don't fade away )) daw

Il est sur la terrasse, contre la rambarde et le regard fixé sur l’horizon. Un cendrier à ses côtés où les mégots s’entassent et entre ces doigts, une énième clope allumée. Les tons orangés du ciel l’apaisent et le calme qui règne dans l’appartement l’inquiète, depuis trop longtemps. Il n’a juste plus pris la peine de le faire savoir. Ils ont changé, même si les sentiments sont restés. Huifan lui a laissé l’espace qu’il désirait avant la crise, sans avoir su lui dire et il a étouffé son optimisme. Il lui fait toujours aussi bien la cuisine, mais il n’insiste plus voire même, le laisse manger seul pour ne pas le stresser. Il ramasse les restes sans reproche et plus tard, le couvre de sa tendresse habituelle parce qu’il l’aime et ça, ça, c’est bien la seule chose qui ne change pas. Il est seul sur la terrasse et daw, quelque part ailleurs. Dans la chambre ou le salon, il n’a plus regardé à l’intérieur depuis une heure. Occupé à griffonner dans son carnet, à fumer, écrire et rêvasser jusqu’à ce que le ciel lui somme de rentrer. Il sera bientôt l’heure du dîner, mais il n’est pas très sûr ce soir, d'avoir un quelconque appétit. Mélancolie qui s’est installée depuis ce jour et qui l’entrave malgré lui. Il est resté le même en apparence et ses attentions sont toujours sincères, mais les regards éteints de daw le rongent. le plus grand hoche souvent la tête en lui assurant des vérités qu’il ne croit qu’à moitié, voire pas du tout. mais il se tait pour ne pas l’effrayer. Il se tait pour ne pas le retrouver blessé ou pire, envolé dans les bras d’un autre. et parfois il se demande, ce que cet autre lui fait pour qu’il accepte sa présence. daw d'habitude farouche et ce n’est pas chulhei qu’il craint, mais l’inconnu aux épaules plus larges que les siennes. Et petit à petit, le doute s’immisce. Il ronge son cœur de l’intérieur et c’est dommage, de ne pas savoir l’ouvrir plus souvent. Proche, mais distant à la fois et il ne le fait pas exprès. Trop loin ou trop près, les deux blessent son ange alors qu’il ne souhaite que son bonheur. C’est effrayant de se dire qu’on n’y contribue pas, c’est triste aussi et ça lui a inspiré quelques notes qu’il essaie, guitare et médiator en mains. Il est assis sur la terrasse et enfin, ose lancer un regard à travers la baie ouverte, car le printemps devient clément. Il sourit pour la silhouette qu’il remarque de l’autre côté, il fredonne un air pour lui et espérer peut-être, attirer son attention. Juste un regard, juste un peu d’espoir à l’intérieur de ses yeux, juste un peu plus de vie. Le sien toujours trop vif malgré tout, toujours trop optimiste et il s’en voudrait encore de lui mettre trop de pression. Pourtant son cœur fatigue. Il ne voulait pas de sa docilité, parce qu’il ne le trouvait pas difficile et c’est toujours un point sur lequel ils ne parviennent pas à s’écouter. Même en doutant des sentiments de daw, il reste follement amoureux de cette grande tige. Et même en doutant de ses bienfaits, il donne le meilleur de lui-même pour le soutenir. Ce n’est pas tant qu’il ne croit pas en cette réciprocité, mais il craint que ce ne soit qu'une forme de dépendance affective et même ainsi, il pense avoir échoué à lui donner ce qu’il veut. Après quelques minutes, il dépose tout et retourne enfin dans le salon où la chaleur y est plus accueillante. Il sourit en s’approchant du garçon et sans le déranger dans sa lecture, juste en lui attrapant quelques mèches de cheveux, il ose. « je t’aime. » il laisse glisser sa main contre son épaule et s’y attarde, sourire aux lèvres et ton trop doux pour les mots qu’il implique. « tu entends ? » il a le cœur qui s’épuise. « je t’aime. » il a le cœur qui s’effrite. « et toi ? réponds-moi sans mentir, cette fois. » et ce coup de pression-là, il ne le regrette pas. il aurait presque un ton taquin s'il n'avait pas l'air si sérieux.

