near/far (daw)

— (NEAR/FAR)
you flicker like a fluorescent light
an intermittent strobe in a lonely night
but i won't watch you burning out
les messages s’entassent de son côté, conversation unilatérale alors qu’il est le seul à demander des nouvelles sans jamais avoir de réponse. ça l’énerve, il ne sait pas si c’est plus par inquiétude face au mutisme de son ami, ou par peur qu’il ait enfin décidé de l’abandonner comme il s’imagine tout le monde faire éventuellement. hyunseong réprime ces pensées, elles n’ont pas leur place – juno est toujours là, après tout, pourtant c’est à lui qu’il fait le plus de mal. daw n’a aucune raison de vouloir le laisser alors qu’il ne fait que veiller sur lui du mieux qu’il peut. pourtant, ça ne l’apaise pas plus que ça. la colère reste là, dirigée vers lui-même – la faute à ce sentiment impérissable d’insuffisance qui le convainc sans cesse de ne pas en faire assez, ne pas être là pour lui autant qu’il le pourrait. daw dépend de lui, il ne devrait pas mais ils le savent tous  les deux sans vraiment se le dire, hyunseong a su s’imposer dans sa vie sans vraiment le prévoir et il est trop tard pour reculer maintenant. il refuse de laisser les choses au hasard, et encore moins daw livré à son propre sort.

les messages et appels insistants ne servent à rien, si ce n’est à renforcer la détermination de hyunseong. daw doit en avoir plus besoin de sa présence en chair que de ses messages, il doit avoir besoin de ses yeux sternes pour lui faire garder les pieds sur terre – et de ses bras forts pour le retenir s’il venait à échouer. il n’attend pas plus longtemps pour apparaître sur le pas de sa porte, ignorant même s’il est chez lui ou pas. hyunseong n’en a que faire, il est prêt à tout essayer. les martèlements sur la porte commencent lourdement, sans diminuer en intensité au fur et à mesure qu’il attend une réponse. « daw ? » il s’arrête un moment, juste le temps de tendre l’oreille et essayer de percevoir une quelconque voix, un quelconque bruit à l’intérieur qu’il pourrait prendre comme une réponse. « daw, c’est moi, hyunseong. tu réponds pas à mes appels ni à mes messages et… je me fais du souci pour toi. » mais il n’y a que le silence, toujours aussi frustrant, encore plus angoissant. hyunseong le sent s’infiltrer en lui comme une vague de froid qui lui glace les os. ainsi, il ne contrôle pas le spasme qui le pousse à tourner vivement la poignée plusieurs fois, espérant au fond qu’elle cède sous sa force ou qu’un oubli l’ait laissée ouverte pour lui.  

il ne sent pas non plus la panique s’emparer de lui au point de multiplier les tentatives jusqu’à forcer la serrure. le bruit aura sûrement alerté les voisins, mais c’est le dernier de ses soucis alors qu’il pousse la porte à présent ouvert. il ne pense pas non plus à la magnitude de ses actions, sans doutes beaucoup plus excessives et dramatiques qu’elles ne devraient l’air. il aura l’air tellement ridicule si tout va bien et qu’il a réagi comme ça pour rien. mais hyunseong fait confiance à son instinct, il se trompe rarement et il continue à appeler le nom de son ami en s’avançant à l’intérieur de l’appartement avec prudence ; comme un éclaireur cherchant des corps tombés dans des ruines.

