gasoline (( taeho ))

allongé dans son lit, il repense parfois à la sensation de ses lèvres. leur baiser avait été humide, l'eau ne s'abstenant pas de couler. namgi ne se souvenait pas de la nuit qui avait précédé ce chaos. le lendemain quant à lui, avait laissé des traces. cet accident en était la plus manifeste. après un réveil à ses côtés, des mots incompréhensibles - ce baiser avait été le clos du spectacle. l'inattendu. et cette rencontre de leurs lippes avait surpris namgi. elle ne l'avait pourtant pas autant dégoûté qu'il ne l'aurait voulu. sensation étrange qui avait parcouru son être. malgré toute la haine, la rancœur qu'il avait pour taeho - peut-être qu'une part de lui avait apprécié les pulpeuses lippes contre les siennes. (( non, non )) impossible. namgi ferme les yeux.

cela fait déjà deux semaines que taeho est parti et il n'est toujours pas revenu, abandonnant même son chat à l'occasion. namgi s'était retrouvé avec black clover et mystigris pour seule compagnie, perdu dans cet appartement qui lui semblait trop vide à certains moments. trop silencieux. ses yeux s'ouvrent à nouveau, il attrape son portable. sans penser, ses doigts tapent. "tu rentres quand ?" il ne dira rien de plus, a de quoi mentir si taeho le questionne. mais cela n'arrivera pas. namgi n'a pour seule réponse qu'un 'vu'. ses yeux se ferment d'agacement, ses paupières closes ne pensent qu'à demain. il ira lui parler.

(( snu tigers ))

réponse inexistante, aucun message. mais taeho avait lu, il avait simplement choisi de ne pas répondre. immature, avait pensé namgi mais il n'était pas un exemple. l'entraînement serait l'occasion de lui demander de vive voix. namgi et taeho s'étaient évités sans encombre pendant plus de deux semaines. ils ne s'étaient offerts qu'ignorance et silence; namgi haïssant l'image du garçon car celle-ci le ramenait indéniablement à ce baiser. taeho, pour des raisons qu'il ignorait. toujours était-il que namgi détestait devoir faire le premier pas. il allait pourtant briser la glace, taeho ne lui laissant aucun autre choix.

il s'approche de l'autre, le cherche du regard. « moon taeho. » le ton sec, il fait un pas de plus. se sent trop proche, trop près de lui mais qu'importe. « je sais que tu as vu mon message.» fait énuméré, question qu'il peut poser. « quand est-ce que tu reviens ? » ses yeux s'ancrent dans ceux de taeho. il devrait se taire mais ne le fera pas. « c'est si dur de répondre à un message ? » pour une fois qu'il veut l'entendre.

@moon taeho

last night story

bien souvent il revoit sous ses paupières closes, la nuit, ses lèvres encore tièdes, son souffle ardent, et le fiel de ses yeux, cet âpre enfer, où il pourrait se désagréger lentement avec extase. maintes fois, il a retracé cette histoire évocatoire aux contours effacés; elle va et vient à n’en plus finir; sans cesse, elle se rappelle à son souvenir, au détour d’un mot, au fond d’un regard, au coin d’un sourire; puis, le passé surgit par surprise, le prend en otage, faisant de son présent un quotidien monotone. ⊏namgi⊐: il a besoin de sa chaleur, de sentir sa présence, le voir, tout simplement, mais de regrets plein la tête il annihilait ses envies.

pendant deux semaines, taeho avait joué la carte de l'indifférence, muselant ses sentiments à l'égard de cet être divin autrefois adoré; et de jours en jours, le temps avait flétri sa joie, laissant comme derniers vestiges à ce coeur profondément blessé, des rêves dissipés, tristes et désenchantés. mais aujourd'hui, il lui était impossible de fuir, d'ignorer l’éclat de ses yeux où reflétait sa prunelle d'une chaste étincelle. il lui était surtout difficile de mettre des mots sur ses humeurs si mobiles alors que son coeur était si changeant de désirs sans cesse voltigeants. alors quand namgi vint le retrouver, disant, d’ailleurs d’un ton charmant, des choses absurdes, vraiment, il ne sut quoi répondre, ni quoi faire.

