burn down the disco (junyoung)

tu n'aimes pas être pressé – tu t'entêtes à laisser ton téléphone sonné, te demandant à quel moment tes amis comprendront que ton état de retardataire chronique est pathologique, et qu'ils ne peuvent rien y faire. non seulement ça, mais tu as vraiment envie de regarder ton épisode de black mirror avant que toute ta tl se décide à te spoil. tu es déjà prêt à livetweet le choc émotionnel, blotti sous tes draps.

la cinquantaine de minutes passées à te maquiller ne doivent pas être perdues, par contre – seule raison pour laquelle tu es en train de lutter contre ton pantalon en cuir, toujours aussi inconfortable mais photogénique : tu dois sortir, si ce n'est que pour prendre de l'air et quelques photos. tu as pris ton temps avec ton look ce soir – teint lumineux, visage couvert de paillettes, blush, tâches de rousseur (tu as prétendu, pendant un quart de seconde, que tu allais faire quelque chose de discret. évidemment, tu as fini par dédier toute ta concentration, et ton temps, à ton trait d'eyeliner et aux deux points d'encre que tu as alignés sous tes yeux, accompagnant ton fard à paupières brun metallique.) c'est une routine relaxante – et tu t'appliques à l’exécuter, rajoutant méticuleusement la dernière touche de gloss pourpre, avant d'enfin daigner de commander ton uber.

ce climat n'est pas fait pour ta tenue – mais tu te dis que c'est un sacrifice qu'il faut faire, superficialité rassurante. ta blouse (col bardo, ta préférée et ton corset te gênent, face à ce froid, et tu t'empresses à appuyer sur les touches de l'ascenseur pour rejoindre tes amis, les talons de tes combat boots claquant contre le sol alors que tu t'apprêtes à sonner. la porte est ouverte, et la fête bat son plein. tu chantonnes "i'm so glad i came, but i can't wait to leave?" en guise de salutation pour rappeler à tes amis que tu n'as pas spécialement envie d’interagir avec le monde – tu te contentes de voler une bière et t'installer sur un canapé (ton canapé, maintenant), en attendant que tu sois un peu moins sobre pour d'amuser.
 

la musique est trop forte, les lumières trop aveuglante, les corps qui se frictionnent sont beaucoup trop nombreux, beaucoup trop proches les uns des autres, trop proches de lui. c'est loin d'être son élément, pourtant il s'y fond sans problème, son teint hâlé s'accordant parfaitement aux faisceaux colorés qui changent à chaque seconde. il se fraie un passage dans la foule, en salue plusieurs membres sans être sûr de les connaître –  ça ne peut pas lui faire de mal, et puis l'ambiance lui en donne envie, exile petit à petit sa timidité pour laisser place à un junyoung plus extraverti, plus confiant, plus prêt à acquérir sa place en ces lieux coûte que coûte.

il atteint enfin la raison de sa présence, parvient à hauteur de l'ami qui l'a invité et se permet de tapoter son épaule pour voler son attention aux quelques inconnus avec qui il discutait, et que jun n'hésite pas à saluer à leur tour. une étreinte brève, puis les plaisanteries commencent à être échangées, futiles et insignifiantes, sans doute comme le reste des conversations qu'il tiendra pendant la soirée. ce n'est pas grave, ça n'a pas besoin d'être important. c'est juste pour passer le temps, pour faire bonne figure.

c'est ce dont il se rassure lorsque l'hôte s'estompe, le laisse tout seul au milieu de gens déjà absorbés par leurs propres discussions. il y a toujours de quoi s'occuper pendant une fête, mais jun n'a pas encore envie de danser. ses membres sont tendus, pendant inconfortablement comme les branches d'un arbre qui a poussé quelque part où il ne devrait pas, et il lui faut énormément d'effort pour se déraciner, juste assez pour s'installer près de la table garnie de boissons et se servir un verre histoire de se délier un peu.

le gout âpre de ta bière te colle au palais – dégueulasse, lukewarm. tu reposes ta bouteille sur la table, regrettant ta décision hâtive, motivée par ton envie de fuir tes potes pendant un instant. tu prends ensuite quelque chose de plus fort – tu mélanges les couleurs, regrettant ne pas avoir comment décorer ton verre encore plus. il manque des paillettes, et tu repenses même aux tutoriels de trixie mattel qui essaye de faire des cocktails. ce sera pour un autre jour. mais la fête pas son plein, alors tu te contentes d'enfiler quelques shots avant de mélanger du jello, du jus, et un fond de tequila. ça fera l'affaire, tu supposes. tu ne sais même pas si de telles substances ont la capacité de coexister dans un même verre.

