sometimes home can be another person )) daw

C’est le dernier carton, le reste les attend dans le grand salon avec une valise, mais il reste devant l’entrée avec l’objet en mains. Il n’a plus qu’un pas à faire et ce sera définitif – plus rien ne le retiendra hors de ses murs. Ce n’est pas comme s’il ne connaissait pas déjà l’endroit, pas comme s’il ne pouvait pas s’y déplacer les yeux fermés tant il y est resté, mais c’est plus officiel désormais. Ici ou ailleurs, Huifan n’est pas si territorial, il se sentait déjà chez lui avec daw peu importe l’endroit – mais surtout entre ses bras. Alors il reste devant la porte et ne fait que pousser le carton à l’intérieur, sans daigner passer le seuil. Il tend la main vers Daw pour l’attirer contre lui et entourer sa taille en laissant un minimum d’espace entre eux. Il lève les yeux dans les siens et continue, plutôt sûr de lui. « Et si on marquait cette journée ? » Ses mains s’aventurent sous les cuisses du garçon, un regard pour le prévenir et il le soulève avec facilité. Avant de vaciller légèrement et retrouver son équilibre en quelques secondes. Il passe la porte en riant, la referme avec le pied et s’il prévoyait de les emmener dans leur chambre, il est obligé de dévier vers le canapé quand ses forces le trahissent. Son cri se mêle au rire qui suit leur chute et il ne peut se rattraper quand il tombe sur daw, lui-même écrasé contre les coussins. Il se redresse sur ses coudes pour ne pas lui faire mal, son regard à la fois inquiet et gêné. « Je t’ai fait mal ?? Désolé d’être un romantique … dangereux. Ou stupide, peut-être les deux. » Il rit, mais il ne s’en veut pas trop non plus lorsqu’il baisse les yeux sur daw et son air innocent. Il y a des affaires qui l’attendent, mais il préfère admirer le visage de son compagnon et en tracer les contours d’une main délicate. « C’est scellé, nous deux. » Comme s’ils venaient de se marier et d’entrer ensemble dans leur nouvelle maison. Le sentiment est le même, l’intention est réelle, mais les faits sont altérés parce que Daw vivait déjà ici. Il ne le libère toujours pas de son poids, non il en profite, ses sourires pour excuses et ses caresses pour le détendre. C’est une belle journée qu’il s’en voudrait de gâcher. C’est un joli moment qu’il regretterait de manquer, le sourire de daw comme une permission lorsqu’il réduit la distance entre leurs lèvres. C’est lent, c’est tendre et chaste, c’est un avant-goût de ce que pourrait être leur quotidien à présent – dans les bons moments. Parce que huifan n’oublie pas que son ange souffre toujours, qu’il ne pourra sans doute plus jamais voler et ça le frustre de ne pas savoir mieux l’aider, mais il peut bien profiter de ces moments de répit. Deux destins cabossés qui se redressent ensemble plutôt que de se briser. L’ombre et la lumière ne s’aiment pas tellement, pourtant et c’est ainsi que Daw chasse ses côtés sombres. C’est pourquoi il est si faible devant ses sourires et ses regards, pourquoi les siens sont toujours si tendres. Il n’a plus aucune façade avec lui, plus aucun mur de glace. « Je viens là si souvent et pourtant, mon cœur bat si fort aujourd’hui. Ça te le fait aussi ? » Sincère, mais taquin lorsqu’il se relève et pose sa main sur le cœur de Daw pour s’en assurer. L’air faussement innocent, un peu niais, un peu trop amoureux, mais il balaie ses sentiments d’un rire assez haut pour briser l’ambiance. Il tend le bras vers la table basse et un paquet de cigarettes entamé, sale habitude toujours pas lâchée – tout juste réduite – et c’est naturel lorsqu’il se lève pour trouver le briquet dans la cuisine. C’était une évidence. Il vit déjà ici Huifan, il y a déjà un peu de lui entre ces murs. Il regarde ses affaires avec paresse, Daw abandonné entre les coussins et leur confort. « Je vais prendre un peu de place… tu sais ? Tu es sûr que ça te convient ? Je ne voudrais pas que ça fasse trop pour toi. » Est-ce Daw ou lui, que l’idée pourrait angoisser, d’un coup ? C’est la première fois qu’il fait ça, en dehors de sa famille. Et même s’il s’est imposé en ces lieux pendant des semaines, ça change, de se dire qu’il n’aura plus à en partir.  

