wanna feel alive (daw)

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Ses doigts effleurent les sombres pétales d’une rose à l’agonie, sa couleur ternie et son allure courbée ne la rendent pas moins somptueuse même si aux yeux de beaucoup, elle sera ignorée. Elle n’est pas en rang avec les autres et sûrement que d’ici un jour ou deux, on l’aura séparé de ses sœurs pour sa différence mal acceptée, là où tout est question d’éthique et de beauté, sous des critères surcotés. Les premiers rayons du soleil percent le ciel en cette heure matinale, ils viennent réchauffer sa peau déjà trop sombre, témoignage de sa vie passée dehors et il s’excuse auprès de cette rose, pour ses caresses sûrement trop rêches et de ses mains calleuses et bruts – si peu de douceur à transmettre qu’il en oublie toujours les gestes, mais ilhoon les lui réapprend, petit à petit. Il n’y a personne dans les environs, ce n’est même pas une heure pour aller bosser comme l’aube se lève à peine. L’automne approche et les matins deviennent plus frais, alors il porte un grand sweat dans lequel il flotte, mais c’est pour mieux y enfouir son visage quand un frisson le traverse. il est toujours arrêté devant la rose abîmée. « que t’est-il arrivé ? » il voudrait l’aider à se tenir droite à nouveau, mais il ne ferait que la fragiliser et la forcer à se briser plus vite, hors c’est tout ce qu’il veut éviter. Il s’accroupit devant la belle à l’air triste, ses traits un peu malmenés et il se demande qui a bien pu la manipuler avec si peu d’amour et de tendresse – les fleurs en demandent aussi. il se croyait seul et pensait le rester jusqu’à ce que ses sens trop aiguisés le fassent se retourner. Une silhouette se tient face à lui, le regard distant et effaré car, peut-être que lui aussi, ne pensait trouver personne ici. Huifan ne dit rien les premières secondes parce qu’il ne fait que poser les yeux sur lui sans le regarder, puis il prend appui sur ses cuisses pour se relever et jauger un peu mieux son élément perturbateur. Et il penche la tête sur le côté quand il plonge à nouveau dans ces grands yeux qui l’évitent et plus que son regard, c’est désormais sa silhouette qui tente de fuir sa présence et ce sont peut-être les cheveux qui l’ont troublé, mais il ne peut pas se tromper. « toi ? » c’est peut-être la fatigue ou un rêve trop réaliste, ou ses regrets profonds qui ressurgissent face à tout ce qui lui ressemble. « un type qui se teint en rose… ne pouvait vraiment pas survivre là-bas. » cliché volontaire pour le faire réagir, espérer une réaction qui lui confirmerait sa réelle présence. Est-ce un étranger sur qui il met son visage ou est-ce bien daw, qui se tient devant lui ? la même allure courbée que cette rose maltraitée. Il la quitte pour s’avancer de plusieurs pas assurés et ne s’arrête qu’une fois devant l’homme reconnu, les yeux levés vers les siens et toujours cette dignité blessée de le savoir si grand – et cette tristesse sincère de le voir la renier. « tu ne dois pas être heureux de me revoir, mais je le suis. » il n’y a pas un sourire pourtant, juste une compassion honnête dans ses yeux sombres. « de te savoir en vie. » et si la surprise était réelle en le voyant, il n’en a pas montré une once non plus. Daw n’a pas changé, malgré ses efforts apparents, il a toujours le même regard et la même odeur – du garçon trop fragile, brisé et marqué à jamais par son passé. Il ne s’éloigne pas et continue de le fixer, sans rien attendre ou peut-être que si, un mot ou un signe, mais il ne lui en voudrait pas de l’avoir oublié – du moins, de le vouloir, pour recommencer sans qu’un fantôme de son passé vienne le hanter. Cruel huifan, de ne pas l’avoir ignoré.

