if only... )) yoonhei

Il est admiratif envers l’artiste qu'est le photographe. il y a une histoire derrière chaque photo présentée et chulhei se laisse emporter par les visages inconnus et les paysages étrangers. c’est comme si sungyoon les faisait voyager et il pourrait presque suivre son parcours à l’aide de ces beaux clichés. il les trouvait magnifiques et encore maintenant, sans même que ce soit subjectif, il se surprend à sourire ici et là. L’endroit n’est pas très grand, mais il est rempli de gens curieux et de professionnels épatés – il est content pour son ami et fier de lui aussi. c'était un jour important qu'il ne voulait pas manquer et, bien sûr, ça l'a touché de savoir que sungyoon ne le voulait pas non plus. Ils ne se sont croisés qu’à son arrivée, le temps de se saluer, mais chulhei l’aperçoit avec des invités plus loin et choisit de poursuivre la visite tranquillement, parce qu’il est là pour ça. Même s’il est venu pour le voir et lui témoigner son soutien, il apprécie aussi le reste et c’est un peu de confusion qui le traverse lorsqu’il se reconnaît sur l’une des photos accrochées au mur. sa première question est de savoir pourquoi et la seconde, quand cette photo a été prise, car il n’en a pas le souvenir. Il ne regarde pas la caméra, mais son profil est rayonnant et son sourire, même incomplet, semble briller. Il y a longtemps qu’il n’a plus souri de cette façon, même s’il soupçonne un rire déclenché pour une raison qu’il a oublié. Il ignorait qu’un tel souvenir renfermé là, dans une simple image, pouvait tant l’émouvoir. Il veut s’approcher pour y regarder la date ou même le nom qu’on lui a donné, si cela a été noté, mais il est interrompu par une femme qui le reconnaît aussi. il en va de rires discrets et de politesses pendant quelques instants, l’embarras présent sur ses pommettes colorées et lorsque la dame le laisse de nouveau respirer, c’est l’auteur lui-même qui apparaît. « hey ! t’as une minute ? je n’ai pas encore eu l’occasion de te féliciter. » il lui serre le bras dans une accolade, puis s’éloigne en désignant alors son portrait. « je ne l’ai jamais vu, celle-là. » pourtant il en a vu des photos prises au dépourvu pour lesquelles il râlait parfois, mais celle-ci, il s’en serait souvenu. « pourquoi c’est là ? je suis flatté, mais c’est... » intimidant peut-être et troublant pour sûr. « elle est jolie. le cadre, la lumière, l’instant… t’as toujours eu un don pour ça. » il fait de nouveau face au mur et laisse son regard fixer l’image plus longtemps, comme pour essayer de sentir la chaleur que la scène dégage. « capturer les sentiments. » il sourit par nostalgie. Sungyoon est toujours si troublant, à prendre ses distances tout en le gardant trop près de lui et parfois, chulhei croirait y voir des signes qui n’en sont pas. sungyoon et son affection le tueront un jour, mais il s’y accroche désespérément… est-ce lui qui devrait lâcher prise ? Il a essayé en partant deux semaines aux états-unis, mais son départ en lui-même a posé un conflit. Alors non, il ne comprend pas les intentions du photographe. Il n’a que son nom à l’esprit quand il veut pleurer ou sourire et ça devient difficile, de faire comme s’il n’avait jamais rien dit sur ses sentiments. Même vaguement, sungyoon a compris et c’est encore sa faute si leur amitié se casse la figure. Ce n’est peut-être rien, mais il peut le sentir. Il le voit dans l’attitude du plus jeune. Quelque chose a changé et ce n’est ni subtile, ni évident. C’est juste là, dans l’air. Ils ne sont plus amis, plus pour lui.

