daybreak rain (chulhei)

l’air lui pique la peau, un millier de petites aiguilles lui perforant l’épiderme et envoyant des vagues de chaleur à travers son corps. l’été s’est bel et bien installé à séoul, imposant et inévitable bien que ses nombreux voyages dans divers pays du sud l’y aient immunisé.  sungyoon souffre, mais ce n’est pas la chaleur qui l’étouffe, juste les pensées qui heurtent son cœur au rythme de la pluie sur le pavé dehors. horriblement cliché, se dit-il en se moquant de sa propre niaiserie d'un faible sourire, bien que cet état d’esprit ne soit pas réservé aux jours pluvieux. qu’importe l’éclat des rayons qui illuminent le ciel, son esprit reste toujours aussi sombre et il a appris à s’y faire. il ferme sa fenêtre et retourne à son bureau pour s’occuper du mieux qu’il peut, l’esprit partagé entre la retouche de nombreuses photos encore intouchées et la préparation exténuante de son déménagement.

lorsqu’il lève les yeux de son écran, c’est pour tirer les rideaux afin de bloquer la lumière qui s’y reflète. il lui faut un moment pour réaliser que la pluie s’est arrêtée et que les rayons de soleil sont revenus, tout aussi faibles qu’agréables. sungyoon se retrouve vite dehors et ses coups de volant le mènent au même endroit que toutes les fois où il étouffe. y être devrait le suffoquer encore plus pourtant c’est là qu’il trouve son bol d’air frais. le pétrichor envahit rapidement ses poumons et l’odeur a un effet tranquillisant sur lui – même s’il vient rapidement la remplacer par celle de la cigarette. lui qui avait quasiment arrêté est retombé en plein dedans, c’est l’une des seules choses qui parvient à calmer ses nerfs et, même si la senteur de terre mouillée et l’éclat chaud et doré du soleil suffisent à l’apaiser, l’addiction se fait ressentir. woosung allume une clope – sa cinquième de la journée – sur laquelle il tire distraitement en marchant, main dans la poche et regard dans le vide. ses lèvres s’étirent en un sourire quand il aperçoit un chien et son maître assis à un banc, mais il s’estompe aussitôt qu’il réalise leur identité.

arrêt sur image. d’habitude il se sentirait stupide de penser à un signe du destin, mais sungyoon est suffisamment vulnérable pour y croire. ils se retrouvent enfin après des semaines, ici, là où tout a commencé. c’est puissant comme coïncidence et sungyoon sourirait, si son corps entier n’était pas figé de stupeur.  
le destin.
c’est ça qui le pousse à trouver en lui un grain de courage auquel s’accrocher et, sans qu’il ne le réalise, il se débarrasse de la cigarette et accoste le jeune homme, son cerveau à présent en autopilote. « hey... » souffle-t-il, l’odeur de clope encore suspendue à ses vêtements. sa voix craque, reflète l’hésitation qu’il voit dans les yeux de chulhei etsungyoon devient soudainement hyper conscient de ses paroles et pensées. « been a while. » sa lèvre tique en une grimace qui se voulait être un sourire. il tente de détendre l’ambiance, mais ça ne marche pas et il ne sait pas à quoi il s’attendait. ce qui s’est passé entre eux ne peut être arrangé avec de simples plaisanteries.  « mind if i sit? » il attend que chulhei acquiesce pour s’installer à ses côtés – en laissant tout de même un espace entre eux – mais il l’aurait sûrement fait même s’il avait refusé. yoon grimace intérieurement, se trouvant beaucoup trop imposant à son goût. jamais il n’oserait forcer sa présence ainsi, mais s’il ne le fait pas maintenant, c’en sera fini d’eux. yoon en est certain, pourtant il faut tout de même que plusieurs instants de silence s’écoulent avant qu’il ne trouve le courage de parler. « can we… can we talk? » son regard peine à quitter ses doigts nerveux qu’il triture depuis un moment déjà, ainsi il ne le toise que du coin de l’œil, lueur faible l’implorant d’accepter sa requête.