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C’est des cauchemars qui le hantent. Comme des fantômes attachés, il n’arrive plus vraiment à dormir Daw. Fini toujours par se caler dans un coin de son appartement, suite, trop grand, entouré de sa couette, de la musique dans ses oreilles et l’espoir vain de penser à autre chose. Il ne dort plus. Trop de souffrance. Il ne dort plus, la peur d’être encore plus vulnérable qu’il ne l’est déjà. Mais même ici dans la sécurité de Séoul, il regarde toujours derrière son épaule quand il sort. Capuche rabaissée sur son visage, démarche rapide, il est de ceux qui longent les murs. Il se veut invisible Daw. Même dans ce complexe immobilier. Il avait appelé depuis Busan, inquiet. Demandant un appartement, se rappelant que c’était là que vivait Chulhei. Il avait eu la boule au ventre en arrivant, la crainte de devoir partager son quotidien avec des inconnus. La crainte proche de la crise, angoisse sourde qui le prenait à la gorge. Mais c’était un hôtel particulier qui l’avait accueilli. Suite personnelle, et personne avec qui partager ce trop grand espace. Lui et la solitude comme de vieux amants. Mais la panique était toujours là pour occuper ses nuits. Ses souvenirs aussi. Alors dès l’aube, il était déjà levé Daw. Toutes les lumières de l’appartement allumées, et lui en plein milieu. L’air perdu. L’impression qu’il ne survivra pas à la journée. C’est dur de vivre. Bien plus qu’on ne le croit. Surtout quand on a passé ses dernières années à survivre. Il essaye pourtant. S’acharne. Il s’est même trouvé un emploi à la librairie. Alors qu’il n’en avait pas vraiment besoin. Le patron qui l’avait pris en pitié à force de le voir trainer entre les étagères, pas prêt de sortir de son royaume de livres. C’est un pas en avant déjà. La volonté de sortir de cet univers qui l’a laissé au bord de la rupture, si ce n’est brisé. Mais les nuits tranquilles ne sont pas encore de ces choses auxquelles Daw peut aspirer, et sans surprise alors qu’il est tôt, il cherche le confort et la solitude. Il s’est même décidé à sortir, conscient qu’il ne verrait personne vu l’heure matinale. Et il s’est perdu dans les roses le métisse, recroquevillé sur un banc au début un livre dans les mains, il s’était fait oublier du monde. Mais comme toujours le monde avait fini par le rattraper. Et Daw qui s’était assoupi sur le banc s’était réveillé en sursaut, sueur le long de sa nuque, et  la certitude qu’il n’était plus seul. Pas du genre à confronter les problèmes, il avait voulu s’enfuir, retrouver la sécurité fugace de sa chambre. Mais la vie était joueuse, cruelle. Et un fragment de son passé se tenait également dans le jardin des roses. Souvenirs qui le hantent, tandis que ses yeux s’agrandissent. Souvenirs qui le terrifient, le paralysent tandis que son regard plonge dans celui de cet autre. Huifan. Sauveur, bourreau, il n’en savait trop rien. Responsable pourtant de cette écharpe qu’il portait souvent autour de son cou, surtout quand il n’avait pas le courage de cacher cette cicatrice qui marrait sa gorge. Comme aujourd’hui. Et c’est nerveusement qu’il baisse les yeux. Parce qu’on ne lui a pas appris à les lever. Non. On lui a vite appris qu’il était inférieur aux autres, et que ses yeux ne devraient même pas quitter le sol. Et il se veut fuyant, ses jambes dotées d’une volonté propre, qui reculent, reculent, mais derrière il n’y a rien, si ce n’est un mur. Fuite vaine. Et l’interpellation qui le bloque. Fait tressauter ses épaules. Remarque sur ses cheveux roses tandis que ses doigts cherchent vainement à rabaisser sa capuche, à la remettre en place, elle qui avait glissé quand il s’était endormi. « Je suis désolé … » murmure affolé, brusqué tandis que l’air se bat avec les mots pour sortir de sa gorge. « Je vais … disparaître et … et ? » Et il y a une intonation de surprise dans sa voix, sa main qui se bloque sur le tissu qui lui mange le visage, l’autre serrée en un petit poing dans sa manche. « Hae-shi … » Et il ose. Tête basse vraiment, son corps qui se recroqueville en une mauvaise habitude. Il ose. Prononcer le nom de l’homme. De celui qui venait parfois le voir sous couvert d’histoires. Celui qui pourtant faisait parti du gang, clan, adverse, attisant leur colère et devenant parfois sans le savoir, responsable de nouveaux hématomes sur la peau de Daw. « Busan ? » Le nom de la ville comme un murmure, comme une angoisse sourde, soulagé pourtant que ce garçon pas si mauvais s’en soit sorti aussi.