Il l’a abandonné. Remarque amère et triste. Pourtant si vraie. Il l’a abandonné. Et quand son regard accroche le dos de Huifan, il ne peut que sourire. Automatisme. Il aurait du s’en douter. C’est de sa faute aussi. Il l’a brisé. En s’abandonnant, en baissant les bras, il l’a brisé. Et Huifan n’a plus envie non plus. C’est normal. C’est … normal. Et les sanglots sont ravalés derrière de jolis sourires. Le temps ne s’arrête plus. Il défile, le laissant comme étranger à sa propre vie. Deux inconnus au même endroit. Rien de plus, rien de moins. Des âmes qui cohabitent sans être en harmonie. Plus jamais. Et ça lui brise le cœur. Responsable. Coupable. Il ne peut que s’en vouloir. Alors il se fait plus petit. Absent. Même s’il a abandonné, qu’il ne le quitte pas. Il ne peut plus voir les gens partir. Et même si cette promesse est devenue un fardeau, qu’il ne parte pas. Il se doute bien qu’il doit rêver de partir. Il se doute bien qu’il regrette ses promesses. Mais si Daw peut briser les siennes, Huifan est quelqu’un de bien. Il tient ses promesses. Parole intangible. Pas comme lui. Et ses yeux qui se ferment. Visage qu’il cache derrière un livre tandis qu’il se recroqueville sur le canapé. Huifan n’a plus d’intérêt pour lui. C’était à prévoir. Ce n’est pas pour autant que ça ne fait pas mal. Ce n’est pas pour autant que ça ne le détruit pas à petit feu. Jour après jour il s’éteint. Et il n’arrive plus à retrouver cette volonté de vivre. Si la mort l’effrayait un temps, créature couarde, le voilà qu’il se prend à vouloir la regarder dans les yeux. Huifan l’a abandonné. Plus un mot de trop. Plus de suppliques. Plus rien. Et lorsqu’il lui fait à manger, il le laisse seul face à son assiette. Daw qui se prend à essayer pour mieux abandonner. Les assiettes rendues pleines, à peine touchées. Et sa taille qui se creuse, se redessine de manière cadavérique. Et ses traits qui s’affinent. Le corps qui disparaît. Comme l’esprit. Il finira bien par disparaître. Tôt ou tard. Et sans doute qu’on sera soulagé. De ne plus l’avoir sur le dos, fardeau. Et peut-être qu’on se dira que c’est mieux pour lui. Moins de souffrance. Peut-être. La musique le berce, et allongé sur le canapé, il se prend à vouloir gommer les derniers moments encore. Mais l’horloge est détraquée. Et tout reste brisé. Achevé. En lambeau. Ses yeux qui restent fermés, son livre sur son visage, il veut juste disparaître. Arrêter la mascarade. Mais il a promis. Pour lui. Il a promis. Pour lui. Main dans ses cheveux, des mèches happées, et il s’étonne à sourire derrière les pages de son livre. Corps qui bascule, automatisme, il lui laisse de la place à ses côté. Corps qui bascule, et sursaut réprimé à cette main sur son épaule. Le regard qui reste sur son livre, là sur ses genoux. Le regard toujours fuyant. Et les yeux vides. D’étoiles. Il a tué les étoiles. Une par une il les a achevées. Une par une, il les a suicidées. J’ai plus envie de vivre. Mots étouffés, dans un léger sourire. Mots tus. Mais cœur en émoi. Il l’aime. Les mots qu’il entend peu de la part de Huifan. Ce n’est pas son genre. Et la pression de cette main sur son épaule est étouffante. Oui il l’entend. Daw ne l’entend que trop bien, mais peine à y croire. Comment pourrait-il encore l’aimer ? Comment alors qu’il le brise. Sans pudeur, sans douceur il lui brise le cœur. Il sait Daw. Qu’il l’a abandonné. Il sait. Et lui ? Lui … Lui il ne devrait pas aimer. Et la question le bloque. L’effraie. Lui … Huifan a cessé de croire à son amour. Huifan lui demande d’arrêter de mentir. Huifan … Huifan … Hey Huifan, est-ce que tu vas partir ? Non. Respiration qui s’emballe. Et les larmes au coin des yeux. Grimace qui tord ses lèvres sans pitié. « Bien … sûr. » Ça sonne faux. Pourtant il l’aime. Ça sonne faux. Il ne le croit pas. Ça sonne faux. Faux. Faux. « Tu le … » Des accusations qui se terminent aussi vite qu’elles ont commencé. Injonction qui se perd dans une grimace. Il ne peut plus crier Daw, et ses doigts qui se portent à sa gorge. Son regard qui passe de l’homme à ses genoux. Il ne le croit pas. Respiration qui s’agite, et ses doigts qui se serrent contre sa peau, l’envie de griffer sa gorge pour mieux laisser passer l’air. L’impression d’étouffer. Millions d’œillets dans son corps qui fleurissent en doutes et en souffrances. « Non … rien. » Mots croassés. Le sourire plaqué, et les yeux luisant de larmes. Rien. Il ne le croit juste pas. « Je … » Il s’échappe. Encore. Toujours. « Je vais … aller … m’allonger, okay ? » La pièce qui tangue. Le cœur lourd, le corps lourd. La pièce qui tangue. Et Huifan qui doute de son amour. Forcément. Il avait bien brisé des promesses. Menteur. Forcément. Et incapable de lui faire face. De lui demander pourquoi il ne le croit plus. Pourquoi alors qu’il fait tout pour lui. Pour lui. La pièce qui tangue, et son épaule qui rencontre le mur du couloir un peu trop violemment. La pièce qui tangue. Et le cœur lourd. Il ne le croit plus.

