daring greatly (daw)

gamine complexée, prend des heures à s'observer dans le miroir ; toujours le petit défaut, le pli étrange qui fait grincer ses dents. gamine qui refuse de quitter la chambre sans s'être parue d'artifice, sans que son visage ne soit recouvert d'une couche d'artifice. gamine plastique qui déteste l'imitation, qui rêve d'être sereine avec son reflet. gamine aux lèvres carmins, aux talons hauts trop élevés ; gamine aux expressions calculées, gamine qui n'a rien de vrai, rien d'organique. gamine qui se perd dans ses artifices, qui ne retrouve plus son chemin. Noeul qui a perdu son identité pour des traits synthétiques.

aujourd'hui encore, elle arpente les couloirs de l'olympus au son de ses talons hauts qui heurtent le bitume comme une symphonie moderne. corps chétif, à la maigreur presque dangereuse caché sous une jupe trop courte, trop longue ; une jupe qui taquine, promet à l'imaginaire les merveilles qu'elle cache sous son tissus rouge vermeille. le haut est protégé par un tissus volatile, fluide et qui laisse entrevoir sa clavicule entre les mèches chocolats. l'habit qui s'heurte au décor décontracté alors que la gamine entre dans la librairie du complexe. et ça en devient presque drôle lorsqu'elle s'arrête devant la section des livres de self-help. les titres défiles sous ses pupilles ambre : The Subtle Art of Not Giving a F*ck, How To Win Friends and Influence People, The Self-Love Experiment. la gamine se perd dans les livres, dans les résumés, si bien qu'elle en trébuche sur le plancher inégal et entraine l'étagère, ou du moins, une partie dans sa chute.

last night story

Gamin perdu. Gamin en décalage constant avec la vie. Maltraité par celle-ci, au point qu’il en soit venu à se haïr. Aucun regard dans le miroir. Impossibilité à se regarder dans les yeux. Sans éprouver du dégoût, de la pitié pour sa propre personne. Impossible de s’aimer un minimum. Daw celui laissé pour compte à l’arrière. Daw abandonné. Daw qui regrette déjà d’avoir osé manger un peu. Miroir déformé, il regarde ses cuisses avec dégout., regard son corps filandreux avec une haine certaine. Besoin de se faire le plus petit possible, de disparaître. Toujours trop imposant, trop visible pour ce monde. Daw qui finit par jeter la moitié de cette barre de céréales dans la poubelle, de l’eau pour rincer le goût. De l’eau pour rincer son corps de l’immondice de la nourriture. Daw qui essaye pourtant. De redevenir normal, de pouvoir manger sans complexer. De pouvoir se regarder dans le miroir et de sourire parce qu’il est en vie. Mais il n’y arrive pas. Alors Daw il se cache. Chemise boutonnée jusqu’au col, pour cacher la cicatrice de son cou. Cardigan ample par dessus. Jean dans lequel il flotte, retenu au niveau de ses hanches. Et regard assassin sur ses cuisses que l’on voit par les lacérations du tissu. Daw il préfère ne plus y penser. Préfère se perdre dans ses histoires. Où il y a toujours un héro, et où ça finit bien. Pas comme la sienne d’histoire. Pourtant il finit par poser son livre, son regard se posant sur les nouveautés à ranger. Quelques livres dans ses bras, dont certains au titre qui le font sourire tristement, How to love yourself, et il s’éloigne dans les sections du fond. Juste à temps au final. Assez pour lâcher ses livres et retenir la bibliothèque. Assez pour s’inquiéter de la demoiselle au sol. Main abimée qu’il tend avec hésitation. Traces de son anorexie, traces de son passé que se mêlent. Main brisée, reste d’un temps où il aurait pu être pianiste. « Est-ce que ça va ? » Ton satiné, murmure, il n’est pas de ceux qui élèvent la voix. Non, ça fait bien longtemps que les seuls éclats qui passent ses lèvres ne sont que des sanglots.

last night story

Gamine qui s’attend finir à l’hôpital, qui voit déjà les factures envoyés à ses parents. Gamine qui espère une seconde ne pas y survivre pour ne pas avoir à vivre avec la culpabilité de leur perte. Gamine qui ouvre les yeux pour se rendre compte qu’elle a rien, que la bibliothèque ne l’a même pas touché. Qui soupire de soulagement avant de sursauter quand on lui tend la main. Noeul elle s’attendait pas à voir quelqu’un, s’attendait pas à ce que quelqu’un la sauve d’une tragédie au fin fond de la librairie, dans les sections abandonnés que seules les âmes abimés côtoyaient. « Oh mon dieu, je suis tellement désolée. » Et elle se confond en excuse, les joues cramoisies par la gêne, couleur qui transparait à peine à travers la couche de maquillage épaisse. Elle saisit la main osseuse dans sa hâte de se relever, et comprend tout de suite que quelque chose cloche. Leur regard se croise, et l’enfant ressent une connexion. Ressent aussi de la compassion, une sorte de parenté malsaine. « Oui ça va, grâce à vous. » Poupée qui replace ses vêtements, qui remet en place ses artifices. « Je vais les ramasser. Je suis désolée encore. Ah et s’il y en a de brisés, je vais les payer. » Et elle s’accroupit pour récupérer les tomes abandonnés, espère qu’ils n’y en a pas de brisés, son budget qui ne saurait payer pour tous les dégâts malgré toute sa bonne volonté.

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On lui fait confiance. Le mot encore âpre entre ses lèvres, incrédule quant à cette réalité. Confiance. Il ne sait pas pourquoi. Mais son patron le laisse souvent seul entre les livres. La caisse à ses soins également. L’assurance qu’il ne volera pas. L’assurance aussi qu’il devra se débrouiller. C’est plus dur ça. Pourtant il fait avec. Bredouille les prix, tend des mains hésitantes pour attraper les billets. Voix maladroite pour conseiller. Il fait de son mieux Daw. Toujours. Il essaye tout du moins. Et il est soulagé. Au fond. Tellement. D’être arrivé à temps. De l’avoir retenue cette étagère. Accident qu’il a pu éviter. Soulagement de voir que la jeune femme semble aller bien. Cœur qui bat la chamade. Main osseuse, hésitante qu’il tend. Pour l’aider à la relever. Sourire timide quant à ses excuses, il voudrait lui dire que ce n’est pas grave. Grimace à peine quand elle serre un peu trop fort sa main lorsqu’elle se remet sur ses jambes. « Ah … Ce n’est rien. » Sa main qui retourne se cacher dans le confort de ses manches avant qu’il ne finisse accroupi à son tour pour l’aider à ramasser les livres tombés, les déposant sur le chariot fait pour. « Non ce n’est pas grave … Tant que vous n’avez rien. » Paroles hésitantes. Murmures cassés. Il n’est pas social Daw. Ne sait pas comment s’y prendre. Sourit presque amèrement quand il attrape un livre au titre plus qu’évocateur de sa situation. Social Phobia. Ironie violente. « Je vais ranger … Ne vous … inquiétez pas. » Livres ramassés, amassés, il tangue en se relevant. Corps trop maigre pour le soutenir comme il faudrait. Mais il fait comme si de rien. Gestes maladroits tandis qu’il commence à ranger les livres. Leur classement connu comme une mélodie douce. Partition qu’il connaît par cœur. « Vous cherchiez un livre en particulier ? » Mal à l’aise. Il demande quand même. Essaye de faire son job. Comme il peut.

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