crawl to me (tyler)

des rires résonnent déjà depuis l’extérieur, échos incessants de voix familières, lorsque sawa coupe l’eau de la douche. d’humeur enjouée, elle s’enroule dans une serviette et glisse jusqu’à la commode qui trône dans un coin de son studio pour en extirper un bikini, simple ensemble noir qu’elle enfile à la hâte. la soirée commence à peine, mais elle aperçoit du coin de l’œil son téléphone afficher une ribambelle de messages tous plus pressants les uns que les autres. chiaki doit commencer à s’impatienter, lui qui comptait sur elle pour lancer le barbecue ! manque de chance, sawa s’est laissée absorber par un de ces romans poussiéreux, vestige d’un temps oublié par la plupart mais qu’elle chérit tant.

sans plus s’attarder, la jeune japonaise fait disparaître son maillot sous le premier débardeur qui lui tombe sous la main, passe un short et réajuste l’anneau à son septum tout en bataillant avec ses sandales. dans un ultime geste de coquetterie, elle se débarrasse de l’élastique qui maintient ses cheveux relevés ; les mèches tombent lourdement, masse corbeau sur ses épaules hâlées. « allez, debout mon grand, on file. » adresse-t-elle à helios qui s’étire en bâillant à s’en décrocher la mâchoire. le shiba se soulève et se faufile dans l’encadrement de la porte d’entrée avant que sa maîtresse ne la referme.

la terrasse est déjà pleine de monde ; les résidents se pressent entre les banquettes et les tables de fortune, tréteaux lourds de boissons et en plats variés. chacun a mis la main à la pâte, et sawa compte bien ne pas déroger à la règle de ce rassemblement aphroditique. joviale, elle laisse helios trotter à l’ombre d’un parterre et y reprendre sa sieste, et marche droit sur son meilleur ami pour lui venir en aide. « laisse-moi faire ! » rit-elle en le voyant se débattre avec le barbecue. d’une main experte, elle retire la grille et souffle sur le charbon pour en raviver les braises. « là ! c’est quand même mieux ! » méticuleusement, elle aligne les saucisses et les surveille d’un œil distrait tandis qu’elle salue quelques connaissances. la soirée est douce, l’ambiance est légère, et c’est tout sourire qu’elle lance un premier appel à l’attention des locataires.

« bon, qui veut sa saucisse ? »

Le sms reçu avait laissé Tyler quelque peu … perplexe. Il n’avait pas l’habitude des soirées conviviales entre voisins et avait été assez surpris que quelqu’un pense à l’inviter, sachant qu’il n’était en général jamais disponible le soir.
Pourtant le message avait été reçu « barbecue piscine demain soir, chacun ramène un truc ».
Tyler avait longuement hésité à y aller, mais il s’était décidé pour le bien de la socialisation avec ses voisins. Son hésitation quant à sa tenue avait été encore plus intense, il avait vraiment débattu pour mettre son t-shirt « meat is murder » mais s’était dit que ça nuirait sans doute à la socialisation et il avait décidé d’être sage, au moins pour cette fois.

Il s’était donc dirigé vers le lieux du barbecue, muni de plusieurs paquets de chips et de pots de hummus, éléments essentiels à sa survie dans un événement de ce genre. La terrasse était déjà bien remplie, et Tyler avait dû échanger quelques banalités avec les autres habitants, ainsi qu’en convaincre quelques uns que le combo chips et hummus était un combo parfait.

Il s’était ensuite retiré vers la table où trônaient les boissons et autres snacks servant à l'apéritif et était resté là afin d’observer les résidents. Plusieurs visages étaient familiers, d’autres un peu moins. Mais là personne qu’il cherchait été bien là. La fille du parking, suicidaire qui avait osé toucher à sa voiture et qu’il avait pris un certain plaisir à embêter, chose qu’il comptait bien continuer ce soir. Elle était au barbecue, par une belle ironie du sort et semblait même être celle qui en était la chef.

Tyler s’approcha doucement, il ne voulait pas qu’elle le voit arriver, chose qui ruinerait la surprise. Il arriva à ses côtés au moment même où elle lançait l’appel des saucisses aux invités.


« Je mange pas de ça malheureusement, mais je peux t’offrir la mienne si tu veux. »

C’était très … beauf, et dans un autre contexte il aurait eu honte de lui même, mais c’était un sentiment qu’il pouvait surmonter, voir la réaction de la jeune fille en valait le coup.

« Mais avant, ce serait peut être pas mal que je connaisse ton nom. Moi c’est Tyler, enchanté ! »

à peine les mots franchissent ses lèvres qu’on la surprend, échos masculins contre sa nuque, et dans un sursaut un cri lui échappe. « aish ! tu m’as fait peur ! » sawa fait volte-face, se retrouve nez-à-nez avec un visage qui lui revient aussitôt en mémoire. traits fins et mâchoire soulignée, il se dresse face à elle sans honte, arborant cet air indéchiffrable qu’elle lui connait. haussement de sourcil, et son visage s’assombrit. « ah, c’est toi. » le souvenir de sa peur et de sa colère est encore frais, et bien qu’elle s’attendait à le croiser de nouveau elle ne pensait pas avoir à lui adresser la parole pour autant. il a ce même dédain qui perce sa posture et sa voix, moquerie assumée dans son flegme infaillible. étrangement, ses joues s’embrasent, et la jeune femme doit lâcher son regard pour cacher son trouble. sous prétexte de devoir retirer la viande de la grille avant qu’elle ne brûle, elle ignore royalement sa présentation et s’applique à ne rien relever de ses indécences.