surréel. il garde la tête sur les épaules et semble invraisemblablement calme, mais seulement parce que la situation est tellement incroyable qu’il s’en détache ; l’impression de flotter sur un nuage, de flotter au-dessus de tout ce beau monde, son corps en autopilote alors qu’il court entre les visiteurs pour satisfaire la curiosité de chacun. sa première exposition solo, ses œuvres enfin exhibées au public après de longs mois à se tuer à la tâche et de longues années à en rêver. la réalité semble loin, si loin. encore plus lorsque la voix de chulhei l’interpelle, quémandant son attention. tout relève du rêve avec lui dans les parages. « désolé, j’ai pas eu le temps de respirer. ça va ? enjoying the show, i hope ? » sungyoon contient difficilement son enthousiasme, juste par souci de professionnalisme, mais chulhei sait sûrement déjà ce  qu’il ressent ; un joie que rien ne saura estomper, pas même la photo qu’il finit par lui désigner.  « ouais, j’ai jamais eu le temps de te la montrer, » murmure-t-il, sourire timide aux lèvres. leurs chemins se sont séparés avant qu’il ne puisse le faire et c’était un regret qu’il avait longuement nourri, pensant souvent à simplement supprimer la photo pour s’en défaire. il n’y a plus d’amertume, aujourd’hui, yoon est heureux de pouvoir la lui montrer dans ce cadre. elle aurait sûrement eu moins d’impact, autrement, mais il est ravi de voir qu’elle a l’effet escompté et un rire flatté lui échappe. « merci… content qu’elle te plaise. » les compliments résonnent dans son crâne. capturer les sentiments. ça a toujours été son seul objectif. capturer les sentiments des autres, et dépeindre les siens. il espère que c’est réussi. il espère qu’en regardant cette photo, chulhei ressentira le même bonheur que lui lorsqu’il l’avait prise. « i’m sorry, by the way. i should have definitely asked for your permission first. it’s just… really special to me. » tellement spéciale qu’il a mis des siècles à se forcer à l’éditer, repoussant sans cesse ce moment parce qu’il se pensait incapable de lui rendre justice. tellement spéciale qu’il a hésité à l’exposer, pas seulement par souci du respect de l’intimité de chulhei ni parce que le souvenir salait encore ses blessures, mais parce qu’elle est si précieuse qu’il voulait la garder pour lui-même. c’était avant que la mémoire ne devienne étouffante et qu’il ressente le besoin de s’en libérer. « do you remember the day this was taken ? » demande-t-il, attiré par la simplicité que lui inspire ce vestige du passé. quand tout était plus facile. « it was that one time i drove us all the way to incheon just because you wanted to see the beach. we went down to the rocks and you got your socks wet and i made fun of you for the rest of the day. » son rire résonne entre eux comme un secret alors que le brouhaha de la salle le cache aux autres. sungyoon mémorise difficilement les dates ou événements mais celle-ci est inoubliable, les échos de rires et touchers fantômes des doigts entrelacés lui revenant sans cesse, gravés éternellement sur ses paupières et dans son esprit. « when i went back home and went through the pictures, i saw this one and… » les yeux rivés sur le portrait, happés par ses traits qu’ils redécouvrent comme si c’était la première fois. comme si l’homme qui se tenait à ses côtés n’était pas le même que sur la photo. qu’il tentait de tenir les sentiments à distance, se faire croire qu’ils appartiennent au passé alors qu’ils le régissent encore aujourd’hui. il se pince les lèvres, incertain. il devrait sûrement s’arrêter là, mais les lignes se brouillent, tout se perd dans l’euphorie du moment. son cœur s’affolait déjà depuis le début et chulhei l’épuise encore plus. il veut le lui ouvrir, en délivrer les frissons qui le font palpiter chaque fois qu’il pense à lui. « that’s when i knew i was in love with you. » un soupir rêveur glisse de ses lèvres qui s’étirent en un sourire. et son regard se repose sur lui, le ramenant au présent. à la réalité de ses sentiments. ça le rattrape d’un coup, comme l’impact d’un car crash.  se révéler à chulhei est encore plus dur que le faire devant des centaines d’inconnus. « good old times, yeah ? » rire nerveux. il cueille avec hésitation son regard, tentant maladroitement de dissiper la vague de malaise  qu’il a provoquée. « anyway, i have to get back. this journalist wanted to talk to me, can’t believe i left him hanging. i’ll see you around, have fun ! » les mots se bousculent, pressés de noyer l’embarras qui s’empare de lui. il disparait aussi vite que sa phrase se termine, accostant une personne hasard pour se distraire avec une conversation qui ne l’intéresse guère, bien que son regard reste rivé sur chulhei par-dessus son épaule.