il ne sait plus à quoi il pensait lorsqu’il a démarré tout ça. la distance s’est creusée à cause de lui, mais il s’est perdu dans la peur de tout briser. il ne sait plus comment agir ni le convaincre que la vie mérite d’être appréciée, à ses côtés comme ailleurs. Qu’il n’est pas si laid, si lourd ni si terrible à supporter ; qu’il est même tout le contraire. Il ne sait plus comment faire sans le blesser et la seule chose qu’il a trouvé, était de le laisser respirer. Venir vers lui quand il le voudrait, sans l’étouffer. Mais la distance s’est creusée et il n’a pas su les rattraper, alors le temps a filé. des jours à souffrir de ce manque qu’il leur impose et il espérait au fond, que les apparences soient plus vraies que trompeuses. Il aurait voulu croire que tout irait mieux, mais c’était pour lui. pour ne pas qu’il se brise, huifan et il regrette d’avoir été si vulnérable ce soir-là. alors de retour dans le salon, il lui rappelle ses sentiments. pas de la bonne façon, mais il lui retourne la question comme pour l’obliger à réagir, mais le regard qu’il gagne lui fait mal. Il lui fait mal et il s’en veut, mais ça le détruit aussi d’agir ainsi. il n’est pas un homme qui doute, d’aventures sûr de lui, il ne remet pas ses choix en question s’il les juge nécessaires. mais avec daw tout prend des proportions différentes. pas une fois il n’a pensé avoir la solution parfaite, il s’adapte toujours. « je quoi ? » il se déteste déjà d’être aussi peu tendre, mais il voudrait que daw ose aller au bout de ses pensées. qu’il ose lui dire ce qui ne va pas, quand il a besoin de lui ou au contraire, lorsqu’il est trop dur comme maintenant. sûrement ignoble aux yeux de daw, de douter après ce qu’ils ont vécu. Daw qui lui a offert bien plus que sa confiance, et huifan n’oublie rien. il le regarde s’enfuir et s’élance déjà pour le rattraper, mais daw vacille. son épaule heurte le mur et huifan le rattrape, d’un bras glissé autour de sa taille. il ne le relâche pas, fermeté qui creuse ses côtes. daw s’éteint un peu plus chaque jour et huifan s’éloigne, mais ce n’est pas entièrement voulu. marqué par les conséquences de ses suppliques, il n’ose plus insister. marqué par les blessures qu’il lui a causé ou poussé à s’infliger, il n’ose plus demander. Il ne veut pas recommencer, mais rien ne va et plus aucune étoile ne brille dans leurs yeux. et droit dans ceux hésitants du plus grand, il s’impose. « si rien ne va, si tu as mal quand je m’éloigne… si je me trompe, dis-le moi. » il le relâche et son regard s’assombrit. « pour moi, tu penses que ça me soulage ?! de te savoir mal et ne rien savoir, parce que tu m’épargnes ? » sa voix tremble un peu lorsqu’elle s’élève et il ne voulait pas crier, mais la frustration est trop forte. « tu as peur que je parte … et je reste. tu en doutes à chaque fois, mais je reste. alors ne me repousse pas quand je fais la même chose, par peur que tu t’en ailles. » il ne fuit pas une seule fois son regard, plus déterminé que défaitiste lorsqu’il lance le sujet, parce qu’il sait ce qu’il veut malgré les embûches jetées sur leur route. Ses gestes n’en perdent pas leur douceur quand ses doigts trouvent la joue chaude de son amant, lorsqu’il la caresse sans rien forcer ni même l’obliger à le regarder. Il cherche juste sa propre sécurité. « dis-les moi, ces trois mots. s'ils sont vrais.. dis-les moi. » il a besoin de l’entendre parce que tout ce qu’il demande ces temps-ci, trouve une réponse positive quoiqu’il arrive. des ‘oui’ et des ‘bien sûr’ si plaisants à l’oreille, si amers. il veut du concret et il aura toujours le temps de s'excuser, si son amour est trop agressif ce soir.