tyler. c’est si simple et si franc. ça sonne comme une promesse d’inconnu, une évasion à l’aveugle. sawa pousse un soupir agacé, en vérité plus fâchée contre son incapacité à l’envoyer paitre que contre le comportement du garçon. mais il lui fout des frissons dans le dos avec ses yeux narquois et cette virilité déroutante qui semble émaner de chaque pore de sa peau. et puis qu’est-ce qu’il lui veut, à la fin ? il ne peut pas se contenter de lui envoyer des regards revolvers, lourds de reproches et d’animosité ? soupir. sawa prend son courage à deux mains, et plante dans celle de son meilleur ami la pince avec laquelle elle manipule les grillades. « tiens shina, tu peux t’en occuper ? il faut que j’apprenne à ce jeune homme à parler aux femmes. » avant qu’il n’ait la somptueuse idée de répliquer quoi que ce soit susceptible de la mettre mal à l’aise, elle agrippe la main de tyler et l’entraîne à l’écart, non sans attraper une assiette de salade au passage.

sans même attendre une quelconque protestation de la part de son otage, la voilà qui avise la terrasse en quête de tranquillité, finit par se laisser tenter par les abords de la piscine. elle enlève ses sandales à la va-vite et s’assoit, les pieds dans l’eau, avant de tapoter le sol à côté d’elle, l’air de rien.

« j’imagine que ce que tu voulais dire, c’était : excuse-moi d’avoir failli écraser ton chien, de t’avoir insultée et de l’avoir traité de… de quoi déjà ? de caniche ? putain t’es dans l’abus. »

d’un air malicieux, elle le dévisage, glisse ses pupilles dans les siennes tandis qu’elle tend sa fourchette en direction de l’assiette du jeune homme. elle l’y plonge sans gêne, savoure le plat avec un rictus faussement dégoûté. « allez, je t’écoute. si t’es convaincant je passerai même l’éponge sur tes techniques de drague déplorables. » elle l’encourage d’un sourire presque sincère, plonge à nouveau sa fourchette dans le hummus et balance doucement ses jambes dans l’eau claire.

Elle se retourne et lui fait fasse, le visage surpris devient grave lorsqu’elle comprend qui vient de l’interrompre. C’est tellement amusant, distrayant, il ne l’a vu que deux fois et pourtant il est persuadé qu’il pourrait passer toutes ses journées à la taquiner, que les réactions de la jeune fille pourraient devenir toute la drogue dont il a besoin.
Ses paroles font naître un sourire narquois sur son visage, elles expriment un mécontentement à sa vue qui est tout l’inverse de ce que son corps dit, lui, et Tyler le sait, il voit qu’elle n’est pas capable de le regarder dans les yeux plus de trente secondes.


Il laisse passer la remarque désobligeante à son égard, trop distrait par sa théorie qui se trouve être correcte, du moins s’il en juge par la façon dont elle le prend par la main avant de l'entraîner plus loin. Deux rencontre et deux fois où la jeune fille le touche de façon totalement non nécessaire, et il ne se gêne pas pour lui faire remarquer.
« Cette appréciation pour les mains c’est avec tout le monde ou c’est que pour moi ? Tu m’as toujours pas dit ton nom au fait, il va falloir quoi pour que je puisse l’avoir huh ? »

Tyler se laisse néanmoins entraîner vers la piscine où il peut observer la jeune fille prendre ses aises au bord de l’eau et la suit dans son dessein, s’asseyant là où elle l’y invite, assiette en main, peut-être un peu plus proche que nécessaire, mais le contact de leur bras lui donne des frissons qui sont partagés par la jeune fille, il en est sur.

« Peut-être que tu devrais t’excuser de ne pas savoir retenir ton caniche et d’avoir frapper ma voiture, y'en a qui seraient morts pour ça tu sais. »

Ses provocations sont présentes, l’air presque mesquin sur son visage, le fait qu’elle prenne la nourriture de son assiette et l’ingratitude qui se poursuit, certains seraient morts pour ça aussi.

C’est beau comme elle essaie de rejeter la faute sur lui, alors qu’il n’est pas celui qui cherche le contact désespérément, il ne pense pas être innocent et joue le jeu, s’y engouffre de tout son être mais toujours est-il que c’est elle qui a commencé.

« Qu’est-ce que tu veux que je te dise ? » dit-il faisant mine de réfléchir, « Peut-être que j’aurais pas dû le traiter de caniche c’est vrai c’était un peu méchant, si tu veux je peux aller m’excuser auprès de lui, par contre toi, je vois pas trop ce que t’attends de moi...  » le sourire moqueur et le léger coup d’épaule qu’il lui donne suffisent à transmettre le caractère plaisantin de ses paroles.