L’appartement est trop grand. Il l’a toujours été. Il est trop grand. Trop vide. Vide de vie. Vide de tout. Et Daw se perd dedans. Se perdait. Passé. L’appartement est trop grand. Trop vide. En plein milieu trône un piano qu’il n’a jamais osé toucher. Les touches à peine effleurées, comme un rappel mauvais. Déjà là lorsqu’il était arrivé avec ses valises. Toujours là. Il y rejouera. Un jour sans doute. Les meubles sont neufs. L’endroit ne paraît pas habité. Plus maintenant. Il a regardé l’endroit passer de cette impression de vide, de catalogue à quelque chose qui ressemblait peu à peu à ce qu’on pouvait appeler un chez-soi. Non pas grâce à lui. Daw peu responsable du changement qui a eu lieu. Mais Huifan. Ses affaires qui trainent. Sa cuisine qui se remplie. L’endroit qui s’anime. Et elle avait presque était naturelle cette demande. Presque. Parce que c’est Daw. Et qu’il a toujours l’air déplacé. Maladroit. Mais les doigts accrochés au haut de Huifan. Il lui avait demandé de rester. Pas pour une nuit. Pas pour une journée. Pour toujours. Ou autant de temps qu’il lui faudra pour se lasser. Non. Ne pas y penser. Cartons qui s’entassent dans le salon et lui un peu gauche dans l’endroit à ne pas savoir quoi faire. Interdiction de porter quoi que ce soit. Cartons qui s’entassent, jusqu’au dernier qui glisse dans l’entrée. Et Daw qui s’approche, curieux de savoir pourquoi Huifan ne passe le seuil. Pourquoi il reste à la porte. Tête qui se penche sur le côté et pourtant Daw qui se laisse entrainer dans cette étreinte, baiser fragile qui se pose sur la joue du plus jeune. Gestes hésitants du quotidien, Daw qui se fait à sa présence dans sa vie en taisant toutes les craintes d’abandon qui l’attendent au moindre faux pas. Mains contre ses cuisses, il ne peut s’empêcher de laisser échapper un cri. Ses propres mains venant se passer autour de son cou, la tête enfouie. Équilibre précaire, il ne connaît pas le manège de Huifan, lui fait pourtant confiance. Jusqu’à chuter sur le grand canapé. Blanc. Le plaid chiffonné sous eux, un coussin qui tombe par terre dans un bruit mat, et le rire de Huifan qui résonne. Qui lui coupe tout autant le souffle que la chute. Daw qui ne bouge pas. N’ose pas. Là en dessous de son amant. Sourire qui se dessine sur ses lèvres remplies, et ses doigts qui viennent dégager le visage du garçon. Il secoue la tête à sa question Daw, pas blessé, juste surpris de l’attention, juste surpris de Huifan. L’impression de le découvrir chaque jour dans cette domesticité nouvelle. Scellé. Le mot lui fait louper un battement de cœur. Presque tout autant que ces doigts qui redessinent son visage. Daw encore peureux de la vie, qui sursaute au moindre geste. Mais au sourire qui semble vouloir se graver sur ses lèvres. Baiser tendre comme le pacte dont il parlait à l’instant et Daw qui se laisse aller à ces lèvres contre les siennes, à la simplicité du moment. « J’ai … l’impression que c’est un rêve. » Aveu bas qui se finit dans une exclamation étranglée lorsque Huifan finit par poser sa main là contre sa cage thoracique. Pile à l’endroit où son cœur s’agite dans des battements maladroits. Comme un oisillon qui veut aller trop vite. Et quand Huifan se relève dans des habitudes qui embrasent ses joues de pourpre, il ne peut s’empêcher de rester là à le regarder. Et à juste apprécier la vision. Elle semble tellement naturelle. Tellement logique. Qu’il en aurait presque le souffle coupé. De se sentir enfin bien, chez soi quelque part. Ou à l’occurrence avec quelqu’un. « Non … C’est bien. J’ai besoin de toi. Ici. » Murmures. Entre ses lèvres il n’y aura toujours et à jamais que des murmures. Mais ses paroles sont vraies, à la sincérité étouffante. « Sur le balcon. » Habitudes. Il en est rempli soudainement. Et pas les anciennes. Pas celles de se faire tout petit, silencieux, invisible. Non les habitudes qu’il commence à prendre à force d’avoir Huifan à ses côtés. Tout simplement. Et lors qu’il se relève, ses doigts récupérant le coussin échoué au sol, c’est vers la baie vitrée qu’il se dirige, vers le balcon où un cendrier attend Huifan sur la table extérieure. Ils ont encore des choses à voir, des choses à parler. Les deux ayant vécu en des créatures solitaires. Mais Daw le veut. Veut l’avoir à ses côtés. Veut simplement réapprendre à vivre. « Tu auras du mal aussi … Je passe beaucoup de temps sous la douche et je dors peu … J’ai besoin de lumière … Tu vas me détester pour les factures … Mais oui, ça me convient … Et … à toi ? Pas de … regret ?»