Il étouffe. La réalisation trop lourde contre ses poumons. Il étouffe. Le cœur emballé dans sa cage thoracique. Il étouffe. Et Huifan ne le croit plus. Il ne croit plus en son amour. Et ça l’étouffe. Comme des bouquets d’œillets sanglants à l’intérieur de lui. Ses sentiments en bouquets de souffrance. Ses sentiments en bouquets séchés qui se sont fanés trop vite, s’effritent entre les doigts de Huifan. Non. Il est devenu brusque Huifan. Tristement comme le reste du monde. Brusque avec lui. Brusque et soudainement cruel. Ses sentiments qui ne sont pas crus. Et la tête de Daw qui se secoue simplement. Les yeux rivés sur le sol. S’il le regarde, il va pleurer. Et ce n’est pas à lui de pleurer. Parce qu’il est coupable. Il a détruit le cœur de Huifan. Coupable. Et ça l’étouffe. L’empoissonne. La respiration lourde. Et un échappatoire qu’il ne trouve plus. Le corps qui tangue. Le monde aussi. Huifan ne le croit plus … Il l’a abandonné. Vacillement. Abandonné. L’épaule contre le mur et un geignement à peine pointé entre ses lèvres. Avorté. En sentant ce bras autour de sa taille. Qu’il ne le touche pas. Le corps figé. Rigide. L’horreur de sa taille marquée. Trop. Qu’il ne le touche pas. Non. Parce qu’il va vraiment partir. S’il doute de son amour … Il n’a plus rien pour le garder à ses côtés. Daw jamais assez bien. Daw … Jamais … Jamais. Non. Contact forcé. Les yeux dans ceux de Huifan, et l’absence d’étoiles comme un rappel brutal. Il a assassiné les étoiles. Dans les siens, mais dans ses yeux aussi. Il a assassiné toutes les étoiles. On ne peut plus les rallumer. Les comptes demandés. Et le silence en réponse. Des comptes demandés, et un sourire qu’il peine à dessiner, un ‘rien de grave’ qui s’étouffe contre la barrière de ses lèvres. Contact perdu. Et la colère qui l’effraie. Les mots qui s’entrechoquent contre ses lèvres. Daw les yeux fermés. Il ne veut plus rien voir. Plus rien entendre. Parce qu’il la voit se dessiner cette finalité funeste. Et dans ces mots criés, il n’entend qu’une chose. Le glas. Le bruit de son cœur qui se brise morceau par morceau. Qui s’effrite en pétales de fleurs. Huifan se force à rester. C’est tout ce qu’il entend. Tout ce qu’il comprend. Non. Et s’il le fixe, Daw ne peut plus le regarder. Il va pleurer sinon. S’effondrer. Non. Main contre sa joue. Doigts caressants. Mais demande abjecte. Il ne peut pas les dire. Il ne sait pas les dire. Il étouffe, Huifan. Daw il étouffe. Et pourtant il continue la mascarade. Il a promis. Il a promis. Alors il refoule les sanglots, l’angoisse, refoule les tremblements. Et lorsque ses propres doigts se posent contre ceux de Huifan là contre sa joue, ils sont froids. Et lorsqu’il rouvre les yeux, il n’y a plus d’étoiles, plus jamais, juste de la brume. Il le voit sans le voir. Sourire qui s’étire simplement. Et les mots attendus qui résonnent dans ce silence rongeant. « Je t’aime. » Et ça sonne faux. Encore. La voix instable. Mais les mots clairs. Ça sonne faux. Angoisse. Huifan n’y croira pas. Angoisse. Huifan il va se fâcher. Il va s’énerver. Pourtant il l’aime. Il ne le mérite pas. Mais il l’aime. Sauf que Huifan s’est lassé. Qu’il ne reste que pour une promesse. Réalisation assassine. Il n’en peut plus. Daw lui a brisé le cœur alors il n’en peut plus. Et quoi qu’il fasse … Ça ne semble plus assez bien. Plus jamais assez bien. Haut-le-cœur retenu. Non. « Je … » Murmure avorté. Je vais pas bien Huifan. La mort prématurée de ses mots comme un quotidien. Et un sourire en réponse. Encore. Je vais pas bien … Mais tu t’es lassé … Alors à quoi bon ? Affliction retenue. La crise qui crépite comme un monstre malingre entre ses côtes aussi. Sourire. Encore un peu Daw. Tu t’effondreras dans la solitude. Sans lui. Sourire. Je ne veux pas que tu partes. Sourire. Ne m’abandonne pas. Sourire. Je ferai des efforts. Sourire. Je t’en supplie. Larme. Traitresse qui coule sur sa joue comme un dernier appel au désespoir.