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la pluie martèle contre le pare-brise et chulhei regrette un instant d’être sorti, mais il ne pouvait plus tenir sa chienne à l’intérieur plus longtemps. elle a bravé bien pire et ne déteste pas tant l’eau, au contraire de son maître qui voit déjà ses efforts partir en fumée. dans le reflet du rétroviseur il se regarde, remet ses petites boucles en place et lorsqu’il remarque son bébé tout excité à l’arrière, un sourire se montre. il se retourne pour l’encourager dans ses bêtises et déplorer l’état de ses sièges, juste quelques minutes avant de réaliser que la tempête se calme et qu’il ne finira pas aussi trempé qu’il le prévoyait. que ne ferait-il pas pour sa princesse ? il sort armé de son parapluie pour contrer la faible averse et libère sunhee non sans la tenir en laisse, trop effrayé de la perdre de vue dans ce grand parc même si de toutes évidences, ils le connaissent par cœur. il y a des souvenirs qu’il veut garder éternels, ici et peu importe la douleur qu’ils procurent ensuite, il y ressent aussi un certain bien-être. parfois comme une lueur d’espoir qui résiste aveuglément, sourde aux vérités létales qui ont assassiné son cœur et ça va, il ne le gère plus si mal. dit-il. il accepte la solitude pour laquelle il s’est condamné et en ces beaux jours de pluie, où les rayons de lumière percent les nuages pour former des arcs-en-ciel, il ne voit que le monde en couleurs éclatantes. pour quelques heures ses sourires sont purs et teintés d’affection qu’il destine à sa compagne, qui sautille à ses côtés. la pluie s’est arrêtée, mais il garde son parapluie déployé pour y cacher les traces humides au coin de ses yeux abîmés. il y a des parcelles de terre qui lui rappellent des fous rires et d’autres où les tendresses étaient de mise, alors il retrace le même parcours à chaque fois pour ne pas les oublier comme des photographies défilant derrière ses yeux. comme lui chulhei en fait de bons souvenirs en essayant d’avancer, ou bien c’est ce dont il voudrait se convaincre.

la promenade le mène sur un banc et il referme son parapluie pour laisser le soleil réchauffer sa peau, sunhee à ses pieds se roulant parterre avant de s’y affaler, enfantine. il l’embête avec ses pieds quelques temps avant de se pencher pour lui gratter les oreilles, lorsqu’elle essaie de le mordiller et il la traite d’idiote avec amour. c’est en se redressant qu’il entend une voix et qu’il lève les yeux sur le visage qu’il ne pensait plus revoir de sitôt. sungyoon ? il en reste muet, impoli devant le geste insensé et il se demande si ce n’est d’ailleurs, que de la politesse. ça fait longtemps, dit-il. « yeah.. » l’inconfort est palpable dans l’air et chulhei y reconnaît l’odeur de cigarette mêlée à la pluie. il est si surpris qu’il ne fait rien de plus que le regarder et c’est ironique, de réussir à tenir aussi longtemps son regard sans le détourner, désormais. est-ce que tout est vrai ? il aimerait toucher pour s’en persuader, mais il ne fait qu’acquiescer à la demande du jeune homme et sursauter quand sunhee se jette sur les genoux de ce dernier, assis avec eux. elle est sûrement là, sa preuve et même si la scène le fait sourire, il refuse toujours de parler. ce n’est pas à lui de le faire, aujourd’hui. il était prêt à s’effacer, mais le destin s’amuse encore avec lui et il est si triste de ne trouver aucun répit, même lorsqu’il essayait tant de s’amender.. en colère presque de se voir torturé ainsi. il hausse les épaules à la nouvelle question, qui peu importe sa réponse mènera au même résultat, alors il s'y soumet. il pourrait choisir de s’en aller, mais sungyoon aurait pu choisir de l’ignorer aussi et c'est assez pour éveiller sa curiositié. mais aussi pour sa petite lueur d’espoir qui s’est arrêtée devant une porte entrouverte –attirée par la plus grande lumière qui se cache derrière. « sure… h-how have you been? » quand bien même il ne connaît pas les raisons de sungyoon, il n’est pas idiot et cette question n’a pour effet que de le distraire. il a imaginé ce scénario plus d’une fois, comme sungyoon autrefois, il espérait le voir revenir et repartir à zéro ou au contraire, les éloigner définitivement. un véritable au revoir et après des semaines de silence, c’est la seule raison qu’il imagine. le vide présent en lui n’a fait que grandir, mais il parvenait à l’ignorer jusqu’à cet instant et la compagnie de sa chienne ne suffit plus à le faire sourire quand si proche, à même pas un mètre, bat un cœur que le sien appelle toujours.

