les chemins se croisent ((yesung))

outfit La routine est la première cause d'ennui chez l'être humain. Faire une action répétée chaque jour jusqu'à en trouver une autre à faire encore et encore. Cela fait des semaines que je fourre ces machines de vêtements sales pour ensuite les placer dans une autre et les plier dans un bac où leur propriétaire viennent les chercher. Un quotidien affligeant, monotone et parfois déprimant. S'il n'y avait pas le restaurant à côté pour me filer leurs factures, revenu et horaire de boulot pour calculer le salaire de leurs employés, je me ferais bien chier. Ils ont perdu leur comptable qui valait trop cher, apparemment. Tant qu'ils me filent un petit truc à la fin du mois, ça me convient. Une machine dure environ une bonne demi-heure, plus ou moins. ça me laisse le temps de téléphoner à des numéros donnés par une agence avec tel thème à aborder. Des abonnements, des produits, des trucs dans le genre que la plupart ne veulent pas. J'ai pris l'habitude d'essuyer des refus, mais aussi des insultes. Les gens ne sont jamais content, ils t'agressent parce que tu les déranges sans se demander pourquoi tu fais tout ça. L'égoïsme est dans les gênes de chacun, je ne suis pas à part et j'ai eu mon lot d'égocentrisme jusqu'à maintenant. Tout abandonner pour un rêve qui vous tourne le dos, si ce n'est pas ridicule. Quand je pense à cela, ma sérénité se fait la malle et j'ai besoin de sortir prendre l'air. Déposant mon portable sur l'une des machines éteintes, je me dirige en dehors du bâtiment pour m'asseoir sur le banc extérieur placé devant la vitrine de la laverie. Une main dans la poche, j'en tire un paquet de cigarettes où est logé un briquet. Le bâtonnet entre les lèvres, j'actionne le mécanisme pour enflammer le bout et inspirer un bon coup. La fumée qui circule dans mon corps remonte à mon cerveau et fait descendre lentement la pression, laissant mes membres se relâcher et mes pensées s'évaporer. Il m'en faudrait douze comme ça pour ne pas craquer quand le remords pointe le bout de son nez, mais je me contrôle pour savourer l'une d'elles avec lenteur. Cette merde est un gouffre sans fond, quelle idée de me plonger là-dedans pour ne pas finir pendu au bout d'une corde.

( Pando )

outfit » Cela ne faisait que quelques jours que j’étais arrivé à Séoul, dès l’instant où j’ai posé les pieds dans cette ville je me suis senti aspergé d’une bouffée d’air frais, quelque chose que je n’avais pas ressenti depuis longtemps. Cette liberté de faire tout ce qui me plaît, d’avoir des tas de nouvelles choses à explorer ! C’était de la folie. Je savais que je n’aurais jamais fait le tour aisément et pourtant je ne pouvais pas m’empêcher de sortir pour aller prendre des photos de la ville, profitant des belles journées et puis je détestais rester enfermer. À force de sortir j’ai enchainé les tenues et mon linge sale s’est rapidement entassé, faire le fou à grimper partout et à me salir, fallait que je trouve un endroit pour nettoyer mes affaires. Je ne connais pas encore toutes les astuces ou les endroits que je peux utiliser, je ne sais pas non plus faire marcher une machine à lavé, du coup j’ai pris mon linge et j’ai suivi les consignes d’une nouvelle connaissance m’indiquant une laverie pas loin de la résidence. Sac sur l’épaule, j’en ai profité pour trainer un peu, m’arrêtant pour acheter une boisson glacée à un snack, ne résistant pas à mes envies, j’arrive finalement devant le lieu-dit, la paille a la bouche. Je ne remarque pas tout de suite la personne assise sur le banc, occupé à regarder les forfaits, le prix, je ne roule pas sur l’or et mes moyens sont assez limités, donc je dois quand même faire attention de ne pas trop dépenser ainsi. J’ai vu aussi qu’il y avait des bains publics, j’ai trop envie de m’y rendre ! Enfin, j’aspire un peu trop fort dans ma paille, faisant du bruit qui attire les regards curieux ou dérangé, mais je n’y fais pas attention. Regardant dans la vitrine s’il y a quelqu’un. « Hum. » c’est en sentant un regard sur moi que je tourne la tête pour tomber sur un visage du passé. Pas si lointain, mais assez pour que je puisse le qualifier ainsi… Mon enthousiasme s’est subitement envolé, sentant comme un poids lourd pesé dans mon cœur et m’étouffer de l’intérieur. Pourtant, je tente de sourire, l’air de rien, alors que ma rancune est bien là, tenace et résistante. « Hyung, quelle surprise. » ça pourrait sonner comme ironique, mais honnêtement je suis surpris, je n’avais aucune idée qu’il avait prit son envol pour Séoul lui aussi. « Alors c’est ici que tu vis maintenant ? Tu sais qui s’occupe de la laverie ? » On dirait une conversation presque normale, mais c’est loin d’être aussi simple. « Faut que je lave mes affaires et je ne sais absolument pas comment ça fonctionne. » Je parle de la machine évidemment.

