Force the hand of fate

Jambes fatiguées, souffle presque coupé, Aël défilait la rue en courant comme s’il voulait battre un record du monde. En même temps, il n’avait pas le choix, une dizaine de personnes le pourchassait sans le laisser se reposer ne serait-ce qu’un moment. Ses poursuivants étaient loin d’être des hommes de cœur. Mais d’un côté, c’était justement pour ça que l’ange déchu était parti les provoquer. Pourquoi engager des comédiens qui feraient semblant de le pourchasser lorsqu’il pouvait avoir gratuitement des vrais malfrats ? Un simple crachat sur celui qui ressemblait au boss pour agiter toute la meute. Tout en continuant à courir, Aël regarda l’heure indiquée sur l’écran de son portable. 17h28. Il allait être juste de chez juste. Une seconde de trop et il allait réellement se prendre la raclée de sa vie. Il avait deux minutes pour se retrouver devant la place de la voiture, c’était à 17h30 pile qu’il quittait son bureau pour aller récupérer sa voiture, pas avant, pas après. C’était ce que le faux ange avait compris en l’observant ces derniers jours. Pourtant, il devrait être le premier à savoir que des observations sur deux jours ne pouvaient pas représenter la réalité. Il n’avait pas pris en compte le facteur des aléas de la vie, ni les statistiques. Devrait-il attendre quelques semaines pour commencer sa vengeance ? Non, il ne voulait pas attendre un jour de plus, hors de question de laisser son père passer encore un jour de trop en prison.

C’était un plan foireux mais il fallait qu’il ose.

Son esprit s’apaisa lorsqu’il le vit sortir de l’immeuble. Mais la partie n’était pas encore gagnée. Il lui restait encore dix mètres à faire avant de l’atteindre. Aël avait une certaine avance sur le groupe mais il était sa chance de survie. Le faux ange usa de ses dernières forces pour monter sauvagement mais spontanément dans la voiture côté passager, en même temps que le propriétaire. D’un geste brusque, l’opportuniste claqua la porte.

« Démarrez ! Vite, ils vont me tuer !! » Cria-t-il avec une voix sans souffle mais déterminée. Il le regarda avec ses grands yeux remplis de détresse et de désespoir.

Sa peur était faussement vraie. Bien sur qu’il ne voulait pas se faire lyncher par les brutes qui approchaient à grands pas, mais Aël était celui qui avait provoqué cette situation.

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Stage obligatoire, bien que plaisant. Si Yeon avait surmonté quelques obstacles avant de trouver l'endroit idéal, et maintenant qu'il y était, tout semblant le convaincre dans cette idée de métier qui le faisait tant rêver. Berceuse d'une vie entière, précieuse envie d'être différent des autres, plus vrai que jamais. Fière de lui, ou besoin discret d'être la fierté de sa femme, et de ce que le futur apporterait à sa route. Mais ça n'était pas une tâche facile, l'étudiant le savait. Il ne lui restait que quelques mois pour faire ses preuves dans ce monde, une récompense parmi tant d'autres et il s'imaginait ouvrir son propre cabinet. Le sourire joint aux lèvres, et les étoiles dans les yeux. Il se réconfortait dans ses idées. Hea croyait en lui, peut-être plus que lui ne le faisait. Une douceur chaleureuse au quotidien, et il ne tardait à la retrouver, elle et Blanco. Agréable pensée qui l'entourait en rangeant ses affaires, le sac à la main et un salut courtois de la tête en sortant.

