history is all you left us - vinh

Monde de la nuit. Elle porte une couronne Baozi. Un peu bancale sur sa chevelure corbeau, elle est reine pourtant. Mais le royaume est sombre. Comme les traces sur son corps. Comme les ombres dans ses yeux. Comme son esprit un peu aujourd’hui. Et elle est appuyée contre sa moto, bouteille en main. Elle a le regard loin Baozi. Dans un autre monde. Parfois c’est dur. Y’a des soirs comme ça qui sont plus durs. Des soirs où elle a envie de se foutre en l’air. C’est corrosif dans ses veines. Les souvenirs, c’est destructeur. Et plus mars s’approche, plus elle devient sombre la reine. Plus mars s’approche plus son cœur s’affole. Et elle le revoit partout. Dans des flashs douloureux. Elle le revoit partout. Nash. Dans des sourires, dans la foule, dans ses rêves. Partout. Elle le revoit un instant dans les acclamations l’impression que c’est lui qui vient de gagner la course, l’impression qu’il va bientôt arriver vers elle, la main levée. Mais ce n’est qu’une illusion. Et si son cœur se serre c’est à cause de son absence, pas de la remarque qui a filé à son encontre. Elle s’en moque, vraiment. Elle sait ce qu’elle vaut. Sait qu’elle n’est pas qu’une minette, pas qu’une de ces filles qui s’affichent la nuit, plus là pour racoler qu’autre chose. Elle sait. Mais si son sang reste de glace, son attention tout autant, le sang d’un autre s’échauffe, s’enflamme. Volcan dans ses veines. Elle ne peut l’arrêter, ses mots ne l’atteignent pas. Plus. Pas quand il est comme ça. Impuissante. Sentiment qu’elle hait. Impuissante, ses mains tendues dans le vide. Il est déjà parti. Impuissante. Il est parti. Nash. Vinh. Non. Non. Non ! Baozi qui manque de s’effondrer. Qui s’envole. Oiseau bancal. Elle vole hasardeuse sur les ailes de la nuit. Non. Elle court. On la laisse passer. Le choc trop soudain. Le bruit assourdissement. Non. « Fuck … Vinh ? » Et là sur ses mains le carmin d’un autre temps. Et là sur ses mains le passé qui se mêle au présent. « Vinh … Tu … » Elle ne tremble pas beaucoup Baozi. N’a pas peur de grand chose. De l’eau. De les perdre. De le perdre. Comme Nash. Et elle tremble. Proche de l’hystérie. « Vinh ?!! » Son nom au goût de cendre sur ses lèvres. Et ses mains qui n’osent se poser sur le corps abimé. Le besoin d’une réponse. Baozi comme sur un fil. Aliénation dans l’absence de mot … « S’il … fuck … please ? »