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son corps avance de lui-même vers la silhouette, refusant d’écouter la petite voix en panique qui lui crie de fuir au plus loin. sungyoon croit beaucoup trop au destin pour faire demi-tour devant cette coïncidence et, si sa détermination n’avait pas réussi à le pousser vers l’avant, la présence de sunhee aurait suffi. son enthousiasme le revigore dès qu’il arrive à sa hauteur et lui insuffle une nouvelle force lorsqu’elle saute sur ses genoux. les lèvres de sungyoon s’étirent en un sourire sincère et il passe quelques secondes à flatter ses poils dorés sans se soucier du reste du monde. il pourrait en oublier la présence de chulhei si ses traits perçus du coin de l’œil ne faisaient pas sursauter son cœur, et il finit par détourner son attention de la chienne pour briser enfin le silence, sa main caressant toujours distraitement sa tête pour apaiser ses nerfs. « um… pretty terrible, to be honest. » un petit rire s’échappe de ses lèvres, soufflant une brise de légèreté pour emporter la lourdeur de ses mots. il ne veut pas le faire culpabiliser, loin de là ; il ne veut juste plus lui mentir. son être entier lui implore d’être honnête, de ne dire que la vérité. il est là pour ça, après tout. plus de mensonges, plus de secrets. plus de vérités voilées derrière une fierté qui ne fait que les heurter encore plus, juste la vulnérabilité qu’il revêtira avec fierté au lieu de la cacher honteusement jusqu’à ce qu’elle le détruise. sungyoon ne prend pas la peine de lui retourner la question, il pense en connaître la réponse. tous deux ont du vivre la même chose – il l’espère, c’est égoïste mais il ne veut pas être le seul à souffrir – et il  ne veut pas cogiter dessus, simplement passer à autre chose.

« look, i just wanted to say… i’m sorry. » sungyoon a distraitement répété le discours en faisant autre chose des centaines de fois et d’innombrables nuits ont été passées à penser à ce qu’il aimerait tant lui dire s’il le revoyait. pourtant, maintenant qu’il l’a devant lui, sa gorge se noue, comme s’il réalisait enfin l’impact que chaque mot pourrait avoir sur leur relation – ou ce qu’il en reste, du moins. « i wasn’t expecting us to have that conversation, so i panicked. i shouldn’t have said those things. » pourtant, il les pensait. il s’excuse pour la manière et non le contenu, les émotions ont eu raison de lui mais l’intention était la même ; parler pour alléger ses peines, pour faire comprendre à chulhei pourquoi il reculait, pourquoi il avait peur. au final, ça a eu l’effet inverse. « okay, i shouldn’t have said them like that, » corrige-t-il. avoir admis ses faiblesses à chulhei était un exploit qu’il ne veut pas se retirer, mais il aurait voulu s’y prendre d’une meilleure façon. « but i still kinda meant it. i just had to let you know that i was… scared ? » scared. il ne trouverait pas meilleur mot pour décrire ce qu’il ressentait et ce qui l’a mené jusqu’ici et aujourd’hui encore, ça dure encore un peu. son estomac se noue à y penser et il prend une longue bouchée d’air, ses doigts venant gratter derrière les oreilles de sunhee pour y puiser un peu de force.  « yeah, i was terrified when you asked for more. ‘cause i wasn’t sure i could give it to you. or, if i should. » les yeux se lèvent, toujours aussi distants alors qu’il fixe une famille au loin, leurs silhouettes floues bougeant de manière indiscernable peu importe à quel point il se concentre. sungyoon tente de se retirer de la situation ; oublier le poids de son corps et les martèlement de son cœur pour que l’esprit prenne la relève et s’exprime plus librement.  « but i wanted to. » ses pupilles vacillent et il baisse de nouveau la tête, entraîné vers l’avant par le long soupir qui s’échappe de ses lèvres. juste à temps pour cacher le sourire éclaire qui les étire l’espace d’une seconde. il le voulait tellement, sungyoon. passé la phase de fierté où il tentait de se convaincre qu’il était passé à autre chose, il a réalisé qu’il ne voulait rien d’autre qu’avoir chulhei de nouveau à ses côtés. évidemment, ce n’était pas si simple que ça ; ça ne l’est jamais, et il a dû se résoudre à laisser ses sentiments tapis dans l’ombre au lieu de les laisser briller au grand jour. obscurité qui les aura engloutis tous les deux, au final. son dos revient à la rencontre du banc et il pose sa main dessus à ses côtés, marquant la frontière entre eux deux, bien que ses paroles tentent de la briser. « our breakup really messed me up, so i was just scared it would happen again. i really wanted to trust you but i couldn’t so, i’m sorry. » bon, c’est un peu ta faute aussi, qu’il hésite à ajouter en ricanant pour détendre l’ambiance, mais il se retient en se raclant la gorge, tentant de rester sérieux au plus possible pour ne pas ruiner la portée de ses mots. « i guess we’re even now, huh? » souffle-t-il tout de même, un léger sourire haussant le coin de ses lèvres lorsqu’il daigne enfin tourner la tête pour le regarder. sungyoon pianote nerveusement des doigts sur le banc. sa main chemine petit à petit vers celle de chulhei, beaucoup trop timidement pour que tous les deux s’en rendent compte. il a encore tellement de chose à lui dire, mais les aveux devaient passer en premier.