---

— (NEAR/FAR)
you flicker like a fluorescent light
an intermittent strobe in a lonely night
but i won't watch you burning out
Il est parti. De sa vie. Pour toujours sans doute. Oui. Il est parti. La réalisation cruelle qui se faufile dans ses veines comme un poison malingre. Parti. Et il n’y a plus rien pour réparer ce qui a été brisé. Plus rien pour ramasser cette amitié qui n’est que lambeaux et morceaux. Le bonheur du passé n’a pu briller assez fort pour ne pas s’effondrer sous le poids des mensonges. De ses mensonges. Et comme tout le monde, il a fini par partir. Abandonné. Laissé pour compte. Abandonné. Comme ses efforts. Abandonné. Anéanti. De la crise d’angoisse qui ne passe plus, crépitant là à l’intérieur de lui à chacune de ses inspirations ratées. De ces pensées assassines à chaque fois qu’il voit un morceau de lui, de son reflet dans des surfaces polies. De ces tremblements et sanglots qu’il retient, l’appartement, suite, laissé dans le noir. De cette idée sombre, terriblement sombre, triste, que personne au final n’avait besoin de lui. Personne. Et c’était difficile. De continuer à voir la lumière. Son importance. Être mis en sourdine. Conscience brisée. Difficile de ne pas juste tout laisser tomber. Si tout le monde avait décidé qu’il n’en valait pas la peine, pourquoi devrait-il penser le contraire Daw ? Pourquoi. Téléphone abandonné dans un coin de sa chambre, sans doute déchargé depuis. La tristesse d’attendre un message qui n’arrivera pas. La douleur d’attendre quelque chose qui ne peut arriver. Chulhei s’est détourné de lui. Et rien que d’y repenser il a le cœur au bord des lèvres. Le cœur au bord des lèvres et ce besoin funeste de disparaître pour de bon. Il est bien parti pour. Nourriture qu’il ne mange plus, le peu de poids qu’il avait pu récupérer déjà envolé. Comme ses efforts. À quoi ça sert d’essayer de s’en sortir, s’il n’a personne, plus personne pour qui se battre. À quoi ça sert. Et c’est difficile pour Daw. De ne pas se haïr plus, de ne pas juste tout abandonner. Trop lâche pour avoir le geste de trop. Même maintenant. Il a ses mains qui tremblent, la lame de rasoir qui glisse contre sa peau marbrée. Grenat de nouvelles lignes qui côtoient les anciennes blanches, marquantes. Peau abimée. Carnage qu’il trace de gestes désespérés là entre ses cuisses. Comme pour se rappeler qu’il ressent encore quelque chose. Mains qui tremblent mais jamais la lame qui ne dérape. Jamais. Habitude amère entre ses doigts, le sang lavé par l’eau qui ruissèle. Bruit qui camoufle ceux de sa porte qu’on malmène. Bruit qui étouffe l’inquiétude qu’on pourrait avoir pour lui. Pas comme s’il importait. Pourtant son nom résonne encore. Jusqu’à percer la conscience de sa réalité. Le laissant dans une panique proche de l’hystérie. Hyunseong. « Je … » Hyunseong est là. C’est sa voix. Et celle de Daw qui s’étouffe comme un murmure, comme toujours. « J’arrive … » Il ne sait pas s’il l’a entendu, mais voilà qu’il tente de cacher les traces de son ignominie. Espère que l’eau lavera les dernières traces tandis qu’il sort, trébuche à moitié, de sa douche, attrapant en vitesse de quoi s’habiller. Le sweat est trop grand, trop ample. Le jean glisse sur sa peau blessée lui arrachement un sifflement mais peine à rester sur ses hanches. Pathétique. Dégoutant. Il se déteste tellement. Cheveux trempés il n’a pas pris le temps de se sécher, il fait face à Hyunseong dans le couloir, tête basse, des excuses déjà entre les lèvres. « Je … suis désolé … J’avais pas entendu … la porte. » Il n’arrive même plus à être heureux de le voir. La crainte que lui aussi vienne lui annoncer qu’il n’en peut plus. De lui. Qu’il s’en va. Aussi. Qu’il l’abandonne. Mains qui tirent sur son sweat pour cacher le plus de lui possible. Tenue vacillante pourtant. C’est difficile de vivre ces temps-ci.

---

— (NEAR/FAR)
you flicker like a fluorescent light
an intermittent strobe in a lonely night
but i won't watch you burning out
la peur de l’abandon l’habite depuis son plus jeune âge, sans même qu’il ne s’en rende compte. hyunseong l’a vue se concrétiser, cette peur, avec ses parents négligents dont la relation ne tenait qu’à un fil, puis avec son premier amour qu’il pensait éternel. tous deux l’ont rayé de sa vie sans le moindre égard ni le moindre regret, dès que l’occasion s’est présentée. des liens sacrés, ceux de la famille et d’un amour sincère, censés être impérissables mais qui se sont rompus comme s’ils n’avaient jamais été là. alors, l’idée que ses autres relations – moindres face à celles-là – ne réussissent pas à tenir le coup non plus ne le quitte jamais. daw ne fait pas exception à la règle, hyunseong ne peut nier la connexion qu’il y a entre eux mais devant l’absence soudaine du plus jeune elle aussi s’étiole, susceptible de s’éteindre à tout moment. peut-être que daw lui non plus ne restera pas.

peut-être qu’il est déjà parti.

parti.