jusqu’au crépuscule de l’impatience, réitérant le carrousel sempiternel, taeho ne prononça pas un mot. il n'y eut que le silence, et de longs regrets suivirent. au fond de lui, taeho brûlait d'envie d'alléger sa peine, la plainte et le sang en sa bouche. mais pour quoi faire ? namgi ne pouvait comprendre... tout ce qui l'intéresse, c'est lui et rien d'autre. alors, au diable les convenances ! au diable l'hypocrisie ! c'est l'heure, l'heure d'être honnête avec soi-même.

« je ne voulais pas te répondre ! t'es pourtant pas stupide. maintenant lâche-moi ! » crache-t-il, la voix menaçante, le geste violent et le regard fuyant. « mais tais-toi ! tais-toi » agacé, tel un gamin capricieux, à longs bras brutaux, il poussa sa seule raison de vivre.

(le ciel sur lui est tombé
et la lumière s'est éteinte
enfin, la colère se tue)

au bord du précipice, son regard se fixa sur sa silhouette abimée qui, en l'espace de quelques secondes, avait retrouvé le sol. « merde ! namgi ! je suis... » un pas en avant, trois pas en arrière. il n’est pas trop tard pour bien faire. non, il n’est pas trop tard…

@im namgi

last night story

taeho l'agace, l'énerve et cela n'a pas changé malgré les années. pourtant, il n'a pu s'empêcher de se demander où il était. ce qu'il faisait, avec qui il traînait. (s'il allait bien) peut-être que namgi s'est involontairement habitué à lui. à ses grands yeux curieux, à ses sourires enfantins et à son incroyable talent pour l'ennuyer. l'irriter au plus profond de lui-même. taeho s'était imprégné dans le tableau, incrusté dans le paysage. et namgi n'avait pu que le regarder faire, les yeux plein de dédain mais aussi d'envie. de jalousie puisque taeho l'avait toujours surpassé, l'avait écrasé de ses talents et réussites. il détestait ça. se retrouver à lui courir après parce que monsieur ne daignai pas répondre à son message, ni à sa question. il est tout de même surpris de l'honnêteté de taeho, de ses mots violents et peu habituels. d'ordinaire, c'est lui qui crache son venin. « et pourquoi ça ? j'ai absolument rien fait. ». mensonge, mauvaise foi palpable. namgi l'avait tout de même violemment repoussé, laissé comme un malheureux sous cette eau coulante qui ne symboliserait que des larmes. taeho fuit son regard, namgi ne baisse pourtant pas les yeux. il persiste à chercher un semblant de réponse, de logique à ce comportement étrange. que se passe t-il dans la tête de taeho. pour la première fois, il désirait le savoir. sauf que cette curiosité lui porte malheur. à trop insister, taeho explose. lui dit de se taire mais ce n'est rien comparé à ses mains qui le poussent. choc; namgi ne comprend pas ce qui lui arrive. son corps vacille, cède à la force de taeho pour se claquer pour le sol. pour s'écraser et laisser entendre un craquement suivi d'un gémissement de douleur que namgi ne se sent pas même laisser échapper.

son regard fier n'est qu'un vestige du passé. il réalise ce qui s'est passé et la douleur s'intensifie. ses doigts cherchent sa cheville, c'est elle qui lui cause toute cette horrible sensation. mais tout cela n'est pas que sa faute. c'est celle de taeho, taeho qui en un instant est à son chevet. le bras de namgi attrape le sien, le compresse de toutes ses forces. il a mal. « emmène-moi à l'infirmerie. »

« s'il te plaît. » des mots qu'il n'a pas l'habitude de prononcer mais là, c'est différent. de son piédestal, il s'est effondré. a chuté jusqu'aux enfers où il n'y a que le garçon à ses côtés. ses yeux implorent taeho de l'aider, il n'a pas le temps de lui offrir une facette plus froide. le choc de la chute semble s'être un peu diminué mais la douleur reste vive, brûlante. il n'aurait jamais du lui parler.


@moon taeho

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