« Bon allez, je propose qu’on reparte à zéro, je sais que tu trépignes d’envie de me connaître, surtout au sens biblique, alors je suis prêt à oublier ce qu’il s’est passé. »
Repartir à zéro certes, mais pas trop, il aurait trop de mal à mettre fin à ces douces railleries.

la journée a beau être chaude, l’astre a beau épuiser ses rayons brûlants sur l’épiderme des résidents, sawa n’est pas encore inconsciente au point de ne rien remarquer de la tension qui s’instaure, silencieuse mais réelle, entre son voisin et elle. de ses regards appuyés, de son timbre taquin, empreint d’insolence et de charme, de la docilité avec laquelle il se laisse guider jusqu’à la piscine et du sourire implacable qui fend son visage d’une joie certaine, il ne fait pas l’ombre d’un doute que l’attirance qui emballe le myocarde de la japonaise est réciproque. après tout, les hommes ne sont pas si compliqués ; elle connait leurs fantasmes comme leurs craintes mieux que personne.

« rêve pas, c’est pour m’assurer que tu t’enfuis pas. tout le monde ne peut pas se vanter de m’avoir frôlée alors arrête de te plaindre et profite. et mon nom, il se mérite. »

étrangement, aujourd’hui, l’attitude du garçon ne la refroidit pas le moins du monde… cela fait bien longtemps qu’elle n’a pas rentré ses griffes face à un homme, et l’impertinence de celui-ci l’amuse bien plus qu’elle ne voudrait l’admettre. tout comme leur proximité semble naturelle, l’effleurement de leurs peaux ne lui arrache qu’un sourire mesquin. il peut bien se lamenter de tout son saoul, sawa est à mille lieues de croire à ses jérémiades.

« sérieusement ? tu compares helios à ta caisse ? » la jeune fille pousse un soupir, exaspérée par un tel entêtement. comme par réflexe, elle tend ls main en direction d’une femme déambulant entre les aphroditiques, pack d'alcool soulevé à bout de bras, pour attraper de quoi se rafraîchir. le soleil tape au point que sa tête se fait lourde, pourtant son sourire n’a de cesse de fleurir aux plaisanteries de tyler. « à mon avis tu ferais mieux de te taire, je suis à peu près certaine qu’il n’apprécierait pas de te revoir. » dit-elle avant d’apposer ses lèvres au goulot de la bouteille. l’alcool caresse son palais de toute son amertume, lui arrache une grimace, puis un soupir de contentement ; c’est fort, mais suffisamment froid pour étancher sa soif. machinalement, elle propose une autre bouteille à son interlocuteur, et entreprend de siroter la sienne tout en le couvant d’un regard distrait. lorsqu’il parle, son visage tout entier s’éclaire d’ironie, ses yeux pétillent de malice et, mot à mot, il lui semble retrouver un ami.

soudain son rire éclate, clair et franc, devant l’aplomb du garçon. « non mais tu te prends pour qui ? dans la bible on expie ses péchés avant d’être pardonné ! » à le voir fanfaronner de la sorte, elle n’a plus qu’une envie : l’embêter autant qu’il se plaît à l’agacer. et sans crier gare, elle ramène ses jambes contre elle pour le pousser dans l’eau, d’un geste si brusque que sa carrure ne préserve en rien son équilibre.

sans se préoccuper du monde qui les dévisage, sawa saute sur ses pieds en riant, siffle d’une traite sa boisson et se débarrasse de ses vêtements pour plonger tête la première dans la piscine. la fraîcheur de l’eau la happe, et son visage revient percer la surface dans un frisson de délice. « aaaah elle est trop bonne ! » tout sourire, elle ondule jusqu’au jeune homme, ramène sa tête sous la sienne pour le narguer d’un œil moqueur. « maintenant qu’on est à égalité… salut, je m’appelle sawa. »

et sa main fend l’eau pour réclamer la sienne, symbole d’une trêve bien méritée.

Les paroles de la douce sont reçue comme il imaginait que les siennes l’avaient été, leur dynamique bien installée à présent. Tyler ne prend même pas la peine de répondre avec plus qu’un petit rire. Il aurait son nom bien assez vite.

Sa chère voisine pousse de nombreux soupirs face à ses paroles, chose qui n’est pas tellement pour lui déplaire, notamment lorsque l’image de tels soupirs dans une tout autre situation lui viennent à l’esprit.

Leur échange continue un temps avant que la jeune femme n’attrape une bouteille au passage, en tendent rapidement une qu’il s’empresse d’entamer à son tour.

« Je sais pas si Hypolite apprécierait de me voir mais bon, toi, toi tu nous fais boire et je pense que tu sais aussi bien que moi que c’est comme ça que les choses qu’on veut vraiment faire ressortent au grand jour. »

Avant même qu’il ne puisse répondre à son petit cours de catéchisme, il se retrouve poussé dans l’eau. Tyler peut sentir l’eau s’infiltrer dans ses poumons sous le coup de la surprise avant qu’il ne remonte à la surface dans une quinte de toux intense.

« Je sais pas si t’essaie de me tuer ou de me foutre à poil mais en tout cas les deux marchent plutôt bien », dit-il avant de passer son débardeur par dessus sa tête, le tissus mouillé lui collant à la peau étant sans doute une des sensations les plus désagréables à sa connaissance. Le bruit de leur altercation semble attirait les regards de leurs voisins, qui se figent sur lui à la vue de ses nombreux tatouages ainsi exposés aux yeux de tous.

Enfin, la jeune femme le rejoint dans l’eau, puis lui révèle enfin son prénom tant attendu.

