motion picture soundtrack
extrait {#}01{/#} : famille ballotée au gré des représentations du
grand orchestre au sein duquel trône fièrement le couple ito. de ville en ville et d'un continent à l'autre, hisa n'a pas de réminiscences tangibles mais sa mère le lui racontait parfois. les chambres d'hôtel, les cents pas enchaînés nerveusement une veille de concert-marathon : au programme, 2h de jeu sans pause. y'avait toujours un sourire tranquille perché aux lèvres de son père, de l'assurance mutine dans les yeux de sa mère, parce qu'un professionnel n'avoue pas son angoisse,
question d'honneur. et lui, hisa, haut comme trois pommes, qui tirait sur son nœud papillon. mais quand s'égrainaient les premières notes, le geste se suspendait. il avait (a encore) cette façon charmante de fixer bouche ouverte l'objet de son attention, captivé. hisa ne se souvient pas, mais il avait déjà alors la manie de tourner autour des instruments, le désir de tout essayer.
tableau élégant un temps, jusqu'à ce que la disharmonie se dévoile au terme d'années d'efforts policés. et alors tout s'étiole : sourire tranquille, encore, assurance mutine, toujours ; parce qu'un parent n'avoue pas ses erreurs,
question d'honneur.
une histoire d'adultes, et personne n'a jamais songe qu'hisa méritait de savoir pourquoi sa famille s'était disloqué. c'était il y a une éternité, de toute façon, et quelques mois plus tard ça n'a plus eu d'importance : maman s'était trouvé un nouvel amant, quelqu'un auprès de qui se sentir heureuse, et papa, lui, est mort quelques semaines après, d'un accident d'avion.
extrait {#}02{/#} : remariage,
fête de trop. sa mère luit de paillettes mais elle le livre au chaos. il essaye de ne pas
respirer trop fort, carencé en attention, mais chaque inspiration dérange : beau-papa l'supporte pas. et à choisir, maman prend toujours la défense de cet homme-là.
comprends-moi, elle s'excuse quand elle se faufile auprès de lui en douce, le console en secret comme s'il était son crime, l'air radieuse et navrée en un paradoxe embarrassé :
bientôt tu seras grand, tu feras ta vie et il ne me restera que lui.