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Il y a des silences qui en disent plus que les mots. Il ne se sent ni oppresseur ni coupable, pourtant la confusion se lit dans les gestes du garçon, de ses yeux capitulant face aux siens jusqu’à sa façon de se tenir, inchangée. toujours la même peur et les mêmes tourments. Pauvre ange aux ailes brisées, qui ne sait plus comment s'envoler, condamné à rester sur terre et subir la cruauté humaine à l’état brut. il se souvient huifan, un peu trop bien. il se souvient du rouge qui habillait sa gorge, des éclats rosés dans ses cheveux pâles et lui, juste lui, le corps étiolé et le regard suppliant – effrayé avant de s’éteindre sous le choc de ses blessures. daw n’a jamais été un loup drapé en agneau, alors comment a-t-on pu blesser une personne comme lui ? comment a-t-on pu le briser de cette façon ? mais il s’adresse à lui-même aussi, dans cette minute de blâme – comment a-t-il pu le laisser souffrir aux mains de ces monstres ? il en est un aussi, un loup solitaire, mais un des leurs malgré tout. « disparaître ? tu ne m’as jamais dérangé, arrête ça. » daw le frustre toujours plus lorsqu’il s’excuse pour rien, mais il ne lève pas le ton, au contraire. Il baisse les yeux sur l’écharpe qui orne son cou, une chaleur familière qui l’envahit et ses lèvres qui s’étirent doucement, incertaines. « daw. » encouragé par l’entente de son nom, il ose attraper un pan d’écharpe entre ses doigts. daw l’a gardé et il ne sait pas bien pourquoi tant il a l’air mitigé par sa présence, mais il trouve ça mignon. « c’est moi, qui suis désolé. » d’avoir été plus égoïste que réfléchi et ne pas lui avoir facilité la vie, désolé de ne pas l’avoir arraché lui-même des griffes de ses bourreaux, de ne pas l’avoir sauvé alors qu’aujourd’hui, face à lui, son cœur s’alourdit. Il est heureux de le revoir en vie, mais il est triste aussi, si triste… de le voir ainsi. il lui tourne le dos et retourne auprès de la rose abîmée qui indéniablement, lui rappelait quelqu’un sans même s’en douter, jusqu’à maintenant. il caresse la fleur et la cache un peu mieux au milieu des autres pour la préserver des mains brutes qui voudraient l’arracher. « je suis parti. et toi ? combien de temps ça t’a pris, pour comprendre ? pour t’enfuir ? » il est un peu plus injuste à présent dans ses mots comme sa façon de les prononcer, comme s’il l’accusait de n’être parti que maintenant. Il le sait, parce qu’il le voyait encore à busan l’année dernière. Alors que ce soit le mois dernier ou aujourd’hui, daw est parti trop tard. « regarde-toi, tu n’as pas changé. » non, il n’a pas changé à son grand dam. une beauté chaste qui l'a toujours un peu troublé, il est toujours aussi réservé et fragile au point de vouloir le prendre dans ses bras et l’y garder, lui qui a l’air si perdu. et son regard un peu plus fané, dans lequel il aimerait pourtant voir un feu d’artifices coloré. « viens ici. » dit-il doucement en tendant une main dans le vide, ses yeux toujours à la recherche des siens, mais le sourire de nouveau présent sur ses lèvres. il manque de tact, mais ses intentions ne sont pas mauvaises, il ne sait juste pas gérer ses maladresses. « tu aimes les roses ? celle-ci  te ressemble, je peux l’appeler dawn ? » il se mord la lèvre d’être si peu doué pour mettre les gens à l’aise, parce que la dernière chose qu’il voudrait maintenant, c’est le voir prendre la fuite.

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Y a des silences chez Daw. Trop. Des frayeurs aussi. Le corps qui tremble. Le corps qui se recroqueville, les jambes qui reculent. Il y a cet instinct de survie chez lui aussi. Vital. Celui qui l’a fait survivre. Presque animal. Celui qui lui a appris à ne plus montrer les dents quand on le cogne. Celui qui lui a appris à pleurer en silence. À devenir invisible. Alors forcément. Quand on le trouve. Il s’agite. S’excuse, parle de disparaître. Impression constante de déranger. Même quand on lui dit le contraire. Parce dans la voix de Huifan, y’a des intonations. D’agacement. De frustration. Et vraiment même s’il prétend le contraire, Daw il sait bien. Qu’il dérange. Le gamin dont on a jamais vraiment voulu. Celui qui n’a pas vraiment sa place quelque part. Alors il baisse la tête, une de ses mains sur son écharpe, l’envie de disparaître derrière. Il secoue même la tête aux excuses de Huifan. Hae Huifan, figure d’un monde qu’il a fuit. Loup. Les crocs acérés. Loup. De ceux qui réussissent dans le monde des ombres. De ceux qui brillent dans les ténèbres. Bien différent de lui. Curiosité pourtant. Timide. Fragile. Des éclats de vie qui ne lui collent pas tandis qu’il questionne. Le moins de mot possible. Pour être sûr de ne pas faire un pas de travers. Busan. Lieu maudit. Busan et ses rues sombres. Busan et ses nuits agités. Busan invivable. Et de l’injustice. Des attaques dans les mots du garçon, tandis qu’il se laisse tomber accroupi au sol, visage derrière ses genoux, cette capacité triste à se faire petit, ridicule, dans un coin. L’envie de lui dire qu’il pensait y mourir à Busan. Qu’il n’avait rien pour s’enfuir. Et pourtant. À genoux devant de son père. À genoux pour un peu d’attention. Des billets lancés devant lui. La demande implicite qu’il quitte Busan. Compte en banque rempli, mais pour quoi faire ? Séoul comme un monde inconnu. L’impression qu’on finira de le briser ici. L’impression d’avoir laissé son âme quelque part dans un hangar sur les berges du port. Non il n’avait pas changé. Toujours le même. Ce bon vieux Daw. Gamin détruit, le miroir en horreur, des cicatrices partout sur le corps, l’impression qu’il attend juste la mort comme une amie. Juste une étincelle ou deux d’espoir dans ses yeux. Qui se fanent facilement, mais auxquelles il s’accroche. Daw gamin foutu par la vie. Daw qui tremble quand il entend l’ordre, force ses jambes à bouger, se relève difficilement. Finit même par s’approcher. Il ne désobéit pas Daw. Jamais. Il a appris ce que ça faisait de refuser. Mal. Trop mal. Alors il s’approche, finit par s’agenouiller à côté du garçon, le regard sur ses genoux, sur ses mains qui se tordent, liées. « Elles sont belles. » Les roses. Tellement. Forte. Elles ne se brisent pas. Elles brisent les autres. Daw il n’a pas l’air d’une fleur, même si Huifan veut donner son nom, surnom à l’une d’elles. Elle a l’air cabossé. Un peu. Elle s’est battue contre le monde. Vaillante. « Elle mérite mieux. » Que son nom. Elle mérite mieux qu’une destinée qui se finira dans le mur. Même pas d’alléluias en échos. Elle mérite bien mieux. Tellement mieux. « Je voulais vous la rendre … » Et y’a ses doigts tremblants qui tirent sur l’écharpe. Y’a ses doigts abimés, brisés, qui n’ont jamais été soignés comme il le fallait qui tire sur le tissu, le font tomber sur ses genoux. Gorge découverte. Cicatrice sur le devant de sa gorge offerte à la vue. Symbole de leur rencontre. Et sa main tremblante, qui tend le tissu en direction du garçon à ses côtés, sans jamais le regarder. Non. Les yeux sont les miroirs de l’âme. Et la sienne est morte. Ses yeux sont ternes.  