il ne sait pas comment, mais ça reste une pensée intolérable peu importe la façon. c’est pour ça qu’il s’octroie le droit de forcer l’entrée, de débarquer dans  le refuge de daw sans y être invité – comme il l’a fait dans sa vie. et c’est pour ça qu’il ressent sans cesse le besoin de serrer l’étau, pour s’assurer qu’on ne le fuira pas. pourtant, cette fois-ci il ne le fait pas ; il ne serre que sa mâchoire, et sa main autour de l’avant-bras de daw avec une force que la douceur des caresses de son pouce contre sans efforts. son emprise et ce geste simple essaient d’être rassurants, communiquant silencieusement son propre soulagement de le voir devant lui alors qu’il réalise à peine la vivacité avec laquelle battait son cœur anxieux. « je t’ai appelé au téléphone. » son ton est ferme, malgré le léger frisson qui vient faire trembler sa voix. « et laissé plusieurs messages, aussi. tu répondais pas. pourquoi ? » elle se fait plus douce, plus indulgente et pourtant accusatrice à la fois, comme si elle était censée piquer daw et lui faire réaliser l’ampleur de l’inquiétude qu’il lui a fait ressentir. puis il soupire, simplement heureux de l’avoir là devant lui – pas dans le meilleur des états, mais il est encore là, c’est l’essentiel. l’espace d’un instant hyunseong abandonne ses manies manipulatrices, cesse de tenter inconsciemment de le faire culpabiliser, le temps de le serrer contre lui avec la douceur d’un enfant tenant une fleur délicate entre ses mains, désireux de la préserver. « je me suis fait un sang d’encre pour toi, tu sais. » peut-être que là encore c’est une manœuvre délibérée pour faire tomber ses défenses et exposer au grand jour sa vulnérabilité par le confort de son étreinte. si c’est le cas, il ne s’en rend pas compte, cet élan d’affection est sincère et l’aîné le garde près de lui  « ça va ? » hyunseong n’est pas dupe, il sait que son ami est mal en point malgré la nonchalance dont il essaie de faire preuve face à lui, même s’il ignore l’étendue du mal qui l’afflige et qu’il se fait à lui-même. alors il n’insiste pas et, défaisant l’étreinte sans pour autant le lâcher entièrement – il repose une main sur son épaule, geste simple mais imposant venant de sa part – il pose tout de même la question par politesse. s’il a la force de lui mentir, qu’il le fasse. mais si elle lui manque, hyunseong sera là pour le soutenir.

---

— (NEAR/FAR)
you flicker like a fluorescent light
an intermittent strobe in a lonely night
but i won't watch you burning out
La solitude comme une angoisse sourde et permanente. Et pourtant Daw qui ne faisait rien contre. Finalité qu’il avait embrassée avec tristesse. Conscience que de toute façon, il n’était pas une personne qu’on voulait garder dans sa vie. Pas quelqu’un qui importait. Laissé pour compte. Chulhei en était la triste preuve. Pas de nouvelles depuis, et Daw qui sombre. S’oublie. Oublie le monde. Ceux qui ne lui ont pas encore tourné le dos. Pas encore. Même s’il se doute, pessimiste, que bientôt on ne prendra plus la peine pour lui. C’est une évidence. Esprit faussé d’avoir été rabaissé si longtemps. Esprit faussé d’un manque de volonté de vivre affligeant. Esprit faussé qui lui fait oublier le reste, peine à vivre en dehors de l’angoisse. Peine à vivre si bien qu’il enchaine bêtise sur bêtise, juste pour se sentir un peu en vie. Survie précaire, il ne sait même pas ce que ça veut dire vivre, Daw. Il ne sait pas. Pourtant même dans son refuge, dans cette solitude qui l’angoisse, et le rassure à la fois, on force l’entrée. Hyunseong. C’est sa voix qui le ramène dans la vie réelle, sa voix qui résonne dans l’appartement par dessus le bruit de l’eau Mains qui s’affolent, lame de rasoir qui reste dans le fond de la douche. Il tente de sauver les apparences. Pour ne pas inquiéter. Pour ne pas déranger. Et sans doute égoïstement pour ne pas être abandonné trop vite. Le jean qu’il passe lui arrache un sifflement rauque. Le sweat entoure sa silhouette. Il espère cacher les dégâts Daw, cacher ce qu’il est. Mais s’il devrait être heureux qu’on s’inquiète pour lui, excuses qui passent ses lèvres dans un murmure, il n’y arrive pas. Comme atrophié des sentiments positifs, l’impression latente qu’on ne peut le supporter, l’apprécier. L’impression que Hyunseong va lui dire qu’il n’en peut plus de lui. Ça ne serait pas le premier, pas le dernier non plus. Mention du téléphone, il baisse un peu plus la tête Daw. Triture le bas de son sweat. Téléphone abandonné. Envie de se décrocher du monde. C’est plus facile de l’affronter ainsi. « Je … sais pas … » Où il est. Si, entre son lit et l’une des tables de nuit. Il est déchargé. Il n’avait pas envie. Tant d’explications qui se perdent dans une étreinte. Délicate, mais qui le crispe pourtant. Figé. Statue de sel. Et de la culpabilité. Ça le ronge. Qu’on s’inquiète pour lui. L’impression de déranger. Ça le ronge. Parce qu’il se sent coupable, de ne pas être comme il faudrait. Pas un bon ami. Pas une bonne personne. Pas comme il faut. « Ça va … » Non. Mais le mensonge passe ses lèvres. Automatisme. Parce qu’il est idiot Daw. Sourit quand il devrait pleurer. Se tait quand il devrait hurler. Et il est pathétique. Sourire fragile. Sursaut à peine retenu à cette main sur son épaule. « Et toi ? Tu … Tu veux boire quelque chose ? » Il tente de faire l’hôte aussi, de détourner l’attention de lui. Déjà prêt à s’enfuir. Oisillon blessé. Il se dégage de cette main chaleureuse, passe à côté de Hyunseong. Démarche bancale. Direction la cuisine. Le jean qui frotte contre ses cuisses entaillées lui donne envie d’hurler. Il a envie de craquer. Mais c’est Daw. Qui prend toujours sur lui. Qui espère que les questions ne suivront pas sur son apparences, sur sa gorge cachée du sweat, sur sa démarche mal assurée, sur ses cheveux humides, sur ses lèvres pincées. Sur les appels aux secours qui se meurent dans ses yeux. « J’ai du café je crois … Du thé peut-être … De l’eau ? » Pas grand chose dans sa cuisine. L’impression qu’il ne vit pas ici. Fantôme dans sa propre demeure. Dans sa propre vie.