Il le perd et ses émotions l’emportent. Elles ont brisé le verrou qui les retenait si fièrement prisonnières, Huifan souvent maître de soi. Rarement aussi impulsif qu’il le devient avec Daw, jamais aussi agressif qu’aujourd’hui, mais le vase a débordé. Et ce n’est pas la faute du plus grand non, ce n’est que la sienne pour ne pas savoir soulager ses maux. Daw se force à vivre, pour lui. il le lui a dit et ça ne quitte plus son esprit depuis. Il a peur ; et dans les yeux de l’ange, elle se reflète avec une once de tristesse. Je t’aime et les mots sonnent faux, mais ça ne l’étonne pas. il les a forcé hors de ses lèvres, manipulation qui lui rappelle ses jours passés et les aveux qu’il obtenait en inspirant la terreur. Pour Daw, celle de le voir passer la porte ( sûrement ) et l’abandonner dans ce couloir trop sombre. reste, des suppliques qu’il comprend à travers ses sourires tordus. Daw qui ne mérite que délicatesse et huifan qui peine à lui en donner ; le mérite-t-il vraiment ? Il ne veut le laisser à personne et ne le ferait pas, même si un autre ange venait frapper à leur porte. Il a peur et s’énerve, puis regrette. Cette larme comme une claque pour le rappeler à la réalité et reprendre le contrôle. Ça fait des semaines qu’il l’a laissé filer. « Je suis désolé. » murmure-t-il en attrapant son visage entre ses deux mains, des caresses tendres sur ses joues pour parer ses maladresses. « Pardonne-moi… Daw mon ange. Je le sais… je n’aurais pas dû le demander. » Il l’a effrayé et c’est la peur qu’il pense voir dans ses yeux voilés. Il avance et trébuche à chaque pas, mais il n’abandonnera pas ce combat. Il aimerait effacer cette journée de leur mémoire et les précédentes, il aimerait revenir au soir qui l’a ébranlé et mieux se débrouiller après. Mais il ne peut qu’essayer de rattraper son dérapage en attirant le garçon dans son étreinte. Les bras refermés dans le dos du plus grand, il lui cale la tête contre son épaule et serre juste assez fort pour le rassurer sans le blesser. Juste assez fort pour lui prouver que son affection n’a pas disparu – des baisers plantés au hasard sur son crâne, désordonnés mais tendres. Une demande de trêve, même s’il est le seul à s’être emporté, et il leur laisse ces quelques minutes de paix. Sans prévenir il le soulève et en silence, le porte jusque dans leur chambre où Daw voulait s’allonger. Il a l’air plus léger… et il ne saurait en ignorer la raison lorsqu’il en a été témoin quotidiennement. Il le dépose au sol avec une idée qu’il espère meilleure que mauvaise, mais rien ne pourrait les condamner si aucun ne le souhaite, n’est-ce pas ? Ce n’est à ses yeux qu’une épreuve de plus, qu’un passage obligé pour mieux avancer. Il le guide devant le grand miroir de leur dressing en se tenant derrière lui pour ne laisser place qu’à son reflet. « Tu peux me dire ce que tu vois, en face de toi ? » Il a les mains posées sur ses hanches et observe lui-même le reflet du garçon par-dessus son épaule. Daw ne s’aime pas et cela, il l’a compris il y a longtemps, mais il est peut-être temps d’essayer de l’y confronter et d’y remédier, petit à petit. « tu n’as pas à faire semblant ici daw, tu as le droit de craquer… je peux l’endurer. tu n’es pas seul et tu ne le seras plus jamais, plus jamais … que vois-tu dans ce miroir ? » Au-delà de son reflet. Il laisse la trace de ses lèvres contre sa nuque dans un besoin pressant de réparer ses brusqueries et de lui assurer sa présence. Il sera patient, mais il est plus déterminé que jamais à essayer et arrêter de le laisser affronter seul ce combat.

