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Doux clapotis provenant des larmes du ciel, tapotant, ruisselant le long de ces fenêtres dont la vue était bien simpliste. Rien de bien surprenant, seulement une jeune femme en tenue légère allongée sur un matelas des plus moelleux, oreillers et draps parsemant celui-ci.
Il s'agissait d'un soir comme un autre, calme et reposant. Les yeux givrés sur l'écran de l'ordinateur portable face à elle, pensant à un dionysiaque qui hantait désormais ses pensées depuis quelques temps ; et lisant probablement des e-mails de propositions de partenariat en rapport avec son métier de mannequin ou bien pour son compte professionnel Instagram sur lequel la demoiselle publiait fréquemment ses nouvelles trouvailles en matière de vêtements.
Ce soir-là, Minji était enfermée dans sa chambre depuis quelques heures, Siyang n'avait pas pointé le bout de son nez depuis un bon bout de temps tandis que Jaehee ne donnait plus de nouvelles depuis trop longtemps au goût de Minah.
Soudain, un bruit de porte se fit entendre dans l'appartement, prévenant donc de l'arrivée de quelqu'un dans l'A103. Espérance de finalement voir son ami mais pourtant trop occupée à rédiger les trois derniers mots d'un mail important pour se précipiter à l'entrée, elle fut néanmoins surprise en voyant Jaehee se tenir debout à la porte de sa chambre, l'air dépité et abasourdi.
« Ah, Jae ! T'es rentré, enfin ! Je me demandais ce que tu faisais à cette heure-là dehors. », dit-elle premièrement avant d'enchaîner avec d'autres mots : « Il t'est arrivé quelque chose ? T'as pas l'air en forme... »
Une petite tape sur son matelas lui indiquait qu'il avait l'autorisation de s'asseoir avec elle s'il en avait envie, s'il voulait parler ou juste se détendre à ses côtés - ce qu'ils faisaient souvent.
Les journées se faisaient de plus en plus difficiles. Chaque jour amenait avec lui son lot de rebondissements, de personnes qu’on ne veut pas voir, de personnes qu’on veut trop voir et de moments qu’on aimerait oublier. Jaehee n’était pas exonérer de ces mésaventures, comme tout le monde. Pourtant, il y avait des jours comme celui-ci où il avait envie de tout plaquer et de partir loin, assez loin pour qu’on oublie son existence, comme on a oublié celle de sa mère.
Les heures passées à l’université étaient usantes, usantes car les gens se demandaient bien souvent ce qu’il faisait et ne cacher pas leurs sentiments de supériorité morale à son égard. Si peu d’entre eux savaient en détails ce qu’il se passait au sein de « l’entreprise » de son père, la majorité de ses camarades savaient qu’il s’agissait sans doute de quelque chose d’illégal et estimaient donc que Jaehee n’était pas légitime dans une université de droit. Ils n’avaient sans doute pas tort.
Les heures passées à travailler pour son père n’étaient pas toutes roses non plus. Jaehee n’aimait pas ce milieu et il y avait des jours, ou des nuits, ou cela se sentait plus que d’autres. Ces moments étaient agaçant pour lui mais surtout pour son père, qui voyait que son fils n’était pas aussi investi qu’il l’aurait souhaité et qui faisait savoir son mécontentement. Les déboires familiaux n’étaient malheureusement pas qu’avec son cher géniteur, puisqu’il s’était également disputé avec sa sœur, sur le même éternel sujet.
Bref, ce n’était pas une bonne journée, et cela ne s’était pas arrangé sur le chemin du retour, puisqu’il avait subi l’agression de la pluie, des gouttes froides qui le piquait comme des aiguilles et qui avaient pénétré tout son être, de ses cheveux à ses vêtements.
C’est ainsi qu’il était rentré dans son appartement, trempé, fatigué, usé. L’appartement était silencieux, presque morose, ce qui ne faisait que renforcer le sentiment de solitude qu’il ressentait. Jaehee savait pourtant que ce sentiment n’était un ressenti et qu’il ne fallait pas qu’il se concentre là-dessus. Et il savait également qu’il n’était pas seul. Minah était sans doute sa colocataire préférée, même si les autres étaient des gens qu’il appréciait énormément également. Il y avait cependant avec elle quelque chose de différent, et il savait qu’il pouvait compter sur elle dans les moments comme ceux-là. Il savait qu’elle l’accueillerait à bras ouvert et il avait raison, puisqu’à peine elle l’avait vu, qu’elle lui offrait une place sur son lit et du soutien moral.
« La routine, enfin, en vrai c’était une journée de merde. A la fac personne ne m’aime, mon père me fait chier, ma sœur me fait chier et ma mère n’a même pas l’opportunité de me faire chier puisque Jaekyung a surement raison et elle est sans doute morte depuis un bail, je suis juste trop con pour le voir… »
Il s’enfonça un peu plus profondément dans le lit de la jeune fille avant de poursuivre.
« Et toi ça va ? Si t’as des trucs marrants à me raconter, c’est le moment. »
I don't need to pay a therapist to give me crap. I have a roommate that does it for free.
Froissements d'oreiller, gouttes de pluie et conversations à n'en plus finir, une habitude chez ces deux-là. Ce n'était rien de particulier en soi, simplement une manière de passer du temps entre amis, de se rassurer et de se dire que le lendemain serait meilleur. En revanche, c'était quelque peu différent pour eux, ce n'était pas seulement un prétexte pour parler à l'autre et ne pas dormir de la nuit, c'était un moyen de se connaître, de se dévoiler un peu plus à l'autre. Ce que venait de faire Jae Hee ce soir-là reflétait exactement le soutien moral qu'était Minah pour lui et qu'était Jae Hee pour elle. Hormis le fait qu'il la rassurait durant ses crises de panique nocturnes, il était aussi celui qui l'écoutait lors de ses moments de doutes ; il était alors tout à fait naturel que la demoiselle en fasse de même pour son ami.
Sans un mot de plus, il vint s'immiscer dans le cocon de Minah, refuge de ses peurs refoulées. Il n'y avait là que de simples duvets, qu'un mélange de couleur subtil, que de minuscules traces de larmes sur les oreillers. « Jaehee, on s'en fout de savoir si je vais bien. C'est de toi qu'on parle, là. » La première face de l'ordinateur vint rencontrer sa moitié pour ne plus la quitter jusqu'au bout de la nuit, et Minah sourit un peu, pas beaucoup, juste un peu ; peut-être pour ne pas le brusquer, peut-être pour ne pas paraître trop gaie. « Des trucs marrants ? Mon visage n'est pas déjà assez drôle ? » Ce qu'il avait dit juste avant, elle avait préféré ne pas en reparler pour lui changer les idées, ou pour ne pas avoir à lutter avec les émotions de quelqu'un d'autre. En vérité, elle aurait aimé pouvoir le prendre dans ses bras et le laisser verser toutes ses émotions le long de son épaule mais elle en était incapable. Plus qu'un souffle, c'était une vague d'air qu'elle inspira à plein poumon avant d'enchaîner avec quelques mots. « Tu es aimé, je pense que tu as besoin de le savoir. Ton père, ta sœur, ils te font chier, je ne connais pas grand chose de ta vie, mais c'est comme ça pour la majeure partie des humains. On a tous des phases comme celle-là, où tout nous parait noir mais ça va passer, j'en suis certaine. Et si jamais ça ne passe pas, je serai toujours là. » Puis elle souffla et respira de nouveau.
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Mer 30 Mai - 20:30