« Sawa, » dit-il, appréciant la façon dont les syllabes roulaient sur ses lèvres. « Japonaise, donc ? »

Sans vraiment attendre de réponse de sa part, Tyler attrape la main tendue vers lui et en profite pour tirer la nippone contre son torse, le contact une fois établit, il plonge son regard dans le sien avant de dégager une mèche humide de son visage de sa main libre. Il se penche alors vers son oreille et, les lèvres presque au contact de la peau, « ah Sawa » lâche-t-il dans un soupir, « tu sais ce qu’on dit, revenge is a bitch ».

Puis sur ces mots, il pose ses deux mains sur ses épaules, et, profitant de sa hauteur,  la force à franchir la surface de l’eau une nouvelle fois, ne l’y laissant que quelques secondes avant de la laisser remonter, sous les regards choqués de leurs voisins.

« Okay, maintenant qu’on est vraiment quittes, ça te dit qu’on finisse notre verre ? »

facéties en cascade ;

de taquineries en moqueries, sawa se complaît dans le ton donné à cette soirée qui ne lui promettait pourtant rien d’extraordinaire. mais il y a tyler, et tyler, on peut bien en dire ce qu’on veut, il sait au moins s’amuser.

elle lui rit au nez, savoure sans réserve le goût si tendre de la victoire, tandis que le jeune homme crache ses poumons et se met à pester. et puis ses lippes s’assagissent bientôt, se closent et se pincent à la vue du torse de sa victime ; sous le tissu arraché à la hâte fleurissent kyrielles d’histoires encrées à même la peau, œuvres d’art qui serpentent telles une fresque, bien plus imposantes que la jeune fille ne se l’était imaginé à la seule vue de son bras. décidément, ce gars-là lui plaît. de sa marginalité à son insolence, il lui semble cultiver sa différence avec une aisance telle que sawa se juge soudain bien prude. et lorsque sous sa langue éclate son nom, c’est comme si elle en redécouvrait la mélodie. sawa. deux notes qui se révèlent autrement plus sensuelles qu’elle ne le croyait.

« oui, japo- »

ses mots se perdent lorsque tyler l’attire contre lui, et que ses mains s’échouent contre ses épaules, dans une vaine tentative de garder son corps à une distance raisonnable de l’apollon. elle qui pensait se rafraîchir, il lui semble tout à coup que le temps s’est alourdi de quelques degrés, et les yeux du garçon dans lesquels elle se noie, et ses doigts dans ses cheveux, et sa voix grave à son oreille, et son souffle contre son cou ; tout l’électrise et rien ne va plus.

soudain il l’empoigne et la coule, si vite qu’elle prend à peine sa respiration avant de s’enfoncer dans l’eau, incapable de se débattre face au titan qui la maintient fermement. elle s’est fait avoir comme une bleue, et ça l’énerve autant que ça l’amuse. alors, quand il la libère enfin et qu’elle dresse la tête hors de l’eau pour emplir ses poumons d’air, ses premiers mots s’accompagnent d’un regard revolver. « alors là. tu perds rien pour attendre. » du plat de la main, elle ramène ses cheveux en arrière. « ça va, t’as kiffé ? la prochaine fois que tu me touches je hurle au viol, t’es prévenu. »

sans le quitter des yeux, elle se hisse sur le rebord de la piscine et s’y assoit, le temps de réajuster son maillot. « tu sais, chez moi, la vengeance est un plat qui se mange froid. et c’en est d’autant plus savoureux. » sa main agrippe le cadavre de bouteille, et lorsqu’elle constate qu’elle est vide, son sourire renaît. « j’en ai plus, de verre. je vais nous en chercher. » sans se soucier de son avis, elle se lève, se faufile entre corps et tréteaux jusqu’à atteindre le graal ; et la voilà qui revient, chargée d’alcool et de verres, pour s’installer à deux pas d’helios, en tailleurs à même la terrasse.

« viens là, puisque tu tiens à faire le malin. rhum ou vodka ? j'ai pris les deux. » de gestes sûrs, elle remplit deux gobelets et en tend un à tyler. « kampai, chéri. maintenant tu m’expliques tout ça ? » de l’index, elle désigne les tatouages qu’il arbore. elle porte son verre à ses lèvres et le toise, rongée par la curiosité malgré la haine viscérale qu’elle s’évertue à lui porter.

Il se réjouit de plus en plus de ce qu’il lui fait faire et ressentir. Les émotions si évidentes sur ce visage poupon qu’il ne faut pas être médium pour deviner tout ce qui s’y passe. Tyler pense pouvoir décrypter les messages sur le visage de la belle, le souffle coupé lorsque leurs peaux se touchent, le colère dans ses yeux sombres lorsqu’elle refait surface et les menaces qui s’en suivent.

« Tu sais que dans le monde dans lequel on vit crier au feu à plus de chance de t’aider, right ? »

Il peut observer son corps lorsqu’elle sort de la piscine et attends patiemment lorsqu’elle part leur chercher de quoi se désaltérer. Sortant à son tour de la piscine pour reprendre place sur le rebord de celle-ci, observant au loin Sawa déambuler permis les invités à la recherche du précieux liquide.

Il obéit encore une fois aux directives de sa voisine, s’asseyant à côté d’Hypolite qu’il ne peut s’empêcher de caresser distraitement.  


« Woah tu veux vraiment nous mettre minables ce soir, mais ce sera rhum pour moi, babe », dit-il, insistant bien sur le surnom, affectueux ?, qu’il a prononcé en réponse au sien.

Nonobstant son manque de pratique, il avait abandonné l’alcool fort au profit de la bière il y a quelques années, il but l’intégrité de son verre avant de lui répondre.