Je t’aime. Les mots qui sonnent faux. Et le silence. Autarcie des sentiments. Ses lèvres qui assassinent sans remords ses pensées. Ses appels au secours. Je t’aime. Et cette réalisation angoissante. Qu’il ne le croira pas. Plus. Plus jamais. Et la crise qui est là. Entre ses côtes. Le souffle qui se coupe. Et pourtant le sourire qu’il pose. Sur son visage comme une réponse universelle, le sourire qui se pose. Tout pour ne pas s’effondrer. Pas devant lui. Tout pour ne pas céder. Pour ne pas juste se briser. Encore. Une mauvaise habitude. Mais larme traitresse qui glisse le long de sa joue. Le masque qui se fissure, se craquèle. Et les excuses de Huifan. Non. Il n’a pas à s’excuser. C’est lui qui a tout gâché. Mais son visage pris en otage entre des mains douces. Caresses tendres sur ses joues. Et le monstre hurlant à l’intérieur de Daw. Celui qui supplie de ne pas se montrer si gentil. Pas si c’est pour le détruire. Celui qui rappelle, l’amertume mauvaise, que si Huifan s’excuse, c’est parce qu’il ne l’aime plus. Qu’il s’est lassé. Et que la promesse est lourde à tenir. Elle pèse entre eux. Non. Sanglot qui s’étouffe dans un geignement bas. Non. Et l’étreinte est étouffante, paralysante. Les suppliques au bord des lèvres. Mais l’abandon coriace. Comme un mal dont on ne peut se débarrasser. Huifan va le quitter. Réalisation morbide. C’est leurs derniers moments ensemble. Non. Huifan va … Huifan. Huifan. Sanglots. Là dans le cou du garçon, il étouffe. Se brise. Se noie dans ses sentiments, dans ces émotions à vif. De celles qui le rongent. Le rognent. Le détruit sciemment. Des prières qui ne passent pas ses lèvres. De reconsidérer la chose. Des promesses muettes. De faire mieux. De toujours faire mieux. De son mieux. Des mots qu’il n’arrivent plus à prononcer. Les sanglots déchirants qui passeraient ses lèvres s’il osait parler de nouveau. Et il s’accroche. Geste de désespoir il s’accroche quand Huifan le soulève. Il s’accroche, le cœur emballé, le corps recroquevillé dans l’étreinte. Le silence le déchire et il ne sait plus quoi faire, quoi dire. Huifan s’est lassé. Docile, il se laisse entrainer. Docile il se laisse guider. Le regard qui fuit le reflet. Les pensées assassines à l’horreur qui se dessine. Il se déteste Daw, tellement. Ne comprend pas la punition. Le geste infligé. Tête basse. Nuque offerte inconsciemment dans le geste, il ne veut pas se voir. Immobile. Le corps crispé, et les lèvres contre sa peau qui n’arrivent plus à le calmer. Il ne veut pas se voir. Connaît le reflet. Sait ce qu’il est. Rien qui ne peut le changer. Connaît les traces sur sa peau. Les cicatrices méritées. Connaît l’abnégation de son être. Il sait. « Une erreur. » Le mot est assassin. Sentence. Il est son propre juge. Sait qu’il n’y a rien de bien à voir. Et ce murmure qui a résonné trop fort pourtant. Une erreur. Encore et toujours. Même pour Huifan. Il en est sûr. « Pourquoi ? » La question est lasse, le reflet toujours dédaigné, et Daw il est fatigué. Tellement. « Tu peux me … le dire ? » Que tu t’es lassé. Que tu vas partir. Que c’est trop lourd. Trop. Juste trop. « Je ne veux plus … » Désespoir. Et pourtant un sourire qui se pose sur son visage, et son regard qui cherche celui de Huifan. Une dernière fois. Pitié. « Est-ce que … juste ce soir … » Il pouvait rester encore ? Ce soir avec lui. Encore une étreinte. Encore une illusion. Au matin il accepterait. Au matin il le laisserait partir. Promis. Mais juste encore un peu de temps. Une de ses mains qui se pose délicate sur celle de Huifan. Et dans sa voix des trémolos d’un futur qu’il ne veut pas voir. Ne peut qu’accepter pourtant. « S’il te plait ? » Voix mouillée, mais joli sourire. Et les sanglots qui fleurissent en lui comme ses idées sombres, en des bouquets de fleurs qui congestionnent son être à force d’être retenus. « Juste … ce soir ? » La demande qui se répète, et dans ses yeux derrière ce voile qu’il impose, ses supplications qui se brisent en des étoiles mort-nées.