le temps s’est arrêté entre ces murs et il y a une volonté de ne plus en sortir quand chul hei admire les œuvres exposées. Il y a son cœur en vrac et lui qui soupire de ne pas trouver le courage de lui dire. d’en finir pour mieux repartir, ensemble. Mais son cœur est effrayé et lui soupire devant son propre portrait, ses espoirs sans cesse ranimés. Et quand l’objet de ses tourments apparaît, il n’hésite pas à l’accaparer pour le féliciter. « toi, tu rayonnes en tout cas. C’est une belle expo, j’aurais regretté de ne pas être venu. » même si une photo l’ébranle plus que les autres, sublime par le souvenir heureux qu’elle renferme d’une époque laissée derrière eux. chul hei oublie sa tristesse face au cliché et c’est comme s’il essayait de mimer son propre sourire, inconsciemment. Sungyoon lui parle de permission et de signification spéciale, ce qui n’apaise en rien son cœur agité, mais ce n’est pas douloureux non plus. « it’s fine, don’t worry. How is it special? » il oublie les autres et les voix alentours s’éteignent pour leur offrir cet instant. Juste eux deux, comme sur cette photo où il revoit sungyoon sourire derrière l’objectif. Même sans le souvenir de cette journée, il a aussi bien connu le photographe que l’homme. il secoue la tête à la question et naturellement, son ami lui rappelle une journée qui se redessine au fur et à mesure en lui provoquant rien de moins qu’un rire spontané. « i was so upset about it… god i remember now. » il se souvient avoir insisté pour aller sur la plage malgré les températures basses, parce que le soleil les appelait. il se souvient des rires et des petites vengeances taquines, de l’harmonie qui régnait entre eux à ce moment-là. et des fragments qu’il a causé en partant quelques temps après. son sourire s’estompe doucement face aux regrets et les raisons de son ex-compagnon peinent à arriver, mais il n’est plus tellement sûr de vouloir les connaître. C’est comme s’il pouvait les deviner et son cœur se fait entendre dans un rythme effréné. C’est de l’espoir mêlé à la souffrance, de la joie rattrapée par la peur et son regard ne daigne pas quitter le mur. Sungyoon parle à nouveau et c’est un énième morceau en lui qui se brise, malgré la valeur décuplée qu’il donne à ce souvenir désormais. Ce sont des mots qui le blessent plus qu’ils ne le soulagent, mais il maintient son sourire en place en détachant ses yeux du mur. « good old times. » c’est machinal et loin de ce qu’il voudrait lui dire, mais les mots lui manquent et son esprit est vide à force de partir dans tous les sens. Il n’ose pas le regarder plus de quelques secondes et ne le retient pas lorsqu’il s’échappe, parce qu’il n’est plus l’heure d’agir sans réfléchir.

Rester ou fuir ?

Il le savait, mais il ne peut s’empêcher de s’en vouloir davantage sous le regard de cette photo, comme une preuve matérielle du cœur qu’il a brisé et des centaines de souvenirs qu’ils auraient pu créer jusqu’à maintenant. Si seulement. son sourire figé en devient plus insupportable que radieux et il l’aurait mis en pièces, s’il lui appartenait, mais il est resté précieux pour sungyoon et ça le calme aussitôt. spécial, pourquoi ? Il le cherche du regard à travers la salle, mais prend la direction opposée lorsqu’il le trouve, pour continuer la visite et réfléchir à ce qu’il fera ensuite. Il est perdu entre la résignation et l’espoir, mais leur relation lui est indéfinissable depuis longtemps et il ne sait plus les situer. Entre amour et amitié, d’une complicité qui l’exalte et d’une tendresse qui l’épuise parce que son cœur en voudra toujours plus. Il y a fermé les yeux pour ne pas voir, pour accepter de garder le jeune homme dans sa vie mais s’il ne doit rester que son ami, alors sa décision est prise. C’en est fini de se cacher et son cœur aujourd’hui voudrait hurler. Il retrouve Sungyoon aux côtés d’un invité et poliment, il attend que l’hôte soit libéré pour lui glisser une coupe de vin entre les doigts. « we need to talk. » doux et souriant, il attrape son poignet avec une fermeté qui ne tolère aucun refus et l’emmène à l’écart du bruit. Il y a un petit extérieur idéal pour l’intimité qu’il voulait leur trouver, mais une fois seuls, son sourire disparaît. « why did you tell me about that day? » il essaie de ne pas montrer ses espérances même si son cœur refuse de la mettre en sourdine, mais son courage le rend nerveux. Il n’a qu’une envie et c’est de prendre cet ‘ami’ dans les bras, mais il n’en aura plus le droit d’ici peu. Il le sent, mais il continue d’espérer quand même. « wh-what are we, exactly? friends? cause you don't act like one. » son souffle tremble en libérant ses poumons, mais son regard ne fuit pas et lui non plus, au final. Ce moment devait arriver et c’est étrange, car chul hei voyait déjà cette exposition comme une fin. à quoi ? au privilège de l’avoir près de lui, mais aujourd’hui il comprend mieux – c’est la fin d’une amitié, quelle que soit l’issue de cette soirée. Ce n’est pas assez, ça ne l’a jamais été et l’ambiguïté qui persiste entre eux n’est qu’une preuve de plus. « i… can’t do this anymore. » taire ses sentiments. ça ne veut pas s’en aller et ça le sauve juste assez pour mieux l’enfoncer après.

Rester.