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il le remarque, recroquevillé là, mais il ne fait fi de rien. il torture sa lippe en regrettant le poids de ses mots, mais il lui en veut et ça, il ne peut pas se le nier. il lui en veut à ce jeune, de s’être laissé happer par ce monde cruel, mais il se doute bien… qu’il ne l’a pas fait par choix. s’est-il sacrifié pour quelqu’un ? un frère, une sœur ? alors il lui demande de venir vers lui, pour ne pas le laisser seul avec lui-même. pour tenter de l’approcher autrement et mieux s’y prendre à présent. tous deux ailleurs, mais guère différents. il se sent pourtant plus près de lui aujourd’hui, plus apte à lui tenir compagnie sans lui porter atteinte, sans culpabiliser ensuite et il espère, sincèrement, qu’il aura une vie plus jolie ici. « mieux ? non, non. tu vaux plus que tu ne le penses. » tristesse dans sa voix, le regret de ne pas savoir trouver les bons mots, de ne pas le mettre à l’aise et il est sur le point de tendre sa main vers lui quand il le voit triturer son écharpe, la dénouer lentement et finalement, le brun s’abstient. il l’observe en silence et le laisse parler, les sourcils légèrement froncés. est-il déçu ou blessé ? le vouvoiement, la distance, les mains tremblantes et le regard fuyant lui compressent la poitrine, comme un coup en plein cœur. la sensation d’avoir échoué, d’avoir été un monstre aussi, d’avoir raté quelque chose même s’il le comprend mieux que quiconque. il n’a pas été à sa place pour le réaliser vraiment, mais il en sait assez pour voir à travers ses yeux et deviner tout ce qui le bouscule tant, à l’intérieur. daw se tient comme un subordonné face à son chef et c’est brisant, ce n’est pas acceptable non plus. il récupère l’écharpe et s’agenouille aussi, mais face au plus grand. « hey, tu peux me regarder. » voix douce, à la limite du murmure, une main sur sa peau délicate et il tourne son visage vers lui sans forcer. « tu peux m’appeler huifan, aussi. tu peux me tutoyer, ne plus me voir comme un étranger… s’il te plait. » fini les semblants d’ordre et sa maladresse, sa fierté passe après avec daw et c’est troublant, mais c’est ainsi. l’écharpe l’a fait réagir et s’il laisse passer ça, le garçon s’éloignera et il aura tout gâché. « je ne suis pas supérieur à toi, tu sais ? personne ne l’est. » il glisse son pouce sur la cicatrice dévoilée et s’égare sur son cou, prise sur sa nuque et son regard aussi, s’égare, quelques secondes ou plusieurs avant qu’il ne le relâche. « c’était un cadeau. » sans le regarder, il lui passe de nouveau l’écharpe autour du cou sans intention de la reprendre et il espère qu’il ne la jettera pas, même s’il comprendrait. sûrement. « tu as peur de moi ? est-ce que tu me détestes ? ce n’est pas ce que je voulais. » les derniers mots sont plus bas, plus hésitants comme il ne voulait pas les prononcer. ce n’est pas ce qu’il voulait ; lui causer du tort, être une des raisons de ses tourments ou y avoir contribué malgré lui. même en prenant soin de ses blessures, c’en était peut-être déjà trop. faire partie de ce passé qui le fait souffrir, est sûrement assez. et il ne sera pas égoïste, si on lui demande de rester loin. il soupire et triture ses propres manches en attendant le verdict.