Le vent caressait ses cheveux, quelques mèches longues qui ne tarderaient à disparaître. Il n'avait pas attendu longtemps avant d'ouvrir la portière de sa voiture pour s'y installer. Quelques secondes pour souffler, poser ses affaires sur les sièges arrière et il allumait le contact. Radio en fond sonore, à peine une note mélodieuse a l'oreille que l'autre portière s'ouvrait devant lui – les yeux ébahie face à la situation. « Qu'est-ce qu... » Les mots coupés par ceux de l'inconnu, Si Yeon avait regardé son rétroviseur curieux de comprendre le sens de ses mots. Et il n'avait rien dit. Avait démarré la voiture comme un événement normal, sans demander des réponses à ses questions. Ils auraient le temps d'en discuter plus tard. A cet instant, seule la vie à sauver comptait à ses yeux. Illustre inconnu, ou non.

« Je pense que j'ai le droit à quelques explications, vous ne pensez pas ? » avait-il fini par dire, brisant le silence après s'être à nouveau garé. Il avait roulé sans savoir où aller, s'était arrêté après quelques minutes. Un voyage qui n'avait été que de courte durée, pourtant assez long pour éveiller sa curiosité. « J'ai de l'eau dans la boîte à gants. » Il était encore essoufflé. Combien de temps avait-il couru ? Si Yeon était sûrement trop gentil pour le laisser repartir dans cet état, incapable de prendre soin de lui autant qu'il le faisait pour les autres. Et sa bonté le perdrait, c'était certain. « Vous ne risquez rien si je vous laisse rentrer chez vous ? Ces types … Ils ne savent pas où vous habitez ? » Au cas où. Juste et simplement au cas où.

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Quatre mois qu’il était rentré de son service militaire et quatre mois qu’il galérait comme pas possible à survivre dans ce nouvel environnement. Si on lui avait dit avant de partir pour  son service militaire qu’il allait tout perdre à la fin de son devoir civique, Aël rirait au nez de la personne en la traitant de paranoïaque. Et pourtant, son père était bel et bien en prison pour un crime qu’il n’avait pas commis. Ce dernier pensait que la vérité le protégerait de tout, et comme un gamin innocent, Aël a cru à ses paroles. Bien sur que le fils était inquiet pour l’affaire mais que pouvait-il faire lorsqu’il était pris par son obligation. Et puis son père avait tellement l’air sûr de lui qu’Aël était loin de se douter du dénouement du procès. Ce n’était qu’à la fin de son service, en voulant rentrer à leur résidence qu’il comprit que sa maison ne lui appartenait plus. Il se souviendrait pour toujours de la panique qu’il avait eu quand il n’arrivait pas à contacter son père, peur qui se transforma en un mélange de sentiments négatifs telles que la rage, la haine et de frustration lorsqu’il découvrit la vérité. Les quatre derniers mois ont été la descente en enfer. Tout ça à cause d’eux. Aël allait leur faire payer à chacun d’eux, lui compris.

Ce début de plan n’était pas parfait mais se déroula plus ou moins comme le faux ange avait prévu. Course poursuite puis atterrissage spontanée à la première piste de secours. Tout était si fluide mais à la fois si risqué que nul ne pouvait se douter d’un tel plan. Personne n’était assez fou que l’ancien médecin. Il risquait sa peau juste pour le rencontrer. Pour sa vengeance, il était prêt à tout.

Les mouvements de sa cage thoracique ne cessèrent même après que la voiture ait démarré, car heureusement pour lui, sa cible a été coopératif. Jouant le jeu jusqu’au bout, Aël regarda via le rétro les silhouettes des malfrats rétrécir à vue d’œil jusqu’à disparaitre de son champ de vision. Il poussa un long soupire, faussement soulagé puis s’enfonça dans le siège. Yeux fermés, Aël s’interdit de regarder le conducteur. Son corps avait réellement besoin d’un peu de repos. Moteur coupé, il rouvrit les yeux. Sa respiration était toujours aussi forte, des gouttes de transpiration perlaient sur son front, ce petit quart d’heure de route n’était pas suffisant pour récupérer. De toute façon, il ne comptait pas aller mieux aussi tôt. Il devait faire durer la rencontre.

