(junghwa) ♡ i'm a social vegan, i avoid 'meet' with idiots.

naissance dans une clinique privée de seoul, à l'abri des regards, de la presse. les byeol t'accueillaient, première et dernière fille, junghwa.

désirée, attendue, aimée, tu ne manquais de rien. une chambre rose, des peluches, des robes de princesse.

tu soufflais ta troisième bougie, et accrochée à la jupe de ta mère, cachée dans ses jambes, revêtant ta robe bleue préférée, tu faisais ta première représentation au monde : l'école. établissement sélectionné parmi d'autres, pour son enseignement, pour son cadre. tu t'y plais assez vite.

ta mère te fait t'asseoir à côté du fils d'un couple fortuné, à la tête d'une entreprise dont tu n'essaieras jamais de te souvenir du nom. il deviendra ton premier ami.

tu grandis. ton papier peint à motif de licorne est troqué pour un revêtement plus sobre, un rose doré. ton mobilier d'enfant disparaît, remplacé par un bureau, un lit double, un piano. pourtant, toujours la même vue, du haut de ce building surplombant le cœur de seoul.

nouvelle lycéenne, inscrite à la prestigieuse ehwa girls' high school, dont la devise te fera toujours rire. freedom, love, peace. tu ne trouveras rien de tout cela là-bas.

tu deviens rapidement une outcast, brebis égarée parmi les loups. si tes parents t'avaient protégé du monde extérieur et de ses vices, ces années au sein de l'établissement 100% féminin te firent voir la cruauté dans toutes ses formes.

humiliée, écartée, tu appris sur le tas comme les règles étaient faites. tu finissais toujours par te relever. nouvelle année. petits nouveaux. tes tortionnaires rodaient autour du gibier innocent. à sa tête, celle que tu surnommais 'queen'. parce que c'était la reine, toujours épinglée de ses deux toutous de compagnie.

la voir se dandiner dans les couloirs te donnait la nausée. une remarque de plus, tu finis par craquer. le masque de pureté se fissurait.

— écoute, si tu continues à me gaver, je vais donner ton numéro de téléphone à une troupe de sales mômes en leur disant que c'est la hotline du père noël.

la rumeur courrait le long des murs du lycée. tu avais tenu tête à queen. elle avait été si choquée qu'elle était restée bouche bée à te regarder alors que tu faisais crisser tes talons dans un demi-tour calculé, accompagné d'un petit jeté de cheveux.

tu gagnas rapidement en popularité, gagnant le petit surnom de cinderella, la princesse persécutée soudainement transformée. tu t'entourais d'amis précieux, participais aux événements de l'établissement.

sourire de façade, calée aux côtés de queen. rencontre parents-professeurs. tu faisais bonne figure pour ne rien laisser transparaître. pourtant lorsque tu entendis la génitrice de queen s'adresser à elle, tu ne pus t'empêcher de pouffer peu discrètement. son regard se posa sur toi, interrogateur.

— ta mère t'appelle 'trésor', parce qu'elle aussi, elle aimerait t'enterrer, et que plus personne ne te retrouve, à part peut-être deux-trois pirates ivrognes ?

piquante, sarcastique. tu détenais maintenant toutes les cartes de la bitch attitude pour sniper les petits plaisantins qui voulaient jouer les malins avec toi.

un dîner, qui ne semblait rien de plus que les retrouvailles de deux familles amies de longue date. les inconnus avaient un fils, d'à peu près ton âge. pendant tout le repas, les adultes parlèrent business, travail, affaires, rumeurs. tu avais du mal à décocher un mot. ton regard se perdait entre ta fourchette et ta coupe de champagne.

ahn jun. tes parents te proposèrent de faire le tour des lieux. te voilà, à dévoiler ta chambre, à ne rien trouver de mieux à faire que t'asseoir à ton piano, et à laisser balader tes doigts sur les touches blanches et noires.

quelques jours plus tard, la nouvelle résonna dans ton crâne comme un gong. tout avait été mis en scène. tu étais promise à lui. les adultes voulaient vous marier. tout d'abord choquée, tu te voyais pourtant en princesse, au bras de ce prince charmant qui n'avait rien du crapaud.

diplômée du lycée, tu intégrais le cursus de neurobiologie à l'université, suivant les désirs de tes parents.

de toute façon, où que tu ailles, tu savais que tu étais vouée à prendre la suite de ton père. il t'apprendrait le métier, aller à l'université n'était qu'une formalité.

tu sortais davantage, accompagnée de ta petite clique d'amis. ceux sur lesquels tu chouinais à la moindre difficulté. aspirant deux-trois cachets d'anti-dépresseurs, d'anti-stress, d'anti-insomnie. mélangeant ton cocktail médicamenteux à de la grenadine pour faire passer le tout.

et puis, il y avait jun, encore et toujours, t'accrochant à lui. tu le sentais. ta compagnie ne lui servait à rien. tu étais un meuble parmi les autres objets de la pièce. il te souriait pour contenter vos parents. si tu avais eu l'étincelle qui te faisait brûler de sentiments nouveaux, étrangers, inexplicables. il restait là, à t'observer te consumer en silence. il te regardait devenir cendres.