« merci… pour le compliment, et d’être venu. » il ne sait pas s’il l’a déjà remercié à son arrivée ou non, sans doute l’a-t-il déjà fait – impossible qu’il oublie, la gratitude ne le quitte pas, que ce soit envers lui, envers le reste de ses proches ou simplement tous les visiteurs qui sont venus. mais l’amertume aurait vite teinté les souvenirs censés être agréables de l’exposition si chulhei n’avait pas fait partie du tableau. sungyoon est heureux d’avoir pu éviter cette aigreur et la joie déborde de ses lippes courbées, s’écoulant d’entre elles machinalement alors qu’il lui explique pourquoi ce portrait est si spécial. « yeah, i think you were more upset at the way i was making fun of you, though. » les chaussettes trempées ne sont qu’un moindre inconvénient comparées aux railleries impitoyables de sungyoon, qui s’était moqué de lui sans relâche. mécanisme de défense dont il se servait pour dissimuler son adoration, celle-là même qui transparaît à travers sa photographie, limpide et indéniable, révélatrice de sentiments qui ne l’ont jamais vraiment quitté, immortalisés tout autant en cette photo qu’en lui-même. le bon vieux temps, des plaies qu’il n’aurait sans doute pas du rouvrir. sungyoon s’empresse de les fuir, c’est puéril et lâche, mais c’est sa journée et il ne laissera rien la ruiner. il peut au moins se permettre d’utiliser ce prétexte pour oublier les remords du passé le temps de quelques échanges avec des inconnus dont la curiosité le flatte, jusqu’à ce que chulhei s’impose de nouveau, son emprise sur son poignet tout aussi inévitable que son regard et les non-dits qu’il renferme, pupilles vacillantes par les mêmes vérités qui grouillent sous l’épiderme de sungyoon comme des pustules. we need to talk, succession de mots qui provoque toujours en lui la même anxiété par son ambiguïté et les innombrables scénarios tout aussi effrayants les uns que les autres qu’elle fait se bousculer dans sa tête. aujourd’hui, au contraire, si elle fait palpiter son cœur autant c’est parce qu’il sait ce qu’elle annonce et, sans l’élan de chulhei qui le tire vers l’extérieur, il n’aurait pas trouvé la force de le suivre.

le photographe s’efforce d’entendre ses mots par-dessus les bourdonnements des visiteurs et les battements assourdissants de son coeur dans ses oreilles, par-dessus le flétrissement de son sourire qui en dit déjà long. pourquoi il lui en a reparlé ? pourquoi il n’arrive pas à se résoudre à laisser le passé derrière eux ? « because… you asked? » l’air perplexe, confus par la question de chulhei. il ne faisait que lui narrer une histoire qui lui tient à cœur, que lui-même avait demandé à entendre, sans arrières pensées ni sous-entendus. ce sont des souvenirs importants pour lui et qu’il aime revisiter de temps à autres, peu importe les vestiges de sentiments qui en restent et reviennent les hanter tous les deux chaque fois qu’il rouvre la boîte de pandore. le bonheur qu’ils partageaient lui semble si lointain et il voudrait juste en préserver la mémoire. il aimerait pouvoir la partager avec chulhei, sans répercussions. mais la conscience des conséquences de ses actes n’a jamais suffi à l’arrêter. « yeah, we’re friends. what more do you want? » erreur. il connaît déjà la réponse et il ne veut pas l’entendre. ce ne sera qu’un rappel douloureux des barrières invisibles qui les séparent, parce que lui aussi désire la même chose. et c’est sa faute, s’ils ne peuvent pas l’atteindre. c’est sa peur qui l’enchaîne et maintient chulhei hors de sa portée. il ne veut pas en être rappelé. il bombe le torse, enrobant ses mots d’une fausse certitude, mais les tremblements de sa voix suffisent à trahir ses émotions et les palpitations déchaînées la font frémir encore plus, affolées par le regard insistant de l’aîné et la pointe de défaite qui vient troubler sa voix. « can’t do what exactly? be my friend? » incrédule, même s’il ne devrait pas l’être, feignant l’ignorance naïvement par désir de prétendre qu’ils peuvent continuer comme ça et surmonter les antécédents. « are you having second thoughts about wanting me back in your life? » le ton se fait indigné, accusateur. parce que renouer, c’était son idée. sungyoon aurait pu vivre sa vie comme avant, sans chulhei à ses côtés, sans que leur amitié n’en soit réellement une. sans qu’ils ne se remettent jamais de sa fin. il serait rongé par les regrets jusqu’à la fin de ses jours, oui, mais ce serait loin d’être aussi pénible que les plaies qui le déchirent en cet instant. et un autre pic de révolte se fait ressentir lorsqu’il croise les bras sur sa poitrine, la mâchoire serrée et le regard presque provocateur lorsqu’il rétorque :  « are you gonna leave me again? »