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Daw présence docile. Daw aux fantômes du passé qui lui font courber le dos. Daw figure fragile. Les yeux toujours baissés. Jamais un mot au dessus de l’autre. Il avait toujours été fragile. Le poids des mots de son père pour le rabaisser dès que possible. Cassable. La tristesse de sa mère quand elle se pensait seule, et lui qui ne pouvait la sauver. Malheureux. Gamin à se laisser humilier parce qu’il ne savait pas se défendre. On avait prit ses éclats pour les fracasser au sol. Daw prénom si injustement donné. Les étoiles ne brillent pas. Plus dans ses yeux. Alors Daw quand on le compare à la beauté d’une rose, il ne peut que rejeter les mots. Il n’est pas aussi fort que ces fleurs. Il se brise au moindre coup de vent, à la moindre attaque. Il se brise. Plus d’épine pour se protéger. Plus rien. Autant ne pas donner un nom comme le sien à une fleur. Elle finirait pas flétrir par mourir. Elle finirait comme lui. En lambeaux.  Et de gestes maladroits il dénoue l’écharpe. Se dit qu’il est temps de la rendre. Se dit qu’il lui doit enfin ça. Et tandis qu’il tend le tissu doux, il en a pris soin, il est choqué. Mouvement de recul. Parce que Huifan vient de poser sa main sur sa joue. Et il est tel un animal craintif. Craint les gestes qu’il n’a pas initiés. Mais la main glisse sur sa joue, remonte son visage. Un murmure tandis qu’il lui demande de le regarder. Et c’est des yeux fuyants qui se posent dans ceux de Huifan, c’est des yeux humides, ternes, sans étoile. Les seuls éclats, les larmes qui y logent. Il ne comprend pas sa douceur. Il ne comprend pas ce garçon. Il lui échappe. Des éclats, rappel du gang dans lequel il était avant qui se mêlent à une douceur maladroite. Il ne comprend pas Huifan. S’étonne de l’entendre lui dire que personne n’est supérieur à lui. On lui a pourtant enseigné le contraire. On lui a pourtant rappelé sa place. Au bas de l’échelle. Mais voilà que quelqu’un qui a tellement plus de valeur lui offre une écharpe, voilà que quelqu’un qui mérite tellement plus de vivre s’intéresse à lui. Tremblement qu’il ne peut retenir en le sentant passer son pouce sur sa gorge marrée, c’est dans une précipitation à peine dissimulée qu’il cache de nouveau la cicatrice lors que sa main s’éloigne. Écharpe resserrée autour de son cou, il s’étonne de ses derniers mots. « Je … ne vous … te déteste pas … Huifan-ssi. » Il lui a sauvé la vie après tout. S’est occupé de lui. Présence étrange dans ce monde. Il s’était évertué à rallumer les étoiles dans ses yeux. À lui rendre un espoir qu’il avait abandonné sur un quai de gare. « Vous … vous êtes étrange … » Murmure, sa tête qui se baisse à ses propres aveux. « Je ne vous comprend … pas … » Et y’a ses doigts, maladroits, hésitants qui viennent attraper les manches du jeune homme en face, ses yeux rivés sur le carnage de ses mains tandis qu’il continue. « Vous ne … Tu ne devrais pas te soucier ainsi … C’est pas important … Y’en a d’autres … des gamins dans la rue … Qui mérite mieux … Tellement plus … Je comprends pas … Tu aurais pu … juste me laisser … Je l’ai mérité. J’aurais du mourir … Je le méritais. » Et y’a sa main, presque cruelle qui vient se porter à sa gorge. L’impression qu’il a mérité tous ces coups. Surtout celui-là.  Gamin fracassé.

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Il ne peut perdre ses doigts dans sa tignasse rosée, ni refermer ses bras autour de ses épaules affaissées. mais Il aimerait que d’un simple geste, sa tristesse disparaisse et il voudrait que d’un regard, il comprenne sa place dans l’univers. Daw n’est pas moins méritant qu’un autre, mais sûrement plus que lui en vérité. Peu importe sous quel angle il le regarde, Huifan y voit toujours l’injustice faite à un jeune homme qui aurait pu avoir de grands sourires, rire fort comme Ilhoon et donner volontiers son nom à mille roses, si on ne l’avait pas brisé jusqu’à la moindre petite parcelle de son être. Brisé à un point qu’il ne peut que deviner et ça ne s’arrête pas aux loups qu’il a fréquenté. Chez lui aussi, l’air devait être irrespirable. N’a-t-il donc personne pour lui rappeler sa valeur ? Mots doux à son encontre, le soulagement à la réponse du plus grand et huifan s’autorise un soupir, comme s’il retenait son souffle jusque-là. « étrange ? oui, sans doute. » un sourire tendre sur les lèvres tandis que ses yeux suivent les mains de daw et les observe en l’écoutant parler ce qu’il ne comprend pas. il ne se trouve pas si compliqué, pourtant. mais au fil des mots il comprend et les affirmations sont dures, difficiles à écouter sans que son cœur ne reçoive un coup douloureux. « tu le penses vraiment ? » il a toujours les yeux baissés sur les mains marquées par les mauvais traitements qu’elles