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il vient ici toutes les semaines, mais quelles étaient les chances pour qu’ils se rencontrent par hasard en ce lieu si important ? ce parc est imprégné de souvenirs que chulhei veut continuer à chérir, mais la présence du photographe l’intimide aujourd’hui. Les retrouvailles avec sunhee le font sourire et le détendent un peu pour la suite, même si ses doigts se crispent autour de son jean et qu’il n’offre son regard qu’au sol humide face à lui. la réponse honnête de sungyoon le surprend aussi, mais elle ne l’oppresse pas autant qu’elle ne le pourrait et il met ça sur le rire qui a suivi –si joli, si doux et léger– familier. « same here. » la même légèreté dans sa voix, car à force, lui est juste résigné à ne plus aller bien depuis une éternité. ça s’est juste empiré depuis leur dernière discussion et il s’en veut toujours, énormément, mais il n’entend aucune accusation dans la voix du plus jeune. pas le même ton brisant que la dernière fois, mais les mots pèsent toujours aussi lourd sur sa conscience et il n’en a oublié aucun. il les comprend même s’ils font mal, et il les assume même si ça piétine son assurance. alors pour une fois il se tait et laisse sungyoon s’exprimer, même lorsque ses excuses le surprennent et qu’il voudrait lui dire pas la peine. il grimace quant à la suite et au rappel de cette conversation atroce sur laquelle ils se sont quittés, en ne laissant derrière elle qu’amertume et goût d’inachevé. il regrette d’avoir été si impatient, dirigé par ses seuls désirs sans penser une seule seconde que sungyoon pouvait encore souffrir de leur échec passé.. il était effrayé, dit-il et chulhei veut intervenir, mais il ne sait pas quoi dire. il se contente d’observer son profil avec sérénité malgré le poids des révélations et le sérieux de la situation. il enfonce ses doigts dans ses cuisses jusqu’à se faire mal, mais aucune peine ne peut surpasser celle qui enchaîne son cœur et son regard dévie sur la même famille que sungyoon observe. but i wanted to. il voudrait qu’il se remette à pleuvoir, car si l’image se brouille devant ses yeux, ce n’est pas à cause de la distance et il prie tous les dieux pour que sungyoon reste timide. ce n’est pas que de la tristesse ou du regret, mais le soulagement qui l’émeut tant en cet instant. celui de ne pas être détesté et d’avoir même été voulu, malgré le bordel qu’il a fichu dans leurs sentiments. et ça ne date pas d’hier. encore une fois il se tait, mais il ne ferait que gâcher l’élan de courage dont fait preuve son ami et il attend ses dernières excuses pour enfin s’exprimer. « I should be the only one to say sorry, i didn’t… think of that. i’m so selfish, but now i get it. i'm sorry yoon.. i thought you’d never want to see me or even talk to me again, but you’re here. thank you. » sa vision est de nouveau claire et ses yeux ne font que briller d’émotions, sans l’embarras que ses larmes auraient pu causer. il sourit aux derniers mots de sungyoon et d’instinct place sa main sur le banc où il en effleure une autre, plus chaude. « i guess we are. » il se mordille la lèvre et lorsqu’il daigne tourner la tête, c’est pour baisser les yeux sur l’espace vide entre eux et leurs mains pas si proches, mais pas si loin non plus. il ne fera plus d’erreur sous l’impatience. « does that mean we’re going back to being friends? » lorsqu’il relève les yeux, c’est pour croiser ceux de sungyoon et sourire par réflexe. L’air est si différent de la dernière fois, moins tendu même si les confessions sont toutes aussi lourdes et c’est peut-être parce qu’elles avaient pour but d’alléger leur cœur. Il y a de jolies lumières dans le regard du photographe et chulhei s’y perd. Il apercevrait presque son reflet à travers lui et les secondes filent, chaleur solaire contre son visage, mais son cœur se réchauffe pour d’autres raisons et ses doigts hésitent. Ils avancent et reculent, attendent. « i miss you. » les mots glissent naturellement et pour une fois, il ne les reprend pas. il baisse néanmoins la tête en brisant le contact visuel, mais c’est le retour du pessimisme comme un éclair de lucidité au milieu du rêve. « you didn’t tell me all this because you’re leaving, right? are you? » Ils n’ont pas eu l’occasion de finir sur une belle note, alors peut-être que sungyoon s’en est chargé pour eux deux, pour s’en aller avec la conscience tranquille. et sa main vient toucher celle de son ex sans insister. il cherche juste la chaleur, soleil de sa vie qu’il refuse devoir encore laisser partir pour des nuits sombres et glaciales. « come back. » he says, « come back to me. » in his life, he wanted to add.