« you were so annoying, of course i was… but I guess i liked it. still do. » son rire est d’une candeur comparable au souvenir qui le lie, touché par cette place si spéciale qu’il occupe en ces lieux. Dans le cœur du plus jeune aussi, même si cette pensée le rend plus prudent. Son cœur s’emballe au terme de ce moment si agréable qui hélas pour chul hei, se finit en désastre émotionnel. Tiraillé de tous les côtés, entre le besoin de se libérer et l’envie de préserver ce qui existe entre lui et sungyoon. trop peu certain de survivre une journée de plus à cette agonie solitaire basée sur des incertitudes et il voudrait trouver en son ami, le reflet de ses sentiments cabossés, devenus trop réels pour continuer de les ignorer. C’est la peur qu’il voit dans les yeux du photographe lorsqu’il revient le chercher, mais il ne peut plus se défiler et c’est maintenant ou jamais. Il commence avec maladresse cela dit, lorsqu’il lui pose une question idiote qui trouve une réponse plus que logique. « fair enough. » il est heureux d’avoir retrouvé ce souvenir et il laisse sa question mourir parmi les autres réflexions qui se bousculent et le rendent plus nerveux à chaque seconde. il ne se défile pas et va droit au but ou presque, car une fois de plus, ses demandes sont trop vagues pour espérer des réponses claires. ils sont amis et sungyoon le lui répète comme pour enfoncer le dernier clou qui résistait. Ce qu’il veut de plus ? « you already know the answer, i'm sure you do. » pourtant, il ne parvient toujours pas à la prononcer lui-même, pas alors que le regard du photographe ne reflète pas le sien. pas alors que la douceur s’envole à la question suivante, réaction à ses propres mots défaitistes… il ne peut plus supporter les omissions qui à ses yeux se changent en mensonges. Il n’en peut plus d’espérer seul dans son coin, mais jamais il n’a regretté d’avoir retrouvé l’amitié du jeune homme. Il n’y changerait rien et ça l’offense qu’on puisse y penser. « what? No, that’s not it! » c’est même tout le contraire, mais l’accusation l’arrête dans son élan et il se retrouve sans voix, sans rien à dire jusqu’à ce que la dernière attaque du plus jeune lui retourne le cœur. C’est un coup donné en plein mil, un rappel brutal d’une erreur qu’il a tant bien que mal essayé d’estomper et qui encore, un peu plus tôt, le dévastait. Le quitter à nouveau ? Plutôt s’arracher le cœur et c’est ce qu’il fait.

Il en perd son courage et son regard quitte le sien, la voix plus basse. « i can’t pretend anymore that everything’s fine being just friends, when i keep hoping for more. » il serre le poing pour espérer se calmer, mais la tournure que prend la discussion ne lui plait pas. Il y entend des vérités qu’il ne voulait pas connaître et ça le brise, de savoir que sungyoon ne lui fera probablement plus jamais confiance. Partir n’était pas la question, mais le malentendu en engendre d’autres et le brasier prend trop vite tant leurs êtres sont combustibles. « i tried to tell you… so many times and I thought– » il ne pensait pas se prendre une tornade de plein fouet, un vent lui aurait suffi, mais il ne peut que trouver la sentence méritée au fond de lui. « seems i was wrong and you don’t care at all. Playing me must have been so good as a revenge, uh? » il n’en pense pas un mot, mais les tons forts et provocateurs de sungyoon lui ont un peu trop brisé le cœur. sa nature le pousse à répliquer et il pique pour se défendre, chul hei. il aurait dû taire ses espoirs ou mieux les exprimer, mais il s’en doutait, il ne voulait juste pas y croire. Il s’y préparait, mais pas assez bien au vu de son regard humide et de sa mâchoire serrée. il ne hausse pas le ton, ne fait que le rendre cinglant. « you’ve been so confusing all this time and don’t tell me you were being a friend. stop it. » car il a nourri son cœur d’espoirs inexistants et il lui en veut pour ça, même si aucun d’eux n’a su être franc avec l'autre et qu’ils se sont cassés la figure ensemble. Ça serait arrivé un jour ou l’autre. et il ose s’approcher, d’un pas puis deux, il ose encore essayer tant que son être peut encaisser le choc. Il ne peut plus se défiler maintenant même si tout en lui se déchire, jusqu’à son cœur déjà suturé, mais pour une minute de plus à ses côtés il résiste. il affronte, persiste.

