(event) bal masqué

Caché derrière son beau masque doré acheté sur la foir'fouille, le jeune homme entra dans la grande pièce, admirant tout ce qui se trouvait autour de lui. Ce genre de soirée ne l'intéressait pas vraiment, il n'y avait pas grand-chose à faire hormis, dévorer tous les petits fours, boire autant de champagne que possible, parler dans le dos des gens et se moquer de tout le monde, seulement, aujourd'hui, il fait une exception. Et encore, il était venu ici juste parce que sa petite amie était avec lui.  

Lâchant le bras de sa compagne @Nam Minah, il se dirigea aussitôt vers le buffet, se saisissant bien évidemment d'une coupe de champagne, mais pour éviter une grève de sexe soudaine, il n'oublia pas de lui en apporter une. Pour l'instant, il y avait peu de monde, alors avec sa vue qui laissait à désirer, il retrouva son chemin très facilement, et sans renverser son verre sur quelqu'un. "Rappelle moi pourquoi on est là déjà ?"

les vérités cachées, les mensonges étouffés et les larmes dissimulées par des masques tous si différents ; des dorés aux argentés, des fait-mains aux faits-sur-mesure et des plus onéreux aux moins coûteux, tous renfermaient les mêmes bêtises. son bras enroulé autour de celui qu'elle avait pris l'habitude d'appeler chéri depuis peu, minah sentait que l'ambiance qui régnait dans cette salle et la foule pourtant peu fournie la rendaient déjà nauséeuse. la demoiselle était ravie d'être présente à ce bal, habillée sur son trente-et-un et coiffée de boucles souples, néanmoins ces masques la rendaient quelque peu mal à l'aise, peut-être était-ce l'idée d'une identité falsifiée qui la troublait. lorsqu'elle sentit le bras de @kang ji hoon s'échapper, elle ne comprit pas dans la minute mais c'est en le voyant se diriger vers le buffet qu'elle ne put s'empêcher de laisser s'échapper un sourire. lorsqu'il lui apporta une coupe de champagne, la demoiselle le remercia par un baiser sur la joue et contempla les alentours à l'entente de sa question "parce que je ne t'ai pas trop laissé le choix ?" c'était vrai. "non mais je suis certaine qu'on va s'amuser, les gens sont gentils et puis, on est beau avec nos masques la foir'fouille !" si ce bal pouvait lui permettre de passer une soirée avec son petit-ami alors elle ne pouvait refuser une telle offre. ce n'était pas le monde de jihoon et elle le savait très bien mais le fait qu'il fasse un effort pour l'accompagner jusqu'ici lui prouvait une fois de plus qu'il était un homme bien. sa main vint prendre celle du jeune homme tandis qu'elle se mit à marcher lentement au milieu de la fête. "je crois qu'on a des gens à rencontrer !"

L’enfant au milieu des adultes ; le palpitant qui s’emballe et l’impression de faire tâche, syndrome de l’imposteur. Pourtant sa robe n’est ni trop simple, ni trop extravagante, au contraire, elle s’agence à merveille à celles des autres participants. Ses traits artificiels sont couverts, un masque rappelant une souris posé sur son nez, les rubans de soie disparaissant dans sa chevelure ébène. La poupée n’a pas l’air d’une enfant, elle se fond dans la masse, mais cette impression que tous les regards sont sur elles, inquisiteurs, désapprobateurs. L’immense table de buffet lui sert d’oasis dans cette marée d’inconnue. Les amuse-gueules lui mettent l’eau à la bouche, mais ce regard imaginaire la refroidit. Les quelques morceaux qu’elle s’est autorisé à goûter ont du mal à passer, s’accrochent à sa gorge. L’inconsciente qui attrape la coupe d’un serveur pour faire descendre le tout ne sachant point qu’il s’agit de champagne. Les bulles qui charment l’enfant, qui apaisent son palpitant. La coupe aussitôt remplacée pour la gamine qui n’a jamais gouté à l’alcool, qui n’a aucune tolérance aux breuvages d’adulte.

last night story

bruissement délicat ; face au miroir qui tapisse la cage d'ascenseur, eve réajuste le ruban satiné de son masque sur ses boucles auburns, arabesques dorées qui encadrent ses yeux de chat et parent son front de plumes noires. soudain les portes s'ouvrent dans un cliquetis de métal et les notes parviennent en échos mélodieux, happent la colombine et l'entraînent dans des effluves festives. drapée d'un vert profond, pans de soie aux reflets changeants, elle quitte la quiétude d'une tour d'ivoire pour se mêler aux inconnus.