« tu n’es pas une erreur. » il secoue la tête en lui offrant un autre baiser. Il ne se lasse pas de le contredire pour ces choses-là, même s’il connaît l’obstination du plus grand pour toujours se rabaisser malgré tout. « te dire quoi ? » il fronce les sourcils en croisant le regard de daw dans le miroir, confus. Des demandes à demi-mots que huifan ne comprend pas toujours et il attend le prochain défi, patiemment. Ses mains glissent contre son ventre et il l’étreint un peu plus fort, non désireux de s’éloigner. « juste ce soir ? je ne comprends pas… » la supplique suit peu après ainsi que la demande répétée. juste ce soir et huifan peine à combler les blancs. il connaît les peurs de daw pour les avoir tant de fois contrées, mais il ignore laquelle se confronte à lui ce soir. Probablement toutes à la fois, mais il secoue la tête en durcissant son regard. « non. » il s’éloigne pour prendre place à ses côtés et lui reprendre la main en souriant. il entrelace leurs doigts et pointe le miroir pour admirer leur reflet. « je serai là tous les soirs, alors ne pleure pas. » il soupire en baissant les yeux au sol, plus frustré qu’autre chose de ne pas savoir être convaincant. Il voudrait que ses gestes allient ses mots, mais son attitude récente n’a fait que rendre les choses plus difficiles. daw le met à l’épreuve depuis toujours et sa fragilité lui a donné bien du fil à retordre, mais c’est aussi ce qui l’a tant adouci à ses côtés. et charmé, inévitablement. Pourtant aujourd’hui, il aimerait la voir s’effriter un peu pour laisser place à la confiance. « si j’en avais marre, je n’essaierais même plus. si je ne t’aimais pas, je t’aurai ignoré dans ce jardin de roses.. Tu te souviens ? depuis si longtemps… sans me l’avouer, j’espérais te retrouver. Daw si je voulais partir, je l’aurais fait sans discuter. écoute mon cœur, s’il te plait. » il dépose leur mains liées contre son cœur battant sans jamais laisser tomber son sourire. il le regarde à nouveau dans le miroir et décide finalement de lui cacher la vue en lui faisant face. « Tu n’es pas une erreur, tu ne mérites pas de disparaître et je ne veux plus que t’essaies. » il attire daw vers lui pour sceller ses mots d’un baiser tendre, mais dans ses yeux brille une lueur plus intense. ses mains l’agrippent par la taille et le font reculer jusqu’à ce que ses jambes touchent le lit. « on est deux à souffrir, deux à se battre pour le bonheur de l’autre, mais je ne peux gagner le tien… si tu t’obstines à le détruire. » il murmure presque et sa voix est plus douce que les gestes plus passionnés qu’il lui voue. Ses lèvres se sont perdues contre son cou et ses mains ont glissé sous le t-shirt pour mieux le sentir contre sa peau. Il oblige daw à s’asseoir au bord du lit pour s’installer sur ses cuisses et c'est étrange, exaltant d'inverser ainsi les rôles. « je t’aime depuis des années, je t’ai sauvé une fois… et je le ferai à nouveau. c’est ce que tu voulais que je dise ? » sûrement que non, mais ça le fait sourire bêtement. il perd ses doigts dans l’amas de mèches blondes aussi douces que leur propriétaire et son esprit se perd aussi, loin des tensions qui entravent toujours un peu leur coeur. « t’es coincé avec moi et je ne te laisse plus le choix. plus aucun, si ce n'est celui d'avancer avec moi. got it? » il laisse un baiser sur sa joue avant de l’enlacer. Il ferme les yeux et reste là plus longtemps que nécessaire, mais ce n’est jamais assez. et il a des jours de tendresses à rattraper.

