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Trois grandes sœurs peuvent être un calvaire ou une bénédiction. Dans ton cas, la seconde option est la réponse, n’ayant jamais vécu les grandes querelles traditionnelles avec celles-ci. Elles t’ont trainé sur la glace dès que les parents ont confirmé que tes petites jambes étaient aptes à vivre l’expérience. Dans la famille, le patinage est une activité fétiche, un plaisir peu camouflé. Tu as fini par avoir des cours de patinage artistique en couple avec ta plus jeune sœur, celle la plus près de ton âge. Des années à frôler la glace pour le plaisir, jamais en compétition pour ne pas ruiner l’activité, pour ne pas transformer un loisir en source de stress. Chacune de tes relations avec ta fratrie est précieuse et unique. La plus âgée s’affectionne de combler ta garde-robe de ses trouvailles parce que l’homme qui partage sa vie n’est pas intéressé par ce qu’elle trouve jolie du côté des hommes. Tu ne le comprendras jamais, adorant chaque morceau qu’elle vient déposer chez toi en échange de petites pâtisseries. Plus besoin d’arpenter les boutiques, l’une des plus belles femmes de ta vie le fait déjà depuis belle lurette. L’autre te ressemble davantage par ses tendances à trop vite devenir obsédée par les nouvelles tendances ou par une nouveauté qui lui passe sous le nez. Pas une journée ne s’écoule sans quelques messages échangés, parfois même pour n’envoyer que des images ridicules trouvées sur internet. Une simplicité, une complicité cinématographique, finissant ensemble dans les sièges inconfortables du cinéma dès qu’un film intéressant sort à l’affiche.

Puis, il y a ton frère. Le dernier de la famille, celui envers qui tu nourris des attentes plus élevées que celles pour toi-même. C’est ton bébé à peine plus jeune, quelques années ignorées. Vous êtes plus distant, mais ça ne brime pas les conversations de couler librement lorsque vos routes se croisent. Tu essaies tant bien que mal de ne pas envahir sa vie malgré tes craintes immenses qu’il en vienne à commettre les mêmes idioties que toi.

L'alcoolisme n’apparaît pas du jour au lendemain comme une évidence marquée que l'on peut désigner de l'index en toute aisance. Il agit comme un poison venimeux dont les effets s’agrippent à la peau dans l’insouciance de l’hôte. Le problème se faufile, se développe, prend de l’ampleur avec le temps, avec la tranquillité de la mer qui dort. Les vagues de ses conséquences montent de plus en plus haut sur le rivage avant que le raz-de-marée ne soit aperçu à la dernière minute. Il n’y a pas d’âge pour vivre une addiction aux boissons alcoolisés. Il n’est jamais trop tôt pour qu’elles te fassent chavirer de personnalité, pour qu’elles aiguisent ta paranoïa et ta mauvaise humeur. Tu es si jeune, à peine dix-huit ans et une adorable relation avec un type d’une année ton cadet puisque tu as une petite préférence pour être le plus vieux dans un couple. Pourtant tu fais tout foirer, jour après jour. Sa patience se fait mince, inexistante, jusqu’à se rompre quand tu admets avoir commis un faux-pas dans un bar la veille. Un simple baiser, rien de grave que tu te dis, mais tu n’as pas la chance de t’expliquer. Il ne te laisse pas formuler un mot de plus, pas d’excuses cette fois-ci. Il part avec ses effets personnels sous le bras sans un regard tandis que tu restes planté au beau milieu du salon avec tes cheveux en bataille et l’haleine encore empreinte des effluves de l’alcool.

Lui courir après ne servirait à rien. À quoi bon quand demain tu auras oublié? Mémoire courte, sentiments engourdis par l’amante alcoolisée jusqu’à comprendre toi-même que ce n’est pas la solution. Massacrer ta vie ne te fera pas avancer. Ton amour de l’alcool fort ne t’aidera pas à réaliser tes rêves de grandeur, mais c’est un amant puissant. Il n’est pas simple de s’en départir. Il connait ton nom, mieux que quiconque. Il te faut du temps, de l’aide aussi. Tu trébuches à deux reprises avant de te relever, un processus difficile. La rechute est alléchante quand ton regard croise les bouteilles aux étiquettes séduisantes, sauf qu’il te faut détourner la tête et poursuivre ton chemin. Il te faut ignorer les courbes du verre pour mieux continuer dans une lutte constante qui ne s’achèvera jamais parce que tu ne veux pas retourner dans le trou dont il t’a fallu trop longtemps pour t’en sortir.

Doigts souillés d’huile, la crasse qui se faufile sous les ongles dans une répétition quotidienne confortable. Routine instaurée, tranquillité d’esprit presque totale si ce n’est de cette petite voix qui appel à sortir de la zone de confort. Plus. Tu veux plus que cette petite vie banale à réparer les voitures qui défilent dans le garage. Malgré ton petit bonheur similaire de jour en jour, cette vie n’est pas suffisante. L’insatisfaction tire aux quatre coins de tes songes quand tu rentres du travail t’installer dans le canapé avec tes chats devant un film aux couleurs absentes. Il y a comme un manque qui se creuse au fond de ton être, te poussant à pianoter davantage sur ton téléphone que de porter attention à la télévision. Des recherches se font, des coups de fil sont échangés avec ta famille pour récolter les opinions et tu finis par te lancer dans le projet. C’est un sentiment étrange de reprendre la vie étudiante, de redécouvrir le monde des études, mais cette vie enflamme cette partie affamée en toi qui se mourrait d’un quotidien plus stimulant. Alors, tu jongles. Le boulot, les études et les passe-temps s’emboitent plutôt bien en raison de tes heures de sommeil minimalistes.