« Bien sûr. Je vous dois bien ça, vous… » Il s’arrêta pour respirer un coup. « Vous êtes mon sauveur. » Mais d’abord, il alla chercher la bouteille d’eau qu’on lui avait si gentiment proposé. Bouteille qu’il vida en cinq secondes. Déshydraté, il essuya d’un revers de main ses lèvres. « Justement, je venais de chez moi…» Dit-il pour lui couper l’herbe sous le pied. Aël souffla discrètement, comme s’il s’apprêtait à faire une révélation. « Ils m’en veulent parce qu’ils croient que j’ai piqué la copine de leur boss. » Mensonge qu’il dit comme s’il s’agissait de la vérité. « C’est une assez longue histoire. » rajouta-t-il avec un air désespéré, regard au loin, comme si la situation le dépassait. Ne pas tout dévoiler d’un coup sonnait moins faux. Il attendit deux secondes avant d’enchainer sur la prochaine réplique. « Mais c’est faux ! » Aël fit mine de vouloir se justifier, comme s’il ne voulait pas qu’on le prenne pour une mauvaise personne. Le faux ange était un acteur né. « S’ils savaient que les femmes ne m’intéressent pas, ils ne m’auront pas attendu devant chez moi pour me courser je-ne-sais-combien de rues. Et impossible de s’expliquer avec ces brutes.» Il roula des yeux tout en énonçant ces paroles. « Heureusement que je suis tombé sur vous. Vous m’avez sauvé la vie. » Il afficha un doux sourire. Il regardait droit dans les yeux de sa cible. « Puis-je connaitre le nom de mon sauveur ou dois-je vous appeler mon sauveur ? » demanda-t-il avec une voix joueuse.

Aël était loin d'être un ange. Il était le diable, prêt à tout pour emprisonner une âme, son âme.

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Il n'avait pas compris ce qui c'était passé. Il avait suffi de quelques secondes, quelques mots pour qu'il démarre la voiture sans demander d'explications, plus qu'il n'en fallait. Si Yeon était curieux mais pas suffisamment pour oser questionner l'inconnu – un comble pour un étudiant en droit, sûrement. Qu'importait, tant qu'il restait humain. Pourvu qu'il en sache plus à la fin du voyage, il lui devait au moins ça, à défaut de lui sauver la vie pour quelque temps supplémentaire. Plus rien n'était sûr quand une bande s'amusait à poursuivre un soliste, seulement ce n'était pas dans ses habitudes. Abandonner un être humain signifiait ressembler un peu plus à son père et son beau-père. Et il en détestait l'idée, terriblement. Qu'adviendraient même les raisons de cette course-poursuite.

Tout le monde méritait d'être écouté avant d'être jugé.
« J'aimerais entendre ça plus souvent, c'est gratifiant comme surnom... » Un petit rire était délicatement sorti d'entre ses lèvres. Lui qui peinait à trouver des clients à son stage, la peur de certains de finir écrasé plutôt qu'épargné par les grâces d'un juge clément à la situation. C'était difficile, et l'air de rien, entendre de douces paroles de la part d'un illustre étranger l'aidait à se sentir un peu mieux. L'illumination d'une journée compliquée qu'il commençait à apprécier. Le sourire aux lèvres et le regard perdu face à lui, il ne jouait la sourde oreille sur aucun mot. Aucune de ses paroles ne se dérobait en quête d'une autre direction … C'était intrigant.

Il était intrigué.

Si Yeon se grattait nerveusement le cou. Ce n'était pas comme s'il pouvait le laisser repartir, conscient que ces types pouvaient le retrouver devant sa porte. Mais alors comment pouvait-il faire dans cette situation ? Il se perdait dans ses pensées avant qu'on ne lui demande son prénom. Le trouble qui se dissipait doucement à cette question. « Si Yeon. Jang Si Yeon, je suis étudiant en dernière année de droit. Je passe bientôt mon diplôme. » Il n'était pas aussi secret que son apparence semblait le dire. Il n'avait rien à cacher, ou peut-être trop pour faire semblant de n'être personne. Mais c'était surtout pour essayer de mettre en confiance l'autre homme. « Peut-être que je peux demander à mon maître de stage de vous aider ? C'est un bon procureur, et même s'ils ne portent pas plainte contre vous, ou vous contre eux, il y a peut-être moyen de vous protéger. » Ou ce qu'il en espérait.

