harsh winter feat. hyunseong

harsh winter

(ootd) feat. @chae hyunseong

Exposition de cubisme esthétique devant les yeux. Il se perd dans une contemplation méritée, un sac de dossiers dans les mains. Depuis combien de temps n'était-il pas entrée dans une de ces galeries d'art où le monde s'inverse de visions diverses ? Monde soigneux de détails dont il n'a pas idée, pourtant apprécié ; son cerveau s'amuse des merveilles parfois incompréhensives. Profite d'une liberté éphémère qu'on lui offre, avant de retourner dans cette réalité qui le consume. Petit à petit - tout n'est que délice à court terme. Il le sait.

Alors ses iris se perdent à nouveau dans cette petite foule de curieux. Corps inconnus bousculés, d'autres évités. Tout n'est que calme et tempête. Rien de méchant, pourtant le goût de l'étouffement soudain, Si Yeon a besoin de sortir. De quitter cette pièce dont les œuvres exposent parfois l'expression de ses sentiments. Il n'en a plus l'habitude, autrefois capturé par l'envie d'y visiter ce que sa mère lui montrait chaleureusement. Ô doux souvenirs ! Fracassé en éclats de déception. Plus rien n'existe plus que sa belle. Enchanteresse de sa vie.

Et le visage d'un fantôme.
Énième. Il n'est qu'incertain face à la pression des troubles. Une migraine si soudaine qu'il n'est plus sur de rien, incapable d'y voir clair … Tout n'est que mirage – ou ce qu'il en croit, n'espère pas. Parce qu'il souhaite – ou presque. Complications dénuées de sens. « Je te croyais mort ! » balance-t-il, une voix plus forte que de volonté. Il ne sait ce qu'il imagine en repensant à cet ami qu'il avait cru connaître une fois.

Aujourd'hui déçu.

Inquiet.

last night story

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Les nerfs tendus, ongles constamment rongés sous l'emprise de l'anxiété qui s'empare de lui. Hyunseong commence à ressentir l'étendue de son obsession dès lors que Juno n'est plus là pour l'apaiser. Autrefois son ennemie, la Corée lui convient, à présent ; pays étranger à sa moitié qui n'y connait rien n'y personne, pas même la langue. Idéal pour le garder près de lui sans qu'il ne puisse fuir vers qui que ce soit d'autre. Hyunseong a appris à s'y plaire pour la première fois de sa vie, malgré ses obligations familiales, jusqu'à ce que celles-ci le retiennent au pays du matin calme alors que le travail rappelle Juno vers le soleil levant. Et sans lui, Hyunseong tangue, étouffe dans le manque presque autant que dans le besoin de l'oublier à tout prix.

Le cubisme ne lui parle pas beaucoup – il a toujours préféré le romantisme – mais il s'occupe en cherchant un sens aux lignes brisées. Le jeu ne le captive que brièvement et alors qu'il passe d'une toile à une autre, c'est un autre tableau qui l’attire. Hyunseong reconnait instantanément les traits et se sent projeté dix ans en arrière.  Un pincement indescriptible lui pique le cœur ; la culpabilité qui s’échoue sur lui en vagues, monstre enfoui depuis tant d’années qui s’éveille enfin. Rien d’autre dans cette galerie ne pourrait évoquer d’émotions si vives. Peut-être que la vie reste la plus marquante des arts.

« J'ai failli. »

Rire inaudible, sourire en coin alors que les souvenirs d'innombrables soirées qu'il pensait être sa dernière lui reviennent en esprit. Le Japon lui a fait vivre sa part de déviations et Hyunseong s'étonne toujours de ne pas y avoir laissé sa peau. Mais il est bien là, en chair et en os, vivant sa meilleure vie malgré les regrets qui la sèment.
Il s’avance vers lui à pas hésitants, puis pressés, slalomant entre les quelques visiteurs pour se retrouver face à son vieil ami. « Ca fait longtemps, hein ? » Déclaration sincère qui sonne pourtant comme une moquerie. Et Hyunseong fait le pas, le prend dans ses bras comme si ça faisait à peine une semaine qu’ils s’étaient quittés, comme si de rien n’était. Tout pour oublier sa part de responsabilité.