ont subi et ses propres poings serrés sous la colère ressentie pour les autres, ces fantômes du passé qu’il ne peut plus chasser mais qu'il maudit. la cruauté de leur monde était un peu trop réelle, un peu trop vive et trop récemment fuie pour oser parler de page tournée si vite. « tu mérites… plus. tu es ce gamin qui méritait plus. je ne me suis jamais… » un sentiment étrange qui le surprend, il se sent un exposé aujourd’hui, trop honnête avec ses émotions et ça l’embarrasse. « je n’ai jamais tendu la main à personne avant toi. je suis égoïste daw, un peu trop. » il l’était aussi avec lui, malgré tout. il aurait pu faire plus, mais c’était un gosse, lui aussi. un gosse plus tenace qui ne voulait pas voir ses efforts partir en fumée. il ne veillait que de loin et ne s’imposait pas dans sa vie parce que daw ne voulait pas, non plus, vraiment de lui. trop jeune pour comprendre alors que maintenant, il les remarque, tous les signes. « tu ne mérites pas de mourir. » il attrape ses mains pour le distraire et son cœur s’emballe. il y a cette petite voix qui lui dit d’avancer et l’autre, de ne rien faire si ce n’est le regarder, le contempler avec tendresse et admiration. « tu ne devrais pas essayer de me comprendre, il y a des choses qu’on ne peut pas toujours expliquer. mais j’espère que tu pourras accepter l’importance que je te donne. » machinalement, il lui caresse les mains et n’entend rien d’autres que les coups résonnants de son cœur et ces petites voix terribles qui le poussent gentiment au vice. Il ne devrait pas faire plus que le trouver adorable pour son âge. « alors dis-moi, en quoi tu mérites ce que tu as subi ? éclaire-moi, car je ne comprends pas, non plus. »  

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Gamin fracassé. Il connaît sa place. Sait qu’il dérange. Qu’il est une gêne. Qu’on préfèrerait ne plus le voir. Tellement trop à faire avec lui. Il sait. Il ne mérite pas tout ça. L’attention des autres. Déchet de la société, il a su se faire discret. Absent. C’est tellement facile. Pourtant pas assez. Toujours trop bruyant, trop là. Présence insupportée. Alors il ne comprend pas. L’intérêt que Huifan lui porte. Son attention. Sa douceur. Il n’y comprend rien. S’en étonne, sourires amers sur ses lèvres. Et quand il l’attrape de ses mains tremblantes pour avoir son attention. C’est ces manches qui glissent entre ses doigts abimés. Parce qu’il se sait … Détestable. Insupportable. Sans doute de ceux qui vous donnent un sentiment de dégoût, pour oser le toucher. Et il secoue la tête doucement Daw. Peut habitué à devoir s’expliquer. Peu habitué à ce qu’on lui donne autant de crédits. « Non … » Douceur amère entre ses lèvres, le murmure d’une tristesse infinie. Il ne mérite pas mieux. Non. Son père avait raison. Ils avaient raison. Il ne mérite pas mieux. Il y a des enfants sur terre qui n’auraient du jamais naître. Et il en fait parti Daw. Même lorsqu’on lui affirme le contraire. Même quand on lui affirme qu’il n’aurait pas du mourir. Et le métisse devine les excuses derrière un aveu d’égoïsme. Excuse qu’il ne mérite pas. Mais son souffle se coupe quand des mains viennent attraper les siennes. Pouces qui caressent inconsciemment le dos de ses mains abimées. Mains chaleureuses comme un étau autour des siennes. Et lui qui ne sait plus comment faire. Surtout quand Huifan lui demande. D’accepter l’importance qu’il lui donne. L’importance qu’il ne comprend pas. Parce qu’il sait Daw. Qu’il a juste été ce dommage collatéral. Ce gamin ramassé dans la rue, parce que ça dérangeait de le laisser mourir. Pas besoin de se donner de la culpabilité en plus. Et lorsqu’il lui demande en quoi il est coupable. En quoi il mérite de mourir, il ne peut pas s’échapper Daw. Piégé. Retenu. Ses yeux qui se baissent sur ses genoux. Habitude mauvaise, mais véridique de son état, il laisse échapper un rire. Rire proche d’un sanglot. L’impression que quoi qu’il arrive il finira par le juger lui aussi. Par comprendre que oui il mérite sans doute de mourir. Qu’il mérite ses coups. Qu’il mérite cette cicatrice à sa gorge. Son avenir de pianiste piétiné. Qu’il mérite les hématomes qui ne semblent plus jamais vouloir disparaître de ses côtes apparentes. Qu’il mérite tout ça. « Je suis répugnant non ? » Petite voix, murmure sourd, et la triste réalité qu’il le pense. « J’ai pas su la sauver … Pas su leur faire face … Tellement pitoyable. » Yeux ternes, les étoiles sont mortes, même celles que Huifan a tenté de rallumer à l’époque. « Comment pouvez-vous me porter de l’attention alors que je me déteste à ce point ? » Le vouvoiement est revenu. Mieux vaut marquer les distances. Sinon il finit toujours par se blesser. À s’attacher. À devoir laisser les gens partir. À finir seul derrière. Pathétique.