( Pando )

outfit Mon coin perdu me manque terriblement. Quand je suis à laverie, le temps passe lentement et me laisse de quoi songer librement, longuement surtout. Je me souviens de ma vie là-bas, de mes amis, de mon ex, de mon insouciance à être un jeune homme libre et sans responsabilités. Puis j'ai voulu percer dans le domaine du rap, être parolier compositeur et bosser avec des groupes ou des artistes divers. Finalement je me suis fait rouler dans la farine et voilà où j'en suis désormais, à lancer des machines et à plier du linge pour le compte d'autres personnes. Rien de bien extraordinaire, ni exemplaire. Si je n'avais pas d'autres petits boulots à côté, le temps me semblerait bien long. Des fois je me surprends à vouloir revenir en arrière, à retrouver mon lien avec mon ex-copain, mais aussi avec son frère. Mon passé me manque, mais il ne peut revenir à moi malheureusement. Une clope coincée entre les lèvres, je glande sur ce banc en réfléchissant à ce que je devrais faire ensuite. C'est à peine si je remarque le garçon s'approchant de la laverie, sauf quand celui-ci est proche de ma place. Sur le coup je ne le capte pas trop, faut dire que je suis plutôt occupé à recracher la fumée que je viens d'inspirer. Quand le nuage se dissipe, mes yeux tombent sur son visage et je blêmis aussitôt. Jisung ? Impossible de ne pas le reconnaître, avec ses taches de rousseur et ses lèvres parfaitement bien dessinées. Qu'est-ce qu'il fiche ici ? Mon cerveau fait un bug, il n'arrive pas à assimiler l'information correctement. Une surprise ? Quelle surprise, il peut le dire. J'en reste pantois, ma cigarette se consumant entre mes doigts jusqu'à ce que la cendre tombe sur mon pantalon. « je ne vis pas ici. » commençais-je, avant de me reprendre et d'écraser ma cigarette sur le banc. « C'est moi. » pour la laverie, c'est moi qui m'en occupe. Il me parle vraiment comme si de rien n'était après ce que je lui ai fait . Je me suis quand même barré sans explication, mettant brusquement fin à notre relation. C'est dur de ne pas flipper dans cette situation. Reprenant mon souffle, je jette mon mégot dans un pot en métal à côté de banc et me lève. « Je vais te montrer. » c'est mon job. D'un signe de main, je lui indique de me suivre et rentre dans la laverie. Il y a des machines de libre. « Tu as de la monnaie ? Je peux t'en faire sinon. » c'est vraiment aussi banal comme conversation ? N'a-t-il rien à me dire ou à me reprocher ? Je commence à croire qu'il est totalement passé à autre chose.

( Pando )

