fly like a butterfly (no seunghee)

no; nom insignifiant qui sut nuire et ternir la vie de la jeune fille, effaçant les couleurs qui la comblaient. deux lettres qu'elle arbore honteusement, essayant comme elle le peut d'oublier sa provenance et son propriétaire. pour estomper les teintes obscures de son nom, la brunette se répète que ce n'est qu'un mot parmi tant d'autres, et qu'elle n'est point la seule à devoir le porter. la curiosité qui s'attise progressivement et l'effroi ainsi que la terreur qui s'accumulent quand un seunghee strident vient se coincer entre les croissants de chair d'un certain malchanceux dont le destin devient, dans la seconde qui suit, hasardeux. seulement seunghee procurera peur et frissons dans la mémoire d'autrui, ne laissant donc aucun surnom détruire cette facette inatteignable et froide qu'elle s'est construite à mesure du temps. jeunesse erronée que sa mère s'est efforcée de perfectionner tandis que seunghee désirait, quant à elle, l'éterniser. du haut de ses 19 ans, elle prétend tout connaître du monde qui l'entoure et ne se méfie de rien ni de personne. les coups, les pleurs et les cris qui s'enchaînent depuis le 27 mai 1999, la paix ayant été remplacée par un quotidien infernal depuis cette date précise. ses lèvres qui s'entrouvrent pour finalement laisser pénétrer dans ses poumons l'étouffante modernité de séoul, fétidité qui accompagna son enfance et qui fit naître en elle un rêve impossible : s'enfuir de cette métropole où se sont éclos ses pires cauchemars dont elle ne pourra se défaire jusqu'à leur fanaison. erreur que sa mère ne put corriger, seunghee ne saura jamais quel pays a formé ses traits fins et féminins. thaïlandaise, chinoise, japonaise ? seul ce jeune monstre homme à l'identité inconnue peut éclaircir ce mystère. pour l'instant, le sang coulant dans ses veines restera coréen afin de devenir de plus en plus similaire à maman. le palpitant qui s'agite et les légères harmonies de sa routine qui se bousculent quand des promesses laconiques viennent briser sa liberté tant désirée depuis sa naissance ; célibataire non par pas choix mais par peur. amour disparate dont elle ne peut négliger l'existence lorsque ses joues se colorent d'une teinte rougeâtre opulente grâce à ces femmes dont les cuisses brillantes agrémentées d'une petite jupe sont dévoilées au gré du vent. s'approprier les biens d'autrui car elle n'en possède aucun, ça semble à présent habituel pour la coréenne. voleuse dans l'espoir que la richesse l'atteigne, elle jure que le lendemain sera un jour nouveau et meilleur. puis, sans même s'en apercevoir, elle recommence encore une fois et continue jusqu'à ne plus pouvoir s'arrêter, mettant alors de côté tous ses principes. pauvreté dans laquelle se noie, l'empêchant de respirer de façon correcte et remplissant ses poumons d'eau. quand elle pense enfin pouvoir revenir à la surface, pouvoir vivre sur terre et ne pas avoir à lutter afin de ne pas couler, une vague se déferle sur elle et l'entraîne dans la danse. mais, elle ne cède pas : elle se bat jusqu'à crier de douleur, jusqu'à ce que ses larmes deviennent de simples gouttes d'eau séchées par l'air pollué de la capitale coréenne, jusqu'à empiler des cadavres pour y parvenir, jusqu'à son dernier souffle. cheveux d'ébène qu'elle a l'habitude de soigner en passant ses doigts à l'intérieur pour vérifier qu'aucun nœud ne s'y soit introduit. manie la relaxant; habitude anéantissant tous ses tremblements secrets. belle toison se transformant en doux poison lorsque ses poings et ses jambes viennent s'abattre sur le corps de ses victimes; chevelure noirâtre cachant un quart de son faciès malicieux, beauté alors changée en parasite quand sa vue devient une nécessité dans ses multiples combats sanglants. dangereuse haine qu'elle convertit en violence, car cette activité est une des seules pouvant modifier son sourire factice en un vrai sourire. aucun style particulier ne définit réellement seunghee ou la représente. la jeune femme enfile tout ce qu'elle peut trouver (voler) et prétend après les avoir acheté pour s'enfermer dans un mensonge; dans une réalité illusoire dont elle rêve avec passion en observant ces billets conservés dans son petit faux sac et "gagnés" grâce à sa simple force supérieure à d'autres. mais elle avoue avoir un faible pour les jeans déchirés et les vestes en cuir. ce n'est pas pour autant qu'elle dédaigne les tenues féminines qui mettent en valeur ses courbes généreuses. seulement, il est difficile de porter avec fierté et audace une couronne de fleurs ainsi qu'une chemise blanche en soie en raison de son occupation mouvementée exigeant beaucoup d'énergie de sa part. seunghee possède quelques piercings à son oreille droite depuis son jeune âge. aucun artifice ne décore sa peau lisse et claire néanmoins elle désirerait la graver au moins une fois, sauf que l'argent est encore le chemin par lequel il faudrait passer. même si la belle déclare haut et fort que rien ni personne ne peut la faire vaciller et reculer, que son vocabulaire ne comporte pas le mot "crainte", il y a bien une chose la retenant de laisser son sang submerger son épiderme pâle et délicat jusqu'à ce qu'il n'en reste plus une goutte dans ses vaisseaux sanguins ainsi que son organe central : la mort. peur équivoque et stupide quand elle sait mieux que personne que l'extinction de son âme est une étape de la vie inévitable. pourtant, elle reste effrayée à l'idée que sa flamme ne s'éteigne à jamais, apeurée en s'imaginant elle-même sombrer et ne jamais revenir, terrorisée car cela pourrait s'avérer être sa dernière bataille, épouvantée si elle finissait comme maman, lâche et indigne. s'échapper de séoul et détruire ces barreaux qui lui interdisent de se délivrer et de déployer ses ailes juste un court instant semble presque irréel et inimaginable, tout comme un rêve.