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(ootd) feat. @chae hyunseong

Sentiments mitigés. Partagé entre enchantement et énervement ; déception des souvenirs aujourd'hui peint par la nostalgie du temps. Nerveusement, ses doigts tapotent discrètement sa nuque d'une lenteur monotone. Inconfortable devant la situation. Incapable, une heure plus tôt, de s'imaginer oui, se retrouver à nouveau devant celui qui avait autrefois partagé quelques journées à ses côtés au nom d'une amitié devenue fantôme. Le cœur serré aux vestiges retracés. Si Yeon n'a jamais su pourquoi soudainement les nouvelles se sont évaporée.

Le vent emportant chaque morceau de ce qu'ils ont été.

Il a envie de poser une question qui lui trotte dans la tête. Plusieurs même. Mais les mots se taisent dans un silence imparfait. Surpris par la chaleur des bras qu'il n'aurait jamais imaginé rencontrer à nouveau … Stoïque. « T'étais où ? Qu'est-ce que tu as faits pendant tout ce temps ? … T'était où bon sang ? » Qu'il ne cesse de répéter, d'autres fois encore. Si Yeon veut des réponses. Il espère qu'elle soit suffisante pour apaiser cette colère qui le ronge petit à petit. « Pourquoi t'as mis autant de temps ? » lâche-t-il, ses doigts serrant doucement la largeur de son pull. Il n'ose pas lui dire un mot de plus. Conscient que le hasard s'est joué d'eux. Il a peur de comprendre que sans lui, il ne serait pas venu le rencontrer à nouveau. Comme par le passé.

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Étrange coïncidence, sort du destin qui les réunit alors que Hyunseong commençait presque à oublier son existence pour se faire oublier l'avoir abandonné. Le rappel est là, pourtant sans amertume ; il n'y a que le sourire sur ses lèvres lorsqu'il est poussé des années dans le passé, malgré toute la douleur que celui-ci renferme. Hyunseong n'en garde que les bons souvenirs – ceux qu'il n'a pas pu partager avec lui. Et l'amertume reste lointaine, de son côté, son absence comblée par celle de son ami que Hyunseong remarque, malgré tout, bien que le déni perdure et qu'il tente de se rassurer que ses erreurs ont été pardonnées.

« J'étais au Japon. » Réponse brève et dénuée de détails, prononcée avec sang froid. Il était au Japon, où il refaisait sa vie, sans lui avoir laissé l'occasion d'en faire partie. Regret qui l'a longtemps hanté, même quand il était certain d'avoir fait le bon choix, mais il s'est forcé à faire la paix avec lui-même et passer à autre chose – bien que ce ne soit pas à lui de pardonner cette bavure . « Tu veux pas aller en parler ailleurs, plutôt ? » Ses mains s'enfouissent au fond de ses poches et il fait un signe de la tête vers le café adjacent à la galerie d'art, sans doute un lieu plus approprié pour rattraper tout le temps perdu. La colère de Siyeon lui parvient, évoque en lui une bribe de responsabilité qui le pousse à lui accorder son temps dans le seul but d'apaiser ses questions. Les sept dernières années sont une suite de moments qu'il préfère laisser derrière lui ; douloureux aux brûlures qui persistent, où aigre-doux qui rappellent les erreurs le temps qui passe, mais c'est la moindre des choses qu'il puisse faire après tout ce temps.

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(ootd) feat. @chae hyunseong

Peut-être que Si Yeon aurait oublié si le hasard ne s’était pas joué d’eux. Tout n’est qu’incertitudes devant la nostalgie de cette rencontre. Face à l’immensité de ces années d’absence ; un monde creux devant eux, tout s’est détruit pour mieux se reconstruire. Là où l’abandon marque les esprits des moments importants - le fantôme du passé remplace l’abonné absent … Mille regrets tracé des deux côtés, l’un et l’autre. De ne pas avoir été suffisamment important pour s’envoler rapidement. Tant de choses se sont produites, et tant de loupé, tant d’erreurs, tant de bonheur vécu opposé. Ils ne sont qu’une histoire terminée, une amitié échouée au bord de l’eau. Peuvent-ils espérer rallumer l’étincelle éteinte ? En ont-ils le droit ? L’émotion partagée entre colère et soulagement ; parce que la mort n’a pas gagné comme tant de fois il se l’est imaginé. Ce n’est pas de la haine sur son visage, seule la déception peut se lire.