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C’est apaisant de réaliser la facilité qu’il a à s’exprimer. Sungyoon a tant réfléchi à ce qu’il dirait, et tant de fois l’épreuve lui a semblé insurmontable. Mais aux côtés de Chulhei, sa langue se délie et son cœur s’allège : il n’a plus peur, c’est certain et la présence de l’aîné n’y est pas pour rien. Il a toujours été sa plus grande source de force et ses faiblesses ne font pas le poids face à l’importance qu’il accorde à leur relation. Quand il s’agit d’être là pour lui et de prouver qu’il le restera, Sungyoon se sent pousser des ailes et il n’a même pas besoin de réfléchir lorsqu’il s’exprime.  « Hey, you didn’t think you’d get rid of me that fast, did you? » Sourire joueur, presque espiègle, parce que Sungyoon sait que ça ne se serait pas terminé comme ça pour eux. Peut-être est-ce juste son éternelle naïveté, mais même quand il était au fond du gouffre, même quand il se disait que c’était fini entre eux pour de bon, il savait que ce n’était pas vrai. Il savait qu’il y aurait autre chose ; il ne savait pas quoi, si ce serait comme avant ou différent, mieux ou pas, mais c’était bien là, une certitude mêlée à un espoir que leurs trajectoires étaient inséparables et se recroiseraient tôt ou tard, à l’image de leurs mains qui s’effleurent enfin. Son sourire s’étire et il ne tente rien de plus, apprécie simplement la proximité. C’est bien, comme ça. Pourtant… « Um, actually… » Pourtant, il veut toujours plus. Il se sent stupide à redemander ce qu’il a maintes fois rejeté, comme un gamin capricieux qui réalise enfin ce qu’il rate, mais sa fierté n’a plus d’importance : il s’est décidé. Maintenant, reste à voir comment le dire. « We’re… we already are, right ? » Façon subtile d’indiquer qu’il voulait ajouter autre chose par-dessus leur amitié, bien qu’il ne sache pas réellement comment le dire. Les mots ont trop longtemps été captifs de ses lèvres, beaucoup trop pour les laisser sortir ainsi, sans faire attention au timing. Sungyoon veut qu’ils sonnent comme les sentiments qui agitent son cœur, tout aussi importants et pittoresques, et il ne peut empêcher les idées de se bousculer dans son esprit qui ne se calme que lorsque Chulhei prononce les mots inévitables, tant attendus.

Sungyoon marque une pause, reprend son souffle intérieur. Un sourire éclot lentement sur ses lippes, au même rythme que la réalisation qu’ils veulent réellement la même chose, aujourd’hui encore. Qu’il n’a pas à s’inquiéter de ses mots ou comment les dire, car Chulhei n’attend que de les entendre. Et ses cils battent lentement alors qu’il souffle à son tour : « I miss you too. » C’est tout bas, ça reste entre eux comme un secret bien gardé, qu’ils cachaient à tout le monde sauf eux-mêmes. Il lui manque. Ses étreintes lui manquent, sa présence, même son regard lorsqu’il baisse la tête, et il se retrouve à en faire de même, tentant de le cueillir de nouveau. Sungyoon rit, un peu par embarras. Il a l’habitude de ne se montrer vulnérable que pour disparaître l’instant d’après, pour ne pas avoir à répondre de ses actes. Mais aujourd’hui, sa réponse est ferme. « Nah, I’m not going anywhere. » Not anymore. « I promise. I’m staying. » Près de lui, parce qu’il ne veut être nulle part ailleurs. Il ne veut plus jamais le laisser, lui non plus ne se le pardonnerait pas. Sungyoon veut qu’il le sache, qu’il comprenne l’importance qu’il a pour lui. Et son cœur s’emballe, pris d’assaut par les sentiments qui cognent aux parois pour s’en libérer, jusqu’à ce que ses lèvres s’entrouvrent et les laissent sortir : « And I love you. » C’était si simple, si facile à dire, comme s’il avait été né pour ça. Tout semble futile, à présent, les disputes et les dilemmes, les troubles qu’ils ont dû traverser, mais peut-être qu’ils étaient nécessaires pour en arriver là. Peu importe ce qui l’a mené à ce moment, Sungyoon en est reconnaissant. Malgré le soulagement, son cœur continuer de s’affoler et sa main glisse vers celle de l’aîné, entrelaçant leurs doigts pour puiser des forces entre les siens. Il rit, d’un rire pur, attendri, éperdument amoureux. Un rire doux mais dont la force se manifeste à travers sa sincérité, juste assez pour le faire basculer un peu plus vers lui. « Anything you want. » Il exhibe ses canines en un sourire béat pendant un court instant, jusqu’à ce que ses paupières se ferment alors qu’il comble presque timidement la distance entre eux, ses lippes capturant leurs jumelles en un baiser religieusement tendre et délicat. Les battements accélèrent, vibrent à travers son corps jusqu’au bout de ses doigts qui resserrent ceux de Chulhei. Bien que le baiser reste chaste, Sungyoon s'éternise et lorsqu'il brise enfin le contact, il laisse juste assez d’espace entre eux pour que s’échoue sur les lèvres du jeune homme un soupir rieur : « About fucking time. »