« T’es sûre que tu veux vraiment savoir ? C’est intense comme conversation pour un premier rendez-vous. Et c’est aussi très personnel alors je te préviens, t’as intérêt à répondre à toutes mes questions après. »

Il lui tendis néanmoins son bras gauche, celui qui était intégralement couvert

« Alors, de haut en bas, t’as un visage avec marqué limitless à l’endroit où devrait être le cerveau, je pense que c’est assez évident. Je considère qu’on est notre seule limite, et qu’à partir du moment où tu réfléchis par toi-même, sans toute l’influence sociétal et cetera, c’est là que tu vois ce qu’il se passe vraiment dans ce monde. 
Ensuite j’ai une caméra, je trouvais juste ça sympa, rien d’extraordinaire. Juste en dessous, c’est marqué Ian, c’est le nom de mon chien, c’était la seule chose qui me faisait rentrer chez mes parents quand j’y étais encore et c’est aussi lui qui m’a fait comprendre que l’amour d’un animal vaut sans doute plus que celui d’un humain »

Il continua ensuite son chemin le long de son bras.


« Ça, c’est une rose avec une toile d’araignée à l’intérieur. Et je le vois comme un rappel que derrière toutes les belles choses il y a quelque chose qui se cache, ça me fait un peut penser à toi d’ailleurs » lui lança-t-il avec un clin d’oeil, « là c’est Aphrodite en flammes, parce que j’aime vraiment beaucoup vivre ici », il ria à sa propre blague avant de poursuivre « en vrai j’aime bien la mythologie, et l’amour et les flammes vont bien ensemble je trouve. »

Il prit une grande inspiration en désignant la dernière pièce importante de sa manche,

« Ça c’est la date de décès d’un de mes meilleurs amis, et comme je veux pas gâcher notre soirée, c’est tout ce que je dirais là dessus »

Il pointa ensuite vers son torse où trônait un lettrage impressionnant.

« Be there, be down, be you. Encore une fois, une sorte de motto, toujours être soi-même, avoir les pieds sur terre mais quand même vivre et pas juste survivre. »

Il se tourna pour montrer son dos à la jeune femme. lettrage impressionnant.

« Et là c’est un cheval pour l’idée du dark horse, celui qui n’a pas beaucoup de potentiel mais qui ressort vainqueur. Le reste c’est que des petites pièces, ou des choses que je peux pas te montrer là tout de suite, mais si tu veux j’habite pas loin, » dit-il en se retournant vers Sawa et en accompagnant ces mots de son plus beau sourire.

l’ambre tourbillonne, s’écoule de verre en gorge, liquide d’un brun doux qu’on se passe sans plus y réfléchir. sawa hoche la tête, ébauche un sourire aux pitreries du jeune homme, lève les yeux au ciel au sens qu’il donne à la rose qui orne son poignet, ravale bientôt son rire à la mention de la perte de son proche. malgré l’alcool qui l’échauffe doucement, les bouffées de chaleur qui se succèdent, sans doute à cause du rhum, sans doute à cause du soleil qui commence à peine sa descente dans les cieux séoulites, peut-être à cause de tyler, si proche, si simple, et pourtant si mystérieux, malgré son esprit qui divague un peu plus à chaque gorgée, elle ne peut ignorer la profonde sincérité avec laquelle il se confie.

elle sait le prix de telles esquisses, quand bien même son corps immaculé ne porte rien de sa propre histoire, et la façon dont tyler se livre la touche tout particulièrement, si bien qu’à son ultime plaisanterie — pour peu qu’il s’agisse là d’une plaisanterie, ce dont le rhum commence à lui faire douter — elle décroche un petit rire. « j’habite encore plus près… fais gaffe je pourrais te prendre au mot. » doucement, elle tend la main vers le dos du jeune homme, y fait glisser la pulpe de son pouce, parcourant d’une curiosité croissante les lignes noires. « je l’aime beaucoup, celui-là… tu te reconnais dedans ? »

elle se rapproche sans trop y réfléchir, d’un naturel désarmant pour une tenue si légère, et ses doigts parcourent l’épiderme, et ses orbes s’y noient. ils effleurent l’épaule, puis le torse, dérivent sur le bras qu’ils descendent lentement. fascinant ballet de lignes et de courbes ; la main achève sa course et sawa murmure comme pour elle-même : « je vais m’en faire un aussi… » un sourire tendre passe sur son visage à la mention de son futur tatouage. « bon, ce sera pas aussi impressionnant que toi. juste un tout petit truc. mais j’ai vraiment hâte. »

elle cherche à nouveau son verre, laissé un peu plus loin à présent qu’elle est assise contre son voisin, réalise qu’il est — encore — vide et attrape la bouteille pour remplir leurs deux gobelets. « par contre je sais pas encore où je vais le mettre. comment tu choisis, toi ? »

Les paroles de la jeune femme lui décroche un autre rire, et Tyler pense distraitement qu’il devrait sans doute reprendre un verre ou deux, histoire de la rattraper dans son niveau d’alcoolémie.

« Si tu veux me montrer où tu habites je dirais pas non mais attends, » dit-il avant une courte pause, « Comment tu sais que t’habites plus près, tu m’a suivi ? ». La question est posée comme une boutade, même si Tyler serait réellement intéressé par la réponse. Ses pensées sont interrompues par la main qui le touche soudain, parcourant son unique tatouage dorsal avec une délicatesse presque déroutante.