dansent les pas de velours, et le corps s'élance, ondine silencieuse entre les invités endimanchés sans grande finesse. l'œil critique et la démarche lente, la jeune femme se fraye un chemin timide, balance ses hanches au rythme de l'orchestre, et promène son regard sur la foule à la recherche d'une silhouette. mais les hommes se ressemblent tous, têtes brunes voilées d'anonymat, costumes sombres et sourires avenants, et @bak sejun n'apparaît pas... entre les lèvres pourpres file un soupir déçu.

voici le soir charmant, complice du démon approchant à pas lent pour faire mugir ses effroyables flammes. à travers l'espace, il s'enfonce, et parcourt comme un prince inspectant sa maison, la pièce immense et froide, sans horizon, où dansent, sous un rang étincelant de pâles lustres, les petites gens des temps modernes. au milieu de ces visages inconnus, il y a une forme, un être (@park eve) ; un ange, imprudent voyageur, qui s'est laissé tenter par un amour difforme ; une malheureuse ensorcelée qui, dans ses tâtonnements futiles, cherche sa lumière de ses yeux agités.

au rythme gracieux des violons, satan contemple, silencieux, sa robe exagérée, en sa royale ampleur, s'écroulant abondamment sur ce pied si mince ; il l'observe, fasciné, passer au chant des instruments qui se brise sur le plafond suspendant son allure harmonieuse et lente. ô beauté si parfaite ! enfant des astres ! vers cet être doué de tant de majesté, le malin accourt, tourne autour de sa céleste stature. lentement, il se mêle à elle, agrippe cette main pure et innocente, noyant ce long regard sournois, langoureux et moqueur dans ses divines prunelles. « je suis là. j’espère que tu n’as pas trop attendu. »

des valses qui résonnent sous les hauteurs cristallines, eve n'entend qu'une symphonie de silence. il n'est pas là pour éclairer de sa prestance le monde tout entier. son cœur se serre doucement à l'idée qu'il ne viendrait pas, et de la folle appréhension qu'elle avait de le revoir ne reste plus qu'un soupçon d'amertume. le chagrin l'effleure à peine qu'il s'essouffle, balayé d'une chaleur incongrue. c'est une poigne qui se loge au creux de sa paume et la ramène à la réalité, geste épiphanie empreint d'indolence.

eve fait volte-face ; sous ses orbes profonds, le temps suspend son vol.

« sejun. »

le supplice s'achève, un autre commence. de pulsions sourdes le myocarde s'emballe, tambourine sans pitié. le sang afflue sous la peau porcelaine et empourpre les joues d'un rose tendre. et de femme eve se fait fille, réduite au chaos des pupilles qui la dévorent. déjà son âme s'allège et elle se trouve bien sotte de l'avoir cru capable de lui faire faux bond : il avait promis... mais c'est plus fort qu'elle, elle se refuse encore à croire au bonheur qui s'offre depuis peu sous les traits fallacieux. du démon incarné elle ne voit qu'un séraphin dont elle se pense indigne.

dans son adoration, elle noue son bras à celui du jeune homme, esquisse un sourire tendre et laisse ses yeux glisser sur les atours qu'elle ne peut s'empêcher de trouver assortis aux siens, coquetterie poussée à l'orgueil, car elle ne voudrait pas d'un cavalier qui desserve son raffinement. « j'ai compté chaque heure jusqu'à ce soir. » avoue-t-elle sans parvenir à lâcher la courbe de son masque. son visage lui manque déjà, et elle s'évertue à retracer les lignes délicates qui firent chavirer son cœur au premier regard. « tu as intérêt à aimer danser si tu veux me garder dans tes bras. » souffle-t-elle, et ses lèvres s'étirent, malicieuses, tandis que le pouls s'apaise peu à peu.