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c’est incroyable de se sentir si haut quand on atteignait doucement le fond, comme si on l’avait tiré de la noyade pour ne lui apporter que chaleur rassurante et sourires tendres. une récompense plutôt qu’un sermon et chulhei n’a pas le coeur serré, juste endolori par l’affection dont on l’assaille sans prévenir. malgré les vérités révélées, les papillons ont remplacé l’enclume qui pesait lourd dans son ventre et ce serait presque l’euphorie là-haut. il ne sait plus ce que les minutes vont lui réserver, impatient sans raison alors que l’issue de cette rencontre n’est toujours pas scellée. il ne sait pas s’il a le droit, mais ses espoirs ont grandi et il ne se retient plus vraiment, son coeur laissé en libre expression. « i… maybe? foolish of me, right? » il rigole à présent et le désespoir n’est plus de mise lorsqu’il remarque les signaux différents qu’on lui envoie aujourd’hui, loin de la réticence d’autrefois. sungyoon est plus joueur et moins sur la défensive, plus du tout dirait-il même, à le voir hésiter avec les mots et rassurer son coeur. ils étaient toujours amis et chulhei était le seul à rendre la situation pire qu’elle ne l’était, bien sûr. « right. » mais ce n’est pas anodin, c’est subtile et suffisant pour le laisser espérer. confession plus franche de son côté en avouant que sungyoon lui manque d’une façon différente, qui n’implique plus l’amitié et il sait que ses mots ont été compris. il n’était pas certain pourtant d’y recevoir une réponse positive, mais il garde les yeux baissés et s’assure une dernière fois de l’authenticité des confessions. à travers des mots pessimistes et une subtile demande au plus jeune de rester et c’est une promesse, dit-il. il ne partira pas. c’est bon chulhei, détends-toi. ses lèvres s’étirent bien trop loin et il ne peut s’empêcher de rire avant l’explosion. les mots lui manquent alors que sungyoon les enchaîne et ceux-là le font céder, après tout ce temps passé dans le noir. ses espoirs couverts d’ombre à chaque échec et les chaînes qui le retenaient dans le passé, difficiles à briser sans les blesser. hier encore il disait leur histoire foutue et aujourd’hui il puise son courage dans l’étreinte rassurante de leurs mains, les larmes au bord des yeux. « oh my god… » il ne devrait pas être étonné, mais c’est toujours différent lorsqu’on l’imagine et lorsque ça se réalise.

il en oublie de retourner l’amour qu’il ressent pour lui, mais ce n’est plus à douter quand il lui demande de revenir vers lui. les mots ne valent pas grand-chose si les actes ne suivent pas et c’est exaltant de se retrouver au milieu de ces initiatives, chacun plus confiant à chaque seconde. un pas devant l’autre jusqu’à ce que le rêve se réalise. mais le temps se fige et chulhei s’éternise sur le sourire qui s’approche doucement du sien. quelles étaient les chances pour qu’on lui pardonne ? oh quelles étaient les chances.. libéré par la tendresse d’un baiser et c’est une douce symphonie que lui joue son coeur. douceur qu’il n’a plus connu depuis des années qui lui semblent une décennie et il accueille le vide à regret. ses émotions comme une addiction et il en redemande, mais la remarque le fait rire et il ne briserait l’instant pour rien au monde. il joint leur front en venant lui caresser la joue de ses doigts libres, car il ne veut qu’explorer à nouveau ce qui lui a tant manqué. il les glisse entre ses mèches brunes, effleure son oreille et s’arrête contre sa nuque pour une prise plus ferme. « shut up… i love you so much. » plus qu’un murmure, mais ça reste entre eux et c’est innocent. il n’y a que pureté dans les sentiments qu’il voudrait crier au monde entier, mais il n’est pas contre les garder pour lui seulement. ils sont à la vue de tous et seuls pourtant, dans leur monde. chulhei tremble, mais ne s’inquiète plus des faux-pas et c’est naturel lorsqu’il incline leurs visage. « just kiss me again. » c’est naturel lorsqu’il prend le contrôle et son rythme diffère quand il l’accélère. chaste toujours, mais plus de passion pour une douce agression qui laisse chulhei à bout de souffle lorsqu’il y met fin. à bout de souffle, parce qu’il ne sait plus où donner de la tête et qu’il aurait presque du mal à réaliser s’il ne pressait pas tant les doigts de sungyoon. « sorry, but i’m so happy. » il s’excuse parce qu’il les sent désormais, les traces humides sur ses joues et il fond en larmes sans pouvoir l’arrêter. les sanglots retenus ou étouffés par l’épaule de sungyoon où il est venu se réfugier, étreintes qu’ils partageaient déjà même quand rien n’allait. « can i call you my baby again? » fragile, mais toujours aussi peu gêné qu'importe le moment. sunhee se relève et doucement s’enquit de l’état des jeunes hommes, sans pour autant les interrompre. elle se déplace et choisit de s’installer contre leurs jambes, comme un signe de réconfort – ou de soutien.