« Dans un sens oui. C’est pas grand chose mais j’ai réussi à faire quelque chose de ma vie ici, alors que mes parents ne s’y attendaient sans doute pas, mais je suis là, je survis et c’est déjà bien je pense », dit-il alors que la jeune femme se rapproche un peu plus. S’ils étaient dans un film, ce serait le moment idéal pour tenter une approche, l’embrasser, au bord de la piscine par une soirée alcoolisée où ils ne sont que deux malgré la multitude de personnes qui les entourent. Et pour la énième fois depuis qu’il l’a connait, il ne peut retenir les frissons qui le parcoure à ces pensées.

Tyler n’ose pas la regarder dans les yeux lorsqu’elle lui parle, toujours troublé par cette connexion évidente qu’il ressent face à elle.

« Ça dépend, j’ai un boulot qui fait que j’ai pas de problème par rapport à ça, mais ça peut jouer, ça dépend de plein de choses. T’as une idée du design, peut-être qu’on peut y réfléchir ensemble ? »

Il lui fait alors enfin face, leur proximité si déconcertante qu’il en attrape le gobelet et le vide d’une gorgée, se servant un autre verre dans la foulée.

« T’as dit que c’était petit, faudrait pas prendre un endroit où tu peux mettre des trop grandes pièces, si jamais tu veux t’en refaire d’autres après », il ponctua ses paroles en prenant le poignet de Sawa entre ces mains, lui désignant l’endroit avant d’observer son corps de haut en bas. Il passa ensuite sa main sur sa nuque, caressant à son tour la peau de son pouce. Two could play that game.

« La nuque c’est toujours une bonne idée pour un truc discret. »

l’étonnement du garçon l’amuse, et devant son air perplexe elle ne peut s’empêcher de le taquiner un peu plus. « ça doit faire un an qu’on est voisins et tu m’as jamais remarquée ? j’habite juste là. » d’un geste du menton elle désigne la porte qui donne sur la terrasse, entrée du couloir qui mène directement à son palier. « en même temps je suis beaucoup plus discrète que toi… on peut pas la rater votre coloc ! » elle se retient bien de mentionner l’intérêt tout particulier qu’elle a pu lui porter lorsqu’elle l’apercevait depuis sa fenêtre ou qu’elle le croisait dans la cage d’escalier. rares occasions, et pourtant, elle n’a jamais oublié son visage.

pour l’heure c’est la retenue qu’elle oublie, confortée dans ses aises par les aveux du jeune homme ; mais à l’inverse de tyler, sawa a le sentiment que sa famille serait bien déçue en apprenant comment elle a tourné. elle hoche alors la tête, et ses yeux s’épuisent à contempler les ornements de son derme. toute à son affaire, elle finit néanmoins par remarquer la gêne croissante du garçon, et tandis qu’il s’empresse de descendre son verre de rhum, elle ne peut résister à la tentation de l’embêter encore. « ce sera l’arc d’artémis, dans plusieurs cercles… j’ai pas d’interdictions par rapport à mon travail mais à la rigueur je m’en foutrais. je pensais à des endroits suffisamment intimes pour que son existence ne soit connue que des gens qui partagent mes draps. » et alors que ses mains chaudes s’attardent sur son corps, alors qu’il se complaît à lui arracher des frissons, dans ses yeux vacille une flamme nouvelle et elle murmure : « les côtes... la hanche… ou le sternum… »

elle s’interrompt soudain, l’échine secouée d’un délicieux frisson sous la caresse du jeune homme. la commissure de ses lèvres s’étire, espiègle, tandis qu’un rire lui échappe. « tu te gênes pas pour me toucher… pourquoi j’ai l’impression que t’évites mon regard ? » à l’abris des indiscrets dans leur petit coin de terrasse, sawa emprisonne le visage de tyler entre ses doigts délicats, l’attire d’une poigne ferme et douce, pour susurrer, l’onyx de ses yeux ancré dans les siens : « aurais-tu peur de moi ? » forte dans sa fragilité, elle fend les lippes des siennes, hardies, capture un lambeau de chair sous ses dents, mêle leurs souffles dans un baiser fugace. déjà ses lèvres se dérobent, esquissent un sourire de victoire.

L’étonnement est profond à l’annonce de ces paroles, un an de voisinage et il ne l’aurait remarquée il n’y a que quelques semaines ? Cela semble assez étrange mais dans un sens possible. Le jeune homme ne passe pas beaucoup de temps à la résidence après tout, ses journées partagées entre le garage le jour et les courses la nuit.

« Bizarre, mais oui j’imagine que t’as raison »

La conversation reprend bien vite sur le sujet du future tatouage de la jeune fille et ses réponses ne manquent pas de piquer l’intérêt du mécanicien. L’arc d’Artémis, déesse de la chasse et mère des amazones, une femme forte et qui correspond bien à l’image de Sawa.
La suite est d’autant plus intrigante, des endroits intimes ?. Il a à peine le temps d’imaginer ce qu’elle peut vouloir dire que les mains parcourent son corps, Tyler n’étant qu’un pantin sous le contrôle de la japonaise, ses yeux suivant le chemin des doigts qui parcourent l’épiderme dans une vision plus que troublante.