ça a toujours été ainsi, la course vers l'ébriété avant de commencer ta soirée à proprement parler. ce n'est qu'un flou rassurant, maintenant, juste des corps qui se mouvementent autour de toi, une image ralentie de personnes qui viennent et repartent de ton canapé. pour l'instant, tu es juste content que tes talons n'ont toujours pas décidé à te faire souffrir. tu trouves une consolation dans l'indifférence des autres – house party où personne ne décide de t'emmerder, groupes d'amis soudés (et soûls, surtout) que tu connais un peu trop pour tenter de pécho. alors tu te contentes de penser au bédo que tu vas rouler dans quelques instant, maintenant que ta potion improvisée est dans ton système, appréciant l'espace personnel qu'on t'accorde – pendant qu'ils s'entassent tous autour du DJ. on dirait des sims.

on dirait des sims, aussi, quand on ignore tout l'espace disponible dans le canapé pour qu'on s'installe à côté de toi, collé à toi. et un soupir, une indifférence feinte, et tu continues à préparer ton prochain verre – forcément celui qui va te déclarer incapable de fonctionner. "take this, i think you're gonna like it. cranberry pineapple rhum and gin. hopefully the dose is not gonna kill you, but you look like you need a drink" parce que tu as pris le temps de le regarder, du coins de l’œil – les traits familiers, le visage hâlé, la gorge exposée autour de laquelle il n'hésiterait pas à passer ses mains.

tu lui tends son verre, et tu te retourne tout entier vers lui, bras maintenant calé sur le haut du canapé, jambes croisées, qui touchent intentionnellement celles de junyoung. "fancy seeing you here" tu te contentes de sourire en lui offrant ton excuse pour lui parler, le verre. "been a while".

tu ne sais pas si c'est une bonne idée de s'attarder autant sur son faciès – la lumière qui émane de l'intérieur, ce que les gays de ton entourage appellerait un glowy, glazed donut of a man. toi, tu te concentres sur le contraste entre son visage et la médiocrité des autres, sa présence qui te fait sourire – la magie du verre de trop – sur les néons qui l'obscurcissent et l'illuminent à la fois. tu ne peux pas t'en empêcher.

il ignore le malaise qui prend place en lui au fur et à mesure qu'il s'aventure à l'intérieur de la demeure. son anxiété sociale qu'il a réussie à dompter continue de pointer le bout de son nez, mais pas suffisamment pour être un réel problème. il sait que ça ne durera pas, surtout quand il croise les regards ravis des gens qui le reconnaissent et le saluent, lui font rapidement la conversation sur son passage. ils sont heureux de le voir là, alors il devrait l'être aussi. ça ne l'empêche pas de se diriger vers les boissons lorsque l'hôte le laisse tout seul. jun ne sait pas où donner de la tête, trop de monde qu'il pourrait accoster et pourtant pas tellement avec qui il est certain de se sentir entièrement à l'aise en cet instant. au moins l'alcool est une valeur sûre, passage quasi indispensable de toute house party qui se respecte.

il est pourtant tout aussi confus devant le choix de liqueurs, tellement absorbé par les possibilités qu'il ne remarque pas son voisin de canapé et presque résolu à juste prendre la première chose qu'il trouve, mais beaucoup trop conscient que son estomac n'acceptera pas une décision hâtive pour le faire. heureusement, une voix vient rapidement abréger son indécision. et il se fige lorsqu'il l'entend, capable de la reconnaître même avec tout ce bruit. difficile à oublier, mielleuse et aguicheuse, comme le faciès auquel elle appartient. « oh, okay. thanks... i guess. » incertain si c'était censé être un compliment ou non. il a l'air d'avoir besoin d'un verre, c'est vrai. passée la surprise, il ne peut s'empêcher de sourire au fait que hyuk l'ait remarqué. il accueille le verre entre ses doigts et le lève légèrement en guise de remerciement, se retournant à son tour pour faire face au généreux donneur sans pour autant oser consommer la boisson – pas qu'il craigne qu'elle soit empoisonnée, il ne l'en pense pas capable et de toute façon il l'ensorcelle déjà assez.

il ne fait rien de spécial, pourtant. juste un sourire félin, des yeux qui le sont tout autant et un contact accidentel qui ne l'est pas du tout. junyoung le sait et ça lui fait de l'effet à chaque fois. mais il n'en dit rien, dérobant rapidement son regard de leurs jambes qui s'effleurent pour le reposer sur lui et lui offrir un sourire maladroit semblable à ceux qu'affichent les blancs lorsqu'on les dépasse dans la rue. « yeah. » les mots lui manquent, pas parce qu'ils ne se connaissent pas si bien que ça, junyoung a toujours eu la conversation facile. mais avec hyuk plus rien ne l'est, bizarrement. son aura est écrasante et son regard pesant, presque exigeant, comme s'il attendait quelque chose de lui. « ...ça va, sinon ? » qu'il se ridiculise, sans doute.