last night story

Tout son monde change en quelques instants et il ne s’en rend pas réellement compte ; Sungyoon plane au-dessus de la réalité, loin de la scène à laquelle il participe pourtant. Sans doute pour le meilleur, il fondrait en larmes s’il réalisait le tournant que sa vie vient de prendre et perdrait le charisme avec lequel il se prononce, comme s’il était possédé. La poussée d’adrénaline le défait de toute hésitation et le besoin vital de récupérer ce qui est sien prend le dessus sur toutes ses faiblesses et peurs ; avoir Chulhei de nouveau à ses côtés est son seul dessein et il met tout en œuvre pour l’accomplir. Pourtant il n’a besoin d’aucune machination ni ruse, simplement de lui ouvrir son cœur et le laisser voir la place qu’il y a laissée. « Yeah. You were always quite the dumbass. » Taquinerie habituelle, pourtant il le pense. Chulhei est idiot, idiot d’avoir pu penser ne serait-ce qu’un instant qu’il serait capable de l’abandonner, même si toutes ses actions devaient pointer vers ça. Même quand leurs chemins se sont de nouveau séparés et que le froid s’est installé, Sungyoon ne s’imaginait pas la situation durer – il espérait encore naïvement qu’un jour, ça s’arrange par on ne sait quelle force magnétique qui les attire sans cesse l’un vers l’autre. Il avait raison et lorsque la réalité le rattrape il vacille, oscille entre habileté et candeur alors qu’il laisse apparaître le vrai lui, le Sungyoon réservé qui suggère timidement un nouveau début. Le désir s’empare de lui à la simple idée et il abandonne toutes ses inhibitions, la confession inévitable franchit enfin la barrière de ses lèvres et il sent à peine les battements affolés de son cœur tellement il ne pense qu’à leurs mains liées et aux lippes de l’aîné qu’il finit par éteindre en une tendre caresse, instinct qu’il a dû réprimer beaucoup trop longtemps. Sungyoon rattrape tout le temps perdu pendant le baiser, pourtant celui-ci ne dépasse pas les limites et reste pur et timide, tremblant comme à la première fois, symbole de leur retour au départ.

Il jurerait que son rythme cardiaque s’est calmé, sa respiration se stabilise aussi pour troubler le baiser le moins possible. Les papillons laissent place à une sérénité absolue et Sungyoon a le sentiment que tout est à sa place ; leur destin s’accomplit enfin. Pensée naïve, carrément niaise et il sourit contre les lèvres de Chulhei sans pour autant se retirer, jusqu’à ce que le souffle leur manque et les oblige à se séparer, juste le temps d’un soupir auquel Chulhei a à peine le temps de répondre. « What? No, you shut up. » Lui non plus n’a pas le temps de réitérer son amour que l’aîné en redemande plus et il s’exécute aussitôt en une étreinte brûlante. Ses lippes imposent leur rythme à leurs jumelles lorsqu’elles les entrouvrent pour mieux les capturer et ses doigts s’enroulent autour du poignet de Chulhei alors qu’il se presse un peu plus contre lui, l’union de leurs mains se resserrant un peu plus avec chaque seconde qui s’écoule. Une éternité semble passer pourtant ce n’est toujours pas assez pour compenser tout le temps qu’ils ont passé à s’empêcher de céder. Il a toujours la tête dans les nuages lorsqu’il rompt le contact, le goût des lèvres de Chulhei persiste sur les siennes et il ne commence à revenir à la réalité que lorsque l’aîné exprime son bonheur. I hope the fuck you are, qu’il a envie de répondre, mais l’espace d’un instant son humour pinçant s’estompe et laisse place à une tendresse immensurable, impossible à exprimer à travers les mots seulement. « So am I » sont les seuls mots qui arrivent à filtrer hors de ses lèvres souriantes alors que sa paume épouse doucement la courbe de sa joue, effaçant ses larmes du revers d’un pouce. « You’re the baby in this relationship, but sure. Only if I can call you my princess, though. » L’échange lui semble juste, couvrir sa moitié d’épithètes affectueuses lui a presque autant manqué que l’homme lui-même et son cœur rate un énième battement à la seule idée. Il se perd dans le manque de distance, dans le souffle de l’aîné mêlé au sien, mais une légère pression se fait ressentir contre ses jambes et il baisse la tête pour y trouver Sunhee sagement nichée entre eux. Le tableau est à présent complet et un sentiment chaud et réconfortant l’envahit, celui d’être à nouveau complet. Il laisse sa main flatter la tête de la chienne de caresses enjouées et s’abandonne à ce jeu jusqu’à ce que des gouttes humides s’écrasent sur sa peau et attirent son attention. « Shit, I think it’s gonna rain again, » constate-t-il en levant la tête vers le ciel à nouveau recouvert de nuages. Les gouttes se multiplient petit à petit et il n’attend pas qu’elles deviennent torrentielles pour se retourner vers Chulhei. « Hey, do you wanna come over? My parents aren’t home and we got lots of leftovers. » Proposition alléchante d’un bon repas et d’une maison à eux seuls, mais surtout promesse tacite d’étreintes bercées par le son de la pluie, il ne pourrait rêver de mieux.