« Ça te va bien, » parvient-il à dire sans trop buter sur les mots, sa gorge sèche preuve même qu’il n’est plus de marbre face à la jeune femme, et ce depuis bien longtemps.

Elle continue sous un air espiègle, riant sans crainte tandis qu’elle le taquine encore plus de ses paroles.

« Je sais pas, je croyais que t’allais crier au viol la prochaine fois que je te touchais. »

Il lui rappelle ses paroles précédentes afin d’éviter de lui dévoiler la vérité, qui est qu’il évite en effet son regard de peur de ce qu’il pourrait y trouver, ou pire, de ce qu’elle pourrait voir dans le sien. Pourtant il ne peut plus échapper, Sawa ayant attrapé son visage de ses mains, forçant leurs yeux à se rencontrer et Tyler ne peut même pas réfléchir à une suite avant que leurs lèvres ne se rencontrent, l’effet d’un baisé volé par la jeune femme. Le geste ne le laisse pas indifférent, bien au contraire, et il n’a que quelques secondes pour s’en remettre avant de lui dire d’un rire taquin.

« Le consentement ça va que dans un sens pour toi à ce que je vois. Je crois qu’on va encore devoir être quittes » dit-il avant de capturer ses lèvres d’un nouveau baiser, une main fugace s’attardant sur les palpitations rythmées de sa gorge, symbole des sentiments de la jeune fille tandis que l’autre se perd sur une des cuisses ensoleillées.

Le moment est interrompu par un liquide s’infiltrant sous les jambes du jeune homme, fruit d’un gobelet tombé à la renverse. Après avoir lâché un juron sincère, il s’attarde à nouveau sur sa voisine, observant les lèvres charnues avant de se concentrer sur les yeux sombres, dans une question silencieuse qui déterminera la suite de leur soirée.

sirène cruelle, elle le happe et le noie de toutes ses tendresses. et si l’étreinte est brève, celle qu’il lui rend est toute autre ; voilà que tyler en réclame davantage, sous couvert de vengeance. ses lèvres s’emparent de celles de sawa, ses mains parcourent encore son corps, de caresses pourtant plus rudes qu’auparavant. loin de s’en offusquer, la jeune femme sourit contre la bouche qui voudrait forcer la sienne lorsque plus rien n’existe que lui, la pression de ses doigts contre son cœur au galop, le ravage de ses lippes embrasées. si elle connait les effets dévastateurs de l’alcool par pareille chaleur, elle jurerait que les vertiges qui la saisissent ne sont que le fruit de ses passions ; ses bras retrouvent la nuque du jeune homme et s’y accrochent, son corps réclame l’épiderme hâlé jusqu’à s’y électriser, poitrine contre torse pour mieux apprécier la langueur de leur baiser.

mais tout s’arrête. trop vite. trop tôt. c’est de déception que sawa grimace lorsque tyler la relâche pour pester. elle dénoue ses bras, s’écarte à regret jusqu’à retrouver les orbes criminelles qui lui font perdre toute raison. de rhum ou d’embarras, ses joues s’échauffent et rosissent, mais elle ne lâche plus le regard incendiaire qu’il pose sur elle. rien ne saurait plus mettre un frein à l’alchimie qui s’impose, et la voix de la japonaise se perd dans un murmure. « tu vas m’emmerder encore longtemps avec tes histoires de consentement ou je peux t’enfermer chez moi ? » doucement, elle se penche à son oreille. « n’essaye même pas de me faire croire que t’en meurs pas d’envie… » et elle s’appuie à son épaule pour se lever sans chanceler et disparaître à nouveau entre les résidents, helios sur les talons. priant silencieusement pour que tous soient bien trop affairés à profiter de la soirée pour faire attention à eux, elle atteint la porte et s’y adosse, le temps de vérifier que tyler la suit. évidemment, c’est sa silhouette qui fend la foule à son tour et la rattrape. pas un mot, juste un sourire, et d’une main elle pousse la porte pour s’engouffrer dans le couloir.

l’obscurité, alliée à la proximité de tyler, la déroute, et c’est tout juste si elle parvient à taper le code d’accès de son appartement. finalement, la porte s’ouvre et helios se faufile dans son embrasure. « tu feras pas attention au bordel… » excuse prononcée comme une menace, et elle le pousse doucement dans le studio, faiblement éclairé par les dernières lueurs du jour que filtrent les rideaux tirés. l’unique pièce s’offre comme une toile intimiste, de la porte encore ouverte sur la salle de bain à la serviette oubliée sur le lit fait à la hâte. sawa ne s’embarrasse pas de commentaires et ferme la porte derrière son invité pour le coincer entre le mur et sa taille frêle. empreinte de douceur, sa main s’attarde sur la joue du jeune homme et elle se hisse sur la pointe des pieds pour apposer ses lèvres contre son cou, s’ancrant entre sa mâchoire et le lobe de son oreille. et sa bouche effleure, téméraire, la peau de tyler, jusqu’à rejoindre sa bouche. sa main vient trouver son torse et y prendre appui tandis qu’elle goûte à nouveau aux délices des lippes tentatrices, cette fois loin des regards et de toute pudeur.