« Oui, je voulais quitter l’exposition de toute façon. » Rien de glacial, légèrement froid. Il n’arrive pas à sourire malgré la volonté qu’il y met, le cœur ne suit pas autant qu’il le voudrait. Si Yeon à mal, et s’épuise à croire que Hyunseong souffre plus encore.

Le seuil du café franchi, ils passent commande avant de s’asseoir, l’un face à l’autre comme l’habitude s’était gagné d’eux autrefois. « Comment tu vas ? » ose-t-il demander, enfin. Il est curieux oui, d’en connaître la réponse, troublé par la nostalgie qui émane de lui. D’eux.

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Incapable de ressentir l'amertume qu'éprouve Siyeon envers lui, Hyunseong y voit une heureuse coïncidence. Son séjour en Corée est plein d'imprévus, chose qu'il déteste, mais d'autres ne sont peut-être pas si mauvais. Il n'aurait sans doute jamais pensé à renouer avec lui s'il ne l'avait pas revu tout à fait par hasard. Quelque part au fond de lui, il s'en pense encore indigne, croit toujours que tous ceux qu'il a laissés derrière lui sont mieux sans lui. Siyeon n'est pas une exception, mais Hyunseong n'y pense même pas et les légères crampes aux joues que lui cause son sourire sont la seule chose qui emplit son esprit.

« Ca t'ennuie déjà ? plaisante-t-il, moi oui, en tout cas. Je préfère l'art plus classique. » Ses mots et son ton restent légers, luttent à leur façon contre la froideur de l'autre que Hyunseong refuse toujours de reconnaître. Il ouvre la marche et presse le pas vers le café, toujours aussi hâtif lorsqu'il s'empresse de passer commande avant de s'installer. L'air presque frénétique, surjoué de le revoir, c'est finalement une expression sereine qu'il arbore à la question de Siyeon, l'esprit apaisé par la réponse qu'il y trouve.  « Mieux. » Mieux depuis qu'il est parti, mieux depuis qu'il a changé de vie une deuxième fois. Mieux depuis qu'il a réussi à en trouver le sens. Siyeon ne sait pas de quoi il parle, n'a pas la moindre idée de ce à quoi sa vie ressemblait avant pour qu'il la considère meilleure à présent. Mais il n'a pas d'autre mot en tête pour la décrire que mieux. « J'ai un boulot sympa et je sors avec quelqu'un que j'adore. Tout va pour le mieux. » Simple résumé de sa vie, elle tourne entièrement autour de ces deux choses qui devraient compter pour une seule et il serait sans doute en miettes s'il ne les avait pas. « Et toi ? Tu fais quoi de ta vie maintenant ? Toujours dans le droit ? »

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(ootd) feat. @chae hyunseong

La remarque fait naître un sourire sur le visage froid. Comme une brise chaleureuse qui enveloppe l’âme discrètement, doucement. Depuis combien de temps n’ont-ils pas plaisanté ainsi ? Siyeon n’ose pas y penser davantage quand la question glisse dans l’esprit – se sentant devenir à nouveau glaçant, il n’en a pas envie. Pour cette simple et bonne raison que le temps a fait d’eux des êtres, des hommes différents … Ils ont changé. Et si le cœur en avait décidé autrement, les voix ne se seraient pas accordés l’une et l’autre, passant ainsi le chemin tel deux inconnus – ils le sont à une échelle différente. « Same. » Alors les jambes quittent le navire en direction d’une contrée lointaine, l’air frais claque sur la peau légèrement avant de sentir à nouveau la chaleur frapper les corps. L’odeur du café mélangé aux chocolats chauds se propage dans les narines, un sourire fin aux lèvres. De ces moments partagés où l’âme prend le temps d’enfin se poser librement.

« Je suis sincèrement heureux de l’apprendre. Tu le mérites, c’est certain. » Plus que d’autres, parfois. Tandis que sombrement sa pensée en vient à imaginer que lui non plus, ne mérite pas cette vie menée jour et nuit ; de ce mariage dont il ne se sent plus méritant … Pas depuis que le sourire de sa princesse s’adresse à une autre – qui ne serait jamais lui. Il a seulement mal au cœur, et cette discussion imagine un peu plus la douleur dans la poitrine. Inconfortable. « Je projette d’ouvrir mon propre cabinet de procureur, maintenant que mes études sont finalisées. » Qu’il annonce, fière. Tapotant légèrement sur la tasse brûlante dont le liquide contenu dedans émane la délicatesse d’un café chaud.

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