outfit » J’ai toujours voulu quitter cet endroit où je suis né, les journées se ressemblent toutes là-bas, mais en vérité lorsque je sortais avec mon Hyung, l’ami de mon grand frère, j’avais tout de même l’impression d’avoir de la chance, parce qu’on avait le calme et on connaissait les endroits où se retrouver sans être surpris ou jugé. J’ai vécu de bons moments à cette période, jusqu’à ce qu’il s’en aille avec une phrase, même pas de rupture ou d’explications claires, juste, cette phrase qui me disait qu’il partait. Depuis j’ai surmonté ma blessure du moins en apparence, je ne pouvais en parler à personne et je ne devais rien laisser paraître pour éviter les doutes sur cette relation. Mon cœur est pris dans une torture silencieuse depuis ce moment et jamais je n’aurais cru que je pourrais le retrouver en allant faire laver mes vêtements. Le voir fait remonter des tas de questions que je n’aurais en général aucun mal à envoyer, à demander. Je ne suis pas du genre à garder pour moi ce que je pense, ce que je ressens, mais là, j’ai l’impression que je ne peux pas craquer. Je ne saurais pas comment gérer la situation et finalement ça donne cette impression de faire la conversation simplement, comme si de rien n’était. Il fume, sa cigarette se consume, il est aussi surpris que moi et je l’interroge sur la personne tenant l’endroit, j’ai besoin de faire une machine, c’est tout. Lui ? Je l’observe et le suis quand il rentre à l’intérieur de la laverie. « Ah. » Je fouille mes poches, cherchant de la monnaie à lui donner, je n’ai même pas regardé combien ça coute, du coup je lui passe tout ce que j’ai sans savoir si c’est trop ou pas assez. « Ça suffit ? » Je regarde la machine et prends mon sac pour en vider les vêtements, les mettant à l’intérieur par poignées. « Hyung. Tu fais vraiment la lessive des gens ? » Mince, je commence avec mes questions, mais m’a-t-il quitté pour ça ? Pour faire ce genre de chose ? Je n’y crois pas.

( Pando )

outfit » Retirer Jisung de ma vie a été la pire erreur que j'ai pu faire jusqu'à aujourd'hui, celle-ci et m'élancer dans un rêve trompeur. Comment aurais-je pu savoir que j'échouerai dès le départ ? Ils m'ont bien eu. Ils m'ont fait miroiter un rêve pour finalement le briser, me laissant ainsi dans cette merde profonde. Ce n'est pas évident de vivre ainsi, entre deux eaux, prêt à se noyer. Je ne peux pas retourner chez moi, dans ma ville natale où je devrais expliquer à mes parents pourquoi j'ai tout raté. Je ne peux pas non plus revenir à ma vie d'avant, pas quand je suis impliqué dans ces trafiques illégaux où je suis fiché comme un complice. Je ne sais pas trop où j'en suis en réalité, entre le besoin de survivre et l'envie de vivre. Je suis perdu, comme étouffé, comme si une main invisible me maintenait la tête sous l'eau et m'empêchait de respirer correctement. J'ai besoin de me libérer, d'être quelqu'un d'autre que moi-même. Si j'avais su que mes démons me pourchasseraient jusqu'ici, j'aurai pensé à fuir plus tôt. Jisung apparaît comme un mirage, tel un oasis en plein désert. Sauf que, j'ignore si c'est une bonne chose ou si c'est une véritable torture. Après ce que j'ai fait, je n'ai aucune envie de l'affronter. Il agit naturellement, alors j'en fais de même. Plus il fait comme si de rien n'était, plus je peux faire de même. La cigarette se consumant entre mes doigts, je l'éteins avant de me brûler et me concentre sur lui, ainsi que sa question. Je suis celui qui s'occupe du lieu, bien que je ne sois pas le gérant pour autant. à l'intérieur, je lui demande s'il a de la monnaie et qu'au pire, je peux lui en faire. Jisung me file ses fonds de poche et je récupère ce dont j'ai besoin pour actionner la machine. « Hm, y a assez pour laver et sécher ensuite. » Répondis-je en gardant une petite partie pour le sèche-linge. Il est assez grand pour s'occuper de son linge, même si je reste à distance raisonnable de lui, au cas où il ait besoin d'aide. « Ouais ? » Ma voix est neutre, presque blasée. Il devait sûrement s'attendre à autre chose... Surtout après ma dernière phrase. D'ailleurs, je n'ose revenir là-dessus, préférant me taire et étouffer mes remords. « Je ne suis pas loin si t'as besoin. » Ajoutais-je, le coeur lourd. Si je reste, il va encore m'interroger et je ne tiens pas à partir sur un sujet sensible.