La sensation collante de l’alcool qui se répand contre sa peau n’est qu’une pensée lointaine dans l’esprit du jeune homme, toujours perdu dans le regard de la belle, ne brisant le contact que pour admirer la lueur rosée de ses joues, la tentation d’en caresser la peau presque irrésistible. Pourtant il est encore une fois distrait, par des paroles déposées au creux de son oreille et les mains qui se posent sur ses épaules, ne le rendant pas mieux qu’un objet l’aidant dans son dessein. Les paroles sont douces et Tyler ne peut s’empêcher de sourire à ses mots, au souffle chaud qui caresse sa peau. Elle n’a pas tord.

Puis la nippone s’en va, calme comme si son coeur ne battait pas avec folie il y a quelques secondes, comme si ce n’était pas toujours le cas. La décision n’est pas difficile à prendre et Tyler la suit, comme il l’a fait depuis le début de cette soirée, même s’il n’avait pas osé espérer qu’elle prenne une telle tournure. Une fois debout il l’a voit au loin, elle a déjà presque atteint la porte du couloir et Tyler souffle un bon coup avant de l’y rejoindre. Il peut sentir le regard des habitants sur lui lorsqu’il traverse la foule, fruit d’une paranoïa sans doute mais Tyler a l’impression qu’ils ont tous observé la scène, et qu’ils savent ce qu’il va se passer même mieux que lui même.

Enfin il arrive jusqu’à Sawa et bien vite ils entrent dans son appartement, lumières tamisées plongeant la pièce dans une atmosphère propice à leurs désirs.

« T’inquiètes » est la seule chose qu’il peut répondre à sa remarque, trop occupé à l’observer elle plutôt que l’environnement. C’est à cet instant que la gêne et le doute se font ressentir, et le jeune homme ne sait pas quoi faire de ses bras, n’ose pas bouger alors il passe une main distraite sur sa nuque, unique signe d’une perte de contrôle.

Pourtant bien vite c’est la jeune femme qui reprend le contrôle, et peut-être que cela a toujours été ainsi. Les lèvres qui parcourent sa peau lui arrache de nouveaux frissons, alors que les lèvres de la jeune femme retrouvent les siennes, l’américain se perd dans la chaleur humaine, les mains parcourant le corps légèrement vêtu de Sawa. Tyler sait à présent que leur destin est scellé, et que rien ne pourra les faire quitter ce moment. Les corps toujours soudés, perdus dans des baisers qui se révèlent de plus en plus passionnés, le jeune homme passe ses mains baladeuses sous les fesses de la japonaise, la soulevant sans effort avant de se diriger vers le lit trônant au milieu de la pièce. C’est la qu’il la dépose et qu’il devient cette fois-ci le bourreau de son corps, prisonnier de ses bras. Il s’attèle ensuite à parcourir son corps de ses lèvres, comme la promesse silencieuse de l’union presque sacrée de deux corps qui se cherchent et se chérissent.

le soleil projette ses faisceaux sans réserve, baigne de lumière chaude l’appartement tout entier. les rayons s’épuisent depuis quelques heures sur les corps assoupis, caresse silencieuse qui enfin éclaire les paupières de sawa. battement de cils ; d’un mouvement lent elle voudrait étirer ses membres engourdis, mais son bras s’en trouve retenu par une étreinte ferme. elle gémit de douleur, bouche pâteuse et tête lourde, reprend tant bien que mal ses esprits pour tâcher de rassembler ses souvenirs. entre deux bâillements, elle retrouve la sensation d’un torse brûlant contre son dos, de deux bras qui l’enserrent un peu trop fort, tandis qu’un souffle régulier s’échoue contre sa nuque. très vite, elle prend conscience de l’identité de celui qui partage son lit sans pudeur ; des images de la veille reviennent par fragments, lambeaux de chair et soupirs exaltés. elle revoit les courbes serties d’arabesques noires, les regards embrasés et les baisers langoureux, jusqu’aux mains qui s’égarent et s’attardent, douces conquérantes, en un ballet des corps passionné. elle retrouve les maladresses attendries et les incertitudes oubliées au profit de l’instant présent, le désir exhalé bouche contre bouche, en un corps à cœur troublant.

surprise par ses propres faiblesses elle se faufile, rouge de honte, hors des draps, manque de s’étaler par terre en trébuchant sur des vêtements abandonnés au pied du lit, et s’enferme dans la salle de bain sans un regard pour sa conquête.

« merde. »

c’est sous l’eau chaude que la rattrapent les derniers détails de la veille ; le barbecue, tyler, la piscine, tyler, le rhum, tyler… un baiser volé. tyler. et le rouge encore lui monte aux joues tandis que ruisselle l’eau sur l’épiderme encore marqué de cette nuit d’abandon. « putain mais qu’est-ce qu’on a fait… » gémit-elle à voix basse. « pourquoi j’ai mal partout ? » elle frotte tant bien que mal sa peau pour en faire disparaître toute trace de ses ébats, en profite pour laver ses cheveux, et sort enfin de la douche pour s’enrouler dans une serviette propre. mortifiée, elle retourne à sa chambre et marche droit sur sa penderie pour enfiler un t-shirt ample. enfin son regard s’arrête sur la silhouette de tyler qui s’impose entre les draps blancs. soupir. elle ne sait pas vraiment ce qui lui a pris de sympathiser avec lui, encore moins pourquoi elle a ressenti le besoin de coucher avec un homme après tout ce temps. une belle connerie… après avoir mis de l’eau à chauffer, elle se décide à aller le réveiller, s’asseyant au bord du lit pour le secouer doucement.

« eh, debout. j’ai pas signé pour t’héberger. »