Elégance provocatrice. De cette robe fendue que tu abordes. Exentricité mesurée. De ce masque bleu que tu as enfilé. Occasion nouvelle. Richesse exacerbée, pauvreté cachée. Sourire franc, assurance inouïe. De ces talons qui claquent sur le sol pour marquer ta présence. Cliquetis de fortune. Lèvres humidifiées et cette main qui attrape ce verre d'une nonchalence désordonnée. Rire exquis au début de la nuit. Lulla qui brille de mille feux s'échappe dans la foule. Lulla qui scintille pour laisser disparaître Dao, enfant de la lune. Et tu marches, fièrement. De ce regard lumineux, de cette aura festive qui se dégage de toi. Clients oubliés, souvenirs d'une vie grisante balayés. Au moins le temps d'une soirée.
Ces yeux qui vagabondent à travers la pièce. Visages masqués, identités cachées. Jeu dangereux. Luxure inavouée. Musique augmentée et alcool se déversant déjà dans ces gorges nouées. Voix cristalline s'échappant d'entre tes lèvres à voir cette personne non loin de toi. "Bonsoir." Suave, distinguée. Futile idée de s'approprier ce rôle qui te sied. Sourire ravageur pour oublier la torpeur. Pour oublier le temps d'une soirée que la misère est ta destinée.

last night story

à son bras, la brune enchanteresse ; grande et svelte au pas lent noblement maniéré ; et vers elle, le démon glisse sans bruit, ceinturant son corsage de soie de ses mains robustes et tièdes, comme un serpent jouant avec sa proie. « bien sûr que j'aime danser, surtout quand la plus belle des femmes se tient à mes côtés. »

suivant un rythme doux, paresseux et lent, au chant des violons, aux flammes des bougies, leurs silhouettes se balancent dans une valse qui exhale le vertige ; lorsqu'elle va balayant l’air de sa robe ondoyante et nacrée, tout d’elle lui est plaisir ; il sent vibrer en lui toutes les passions d'un damné qui souffre, haletant et brisé de fatigue devant un tel regard, infernal et divin, dont elle le grise. « ma dame, j'espère que je suis bon cavalier. je ne voudrais pas nuire à votre réputation. mais aurais-je le droit à une récompense si la soirée se passe comme vous l'avez escompté ? » les yeux provocateurs, comme à son attitude, pressant puis ralentissant la cadence, son corps penché sur le sien, il interrompit sa danse, prêt à cueillir la fleur exquise.

il embrasse la taille et sous la poigne ferme frémit l’échine. de ces mains qu’il appose, possessivité naissante au bout des doigts ancrés dans l’émeraude, de ces orbes ténèbres qui la happent, eve ne se voit plus tournoyer qu’aux tréfonds de son âme, prisonnière d’une étreinte brûlante. et de pas feutrés, d’arabesques grandioses, satan enivre sa belle, consume son cœur au rythme d’une harmonie si douce… délicieux brasier logé au creux d’une poitrine qui se tord et se déchire à chaque note. noyée en ses yeux océans, elle comprend ô combien il a dérobé sa vie ; la plus petite parcelle de son cœur, le moindre de ses souffles, tout n’appartient plus qu’à lui, et sans lui plus rien n’a de sens.

alors elle s’abandonne au vouloir de son cavalier, presse ses courbes plus que de raison contre le corps virtuose, compositeur de délices, chef d’orchestre des frissons qui épuisent la conscience de la jeune femme, jusqu’à en détruire les derniers filaments. « une récompense… » murmure et yeux mi-clos alors que la valse s’étiole en une étreinte statique. « pour vous ou pour moi, monsieur ? » sourire enjôleur, elle effleure la nuque de sejun, noie ses doigts dans la chevelure ébène au moment où les lippes fendent les siennes. morsure pourpre ; et de baisers amoureux eve dévoile ses passions, une main appuyée contre le torse du succube dont le pouls s’enrage tendrement. elle sourit contre sa bouche, l’embrasse encore, relâche sa nuque et glisse sa paume contre sa joue, regard vif et joues rosies. « au moins, ton cœur ne peut pas mentir. »

baiser du désir qui veut mordre — exquises sont ses lèvres ; fleur de sureau aux irritantes douceurs, où, malgré lui, revient la soif de s'y poser. ô lèvres ! si douces que les mots ne peuvent pas le dire. ô lèvres ! dont il veux encore mordre la fragile épaisseur, quelle est cette extase enchanteresse ? un regard, un geste tendre, un soupir et le voici soumis à de nouvelles chaînes : l'état d'adorable langueur. qu'il est doux de goûter au bonheur ! et c'est à contre-coeur qu'il quitta les caresses de ce baiser destructeur.