---

— (NEAR/FAR)
you flicker like a fluorescent light
an intermittent strobe in a lonely night
but i won't watch you burning out
hyunseong, il ne sait pas lâcher prise. c’est une chose à laquelle il ne pense jamais, même quand il devrait. il est de ceux qui, au lieu de partir en premier pour ne pas avoir à souffrir de l’abandon, se cramponnent à mains fortes pour l’empêcher d’arriver. et ses mains enserrent, étouffent, les os et les âmes se brisent sous leur emprise et au final, la peur se concrétise. c’est inévitable et il n’essaie pas de s’en empêcher, parce qu’il ne s’en rend pas compte – pour lui, ce qui le pousse à s’inviter dans l’appartement de daw est la peur qu’il se fasse du mal, pas la peur qu’il le laisse. les deux sont intimement liées, c’est pour ça qu’il ne réfléchit pas deux fois avant de forcer l’entrée  et d’exercer sans attendre son emprise en le prenant dans ses bras, cherchant tout de suite des explications. mais daw ne sait pas. il n’en dit pas plus, mais hyunseong n’a pas besoin qu’il le fasse pour comprendre. il n’a pas la bonne excuse, le bon prétexte. il lui cache quelque chose, peut-être qu’il ne lui fait pas assez confiance pour se confier à lui. la pensée lui pince le cœur mais lui aussi ne dit rien, il acquiesce juste, aussi compréhensif qu’il est capable d’être.  « ça va. j’étais juste inquiet pour toi. » c’est faux. il était inquiet et en colère, de voir ses messages et appels ignorés, de se voir reléguer au rôle d’une personne qui ne compte pas, pas assez pour qu’on lui donne des nouvelles. « oui, je veux bien. » mensonge, ça aussi. il n’est pas là pour goûter, la raison de sa venue est bien plus pressante. mais daw se plaît à jouer l’hôte parfait pour l’en distraire, il le réalise, et même s’il sait que ça ne marchera pas il le laisse faire, s’enliser dans sa mascarade et faire semblant jusqu’à ce que ça aille réellement mieux, du moins suffisamment pour lui parler. « du thé, ça ira. » ses poings se crispent dès lors que daw abandonne sa main. il réagit toujours aussi mal à voir ses attentions rejetées, mais il n’en dit rien, s’installant silencieusement sur le canapé pour le regarder le fuir vers la cuisine. l’envie de le suivre est présente, de voltiger derrière lui comme une ombre qui ne le quittera pas avant que la lumière revienne en lui. mais il la réprime, parce qu’il le regarde se traîner loin de lui comme une épave et il sait qu’il ne supportera pas de le voir comme ça plus longtemps.  « alors, t’as disparu où ces derniers jours ? » sa voix est maîtrisée, abandonnant tout sarcasme pour ne rien laisser transparaître du doute qui plane sur les mots rassurants de daw. ce n’est pas à lui de forcer la vérité au grand jour. la fragilité de daw est remarquable au point que même hyunseong parvient à la distinguer et à réaliser que la moindre pression exercée sur lui pourrait le briser, lui qui le fait d’habitude par instinct. alors, pour une fois, il choisit de le laisser tranquille, faire les choses à son propre rythme. et en même temps, c’est comme un piège qu’il lui tend, pour voir jusqu’où il peut porter ses mensonges avant de s’effondrer sous leur poids. au moins, ce sera sa propre faute. hyunseong n’est que spectateur, là pour intervenir s’il tombe sur scène.