les rires s’élèvent entre eux comme un secret, rayons de soleil précurseurs d’une tempête terrible. sungyoon sait qu’il ne s’en sortira pas comme ça, il sait que ses mots ont un prix mais il choisit de l’ignorer, trop emballé par l’euphorie du moment pour se soucier de ce qui pourra advenir après. le rappel ne lui parvient que lorsque chulhei revient le chercher, les condamnant tous les deux à faire face à la réalité de leur situation.  yoon maintient son innocence et il ne ment pas – pas encore. c’est juste l’envie de partager ce souvenir qui l’a poussé à en parler, l’envie de préserver ce qu’il y avait entre eux même s’il n’en reste plus grand-chose à présent. rien d’autre. mais rester franc devient de plus en plus difficile et même si les aveux quittent ses lèvres sans hésitation, ils lui perforent le battant à chaque mot. « yeah, i do. i’m sure you already know mine too. » le dernier bal auquel ils ont assisté ensemble était une occasion de s’expliquer, peut-être pas aussi concrètement qu’il aurait fallu, mais yoon lui avait fait savoir qu’il était conscient de ses sentiments et qu’il ne pouvait pas s’autoriser à les lui rendre. il aurait dû se douter que ça ne s’arrêterait pas là – rien n’a jamais su l’arrêter, surtout pas face aux sourires de chulhei qu’il aime tant continuer à provoquer. ça lui fait mal de le voir vouloir rompre leur accord tacite, parce qu’au final ce n’est plus assez pour lui. et peut-être que ça ne l’a jamais été, peut-être que chul aurait juste dû refuser ses conditions et les laisser repartir chacun de son côté, leur éviter de nouveaux tourments dont aucun d’eux n’a besoin. ça fait mal, ça fait peur et la peur se transforme en rage, fait fuser les accusations qu’il ne peut réprimer. yoon connait bien trop le tempérament de feu de chulhei pour espérer qu’il ne riposte pas mais sa réponse l’embrase quand même, les poings se serrent et le cœur aussi, gorge nouée alors que les larmes menacent de perler au coin de ses yeux et qu’il les retient par on ne sait quel miracle. « why the hell would you- » son être entier se crispe, tente désespérément de contenir ses émotions pour ne pas faire vriller les choses plus qu’elles ne l’ont déjà. trop de non-dits, cumul de blessures qui piquent aujourd’hui plus que jamais. ils ont attendu trop longtemps, jusqu’à ce que les flammes s’enragent et se mettent à les dévorer tous deux. fin inévitable, digne de la passion interdite qu’ils n’auraient jamais dû se laisser entretenir, rattrapés par le carnage auquel ils étaient voués dès le début.

petit à petit les paroles de chulhei le brisent un peu plus, élargissent les fissures qu’il pensait avoir déjà soignées. incompréhension totale de ses intentions, de sa personne, comme s’ils étaient réellement des inconnus depuis la rupture et que tout ce qui a suivi n’était que du bluff. ils se sont mentis à eux-mêmes et l’un à l’autre. plus jamais. « yeah, i was being a friend. that’s what we both agreed on. » sungyoon rappelle l’accord, se lave les mains de toute responsabilité. dès le début ses intentions étaient claires, même si elles ont changé en cours de route, même s’il s’est trahi plus d’une fois. mais il n’en a jamais dit mot, alors chaque espoir qu’a entretenu chulhei venait de lui-même et lui seul en est responsable. « you chose this. not just when you came back in my life but when you left me the first time too. » retour incessant vers cet événement qui l’a marqué bien plus qu’il ne voudrait l’admettre, peu importe les années qui sont passées ou les remords dont il s’est libéré après en avoir parlé à l’aîné. les brûlures semblent plus vives aujourd’hui, douleur décuplée revenant à la charge. et sungyoon ne connaît pas d’autre moyen de s’en défaire que de la déverser sur l’autre.  « you don’t get to play victim like you’re the only one who’s suffering, » une main tremblante vient traverser ses mèches avant de revenir à la charge, doigt pointant avec insistance le torse de chulhei comme pour y enfoncer ses cris du cœur. que lui aussi ressente le mal qui le déchire. « and you don’t get to make me feel like the bad guy for not wanting to take you back because i’m constantly fucking terrified i’ll lose you again! » sa voix monte, poussée par l’angoisse démente, diablesse qui le possède depuis le début de la fin. rien ne peut l’en exorciser, ses efforts étaient vains et il les voit se défaire sous ses yeux alors que lui-même s’effondre, sans l’illusion d’avoir récupéré chulhei pour le soutenir. « you did this, chulhei. » murmure faible, presque délirant alors que yoon lui rappelle sa part dans tout ça en tentant de ravaler ses larmes, exaspéré par sa vision qui se floute. comme si tout n’était pas déjà suffisamment trouble.  « you broke me. » pendant un court laps de temps, une lueur vacillante vient éclairer ses pupilles : celle de la défaite à laquelle il s’abandonne enfin lorsqu’il admet ses failles et faiblesses, fracassant sa fierté tout autant que son cœur. sa voix est tout aussi brisée, souffle extenué par la lourdeur de ses mots alors qu’il se rend une dernière fois. « if you don’t wanna take the pieces, then there’s nothing else i can give you. »

