( freedom )

sora est plutôt sérieuse pour chaque projet dans lesquels elle s’investit. souris discrète qui fera tout ce qu’il faut pour que les choses soient faites et que tout le monde se sente bien, sans que personne ne se rende compte de rien. • organisée, on sait qu’on peut compter sur elle. peut-être un peu trop bonne poire. toujours à remplacer un collègue à la dernière minute ou à finir toute seule le projet de groupe. mais ça lui va. ça l’occupe. ça nourrit son besoin de se sentir utile. • pour les tigers, elle veille. à ce qu’ils aient toujours à boire, à manger. elle note leurs statistiques pour qu’ils puissent s’améliorer. et puis parce que mettre son corps à l’épreuve, elle connaît bien : elle repère, surveille que chaque coup ou ecchymose soit traité comme il faut. mama bird qui les affectionne certainement trop. elle retient ses élans, mais parfois, elle ne peut pas s’empêcher de s’inquiéter. • elle a la compétition dans les veines. le seul instant où sa “dévotion” pour l’équipe des volleyeurs se voit, c’est quand elle éclate depuis le banc. le seul moment où elle exprime haut et fort son soutien. hit it until it breaks : c’est bien là. quand elle pourrait réduire en charpie son carnet de notes sous la tension. quand elle a autant envie d’étriper l’adversaire ou l’arbitre que ceux qui sont sur le terrain. quand les menaces fusent en insultes, déconcertantes et impromptues. ce sont les seuls rares moments où elle est aussi expressive avec eux. • assez secrète, elle excelle dans l’art d’esquiver et retourner l’attention à son envoyeur. elle n’aime pas parler d’elle et des sentiments. puisque elle-même est plutôt adepte de la politique de l’autruche. • elle a cette énergie chaleureuse qui déborde, des allures douces d’insouciance qui attirent et mettent les gens à l’aise. • et quand c’est elle qui est à l’aise, sora est joueuse. elle taquine sincèrement, enquiquineuse. la raillerie facile et l’amour un peu vache. mais à la fin, sans se préoccuper de la rage des autres, elle les enlace si fort qu’ils pourraient en avoir les os brisés, juste de quoi se faire pardonner. • elle surprend quand elle arrache les étiquettes, bouscule les conventions, et elle aime ça. pas de cases, juste une liberté d’être et d’expression : c’est ce que tout le monde devrait avoir selon elle. elle s’est sentie emprisonnée une bonne partie de sa vie, elle a perdu beaucoup pour être qui elle est aujourd’hui, mais elle assume. y a ce plaisir unique de ne rien devoir à personne qui l’a rendu plus forte, plus confiante, presque arrogante. la sensation qu’avec elle, aucune règle n’a besoin d’être respectée. et la liberté, c’est l’une des rares causes pour lesquelles elle se rebelle. problème avec l’autorité, surtout quand la vérité claque entre ses lèvres. • même si elle ne danse plus sur des symphonies, maintenant son terrain d’expression reste le mouvement. capturé en photo ou en vidéo, figé dans une peinture format giga, elle laisse son imagination grésiller entre ses mains. (ou le temps d'une soirée, de néons édulcorés qui ne demandent aucun effort, si ce n'est de s'amuser) • elle a pas le droit de se plaindre si elle se sent seule malgré les amitiés et les projets qui occupent. elle l’a cherchée sa liberté. mais parfois, c’est lourd à porter, ça l’écrase, poumons asphyxiés, la tête à peine hors de l’eau… elle voudrait bien s’reposer, s’refugier, que quelqu’un d’autre la maintienne articulée, l’enroule dans un peu plus de douceur. elle s’essaye à la capture de ce qui la soulagerait quelques heures, mais la plupart du temps, elle ne demande rien, bloquée dans un silence solitaire qui fait mal. comme si elle avait déjà usé sa carte caprice pour la vie en réclamant sa liberté. comme si il fallait pas pousser.

01 — Le rêve de devenir danseuse étoile au bout des pieds, elle y a consacré des années avant que tout ne finisse cassé. Oui elle ne se balançait que sur des rythmes lyriques, oui il y avait toujours cette chorégraphie en métronome, mais ce qu’elle pouvait ressentir dans chaque mouvement, c’était sa part de liberté. Et elle aurait pu aller loin, déjà sans le savoir loin de sa famille arriviste, dans son propre univers, le corps et les muscles douloureux, brûlés par l’effort mais portés par des envies de vertige. Ne plus s’entrainer des heures durant jusqu’à l’épuisement, ne plus répéter jusqu’à ce que le corps se souvienne de la chorégraphie mieux que le cerveau, ne plus pouvoir partir en quête de ces instants de grâce en s’imprégnant d’un nouvel enchaînement : ça la tue parfois encore à petit feu. Une part d’elle s’est éteinte à l’époque, la été aisée à l’abandon comme une boîte à musique qu’on oublie avec le temps. Elle a trouvé un peu de réconfort dans les autres arts. Et maintenant elle se contente d’adorer regarder les autres être portés par cette même énergie. 02 — Les manipulations de la mère, la voracité du père. Ils ne pensent qu’en chiffres et preuves de réussite. Le moindre mot, le moindre geste a un but et doit avoir un retour sur investissement. Tout ça pour faire perdurer l’empire familial qui n’a de valeur qu’à leurs yeux et le cercle élitiste qui les entoure. Les progénitures font partie de l’échiquier et ont des chemins de vie déjà planifiés, éducation froide et intransigeante. Du moins tant qu’ils savent apporter un peu de prestige et d’argent au tableau. Elle les hait et leur en veut pour tout ce qu’ils ont fait, dit et font encore. Si elle n’a rien à faire dans cette famille, eux n’auraient jamais dû être parents. 03 — Le grand-frère trop fort pour eux, pour elle. Il obéit, il réussit, il n’a jamais rien dit mais elle ne sait pas si ça s’appelle vivre. Elle l’a toujours admiré et, gamins, ils avaient une drôle de complicité mêlée à une distance un peu précieuse. Ils ont perdu le contact depuis qu’elle a été bannie. Et elle se ronge les sangs pour lui. Si elle pouvait le protéger, si elle pouvait le kidnapper loin d’eux, elle le ferait. 04 — Y a son âme d’enfant trop bridée qui ne résiste pas bien longuement au moindre défi stupide qu’on peut lui lancer pour la faire sortir de sa zone de confort (parce qu’elle reste fière et de mauvaise foi malgré l’embarras et sa confusion). 05 — Elle n’est pas aussi douce qu’on peut le croire. Elle peut être plus brutale qu’il n’y paraît. Elle a plus d'humour qu'on peut l'imaginer. Elle peut faire des leçons. Elle peut brûler la mèche par les deux bouts. Elle peut s’faire câline. Elle peut repousser, s’enfermer et refuser de s’habiller. Pas décidée entre le femme et l’enfant. L’amie et l’amante. Elle-même ne sait pas encore qui elle est sans cette famille-cloison. Elle apprend, se cherche lentement et prend juste goût à surprendre, bousculer les autres. Trop de facettes pas encore révélées, des limites à pousser encore plus loin. Sora c’est tous ces “possibles soufflés” et ses frayeurs qui savent se faire leurs dents.