---

— (NEAR/FAR)
you flicker like a fluorescent light
an intermittent strobe in a lonely night
but i won't watch you burning out
Étreinte délicate, et pourtant il n’arrive pas à se relaxer entre ces bras. Les siens. Hyunseong qui s’inquiète. Hyunseong qui lui demande des raisons sur son silence. Et Daw qui n’a aucune excuse. Un ‘je sais pas’ bancal qui passe ses lèvres. Et la culpabilité qui l’envahit. Parce qu’il s’est inquiété pour lui le plus âgé. Et Daw qui a toujours cette impression de toujours tout faire de travers. Daw qui s’est replié chez lui, dans son monde, dans la solitude pour ne pas déranger. En proie à ses démons, il s’est éloigné du monde. En proie à son départ, à cette douleur qui lui vrille le cœur, il s’est replié. Disparu. L’impression de ne plus être en vie. Et dans l’égarement les traces de sa folie. Il tente pourtant. De se rattraper. De se faire bon hôte. Mais il s’échappe de l’étreinte, il s’échappe de cette main sur son épaule. Il s’échappe avec ses non-dits, la crainte toujours que les questions s’enchainent. Et pas de raison valable aux yeux des autres. Il s’enlise Daw. Ses mains qui tremblent lorsqu’il cherche une tasse. Ses lèvres qui restent pincées pour retenir les gémissements de douleur à chaque fois que ses cuisses frottent contre le jean. Doigts qui s’y reprennent à plusieurs fois pour attraper les sachets de thé. Le confort de sa cuisine aussi absent que possible. Fantôme dans sa demeure, décalé dans son propre monde. La question qui le bloque, le braque et entre ses doigts la porcelaine qui s’échappe. Éclats à ses pieds comme le reflet de ce qu’il est. « Désolé … » Il s’excuse, automatisme triste. Et Daw déjà à genoux, grimace qu’il cache à peine, et son sourire qui vacille. Comme lui. À genoux et ses mains qui ramassent les morceaux, des flash-backs de ce qu’il était avant, l’impression d’être de retour là-bas, à Busan, sous leur emprise. « J’ai … » Il n’a pas d’excuse par contre. Pas pour son silence. Par pour son absence. Juste des jours sans. Trop. Juste l’esprit tourmenté. Juste … L’envie de disparaître. Juste Chulhei qui l’a abandonné. Lui qui s’est abandonné aussi. « J’étais … là … » Là dans le noir, là à accepter l’ignominie. À concevoir qu’au final tout le monde allait l’abandonner. Le laisser derrière. Comme Chulhei. Et Hyunseong n’allait sans doute pas tarder. Il allait sans doute lui dire qu’il ne supporte ses silences, ses non-dits. « Je nettoie ça … Et je te refais … ton thé. » Les mots qui se bousculent dans ses murmures, sa voix qui finit pourtant par ternir, se taire, éclats de porcelaine dans ses doigts et le sang qui coule. Il met du temps à ressentir la douleur Daw, plus une habitude amère de prendre sur lui que de gémir. Sourire. Il vacille. Lorsqu’il se relève, il tangue, mais il sourit. Pour ne pas inquiéter plus Hyunseong. Il l’avait déjà inquiété assez. Ça suffisait. « Je reviens. » Chuintement, la voix remplie de fragilité. Direction la salle de bain. Direction le carnage. Il ne sait pas si Hyunseong le suit, il ne sait pas trop où il est, la vision trouble. Il perd trop de sang au final. Et dans la salle d’eau il y a encore du sang dans la céramique de la douche, il y a encore la lame de rasoir qui trône dans le fond de la douche. Il y a encore les traces de ses péchés. Appuyé contre le mur de la salle d’eau, il sait qu’il devrait nettoyer ses mains. Mais le monde tourne, tangue. Et son cœur vacille aussi, la crainte qui le fait battre erratique dans l’attente que Hyunseong se fâche, s’indigne, lui dise adieu. Non.