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il y avait un sentiment de mélancolie dans l'air et chulhei se remémorait en silence, les moments partagés avec sungyoon des plus agités aux plus doux, tous précieux en son coeur malgré la peine ressentie ensuite. il les chérissait bien assez pour accepter le fait qu'ils ne se répéteraient plus, mais il était heureux de pouvoir garder son amitié. le garder dans sa vie était le minimum qu'il espérait après avoir failli tout gâcher, et il pensait vraiment avoir fait l'erreur de trop avant que sungyoon n'apparaisse aujourd'hui. mais tout ça, c'était avant. il aura fallu de quelques minutes pour bousculer son coeur et il n'aurait sans doute pas cru à une véritable confession, sans un tendre baiser pour la sceller. la chaleur enveloppe de nouveau son coeur et c'est comme s'il flottait sur un nuage, comme si le poids de ses erreurs s'évaporait le temps de le retrouver. il pourrait aussi bien rêver et se réveiller d'un instant à l'autre, mais les sensations sont trop réelles pour ça. leurs sourires se croisent et chulhei soupire contre ses lèvres en se retenant de rire, mais c'est instinctif lorsqu'ils se séparent. les mots sortent d'eux-mêmes, besoin de réciproquer les sentiments du plus jeune avant de replonger sur lui. il l'aime, il l'aime et son coeur se serre sous la pression qu'il ressent soudain, ramené vers une réalité qui l'effraie plus qu'il ne l'admettra jamais. moins confiant qu'il n'aime à le prétendre, mais il est au moins sûr de savoir ce qu'il veut avec sungyoon ; ces promesses orales et tacites d'un futur à deux, de faire mieux et s'il le faut, d'avoir peur ensemble. sans le courage de sungyoon aujourd'hui, il n'aurait sûrement plus rien tenter envers lui. il s'était déjà résigné et ses larmes en témoignent, même si la remarque de son compagnon le vexe un peu et qu'il lui en fait part en lui cognant légèrement l'épaule. « am not a baby. » difficile à croire, surtout lorsqu'il rougit tant quant au surnom qu'il veut lui donner en retour. souvenirs adorables qui le submergent, mais aussi plus fiévreux qui le distraient. « your princess.. yeah whatever. » il détourne les yeux, mais un sourire béat déforme ses lèvres et c'est alors qu'il remarque sunhee à leurs pieds. le mot famille lui traverse l'esprit et il se sent idiot à l'idée, se couvre les yeux un instant et ne sort de sa bulle que lorsque sungyoon mentionne la pluie. il lève les yeux au ciel pour constater du triste tableau qui s'offre à eux, hochant la tête pour signifier qu'il l'écoute. il est un peu triste. doivent-ils déjà se séparer après ces courts instants ? il baisse les yeux et les relève aussi vite quand sungyoon l'invite pour la nuit, nul besoin d'y réfléchir plus d'une seconde. « fuck yes, i'd love to. » il tapote le dos de sunhee et se lève pour se mettre en route avant que la pluie ne les trempe, mais rester au sec ne semble pas faire partie de ses priorités lorsqu'il se tourne vers sungyoon. il lui sourit juste avant de l'attraper par les épaules et l'attirer contre lui, profitant de sa taille pour l'envelopper et ne lui laisser aucun autre choix que de l'accepter. « just.. a little longer. » lorsque la minute s'écoule et que la pluie s'intensifie, il s'écarte et laisse la trace de ses lèvres sur le front du plus adorable des hommes. « okay, now let's go. » il lui prend la main pour ensemble, se diriger vers la sortie du parc et rattraper toutes ces années perdues.

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