« eve... ne sois pas si naïve... » sous le clair firmament, son visage s'assombrit ; l'amertume monta en lui comme la mer, laissant et refluant sur sa lèvre morose le souvenir cuisant de son plan cruel. hélas, son coeur est un lieu saccagé où toute vérité est synonyme de tromperie ; un palais flétri par son désir de vengeance ; on s'y soûle, on s'y perd, on s'y tue. « mon coeur est capable de te mentir. »

silence. le silence qui fait qu'on voudrait se sauver. le silence éternel. puis, un rire, un sourire, pour camoufler cet infâme malaise — abominable hypocrisie ! « dansons, je ne suis pas très doué pour les discussions trop sérieuses. »

soupire. l’appréhension au creux du ventre céleste s’avance à petits pas vers la réception. mord ses lèvres rosées qui dépassent de sous son masque fleuri. seule excentricité que la petite française s’est autorisée. choisit sous les conseils bienveillants d’une petite sœur habitant à des milliers de kilomètres de là. elle n’est pourtant pas timide la gamine mais le faste qu’annonce cette soirée la met quelque peu mal à l’aise. quand bien même la petite céleste est habituée à la richesse, elle n’est cependant pas familière des réceptions guindées comme celle-ci. ses talons claquent jusqu’à l’entrée. elle reste interdite quelques secondes devant le spectacle que jouent les invités sous ses yeux. à la fois fascinée et intimidée par les longues robes et les visages masqués. elle croit avoir quitté séoul et le vingt-et-unième siècle. ses mains gantées serrent sa petite robe noire. trop peu glamour – à son gout, pour l’occasion. elle se sent minuscule au milieu des déesses masquées qui défilent sous ses yeux. l’enfant reste paralysée à l’entrée. coincée entre rêve et réalité. trop impressionnée pour se jeter toute entière dans les festivités. mais bien trop tentée pour se retourner.  

à l’aube des orbes noires pâlit le mensonge, voile obscur qui tressaille sous les tendresses, et enveloppée par ces bras qui l’étreignent fermement, eve ne quitte plus le regard de sejun, contemple son trouble en silence. à l’incompréhension se mêle la peur, vicieuse ennemie, poison  que recueille son myocarde pour s’en enfler goutte à goutte. sa main retombe doucement sur l’épaule du jeune homme tandis que se froncent ses sourcils, coquettement dissimulés ; sous son masque d’apparat, eve blêmit face aux mots un peu durs, un peu trop francs. étrangement, ils sonnent comme une vérité qu’elle se refuserait à entendre.

« qu’est-ce que ça veut dire ? » souffle-t-elle dans un rire léger. son corps se dérobe, ses mains se nouent et ses doigts s’emmêlent nerveusement. elle dévisage son amant sans comprendre. « c’est pas drôle, sejun… ça t’amuse de m’inquiéter ? » sourire fissuré ; elle recule encore, tourne les talons pour s’éloigner de cette valse qu’elle ne se sent plus d’humeur à danser. il semble si sérieux tout à coup, de sa voix grave et ses yeux profonds… elle ne peut s’empêcher de craindre qu’il pense ses reproches.

soudain la nuit l’appelle ; elle se presse vers les portes du hall en quête d’un peu d’air, bouscule dans sa course une jeune fille (@sully hwi in) qui manque d’en tomber. sa main attrape celle de la beauté fragile toute de noir drapée, et sur ses lèvres cramoisies s’éteint une excuse distraite. la rue, enfin, l’embrasse comme une enfant chérie et le vent s’infiltre à torrents dans ses poumons oppressés. soupir... l’amour la peine, parée de ses incertitudes éternelles.

il a fière allure le gamin. son habit propre, façonner à même son corps. il est loin de donner l'impression d'un voyou, du gérant de bordel qu'il est pourtant. ses cheveux ramenés vers l'arrière pour bien mettre en valeur le masque duochrome. le fou du roi qui se plait dans la folie qui plane dans l'air. la fébrilité des demoiselles en robe, la peur de faire tâche, la peur d'être invisible. et les gentlemen qui peinent à garder leur bedonnant sous couvert, les couches de tissus étouffants. au milieu de tous, il se tient grand, se tient fier. sourire vendeur aux lèvres, façade illusoire agréable qui n'arrive cependant pas à cacher le regard calculateur. ce n'est pas qu'une soirée, c'est une opportunité, c'est l'endroit parfait pour faire de nouvelles rencontres ; accumuler les connaissances, les informations, les clients. il n'y a qu'un élément qui semble faire tâche au tableau. gamin chic, gamin plaisant, gamin charmeur. gamin qui tent la main à une belle inconnue en noir (@sully hwi in). « accepteriez-vous de m'accompagner milady? » un roi ne saurait se présenter à un bal sans une jolie demoiselle au bras.