Il aurait voulu rester dans ses bras. S’effondrer dans le silence. Se briser pour de bon, mais loin de ce regard qu’il porte sur lui même. Il aurait voulu s’accrocher à Huifan, refuser de se laisser entrainer devant cette destruction personnelle. Mais il l’a laissé faire. Poupée docile. Il n’a rien dit. Répond juste à cette question. Ignoble demande. Ce qu’il est. Rien d’autre qu’une erreur. Il le sait. Connaît les cassures de son corps par cœur. Les hématomes. Les cicatrices. Celles qui restent comme des rappels douloureux. De sa valeur. De son manque de valeur. Et si Huifan se fait tendre, il se brise Daw. En silence. Il se brise. Sous chacun de ses baisers, il s’achève. Des sanglots qui butent contre ses lèvres. Il tente même de sourire comme d’habitude. Parce que c’est ce qu’il faut faire. Faire semblant. Même si Huifan ne l’aime plus. Même s’il ne lui survivra pas. Alors il ne lui demande qu’une chose. Une nuit. Une dernière nuit à faire semblant. À se convaincre qu’il l’aime. Juste une nuit. Une dernière nuit pour y croire avant d’assassiner son cœur et son être pour de bon. Une seule nuit à ses côtés. À se sentir aimé. Même si ce n’est qu’une vaste supercherie. La demande répétée avec difficulté lorsqu’il ne comprend pas la supplique. La voix mouillée qui trahit ses émotions. Mais son regard reste rivé sur le sol, sur ses mains aux doigts qu’il triture, attendant une réponse qui ne vient pas. Jusqu’à la sentence. Ce ‘non’ trop dur qui l’achève, et les sanglots qu’il ne retient plus. Et il pleure Daw, il ne peut pas s’en empêcher. Il n’arrive pas à faire le fort. Ne l’a jamais été. Les sanglots sont silencieux. De ceux qui s’écorchent contre sa gorge et se brisent dans des râles sourds. Et même la main dans la sienne n’arrive pas à l’arrêter. Même les mots de Huifan n’arrivent pas à passer ce sentiment de désespoir. Il se perd. Daw se perd. Ne sais plus où donner de la tête entre l’angoisse et la présence rassurante de Huifan, de son amour qu’il n’aura sans doute plus à ses côtés après. Oh non. S’il vous plait. Qu’on ne lui enlève pas. Même si c’est un mensonge qu’il l’aime encore un peu. Sa main prisonnière de celle de Huifan qui bouge. Là contre son cœur. Il l’entend son cœur. Est-ce qu’il bat vraiment pour lui. Est-ce que c’est factice ? Non … Juste non. Qu’il ne l’abandonne pas … Non. Étreinte salvatrice il se laisse tomber dans celle-ci. Étreinte salvatrice, et contre ses lèvres, ses comparses contre les siennes, et il tente de s’accrocher à ces sensations ? De reprendre pied. De ne pas sombrer dans cette douleur sombre qui lui étreint le cœur. Il essaye de se focaliser sur les mots de Huifan. De s’y accrocher aussi, de ne pas juste s’arrêter sur la douleur de son cœur. Sur cette impression qu’il ralentit, qu’il s’éteint comme une étoile mourante. Et dans ce semblant d’étreinte qu’il ne sait rendre Daw, il perd pied. Il perd le nord. Se retrouve assis sur le lit, et dans ces sanglots trop silencieux s’accroche à Huifan au dessus de lui. « Je … suis … désolé. » Les mots qui se bousculent et les sensations qui se mélangent. Il ne sait plus quoi faire, quoi penser, quoi dire. Et au final la seule chose qui le retient, c’est Huifan. Toujours lui. Qu’il l’aime ou non, la réalisation qu’il a juste besoin de lui à ses côtés. Et c’est presque cruel comme façon de penser. Presque horrible que de dépendre de quelqu’un qu’importe sui son affection fane. Mais il est dans le faux ? N’est-ce pas ? Daw toujours dans le faux. Huifan … Est-ce qu’il peut l’aimer encore ? Et tandis que la question résonne contre ses tempes, c’est les mots de son compagnon en écho qu’il a comme réponse. ‘Le sauver à nouveau’. Oui. Qu’il le sauve encore et encore. Mais surtout qu’il le sauve de lui-même. Daw poison de sa propre personne. Son âme qui taillade à coup d’angoisses, à coups de déceptions, de larmes, d’abandons. Daw qui n’a jamais su trop comment faire. Daw qu’on n’a jamais vraiment regardé comme Huifan le fait. Comme s’il était la chose la plus précieuse du monde. « Je … je t’aime … C’pas … un mensonge … Il faut … que tu y crois. Tu dois … y croire. Je t’aime … Huifan, je t’aime … Je t’aime. Je t’aime. » Et ça se bouscule contre ses lèvres. Les mots qui fleurissent comme des œillets. Avec douleur contre sa gorge abimée. Les mots qui ne sont que des murmures bancals, mais remplis de vérité. Doigts tendres qui s’agrippent au niveau de ses épaules, et l’étreinte dans laquelle il s’enroule comme son havre de paix personnel. Dans la crainte de le voir disparaître, c’était sa propre personne qu’il avait perdue. « Je suis désolé … Je … Je veux pas que tu … partes … J’y arrive juste pas … Je sais pas quoi faire. Huifan … ‘Fan. » Les pleurs comme des pâles reflets des sanglots déchirants. Les pleurs comme une finalité à ces moments de doute. À ces moments si loin l’un de l’autre. Et des ‘tu m’as manqué’ qui résonnent entre eux comme une évidence.