Finalement, il n'était plus aussi certains de ses dires maintenant qu'ils étaient prononcés. « … Peut-être que vous devriez envisager d’emménager ? Je sais que ce n'est pas aussi simple mais … Si ça peut vous sauver la vie, ce n'est pas un prix énorme … Je peux vous aider si vous en avez besoin. » avait-il proposé. Mais ses idées se mélangeaient, autant qu'elles avaient l'air moins pensables. Si Yeon voulait simplement son bien, comme il voulait le bien de tout le monde. « Ce que je veux dire c'est que je ne peux pas vous laisser partir en ayant conscience du danger que vous risquez. » Bienveillant au possible. Peut-être même de trop, après tout, il accordait sa confiance à un homme dont il n'avait pas pris la peine de demander le prénom. Dont il ne connaissait rien.

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Il fallait une rencontre qui marque. Il ne voulait pas d’une rencontre banale, simple. Non. Aël était du genre à être extravagant lorsqu’il s’emportait. Il aimait prendre des risques et sentir l’adrénaline dans ses veines. Lorsqu’il était encore médecin, les moments qu’il se sentait le plus vivant étaient lorsqu’il était au bloc, à lutter pour la survie du patient. En courant jusqu’à cracher ses poumons, Aël voulait être convainquant pour pas que sa cible ne se doute de rien. Chance pour lui, il n’eut pas besoin d’insister pour rester, son « sauveur » ne semblait pas vouloir le chasser de la voiture. Au contraire, il semblait même inquiet pour lui. On l’avait écouté jusqu’au bout. Aël ne s’attendait pas à un tel comportement mais il ne se laissa pas perturber pour autant. Il n’avait pas le droit.

Ils sont tous pareils. 

De la même attention qu’il avait prêté attention à ses paroles, Aël l’écouta se présenter comme s’il ne savait rien. Si Yeon ou le fils du procureur qui avait injustement mis son père en prison. Pire, il était persuadé que le procureur était à l’origine du plan. Inconsciemment, l’ex-médecin serrait son poing, il devait arrêter de penser à son père, ce n’était jamais bon lorsque la colère devenait ingérable. Pour jouer un rôle parfait il devait faire abstraction des sentiments qui pourraient le mettre en péril.

Se reconcentrant sur le moment présent, il se calma. Il esquissa même un sourire après avoir écouté les paroles du futur procureur. Sourire qui finit par se transformer en petit rire moqueur, pas méchant mais présent. C’était un rire qui venait du cœur, mélange d’amusement et d’étonnement. « Excusez moi, vous ne ressemblez tellement pas à un procureur en devenir. » Première vérité depuis le début de la rencontre. « Oh, ne le prenez pas mal. » Au contraire, c’était un compliment venant de lui. Il enchaîna tout de suite pour ne pas à avoir à détailler ses propos. « C’est très gentil de votre part mais je n’ai pas les moyens d’engager qui ce soit. Je ne veux non plus aller m’endetter auprès d’un inconnu, même si vous êtes mon sauveur. » Il se redressa sur le siège puis se tourna complètement vers Si Yeon pour le fixer d’un regard intrigué. Son souffle était presque revenu à la normale. « Vous ne demandez même pas mon prénom que vous voulez m’aider financièrement. C’est parce que vous êtes riche au point de donner de l’argent au premier inconnu ou c’est dans votre nature d’aller aider les autres ou alors mon prénom ne vous intéresse tout simplement pas ? » La réponse, Aël la connaissait.