( Pando )

outfit » Connaissant mon caractère, je pense que c’est un miracle de me voir ainsi prendre sur moi alors que je souffre de cette séparation. Peu de chose sont réellement capable de m’atteindre, mais la façon dont Ye Won m’a quitté n’a pas été très sympa, je me suis senti comme une sorte de déchets, abandonné ainsi sans raison et sans pardon. Pourtant, face à lui je reste assez calme, agissant comme si de rien n’était, alors que je voudrais vraiment lui montrer que j’y pense encore et que ce qu’il m’a fait n’a pas été oublié… Pour l’instant je suis là pour faire une machine et laver mon linge donc je demande son aide, lui donnant les pièces que j’ai dans ma poche en espérant avoir assez. « Cool, tant mieux. » Je n’avais pas prévu plus donc ça aurait été embêtant que je n’aie pas assez sur moi, puis je n’avais pas envie de lui emprunter quoi que ce soit… Finalement je le questionne sur son activité, ouais ? Je suis perplexe. « Sérieusement… » Soufflais-je déçu, presque agacé. « Hm. » Dis-je à sa nouvelle phrase, m’occupant de lancer mes affaires à laver, ça va durer un certain temps, devrais-je partir et revenir ? « Tu as revu mon frère ? » Vu qu’ils sont tous les deux ici, je suppose qu’ils ont surement gardé contact, mais peut-être que je me trompe. « Je suis entré à l’université… » Il ne me pose aucune question donc j’imagine qu’il se fiche de savoir pourquoi je suis ici, mais je lui donne l’information moi-même, c’est vexant d’avoir l’impression de n’être plus rien pour lui, mais je dois me faire une raison. « Combien de temps ça va durer ? » La machine et le séchage bien sûr.

( Pando )

outfit Mon comportement avec Jisung a été le pire de ma vie, je l'ai recalé pour un rêve qui n'a pas eu lieu. Un rêve avorté. Je croyais réussir, avoir une place, mais je me suis rendu compte que ces gens m'ont berné. Ils m'ont manipulé, utilisés et quand je suis devenu de plus en plus incontrôlable, ils m'ont viré. Si je suis déçu de moi-même, mes parents et mes proches le seront davantage. Je peux supporter ma défaite, mais je n'aurai pas le coeur de les affronter eux. Jisung est l'une des dernières personnes que j'ai envie de voir en ce moment, mais c'est impossible de le repousser ou de faire comme s'il n'était pas là. J'agis normalement, aussi calmement que possible pour ne pas prendre la fuite face à mon ex. Ce dernier est là pour son linge, autant se concentrer sur cette tâche... Même s'il dévie avec ses questions. Ce n'est pas pour me faire plaisir, qui voudrait parler de ses ratés ? Si je mets aucun enthousiasme dans ma voix, peut-être arrêterait-il de m'interroger. Sérieusement ? Mon regard se pose sur lui, attendant des mots supplémentaires et susceptible de me contrarier. Pourquoi est-il si déçu? Il ne devrait même pas s'inquiéter pour moi. à moins qu'il soit déçu d'avoir été laisser de côté pour une situation aussi médiocre. « non. » Je n'ai revu personne, je ne tiens à revoir personne. Il est là dans cette ville, je le sais, mais tant que le hasard me permet de l'éviter, alors je l'éviterais pour le moment. Son frère n'a rien contre moi, il ignore pour notre relation et sûrement ne sait-il pas pour mes projets. De toute façon, tout est tombé à l'eau. Jisung me parle de lui, du moins il m'annonce pour son entrée à l'université. Je suis content pour lui, sincèrement. Que suis-je censé lui dire? Félicitations? Je me contente de regarder le linge tourner dans la machine. « le temps qu'il faudra. » C'est vague, mais il peut partir faire un tour s'il souhaite. « Tu veux boire un truc ? J'ai des boissons dans le frigo. » ce sont les miennes, mais je peux partager. Je ne le force à rien, il peut refuser ou accepter, ça m'importe peu au final.