---

— (NEAR/FAR)
you flicker like a fluorescent light
an intermittent strobe in a lonely night
but i won't watch you burning out
c’est glacial entre eux, presque arctique. hyunseong le sent dans leur étreinte, daw est rigide et gelé entre ses bras censés apporter de la chaleur et il ne l’y retient pas plus longtemps bien que le contact perdure, plus discret mais pas moins imposant. hyunseong n’a pas besoin de le briser, son hôte s’en défait lui-même, évasif et pourtant loin d’être aussi indéchiffrable qu’il désire paraître. il voit que quelque chose ne va pas mais n’en dit rien, préférant obtenir la réponse naturellement. tôt ou tard, ça se fera, quand daw ne pourra plus se distraire avec son thé – pourtant même la tasse partie en éclats ne suffit pas à briser sa mascarade. il répond au moins à sa question, c’est un progrès. il était là, tout près de lui. juste à portée de main et pourtant hyunseong a attendu si longtemps pour venir, sans doute pour taire ses inquiétudes, se convaincre que tout allait bien jusqu’à ce qu’il ne puisse plus le faire. tous deux sont pareils, conscients de cet elephant in the room, immense et écrasant autour duquel ils tournent pourtant comme si de rien n’était. hyunseong ne réagit que lorsqu’il remarque les éclats enfoncés dans sa peau, quittant sans attendre sa place pour lui offrir son aide. il n’a même pas le temps de rejoindre et encore moins de lui dire que ce n’est pas la peine de le resservir qu’il le fuit, encore. et il n’hésite pas à le suivre. il ne le laissera pas filer, cette fois-ci, pas à lui ni à son inquiétude et encore moins à ses yeux qui se perdent dans la salle de bain, incrédules, meurtris. son sang se glace dans ses veines comme celui qui a déjà séché sur le carrelage. hyunseong est toujours certain de lui-même, sans le moindre doute envers ce qu’il pense, ressent ou voit – et il se hait pour ça en cet instant, il se hait d’être aussi sûr de ce qui s’est passé, comme si c’était sa certitude qui avait concrétisé les faits.  « t’aurais dû me le dire. » le regard hagard et la mâchoire serrée, pourtant son étreinte est encore plus tendre que la précédente lorsqu’il enroule ses doigts autour de son poignet pour l’attirer contre lui. « t’aurais dû me le dire. » et pourtant c’est plus à lui-même qu’au plus jeune qu’il en veut. c’est lui qui aurait dû voir la détresse dans son silence au lieu de se complaire dans le déni. hyunseong l’a laissé tomber, involontairement, mais ce sera la dernière fois. sans délier ses doigts il l’attire vers l’évier pour faire couler l’eau sur ses blessures et tenter d’en retirer les morceaux qu’il peut, concentré sur la tâche pour ne pas regarder ailleurs, pour ne pas être percuté par l’ampleur des choses jusqu’à ce qu’elle lui fasse perdre la raison. « ça va aller. je suis là. on va appeler les urgences et tout ira bien, d’accord ? »

---

— (NEAR/FAR)
you flicker like a fluorescent light
an intermittent strobe in a lonely night
but i won't watch you burning out
Il suffoque. De ce froid. De cette ambiance proche de la rupture. Et il en suppose la finalité Daw. Connaît ce qui va céder. Leur amitié. L’abandon à la clef. Et lui avec dans la brisure. Comme la tasse qui se brise entre ses doigts. Comme la porcelaine qui se prend contre sa peau dans des trainées rougeâtres. Et le monde tangue. Tandis qu’il s’échappe, chaloupe, pas hésitants à la limite de la chute. Il voit à peine Hyunseong qui le suit comme une ombre. Il voit à peine l’inquiétude dans les yeux du plus âgé. Il ne voit plus grand chose. Souffle court, le spectacle de sa salle de bain comme un fond habituel. Il n’arrive pas à s’inquiéter de cette vision. Détraqué. Le monde ne tourne plus rond. Encore moins depuis qu’il est parti. Non. Et les mots de Hyunseong le blessent. Plus qu’il ne le montrera jamais. Reproches sous-entendus. Pourtant incapable d’appeler à l’aide. Incapable de faire quoi que ce soit. Bon à rien. Il sursaute à sa voix, mouvement de recul à cette main qui s’enroule autour de son poignet. Étreinte forcée. Et pourtant il s’alanguit dans la chaleur de celle-ci. Juste le temps de calmer ce cœur effrayé. Qui bat trop vite. Trop fort. Et son sang qui bat contre ses tempes. Il tangue Daw, il tangue, finit par s’appuyer, timide contre Hyunseong. Tentant de se faire plus petit. Le plus petit possible. Les yeux fermés. Lèvres closes. Aucun son ne passe ses lèvres tandis que la douleur suinte de ses doigts jusqu’à son crâne. Habitué à subir. À souffrir. En silence. Toujours en silence. Et à prendre sur lui. Toujours. Pourtant voilà qu’il vacille, terreur entre ses lèvres. Voilà qu’il suffoque, une de ses mains venant s’accrocher au haut de Hyunseong. Contact qu’il initie. Si rare. « Non … Pas l’hôpital … Je … Pitié. » Murmure angoissé, sa voix qui tente de monter, de se faire entendre dans un chuintement mauvais. Pas l’hôpital. Il connaît ce genre de finalité. L’échec. Celui qui lui vrille les sens. Il sait qu’on finira par l’interner. Pour qu’il arrête. Parce que Daw il ne devrait pas transformer ses jambes, cuisses, en un puzzle sanglant. Non. Il ne devrait pas se sentir en vie seulement en sentant la lame contre sa peau. Non. « Je … je vais bien … Ça va aller. Ça va aller … » Et même si ses mots dans des murmures pressés tentent d’être convainquant les larmes qui glissent le long de ses joues sont la preuve du contraire. Il se brise Daw. « Même s’il est parti … » Arrêt. L’entendre de sa propre bouche. Pourquoi ça fait si mal. Il est parti. Chulhei est parti. « Hyun … » Arrêt. La respiration qui se bloque. Ses yeux qui se ferment. « Il est parti … Il m’a abandonné … Et … toi aussi. Vous allez … tous partir, vous allez … m’abandonner … » Sanglots. De ceux qui déchirent sa gorge. De ceux qui lui donnent des airs d’un animal abandonné, blessé. « Je vais pas y arriver … Je vais pas … » Non. L’angoisse entre ses lèvres. Et sa bouche qui se tort en une grimace paniquée. Il va partir. Lui aussi.  