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Est-ce qu'il nageait en plein rêve ? Une bulle formée autour d'eux et il n'existait rien d'autre que l'instant présent. Pris au dépourvu, Si Yeon ne pouvait que s'inquiéter de ce qu'il se passait en ce moment même, mais également de ce que l'avenir préparait à cet homme visiblement en fuite de quelque chose ou de quelqu'un. L'étudiant n'avait jamais appris à ne penser qu'à lui, si bien qu'il ne pouvait qu'écouter ce que l'autre avait à lui dire. Adviendra ce qui adviendra. Il donnait sa confiance avant qu'on la lui donne. Un grand cœur bercé de magouille parentale. Ça ne pouvait n'être rien d'autre qu'une bombe à retardement, n'est-ce pas ? Pourtant Si Yeon se convainquait du contraire, persuadé d'être un homme différent de son père et son beau-père … Hea n'avait de cesse de lui répéter. Ils n'étaient pas eux. Meilleurs et voués à vivre une vie de bonté. Rescapés d'une enfance mensongère où à eux deux, ils s'amusaient à refaire le monde, une pâquerette sur le bout des doigts en guise de bague, une pluie d'or des années plus tard.

« … Je ne ressemble pas à un procureur ? A quoi est-ce que je ressemble d'après vous ? Ça me rend curieux. » Jamais il ne s'était demandé ce qu'il voulait faire plus tard, la réponse lui avait semblé si évidente des années plus tôt qu'il n'avait jamais songé à faire autre chose que du droit. Avait-il fait le bon choix ? Il était de ceux qui se persuadait que l'on pouvait refaire le monde avait des « si », et il n'avait peut-être pas tort. « Les avocats commis d'office ne sont pas payés par le client mais par l’État, j'en connais quelqu... » A peine avait-il commencé à parler que les mots lui furent retirés de la bouche, coupés en plein vol tandis que l'inconnu lui arrachait davantage les mots. Delà naissait un sourire crispé sur les lèvres de l'homme, nerveux ou surpris – mélange d'émotions – d'entendre des paroles, des questions qui le faisaient soudainement se sentir bête. Si Yeon s'insultait mentalement, incapable de répondre – ou cherchant un peu trop ses mots. Que pouvait-il dire ? Il n'avait pas tort, loin de là. L'étudiant se préoccupait toujours des autres, sans en demander en retour, à croire qu'il s'en moquait ou qu'il était bien trop snob pour parler de ses problèmes. Et cette fois encore, il avait peut-être paru être celui qu'il détestait, un visage familier et semblable à son père. Une vision d'horreur.

Envie de vomir.

Le diable en personne.
« Je suis désolée si j'ai pu paraître insolent, en quelque sorte. » Il grattait nerveusement sa nuque, détachant à la suite de ses mots, sa ceinture pour se tourner confortablement vers l'homme. « Ma femme n'arrête pas de dire que je prends plus souvent soin des autres que de moi-même … J'ai tendance à m'emballer très vite quand je sais que quelque chose ne va pas, excusez-moi. » Son regard avait soudainement dévié du sien, un peu trop gêné – ou parce qu'il sentait ses joues prendre une couleur qu'il ne connaissait qu'avec sa femme ou Huan. Son cœur paraissait différent en ce moment, sans qu'il ne se l'explique. « Je veux bien oui, votre prénom. Ça... M'intéresse. » Pourquoi avait-il l'impression de parler d'autre chose ? Si Yeon s'occupait légèrement la tête, se redressant dans son siège. Nerveux au possible.