c’est parti en vrille à la seconde où chulhei n’a pas entendu ce qu’il espérait, et plutôt que s’écraser en acceptant la défaite, il les a poussé à se déchirer. Ils piquent tous les deux et de manière différente, mais leurs mots font les mêmes dégâts. ils en deviennent irréversibles, mais chulhei ne les arrête pas. il ne voulait pas fuir, ce soir. sungyoon se défend et c’est un autre rappel cruel de ses actes passés, un rappel de ses propres choix qui les ont mené ici et sans lesquels le plus jeune se porterait mieux. sans lui et son cœur indécis, chulhei et son égoïsme. Souffrir ne lui donnait pas le droit d’être en colère, mais les cœurs débordent aujourd’hui et le sien inonde son être depuis des mois. Pourtant il ne parvient pas à éteindre le brasier qui s’y propage. « i only agreed to this to keep you by my side.. I always knew how selfish it was. » il baisse les yeux aux aveux qu’il aurait dû prononcer bien plus tôt, le soir du bal et alors, tout irait mieux. sans doute. « i’ve done mistakes i wanted to fix… but i failed here too. » il ne peut plus lever les yeux lorsqu’il réalise que plus rien ne pourra délier leurs cœurs prisonniers, que le mal est déjà fait et qu’il empire à chaque fois que l’un d’eux prend la parole. Il est injuste, chulhei. il se déculpabilise et minimise ses propres fautes, mais sungyoon a raison. Il savait que le plus jeune ne partageait plus ses sentiments malgré l’immense affection qu’il lui porte, mais il savait aussi qu’il ne s’en contenterait pas longtemps. Le retrouver n’a pas seulement réveillé ses remords, ça lui a rappelé tout ce qu’il aimait tant chez le photographe et les bons souvenirs n’ont plus cessé de le hanter. Ils lui ont redonné envie et c’est plus fort que n’importe quelle connerie qu’il ingère pour se soulager. Il a sungyoon dans la peau et c’est trop tard pour lui, trop tard. Cet amour comme une porte de sortie à ses angoisses étouffantes, comme une lueur dans la pénombre qu’on vient d’éteindre sans pitié. il réalise, que sungyoon en souffre aussi. aveuglé par ses propres blessures, il n’a pas remarqué sa détresse avant qu’il ne la lui révèle dans une confession si poignante qu’elle le sonne quelques secondes. les coups sur son torse comme des lames atteignant son cœur et il réalise, chulhei.

il recule sous le choc des mots qu’il destinait lui-même à d’autres. Alors il fait partie des méchants, lui aussi. il l’a brisé, souffrir ne lui donnait pas le droit d’oublier. Le destin s’est moqué de lui et continue de le punir, justice a été faite. il y a daw qui a souffert de sa lâcheté, de ses départs volontaires et peut-être est-il voué à répéter les mêmes erreurs encore et encore, à briser les mêmes cœurs plus de fois qu’il ne sait compter. il ne peut plus se résoudre à crier, mais ses émotions n’en sont pas moins vives et le feu crépite toujours. « i should have stopped this sooner… but- i couldn't. » il secoue la tête avec frénésie et c’en est trop pour son cœur qui implose, les larmes perlent sur ses joues rougies par la honte et la colère des minutes passées. Sa main ne tarde pas à couvrir ses yeux, mais il ne peut empêcher sa voix de craquer malgré ses bons efforts. « i never meant to hurt you.. like that. » son souffle tremble et il leur laisse une minute de répit, une minute de silence plus pesant que ça ne l’a jamais été entre eux. le poids ne s’allège pas, même si les vérités sont tombées. Il avait raison, il ne le mérite pas et surtout pas en tant qu’ami, si c’était pour le trahir ainsi. il a tout fichu par terre et piétiné les efforts de sungyoon, d’être resté si longtemps à ses côtés sans repenser aux coups-bas du passé. Naïveté stupide, chulhei plus que quiconque aurait dû savoir. Son propre cœur toujours meurtri par les lacérations d’un homme qu’il ne voit plus que dans ses cauchemars. Visite-il ceux de sungyoon ? « i’ve changed. » il a repris un peu de contrôle et son regard luit d’une détermination retrouvée, mais ses genoux tremblent, le menaçant de s’effondrer à tout instant. Ce sont les derniers flux de courage qu’il lui reste, même si la fin se dessine déjà dans son esprit et elle n’est pas très jolie. Il est trop tard pour eux, trop tard pour sauver une relation qui n’est plus que vestige. Quelque chose s’est brisé entre eux depuis la rupture : un sentiment de valeur sans lequel le moindre espoir est voué à s’éteindre. la confiance. il froisse sa chemise en enfonçant ses ongles là où repose son cœur battant, là où il voudrait l’attraper pour se l’arracher vraiment. la peur revient et avec elle les remords, plus forts. « don’t you believe in second chances? » lui aussi écrase sa fierté dans une énième tentative, dévasté.