dancefloor auparavant scruté, jugé – bored fashion police en place, tu étais bien conscient que ce n'est pas le "petit get together" qu'on t'avait promis, mais plutôt une assemblée de personnes qui n'ont jamais vraiment été invitées, l'ami de l'ami qui juge sa présence nécessaire, tant qu'il arrive à picoler et oublier sa soirée le lendemain – non sans avoir vomi ses tripes en chemin.

le temps s'arrête déjà, maintenant que tu as junyoung devant toi.
tu aurais préféré une scène de film – quand le monde est en pause et qu'il n'y a que vous, néons ralentis pendant que vous vous regardez de deux extrémités de la salle. tu sais. il sait. tout ce que vous avez à faire, c'est rôder l'un autour de l'autre – toujours les lumières (celles des projecteurs loués, celles des réverbères dehors, celles qui émanent de vous), la musique, un heaven is a place on earth with you qui résonne dans la salle, même, les jolis mars et vénus qui se pavanent autour pendant qu'il n'y a que le vous deux, en orbite.  tu lui intimerais ton envie de danser, pour que vos corps se meuvent sur le bruit de l'électro. tu aurais préféré la simplicité de ces scénarios, la dynamique déjà dessinée, un schéma déjà fait que vous ne devez que suivre – le dénouement qui arrivera bientôt. bien meilleur que la réalité.

tu as surtout droit aux yeux surpris de junyoung qui ne s'attend pas à ta présence – comme si tu n'étais pas invité par défaut à toutes les soirées. tu as droit à la fumée étouffante du bolosse derrière vous qui essaye sa chicha, un certain herbert qui est toujours chargé des snacks. tu as droit au bruit des autres, à leur sueur, à l'invasion de ton espace personnel alors que tu préfères ta bulle avec junyoung – celle que tu préfères associer à la chaleur de l'alcool, à la mèche de cheveux qui retombe sur son front et son sourire quand il te voit. tu croises les bras sur le canapé, posant ta tête dessus. tu le regardes – plus pour l'apprécier que pour l'intimider, tu as toujours été explicite dans tes intentions avec lui, au moins. "you're gonna thank me later, no one wants to have a sober party here" tu lèves ton verre à son honneur, pour l'encourager à boire le sien – certes la couleur est étrange, mais tu pourrais presque promettre que tu n'as rien mis de dangereux là-dedans. des mauvaises intentions, peut-être.  "have some fun, library boy"

tu ne captes pas immédiatement sa question – c'est le gars derrière qui a fait tomber son assiette qui t'a distrait, pas la tête de junyoung. "'m good" tu continues à scruter la salle – si ce n'est que pour éviter qu'il t'aveugle, ou que tu te retrouves à apprendre ses traits par cœur, fébrilité de l'alcool qui te rend on edge. "didn't know that you'd show up" et c'est le genre de moments où tu te demandes si tu pourrais bien le croiser ailleurs. sobre. c'est dans ce genre de moments où tu t'imposes un rappel intérieur – que c'est un gars que tu as croisé deux fois maximum, et que tu devrais sauter le plus rapidement possible pour arrêter de le regarder avec ces heart eyes. "wanna dance ?"

montagnes russes d’émotions chaque fois qu’il s’incruste dans une de ces fêtes. d’abord l’anticipation, puis une fois l’appréhension, le malaise devant la foule et enfin, le confort lorsqu’il trouve son aise à son sein. aujourd’hui, une autre vient s’ajouter à elles : le choc. croiser hyuk est une surprise loin d’être désagréable, mais elle n’en est pas moins paralysante. il avait oublié de se préparer à cette éventualité, celle de devoir l’esquiver lui et ses avances auxquelles il n’est pas encore prêt à se laisser aller, peu importe à quel point il en a envie. jun se retrouve piégé, comme le garçon sait si bien le faire. tout ce qu’il peut faire c’est rester de marbre – autant qu’il le peut avec ses touchers nonchalants et son regard pesant – et subir, attendre qu’on vienne le sauver. ou que hyuk se lasse de lui, même si ça n’arrive jamais et il n’a pas encore compris pourquoi. peut-être parce qu’il s’amuse de sa panique chaque fois qu’il l’accoste, jun ne peut pas lui en vouloir, il doit être hilarant. et il se dit que s’il feignait la confiance et le désintérêt, ce ne serait sans doute plus divertissant, mais il n’y arrive tout bonnement pas. pas quand il lui tend un verre en le regardant comme ça, l’air de n’être venu que pour lui. il acquiesce, murmure un petit haha yeah timide avant de baisser les yeux vers le liquide coloré. il est tellement d’accord avec lui, il n’aime pas particulièrement l’alcool mais ça aide en soirée, et il donnerait tout pour ne pas être sobre, juste assez pour pouvoir se laisser chavirer sans le moindre regret. il ne l’admettra pas, cependant. pas à hyuk, ni à lui-même. ce n’est pas honnête.

