre ainsi. Trop grisée, elle ne remarque qu’une fois trop tard la main, d’un instant à un autre, était là, fervente et vacillante à lui rappeler juste à quel point elle avait envie d’elle. « Fuck. » Susurre-t-elle, les jambes soudain incapables de la garder debout. Ou peut-être que ce sont les mots de la plus jeune qui l’affectent autant – Yon aurait pu jurer que son cœur vibre au beau rythme de sa voix. I don’t want you to be like this with anyone else. Un frison de délice traverse son épiderme. « T-then, then you- you shouldn’t either. » Il n’y a pas de phrase construite qui lui vient, sur le coup ; elle n’arrive pas à penser quand vague après vague, son plaisir se manifeste. Les mots qu’elle crève d’envie de dire résonnent toujours dans sa tête, et trop rapidement, elle se défait à son tour, incapable de saisir à quel point Hea l’affecte. Haletante, Yon dépose des baisers papillons contre la peau qui s’offre à elle et admire la façon dont les muscles se contractent sous son attention. « I want to be the only one who… » sa voix s’estompe un court instant alors que ses doigts s’occupent distraitement du bas du maillot de la belle rousse. Elle la regarde de sous ses cils, lèvre courbée coincée entre ses dents. « Sees you like this. Touches you like this. » La map de bleu sur l’épiderme de celle-ci l’affirme et le confirme. « I want to be the only one… ever… » Elle s’attarde un instant à retirer l’article qui la sépare de son butin le plus lentement possible, appréciatrice face aux réactions que lui livre instinctivement le corps qui jouit silencieusement de ses caresse. « …to taste just how fucking good you are, love. »

Et yon, elle pourrait le faire jusqu’à son dernier souffle.