Il avait soupiré, fermant les yeux. Qu'allait-il bien pouvoir faire maintenant ? Il ne pouvait vraiment pas le laisser partir de la sorte, là courir dans la nature alors qu'il y risquait sa peau. « D'ailleurs c'est un peu culotter de me dire tout ça alors que vous êtes celui qui s'est pointé dans ma voiture, avant d'être votre sauveur, je suis surtout un inconnu. Imaginez si en réalité j'étais un de ses types ? » Si Yeon souriait légèrement. Il voulait surtout détendre l'atmosphère qui lui semblait soudainement lourde. « Qu'allez-vous faire maintenant ? » Parce que ça le rendait vraiment curieux.

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Tout aurait été différent s’il ne les avait pas vu en couple, dans le bonheur le plus total. C’était injuste. Pourquoi son père devait-il aller en prison ? Pourquoi devait-il galérer pour vivre alors que Si Yeon baignait dans le luxe ? Heureux comme jamais ? Comment pouvait-il rire alors qu’il était parfaitement conscient des actes atroces de son père et de son beau-père ? Pourquoi Aël ne pouvait pas suivre les traces de son père en devenant un médecin modèle alors qu’il n’y avait aucun problème pour le fils du procureur corrompu ? Injuste. Il n’y avait pas d’autre mot. La loi ne pouvait rien faire contre eux alors Aël s’en chargera de les faire payer, tous les uns que les autres. Mais l’ex-médecin était conscient. Il était encore bien trop impuissant, il devait commencer par ce dont il est capable. Commencer par le fils puis s’attaquer au père. Parallèlement, il devait gagner assez d’argent pour récolter les preuves. Une quête bien trop grande pour une seule personne mais il n’y avait que lui pour la réaliser. S’il abandonnait, son père était perdu.

Parole dite sans réfléchir, sincérité qui finit par ressurgir face au comportement non prévisible de Si Yeon. Aël ne s’attendait pas à un comportement si prévenant. Quoi que, c’était surement comme ça qu’ils agissaient, feindre d’être de leur côté puis les poignarder dans leur dos. « Je ne sais pas, je ne vous connais pas encore assez pour le dire mais pas à un procureur. Physiquement, je pourrais dire que vous pourriez être un mannequin. » Si Yeon était beau, ce n’était pas le faux ange qui allait dire le contraire.

Encore une fois, l’impulsivité d’Aël ressurgit. Il en avait marre de cette « gentillesse » de son sauveur. C’était bien trop facile pour lui de pouvoir aider les autres. Le père choisissait qui allait mourir et le fils ceux qui allaient être sauvés. Ils étaient détestables. Remarquant qu’il l’avait réellement mis dans l’embarras, Aël s’insulta dans sa tête. Heureusement pour lui, Si Yeon ne l’avait pas chassé à coup de pied de sa voiture. Il s’humidifiât ses lèvres, se racla la gorge. « Je suis également désolé. Je ne voulais pas vous offusquer dans mes propos. » Vérité ou mensonge, ce n’était pas important dans ce genre de mise en scène. Il ne devait pas se mal se faire voir, s’il comptait rester près de lui. « J’imagine que c’est votre femme qui prend soin de vous. Vous devez former un beau couple. » Comme ceux qu’il a envie de séparer, avait-il envie de terminer mais qu’il garda bien évidemment pour lui. Le pire, c’est qu’il parlait avec un sourire presque envieux.

« Je m’appelle Aël, ça signifie « ange » en grec, même si je n’ai pas vraiment ces origines-là. J’aurai aimé dire que je suis un ange tombé du ciel mais dans le cas à nous, vous ressemblez plus à mon ange gardien que je ne le suis. » dit-il avec un sourire plaisantin. Il lâcha un petit rire. « C’est vrai, c’est pour ça que je me suis excusé. » Sa tête se laissa tomber sur le repose-tête. « Mais vous avez l’air plus intelligent que ces types... Et plus gentil aussi. » Mine décontractée, il se faisait beaucoup moins de souci que Si Yeon. « Ça va passer, je pense pas qu’ils vont avoir la détermination de m’attendre plus d’un soir devant chez moi. Le malentendu va vite être résolu. J’ai juste à attendre qu’il se lasse de moi et qu’il trouve une autre cible. » Et puis, ce n’est pas comme si cette histoire était vraie. « Est-ce que vous êtes libre pour diner ? La course poursuite m’a donné bien faim et j’aimerai tout de même vous remercier de m’avoir sauver la vie. » Il regarda Si Yeon dans les yeux, avec un regard déterminé.