ses oreilles chauffent d’un coup au surnom qu’il lui attribue et il espère sincèrement qu’il ne les verra pas rougir sous les lumières colorées. « i’ll try. » il se pince le lobe d’un geste nerveux, comme pour forcer la température à diminuer. puis il se résout enfin à prendre une gorgée. ça lui brûle la gorge, mais ça fait passer la boule qui s’y est formée en voyant le blond. « yeah, didn’t know i would either. » haussement d’épaules. il n’était pas sûr de venir, on l’a convaincu à base de y aura des gens que tu connais, ce sera bien, tu regretteras si tu viens pas. peut-être que c’est vrai, qu’il l’aurait réellement regretté. « uh, i’m not really a dancer. » ce qui ne l’empêche pas de refuser l’invitation. junyoung se sent déjà assez stupide comme ça, il en a sûrement l’air, aussi. pas la peine d’en rajouter avec ses piètres talents en danse. il n’a pas encore assez d’alcool dans le sang pour ça.

"it's okay, i'm one" à contre-coeur, presque. c'est la force de l'habitude qui l'emporte sur ta volonté, timidité soigneusement dissimulée sous une couche d'ironie et une autre de paillettes. talent accidentel que tu t’es retrouvé à obligé à développer – tes débuts s'étaient faits dans les clubs gays et les troupes musicales, un épanouissement inattendu mais pas surprenant. tu n'as jamais voulu être le garçon bien rangé duquel on voulait – alors tu n'as pas hésité à remplacer ton amis dans un de ses drags shows, cheville foulée lors d'une soirée douteuse et incapacité à continué le spectacle. découverte d'un nouveau monde – et de la pénibilité d'enlever son maquillage chaque soir, de passer bien trop d'heures en talons (qui aurait cru que tu serais capable de regarder les autres sans avoir à te mettre sur la pointe des pieds ?), de retrouver des paillettes dans ses cheveux pendant des semaines, chaque soirée rajoutant sa couche d'éclat.

c'est un petit monde frénétique qui n'a pas hésité à t'adopter, à te respecter – et pourtant différent de tes habitudes. ta notion de fête est de fusionner avec le canapé, collectionner les photos dossier – de même que des prises décentes qui finissent parfois sur instagram, clichés trendy qui t'ont permis de connaître beaucoup de personnes. c'est la même envie qui te prend à présent – désir d'immortaliser le moment, ou plutôt capturé ton centre de gravité recalibré. le décor autour de toi s'emmêle, pendant que tout devient bruit de fond ; il n'y a que ta fascination inavouée – ou plutôt, audiblement prônée sous la couverture de l'humour et l'intimidation, comme si tu savais que tout soupçon de sérieux n'allait que te faire chuter. il faut toujours impressionner junyoung, l'intimider au pire, le faire rire au mieux – tant que tu ne le regardes pas trop longtemps, que tu ne t'attardes pas sur son sourire ou ses fossettes, weak at the knees plus qu'il ne le faudrait. c'est frustrant, et l'alcool ne t'aide pas à arrêter tes pensées de toujours dévier vers lui – toi, lui, préférablement loin de là où vous êtes, pour protéger votre bulle.

"come on" en ami, du moins – peste d'une éventuelle hétérosexualité qui t'effraie, alors tu te contentes de tourner autour de pot, pour l'instant. tu as plus envie de le mettre à l'aide qu'autre chose, maladresse palpable, au point de devenir attachante (ou tout simplement tu es immensément attaché, la simple vue d'un garçon décent et grand de taille te faisant tourner la tête.) "it's as you want, but i'd love some company"

tu t'éloignes mais sans le quitter des yeux – appât pour le pousser à te suivre. tu le prends par le poignet, lui faisant signe de te rejoindre, sans pour autant le tirer ni insister. "you can't be sillier than me" tu éclates de rire en faisant une petite danse pour l'encourager. "but you can also just watch me from where you are, if you want" le sourire aux lèvres, tes gestes progressivement plus matures, s'adaptant au rythme de la musique – tu fais de ton mieux, courage liquide qui t'énergise. (tu penses brièvement à yoon, qui se moquerait de tes efforts pour some noodle looking straight guy.) tu danses avec lui, mais pas tellement – tu ne sais pas ce que tu cherches à faire, mouvements à distance en attendant qu'il daigne de te rejoindre.