( Pando )

outfit » Je lutte pour ne pas montrer mes réels sentiments en le retrouvant là, ici, après m’avoir jeté comme si notre histoire ne valait rien. Je ne suis pas quelqu’un de méchant, mais quand on me blesse je suis rancunier, sauf que malgré cette rancune tenace envers Yewon, je me retrouve à tenter de faire comme si de rien n’étaient. Peut-être que quelque part c’est la seule chose que j’ai trouvée pour me protéger. J’imaginais que mon indifférence pourrait un peu l’atteindre à son tour, apparemment ça ne change absolument rien et je ne compte pas plus aujourd’hui qu’hier à ses yeux. Belle chute libre il faut bien l’avouer. Je lui demande combien de temps ça va durer, parlant de la machine pour savoir si je peux m’en aller. Le temps qu’il faudra ? Vive la réponse… « Non… » Dis-je simplement, je n’ai pas envie de boire un truc. « Je ne suis pas doué pour faire semblant, alors je vais arrêter là. » Dis-je en le regardant sérieusement. « Je pensais que ce serait mieux d’agir comme deux connaissances sans aucun lien, mais j’avais tort, je ne peux pas me mentir à moi-même… » Je soupire et regarde la machine à laver dans laquelle se trouve mon linge. « Je vais juste faire un tour… Je reviendrais plus tard. » Impossible que je reste ici à jouer les bons amis ou à discuter sans sentir ce pincement dans ma poitrine. « Merci. » Ajoutais-je, juste pour le fait qu’il s’occupe de garder un œil sur mes affaires, sans plus tarder je lui tourne le dos pour continue ma route dans la ruelle, l’esprit perdu dans mes pensées, je me sens mal en vérité. Colère, incompréhension, j’aurais dû lui demander des réponses, mais son comportement et sa façon de me parler m’ont déjà fait comprendre qu’il n’avait pas de remords et que je n’aurais surement pas entendu ce que j’aurais souhaité, à quoi bon le laisser me blesser une nouvelle fois. J’ai une nouvelle vie désormais, je dois oublier le passé.

( Pando )

outfit Jisung n'est pas à ma place, il ne peut pas savoir ce que ça fait d'avoir un rêve à réaliser à tout prix, de l'approcher et de le perdre aussitôt. Mes sentiments pour lui n'ont pas changé, j'aurai même espéré me faire pardonner par la suite, une fois mon rêve réalisé... Mais j'ai tellement honte aujourd'hui de ce que je suis devenu pour m'en sortir. Mentir à mes parents, faire semblant devant les gens, redoubler d'efforts pour ne pas couler et suffoquer. Cette vie n'est pas celle que je voulais au départ, mais on dirait qu'il n'y a rien de plus que je puisse faire dans l'immédiat. Attendre, espérer, retenir son souffle, prendre sur soi. Ce sont des choses que je fais à répétition depuis mon arrivée ici, depuis que j'ai échoué dans mon parcours vers ma vie de rêve. Jisung se trompe, il n'est pas rien pour moi, mais faire comme si c'était le cas est plus facile pour moi que demander pardon. J'aimerais, je voudrais le dire, mais je n'y arrive pas. Les mots ne viennent pas, ils restent bloquer dans ma gorge et m'étouffent un peu plus chaque seconde en sa présence. Je ne suis plus une bonne fréquentation pour lui, si gentil, si innocent... Non, il ne mérite pas d'être aimé par un enfoiré dans mon genre. Si ce n'est pas moi qui mets des barrières, c'est lui. Il part à reculons, sûrement a-t-il compris que je ne voulais pas arranger les choses. Pour le moment. « comment veux-tu agir alors ? » Comme deux personnes qui se détestent ? Ou plutôt comme un garçon qui m'en veut. Je le regarde en retour, attendant une réponse sur laquelle me caler. Ce n'est pas plus mal s'il me reproche notre séparation, ainsi que sa douleur du coeur. Hochant doucement ma tête, je lui fais comprendre qu'il peut partir et revenir après. « D'accord. » Je ne peux pas le retenir s'il veut s'en aller faire un tour en attendant que sa machine se termine. Je ne peux pas non plus lui demander de rester plus longtemps avec moi. Quand il quitte la laverie, je glisse une main dans mes cheveux en soufflant, touché malgré moi. Je m'en veux forcément de lui faire ce mal, mais je n'ai pas le choix. Il ne doit pas savoir comment je vis réellement, ni lui, ni son frère. Un jour il comprendra, un jour il ira mieux et m'oubliera. C'est tout ce que je lui souhaite, pour son bonheur.

( Pando )