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il a les mains si froides. il a le cœur si triste, le regard si terne. il lui paraît si petit, si frêle comparé à lui alors que ce devrait être l’inverse. le silence entre eux est apaisant, huifan prend le temps de s’imprégner des sensations et de réfléchir plus avant aux mots employés, à ses intentions discrètes. il se mordrait presque la langue de prendre autant de pincettes, de ne pas se faire direct au risque de l’effrayer. le brusquer alors que tout ce qu’il souhaite réussir, c’est le rassurer. « je ne répéterai même pas ce mot. » répugnant, daw ? « non, tu ne l’es pas. on a tellement profité de tes faiblesses… c’était inégal. c’est eux les pitoyables, ils sont au plus bas de l’échelle et même sous terre. toi ? » à regret, il lâche une de ses mains pour la placer à hauteur de leurs visages. « ici, » un sourire qui s’élargit lorsqu’il monte encore et encore jusqu’à ce qu’il ne puisse plus tendre son bras plus haut. « ou là-haut ? où se cachent tes ailes ? » il rit et retrouve vite la chaleur de sa main, réchauffée depuis qu’il la retient. tout pour le distraire, il aimerait le faire au moins sourire, effacer ses peines juste un instant, juste maintenant. il est devenu bien confiant, bien sûr de lui d’un coup, à se comporter comme s’ils ont toujours été proches alors que non. « comment peux-tu te haïr tant ? » il suit les battements de son cœur, éveillé depuis peu, attiré par la détresse du garçon. il lâche ses mains et couvre les siennes à l’intérieur de ses manches quand il les dirige ailleurs. pour la deuxième fois il ose, poser les paumes sur ses joues et lui redresser la tête pour être à égalité. « ne t’ai-je pas demandé, de ne plus me voir comme un étranger ? que dois-je faire pour que tu me remarques… » l’impression de parler dans le vent, mais il en comprend les raisons et sa patience est immense. Il sait que ce n’est pas aujourd’hui que daw changera d’avis, qu’il ne se verra plus aussi misérable qu’il croit l’être, mais huifan aimerait juste laisser une trace. la sienne, comme ce léger espoir qu’il lui a insufflé il y a des années. puis, les faits le frappent fort et sa poitrine le serre lorsqu’il réalise, qu’il en profite aussi. différemment, mais il tourne les choses à son avantage. le touche sans permission et le connaissant, daw n’oserait juste pas lui dire de lâcher. il a toujours l’air surpris à chaque contact et huifan ne recule pas – peut-être parce qu’il y voit de bons signes ? à force d’y penser il s’embrouille. à force d’y penser il veut plus, et c’est ainsi qu’il finit dans ses bras. torse contre torse, le menton calé sur une épaule osseuse et ses bras hésitants, à peine serrés autour d’une taille trop fine. « j’en sais assez pour te repousser cent fois si j’le voulais, si tu n’en valais pas la peine. est-ce que j’suis plus méritant ? pas du tout. je fais encore mon égoïste, mais je ne veux plus te laisser fuir. pas si tes raisons concernent ta médiocrité, qui à mes yeux est inexistante. » voix tendre près de son oreille et plus les secondes filent, plus il se rend compte de ses mots, ses gestes et toute l’ambiguïté qui s’y prêtent. il a sûrement la même couleur de teint que certaines roses ici, et il ne pense pas aux blanches. alors il se libère de l’étreinte en évitant soigneusement de le regarder, les genoux qui se débattent pour se relever et la douleur dans ses jambes le fait grimacer. subtilement, il choisit de laisser le choix à daw d’accepter son soutien ou non. en lui tendant la main, pour l’aider à se relever.  

isn't it lovely, all alone?