Il ne pensait même pas obtenir sa confiance un jour, ou pas assez du moins pour renforcer leur lien, mais huifan s’y est laissé prendre le premier. Plus faible que le plus âgé, finalement, tant son affection envers lui dépasse l’entendement. Il se dévoile de plus en plus lorsqu’il le taquine, rit à plein poumons et le couvre de tendresses optionnelles. Il est bien plus lui-même qu’autrefois, plus naturel et moins glacial. Comme aujourd’hui où son humeur n’est que bonheur, du romantisme plein la tête et des maladresses plein ses gestes, mais il laisse faire son cœur. L’adrénaline fait son effet en cette journée qui marque une étape importante, passée avec fluidité. Il ne pense pas que ce sera simple, il ne pense pas que tout est acquis entre eux non plus, au contraire, mais ça ne l’empêche pas d’être heureux. Il en porte Daw jusqu’au canapé, incapable d’aller plus loin et si la chute est un peu douloureuse, elle est aussi la plus douce qu’il ait connu. Ils ne sont pas pressés, ils peuvent bien paresser un peu. Daw lui dit que ça ressemble à un rêve et la comparaison le rend fier. « ne t’en réveille jamais, alors. » un ultime baiser sur son front et huifan quitte sa place de choix pour combler une envie de nicotine. Il a ce sourire fier qui persiste à la réponse de son petit-ami, à ce besoin qu’ils partagent même s’il ne le dit pas tout d’suite. Il allume sa cigarette et réalise trop tard sa bêtise, mais daw le lui rappelle comme un petit reproche qui lui donne le sourire. « c’est vrai, désolé. » il brasse l’air pour chasser la fumée et se presse vers le balcon. Daw ne tarde pas à le rejoindre et lui énoncer quelques faits dont certains qu’il connaît déjà, d’autres qu’il trouve adorables et il acquiesce en silence. « j’ai peur du noir, tu le savais ? » il observe le quartier pour éviter de le regarder, comme si ça le gênait d’admettre une de ses faiblesses. Il n’avait pas intérêt à le montrer, avant. « notre confort avant les chiffres. » ajoute-t-il avec sérieux malgré la légèreté présente dans l’air. il mettra toujours une priorité sur le bien-être de Daw et si ça contribue au sien, c’est encore mieux. « des regrets ? de pouvoir me réveiller aux côtés du garçon le plus adorable… tous les jours ? » il écrase son mégot dans le cendrier et se déplace derrière le jeune homme pour l’enlacer. « non j’crois pas… et je m’excuse d’avance si je finis par te rendre fou. J’ai quelques défauts aussi. » des murmures contre sa nuque qu’il effleure de ses lèvres et qu’il mordille tendrement, avant de le relâcher complètement. il recule pour admirer la vue, daw sous la lumière du jour dans un appartement qui désormais, lui appartient aussi un peu. Pas vraiment sur les papiers, mais dans leurs cœurs. « Je t’aime. » le courage enfin trouvé de les prononcer, ces mots-là. toujours les alternatives pour ne pas se trahir trop vite et ne pas exposer sa faiblesse – attitude de méfiance gardée, fierté mal placée. Pourtant daw était face à l’horizon et désormais huifan y fait dos, de peur que le plus grand se retourne. Courage, courage ou stupidité quand le regret déforme ses traits, par pur embarras. Il se dit romantique, mais il n’assume que peu ses actes quand ils se veulent si réels. huifan qui ne cherchait la tendresse que pour s’amuser et ne désirait aucune attache, aujourd’hui a bien changé. il s’est senti changer et il n’a pas lutté pour sortir de ce qu’il prenait autrefois pour un piège. L’amour souvent traître, mais l’amour parfois salvateur. il soulève un carton et se tourne vers leur chambre où il estime que tous ces objets doivent aller. Comme sa veilleuse par exemple, une étoile offerte par son petit frère. « tu… pourrais traîner ma valise ? » il jette un rapide regard vers le plus adorable et s’en va tranquillement vers la chambre. 