---

— (NEAR/FAR)
you flicker like a fluorescent light
an intermittent strobe in a lonely night
but i won't watch you burning out
il le supplie de ne pas appeler à l’aide, de le laisser tomber, pourtant ses yeux crient le contraire. « pourquoi ? tu en as besoin. » daw a peur, mais lui aussi. il a peur de le perdre, parce qu’il a peur d’admettre qu’il ne peut pas le sauver. hyunseong se sent impuissant et c’est là sa plus grande crainte. mais rien n’en paraît, pas le moindre soupçon de doute alors qu’il accueille son corps frêle et brisé entre ses bras, il parvient même à garder un semblant de calme malgré la colère qui monte à chaque nouveau mensonge, chaque nouvelle réassurance que tout va bien. mais un seul il suffit à le faire basculer. « qui ? » le mot filtre difficilement à travers sa mâchoire serrée. il y a un qui, maintenant, quelqu’un sur qui rejeter la faute au lieu d’en vouloir aux forces de l’univers contre lesquelles ils ne peuvent rien. et quand bien même il ne sait rien de lui, ça ne l’empêche pas d’en faire à présent le récipient de sa colère. plus facile de haïr un spectre que de se haïr soi-même. « qui a fait ça, daw ? » il veut savoir, même si  n’aidera aucun d’eux. et hyunseong voit rouge, d'être comparé à tous ces gens, à ces lâches qui ont osé l'abandonner alors qu'il avait indubitablement besoin d'eux. il hait se dire que c'est comme ça que daw le voit, comme un moins que rien qui n’hésitera pas à claquer la porte derrière lui. il a failli à sa tâche et il resserre ses bras autour de lui comme pour se rassurer du contraire. « je te laisserai jamais, daw. » sa voix se fait plus grave, plus profonde, un écho sombre qui saura résonner à l’intérieur de daw et rebondir contre les parois de son crâne jusqu’à s’y graver à tout jamais. il ne délie ses bras d’autour de lui que pour permettre à ses mains de trouver ses joues, effacer affectueusement du revers des pouces ces larmes acides qui lui perforent le cœur. « jamais. je serai toujours là pour toi. » et il le pense, hyunseong, ce parasite dont daw ne pourra jamais se défaire même s’il le voulait. les caresses s’éternisent sur ses joues, phalanges glissant vers celles du plus jeune pour se les approprier et l’attirer vers le rebord de la baignoire, avant de se reposer sur ses cuisses aux meurtrissures qu’il ne peut pas voir lorsqu’il le force à s’y asseoir.  « laisse-moi t’aider. »