Heart made of glass, my mind of stone
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Apparence terne, son nom mal porté. Les étoiles sont en deuil. Éteintes. Cadavres stellaires. Apparence en horreur. Nourriture en dégoût. Le regard qui se refuse à se porter sur un miroir. Taille qui complexe. Corps qui complexe. Existence qui complexe. Manger qui devient un calvaire. D’abord il se force. Les mots de son père, l’ingratitude qui lui colle à la peau. Les regards de son père, l’inquiétude qui le culpabilise. Et peu à peu, adolescent qui joue avec son assiette, assure qu’il n’a plus fin. Jusqu’à ne plus manger. Juste un fruit, des gâteaux secs, et le regret de les avoir avalé. L’impression qu’en ne mangeant pas, qu’en maigrissant il pourra devenir invisible. Apparence qui le répugne, le murmure en ses lèvres, son regard baissé tandis qu’il lui demande. S’il ne le trouve pas répugnant. Des excuses entre ses lèvres. De ne jamais avoir pu être suffisant. De ne jamais avoir été assez bien. Haine violente envers sa personne. L’incompréhension quant à son attention. L’incompréhension tandis que le silence se dissipe. Qu’il lui trouve des excuses. Là où il n’y en bas pas. Descend des gens qui mérite sans doute plus que lui. L’encense au delà du raisonnable. Et pourtant. Il s’y baigne un instant dans cette attention tendre. Esquisse même un sourire. Lors qu’il tend la main vers le ciel, prétend qu’il en vient. Ange. Mais il ne se trouve aucun trait angélique Daw. Voudrait lui dire que c’est l’inverse. Que c’est lui, Huifan qui a joué les anges gardiens avec lui. Mais les mots se perdent, et il ne fait que garder les yeux baissés. C’est plus facile de ne rien attendre des autres. Plus facile que de voir l’espoir se faire piétiner. Daw désabusé de la vie. Daw qui n’a pas les mots. Pour parler de lui. Pour expliquer cette haine qu’il a pour lui. Pour lui expliquer à quel point il est lâche. Aucune envie de vivre. Aucun courage pour affronter la mort. C’est plus facile de survivre que de vivre. Le vouvoiement reproché, mains sur ses joues qui l’empêchent de regarder le sol, suppliques pour qu’il le voie. « Qu’est-ce … Qu’est-ce qu’il y a de si bien … Qu’est-ce que vous … tu désires ? …. Je n’ai pas … grand chose. Rien qui ne mérite ça. » Cette attention. Cette gentillesse. Cette tendresse. Daw créature misérable. Il se demande presque amèrement si c’est la pitié qui le fait agir. Mais la pitié elle n’a pas cette chaleur. Pas ce corps contre le sien. Cœur qui s’emballe, épaules qui se crispent. Les mains de Daw qui ne bougent pas de ses genoux. Statue de sel. Peu habitué à ce qu’on le prenne dans les bras. Peu habitué à autant d’affection, d’attention. Peu habitué au point que ça fasse mal. Mal au cœur. Des larmes qu’il retient. Étreintes qui rappellent celles de Chulhei. Étreintes qui rappellent celles de sa mère. Les deux seules personnes qui ne l’ont pas haï … Encore. Il se demande parfois. Si en mourant elle ne l’a pas détesté. De ne pas être l’enfant qu’elle voulait avoir. De ne pas avoir su voir ce mal qui la terrassait. Enfant étouffé par sa propre tristesse. Étreinte fragile qui s’évapore. Laissant Daw. Au sol. Main tendue devant lui. Et lui qui la saisit. Doigts fragiles. Pensée presque égoïste … Que peut-être il avait le droit à cette attention douce. Ne serait-ce qu’un peu. « Je te comprends vraiment pas Huifan … ssi. » Pensée égoïste. Que pour une fois on ne l'abandonne pas. Que pour une fois ... Juste une fois, il soit suffisant pour quelqu'un.

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« tu te poses trop de questions. ce que je veux ? je n'en sais rien. » il ne s'est jamais montré aussi persistant dans la vie d'un être, si ce n'est celle de son frère. qu'est-ce que les autres n'ont pas ? telle est la vraie question, mais il se contente de sourire et laisser son regard combler le silence. que désire-t-il, huifan ? bien trop troublé pour y réfléchir et lister ses raisons, car il n'en laisse qu'une seule dominer ses pensées et lui rendre son assurance pour le prendre dans ses bras – juste comme ça. il est chaleureux, daw, malgré la froideur qu'il pense dégager et il rayonne aux yeux du chinois, malgré l'éclat dont il se pense dépourvu. terne, sans saveur, morne. vraiment ? il ne voit que douceur, maladresse et fragilité qui lui crient de faire plus, prendre soin de lui comme il s'en pense capable, mais rien ne sert de se hâter. surtout avec lui, au contraire, juste s'imposer un peu plus dans sa vie à chaque fois et lui rappeler qu'il veille, qu'il sera toujours là parce qu'il ne compte pas la briser, cette promesse muette. il refrène ses envies spontanées et se retire comme il l’a toujours fait, poli et discret, juste une main tendue vers la sienne en guise de sceau et lorsqu’ils se font face à nouveau, huifan hoche la tête. alors c’est décidé, n’est-ce pas ? il claque sa langue entre ses dents lorsqu’il entend encore ce suffixe trop formel, d’un daw beaucoup trop respectueux et qui clame toujours ne pas le comprendre. « on me le dit souvent. » grimace espiègle et il vient à nouveau chercher la main du plus grand, le bout de ses doigts qu’il attrape pour être exact. il n’a pas de si petites mains non plus, mais elles le deviennent autour des siennes – son cœur s’en ravit, mais il secoue ces idées incongrues pour les ramener à l’intérieur. « à bientôt, prends soin de toi jusque-là. » avant de partir cependant, il lui emprunte son téléphone pour y laisser son numéro, lui laissant encore une fois, le choix. un sourire et il s’éloigne, son humeur bien moins morose, mais un tantinet plus nerveuse pour les heures qui suivront. sa détermination n’a jamais failli, mais aujourd’hui, c’est autre chose qui l’anime. une excitation particulière, rarement ressentie, mais plutôt agréable. il se retourne une fois, un dernier regard vers lui avant de disparaître.