Ça un l’air d’un rêve. Tellement. Et il peine à y croire Daw. Tellement. Pas quelque chose qu’il mérite. Les pensées parasites. Il ne mérite pas ça. Ce rêve. Et pourtant timidement il s’y accroche. Sa main qui s’arrête dans les cheveux de Huifan, les sourires échangés. Il s’y accroche. Ces habitudes qui fleurissent, le côté domestique de cette relation entre eux. Il s’y accroche. Les yeux fermés aux contacts des lèvres de son compagnon contre son front. Il s’y accroche, son rire léger, un murmure quand il rappelle de ne pas fumer à l’intérieur. Et sur le balcon un cendrier qui attend. Et l’endroit semble plus naturel, plus logique, attendu tandis qu’il le regarde traverser le salon. Ses doigts qui lissent inconsciemment le plaid avant de le rejoindre. Appuyé légèrement contre la balustrade, son regard vers l’horizon, il ne peut s’empêcher. De demander encore. Besoin de confirmation. Besoin d’enchainer ses pensées négatives. De lui assurer qu’il ne se lassera pas. Pas tout de suite. Pas trop vite. N’ose pas demander des toujours. Et entre ses lèvres des mots murmurés. Un portrait un peu gauche de lui. Les lumières toujours allumés dans l’appartement, la cabine de douche dans laquelle il reste des heures, si ce n’est le bain. Ses habitudes étranges. Ses errances la nuit, en guerre contre Morphée et les rêves du passé. Et la question fragile. À savoir s’il a des regrets. Aveux contre aveux, il s’étonne de cette faiblesse avouée. Et Daw malheureusement il n’a pas les mots. L’assurance de dire qu’ils seront deux contre le noir. Il sourit juste, le rouge de ses joues face à sa dernière remarque. « Je ne suis … si adorable que ça. » Estime basse, cette tendance à se rabaisser. Et pourtant Daw qui ne sursaute plus dans les étreintes. Qui savoure même les bras du garçon autour de lui, ses lèvres contre sa nuque. « Encore … une fois. J’ai besoin de toi … ici. Avec moi. » Sourire, il se fige pourtant le cœur battant à cette confession. Huifan qui n’est pas du genre à s’étaler sur ses sentiments. Huifan qui pèse ses mots. Et pourtant qui l’aime, lui annonce, presque comme une évidence. Presque. Et il s’en veut toujours Daw. D’avoir sa gorge nouée, de ne pas avoir ce naturel. De ne pas pouvoir lui répondre dans l’instant. Le sourire doux sur ses lèvres tandis qu’il regarde la silhouette de Huifan dans leur appartement, celui-ci tendant de s’activer comme pour cacher la gêne de ses mots. L’impression qu’il y a aussi contribué dans un sens. Acceptant de prendre la valise, il suit derrière Huifan, son regard s’arrêtant sur l’espace qu’est sa chambre. Leur chambre. Le grand lit trop vide. L’impression d’étouffer dans cet espace trop grand. De ne pas y avoir sa place. Ça va mieux maintenant. Avec Huifan. C’est moins grand. Moins vide. Moins étouffant. Valise laissée sur le lit, il se fait presque téméraire. Ses bras qui viennent enlacer sa taille, réponse à l’instant d’avant. Et sa tête contre le haut de son dos, lèvres à l’orée de ses clavicules, la réponse tant voulu. « Moi aussi tu sais. » Trémolos dans l’absence de sa voix et il s’éloigne à son tour. « Comment … On range tout ça ? » Changement de sujet évident, ses doigts qui se tordent, manie qu’il a toujours eu, et ses yeux rivés au sol. Mais rien ne cache le rouge de ses joues, ni ses lèvres mordues étirées dans un sourire tendre. Dieu qu'il l'aime. Sans doute plus qu'il ne le dira jamais. Le coeur battant dans une harmonie évidente sur la partition de ses sentiments.