---

— (NEAR/FAR)
you flicker like a fluorescent light
an intermittent strobe in a lonely night
but i won't watch you burning out
Qu’on n’appelle pas à l’aide. Il en connaît la finalité Daw. Qu’on ne l’emmène pas à l’hôpital, il n’en ressortirait pas. Enfermé. Interné. À cause de cette folie douce qui l’habite. Cruauté des hommes qui l’a détraqué, foutu en l’air au moins qu’il se fasse du mal lui aussi. Juste pour se sentir en vie. Destruction de son être. Parce qu’il ne collera jamais aux yeux des autres. Il peut se débrouiller. Avec ses erreurs. La trace sanglante de son échec. Il est un échec. Une erreur. Abomination. Son père n’avait de cesse de lui rappeler. À quel point il était abject. L’est toujours. Et pourtant l’angoisse l’étouffe, la peur l’habite. Et il s’accroche à Hyunseong. Réalisation que lui aussi va partir. Lui aussi va l’abandonner. Non. Comme tout le monde. Non. Ils finissent tous par partir. Non. S’il vous plait. Et c’est l’hystérie des sens, ses sanglots qui lui déchirent la gorge, sa voix dans un murmure sifflant, rauque. C’est l’hystérie des sens, ses mains qui s’agrippent au haut du plus âgé. Soutien dans la douleur qui le noie. Il ne veut pas qu’il parte. Il ne veut plus être seul. Mais si Chulhei est parti, Hyunseong partira aussi. Tout le monde finira par le laisser. L’abandonner. Parce qu’il n’y a rien chez lui qui mérite de rester. Et ça le brise. Tellement. « Il est … parti. Chul … Mon ange … abandonné ... » Qu’on ne l’abandonne pas. Il n’a plus personne … Et dans le noir de son appartement les monstres sont si forts. Ils gagnent toujours. Alors Daw il s’agrippe à Hyunseong, s’accroche à ses paroles. « Pro … Promis ? » Sa présence comme un feu dans les ténèbres, comme une flamme. Et tant pis s’il finit par se brûler. Tant pis s’il n’entend pas l’écho sombre de sa voix. Il ne veut juste pas être laissé pour compte. Encore. Toujours. « Ne me laisse pas … » Et ça sonne comme une supplique, ses yeux qui se ferment sous le geste, ses joues caressées pour en chasser ses larmes. Tenaces. Mais les sanglots se taisent, et comme un enfant fatigué, il se laisse guider, asseoir, ses mains finissant par se cacher dans les manches trop amples de son sweat, à peine conscient de la douleur qui irradie ses doigts encore. « J’ai … sali … ton haut. » Et il les voit, les traces de sang qu’il a laissé dans son étreinte. Culpabilité sourde qui pulse en lui. L’impression vraiment de toujours faire mal. Jusqu’à cette question. Il n’a pas envie qu’il voit. Qu’il le voit vraiment. Qu’il voit à quel point il est détraqué. Foutu. Amoché. Qu’il n’en vaut pas la peine. Mais il finit par acquiescer pourtant. « Ce n’est pas … joli. » Il ne refuse plus. Fatigué. Exténué. Et cette crainte vicieuse qui l’habite de le voir disparaître s’il ne reste pas docile. Avec l’aide de Hyunseong, il fait glisser son jean finalement. Lèvre inférieure entre ses dents pour étouffer les geignements de douleur quand le tissu rêche passe contre les cicatrices ouvertes. Le tableau n’est pas beau comme il l’avait annoncé. Des lignes rouges, sombres qui marrent l’intérieur de ses cuisses. D’autres plus blanches en arrière plan, preuve ignoble qu’il se scarifie depuis longtemps déjà. Trop. Et Daw qui refuse de regarder Hyunseong. Le bas de son sweat entre ses doigts serrés. Phalanges blanchis et sanglots étouffés. C’est difficile de vivre. Surtout ces temps-ci.

---

— (NEAR/FAR)
you flicker like a fluorescent light
an intermittent strobe in a lonely night
but i won't watch you burning out
les promesses éternelles et sincères, fondement même de son existence entière. ce n’est pas lui qui part, jamais. hyunseong ne sait que rester, pour le meilleur ou pour le pire. qu’on veuille de lui ou non. il ne sait pas simplement être aux côtés de ses aimés ; il s’immisce dans chaque recoin de leurs vies, sous leur peau, remplace l’oxygène qui les maintient en vie. il reste, qu’on retienne son souffle ou s’arrache la chair griffure par griffure. hyunseong est le pire des monstres, défiguration abjecte de ses sentiments protecteurs, mais au moins, il reste. pas comme cet ange à qui il a envie d’arracher les ailes, indigne du titre que daw lui attribue. « promis, daw. je le jure devant dieu. » seul Lui est conscient de la sincérité de ses mots. hyunseong peut mentir aux autres, se mentir à lui-même, mais jamais à dieu. bien que son intention de rester aux côtés de daw est une évidence qu’il ne cache pas, ses caresses tendres qui effacent ses larmes le clament haut et fort pour lui. « c’est pas grave. » murmure rassurant lorsqu’il baisse le regard vers son haut effectivement tâché de sang. la vue ne le choque pas, celle des yeux meurtris de daw est de loin plus écorchante. « c’est pas grave. » il se répète, parce qu’il n’y a rien de plus grave que ce qu’il subit. il se fiche du joli, du désirable. son seul intérêt est le bien-être de daw, peu importe les horreurs qu’il faut traverser avant d’y arriver. il l’attire jusqu’au bord de la baignoire et l’aide à se dévêtir pour minimiser sa douleur, le regard de plus en plus sombre au fur et à mesure que le tableau se dévoile sans pour autant en faire de critique. hyunseong l’abandonne le temps de chercher ce qu’il faut pour y remédier et revient aussitôt, éternellement ancré à ses côtés. ses pulpes sont plus tendres et attentionnées que jamais alors qu’il panse ses blessures ; daw s’est fait assez de mal lui-même, il n’a pas à en rajouter. « ça ira. » ce n’est pas une question mais une affirmation, presque un ordre. l’air de faire du rétablissement de daw une réalité en n’usant que de sa certitude. ça ne peut qu’aller, avec lui à ses côtés. hyunseong ne le laissera pas tomber. et ses yeux implorent les siens, sourire réconfortant aux lèvres alors que ses doigts se posent délicatement sur les siens pour les décrocher du tissu et les entrelacer avec les siens, scellant silencieusement sa promesse.

---