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Le sourire aux lèvres, Si Yeon. Amusé de savoir qu'il n'était pas d'apparence couvert des marques subtiles du droit. Ou de connaître l'avis d'un parfait inconnu pour entendre dire qu'il aurait pu être mannequin dans une autre vie. A vrai dire, il n'y avait jamais songé Si Yeon. Le métier de procureur lui avait été dicté d'une évidence même que la question n'était jamais venu à l'esprit, pas même plus jeune sur les bancs de l'école. Comme promis à un destin où la paix régnerait en maître grâce à lui – ou ce qu'il souhaitait au mieux. Dans le plus droit des chemins, plus ou moins. Mais, à la limite du diplôme en mains, était-il seulement certain de réussir dans cette voie ? Certains des barrières imposées par son père, et son beau-père. Il creusait sa tombe.

L'humiliation avait été immédiate. Non sans être une grande surprise, Si Yeon connaissait les risques de cette gentillesse qu'il offrait un peu trop facilement. Une bienveillance qui lui avait valu nombreuse de ces situations, mais encore plongé dans le feu de l'action, il risquait de s'y brûler. Alors, les excuses étaient venues naturellement. Parce qu'avant d'être lui-même embarrassé, l'homme devait l'être peut-être même plus encore. Du moins ce qu'il en pensait. Ce qu'il y croyait. Rien de ce qu'il souhaitait. « Hum … Je dirais qu'on prend soin l'un de l'autre mutuellement. Enfin, j'essaie de la rendre heureuse le plus possible. » De la protéger de ce monde qui avait déjà été tant violent avec elle. Sa princesse qui ne méritait rien de tout ça … Si Yeon, tout ce qu'il avait toujours désiré, c'était principalement de la voir sourire comme lorsqu'il était enfant. Loin des caprices de la vie maintenant qu'ils étaient devenus des adultes responsables.

Mille promesses de réussites.
« Eh bien, je pense que je peux maintenant dire que malgré ces conditions particulières de rencontre, je suis enchanté Aël. » Sa main était venu à la rencontre de celle de l'homme. Son geste était venu naturellement à l'annonce du prénom qu'il ne tardait à connaître, heureux de sincérité. Si Yeon ne se sentait pas plus angélique que lui, pourtant tout semblait les lier dans ce surnom commun ; l'un de son appellation, l'autre de ses actions. Et le sourire venait rejoindre ses lippes de façon irrémédiable. « Je vous raccompagnerai et m'assurerai que tout vas bien dans ce cas. » Il ne pouvait pas s'éloigner l'air de rien. Se rendre aveugle de la sorte, ce n'était pas dans sa nature. « Oh, oui, je … » La voix coupée de mot, Si Yeon ne s'était pas habitué au regard droit du brun, fondant dans les noisettes claires de son visage charmant. Il en rougirait presque si ce n'était pas déjà le cas, et c'était mentir que de dire qu'il ne le trouvait pas attirant dans un sens. Presque flatté de cette invitation. « Je crois que ma femme m'a dit qu'elle mangeait avec une amie ce soir. » Non, il n'en savait rien. Mais il se disait que Yon n'était jamais bien loin, et qu'il avait beau en détester l'idée … Elle était bien la seule en qui il avait confiance concernant Hea. Alors il lui enverrait un message, simplement pour lui dire qu'il ne rentrerait pas maintenant. Parce qu'il suivait ses conseils, et sortait de cette routine énervante. Rencontrait d'autres personnes.

Mais certaines rencontres étaient vouées à l'échec...

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