ça lui devient égal, les explications de chulhei n’ont plus aucun intérêt à ses yeux et les mots lui glissent dessus, comme s’il n’était pas là. sungyoon n’a plus besoin de les entendre, leur trajectoire est déjà claire ; droit dans le mur, ils n’ont plus nulle part d’autre où aller. et il se sent stupide, d’avoir cru brièvement que ce ne serait peut-être pas le cas et qu’ils pourraient échapper à leur destin. mais il savait au fond de lui que c’était impossible et la fatalité de leur relation est plus inévitable que jamais à présent, alors il se rend à la défaite, aux forces qui ont choisi ce qu’il allait advenir d’eux à leur place. son esprit s’embrume tout comme sa vision et ses efforts ne visent qu’à empêcher les sanglots de prendre le dessus plutôt que de faire réellement attention à ce chulhei dit. rien ne pourra alléger sa peine, de toute façon, chaque mot n’est qu’une entaille de plus et il tangue, s’accroche de son mieux pour ne pas chavirer. pas maintenant, pas devant lui. pas alors qu’il lui assure ne jamais avoir voulu lui faire du mal, alors que tout ce qu’il peut lui montrer est la douleur qui le torture.  « but you did. » haussement d’épaules, ses bras croisés sur sa poitrine lui apportant l’étreinte dont il a besoin pour ne pas s’effondrer. l’air toujours aussi vaincu, anéanti par le passé qui a porté ses coups et qu’il est trop tard pour réécrire, à présent.

« good for you. » sourire éclair, sourire amer. tant mieux pour lui, qu’il puisse enfin trouver quelqu’un avec qui il pourra partager le reste de sa vie. l’idée le brûle de l’intérieur mais il se rend à l’évidence ; il est trop tard pour eux. si chulhei a changé, lui non. il a toujours autant peur qu’au début et il n’est pas sûr de pouvoir aller de l’avant, le présent lui semble infranchissable et les yeux de chulhei l’y ancrent encore plus quand sa supplication s’y lit. la mâchoire de sungyoon se serre et ses doigts s’enfoncent là où ils reposent sur ses avant-bras, comme s’il y puisait la force de répondre. « no. » ça met du temps à venir et il baisse le regard aussitôt qu’il se prononce. syllabe sordide, signant leur fin haut et clair. il hoche la tête pour appuyer ses dires, et secouer le regret qui commence à s’emparer de lui. « not anymore. » il lui  aurait donné toutes les chances du monde, avant. il a longtemps attendu qu’il revienne vers lui, prêt à le récupérer sans rancune, juste le soulagement d’être de nouveau entier. chaque jour il se réveillait avec l’espoir que la situation s’inverse, que chulhei repense à lui et fasse le pas que lui-même n’a jamais osé prendre. et l’attente s’est transformée en calvaire, les espoirs l’empoisonnant petit à petit jusqu’à ce qu’il ne veuille plus entendre parler de lui. ce sont eux qui l’étouffent encore maintenant, tout autant que les larmes qu’il s’efforce de cacher à l’aîné bien qu’elles soient déjà trop évidentes. enseveli sous les cendres de ce qu’ils auraient pu être, si ça s’était passé autrement. et si. mots douloureux qui attisent les regrets et rappellent les faux pas, sungyoon aurait voulu que tout soit différent mais maintenant, il ne veut que s’enfuir et ne plus avoir à y penser. les sentiments resteront gravés dans son esprit et s’il essaie d’effacer les souvenirs indélébiles, ils n’en deviendront que plus apparents et pénibles. tout serait plus facile s’il restait, mais sungyoon n’en est pas si sûr et la présence de chulhei devient insoutenable. « i gotta go. they’re probably looking for me inside. » il regarde au loin, comme si on l’y attendait. quelqu’un doit forcément le chercher, peut-être un visiteur quelconque, peut-être sa mère, peut-être hyuk. ou peut-être personne, peu importe, tout est préférable à lui. sungyoon se hâte de rejoindre le vide où il pourra sombrer. et son regard continue de le fuir, rivé sur le gravier pour que son expression brisée ne soit pas la dernière image qui le hantera.