le prix à payer | shen x se yoon

Premièrement, il ne devrait pas être ici. Yoo Se Yoon, dans son costume habituel, ne se fondait pas dans le décor, qu’il scrutait discrètement. Ce n’était pas dans ses habitudes de rentrer dans une supérette, ce n’était pas un lieu qui lui collait, à lui et à son rang social. Si son regard n’était pas empli de mépris, il était, disons, peut-être hautain malgré lui. Il ne devrait pas être ici, et pourtant, il suffisait d’un moustique insistant pour qu’il se retrouve là, un répulsif à la main, en direction de la caisse. Il laissait son regard s’attarder sur les gens et le bâtiment autour, mais, tentait de limiter le temps qu’il perdait là, qu’il pourrait passer à travailler, plutôt qu’à s’extasier devant le genre de monde dans lequel le commun des mortels vivaient.

Et il mit un moment à revenir de ses réflexions, qui s’étaient évadées entre les dossiers sur son bureau, quand on lui donna quelque chose de force, avant de, oh ? « Il est là », voyons, qui est là ? Il regarda les policiers s’approcher et l’homme dont il avait à peine eu le temps de voir le visage s’éloigner. On l’accusait donc ? De vol, visiblement. Oh. Les pauvres vivaient dans un monde pour le moins intriguant. Sourd à leurs accusations, Seyoon prit la parole en premier. « Avant quoi que ce soit, puis-je pointer du doigt le simple fait que je n’ai pas besoin de voler. Et surtout pas... » Il regarda la chose qu’il lui avait été donnée de force. « Ca. » Il n’avait pas l’allure d’un voleur, encore moins d’un voleur dans une supérette de si basse qualité. « Vous devriez plutôt faire attention à... » Il jeta un discret coup d’oeil dans la direction qu’avait prit l’inconnu en s’éloignant, sans le trouver, mais il renonça et soupira. Le silence ne dura pas longtemps, les policiers s’énervant déjà, piaillant des accusations que l’homme en costume n’entendait pas, son regard encore perdu sur l’étonnante modestie de la bâtisse. « Qu’importe. Ne faisons pas plus d’histoires pour quelque chose d’aussi insignifiant. » Il s’avança vers la caisse, avec son fameux anti-moustique et cette chose qu’il regardait comme si elle venait d’un autre monde – ce qui, pour lui était en quelques sortes le cas. Ouvrant son portefeuille  en cuir, tirant une carte bleue, payant le tout sans même regarder le montant. Il regarda les policiers le regarder d’un air menaçant, soupirant une nouvelle fois. « Je suis pressé, messieurs. Si vous me insistez cependant, cherchez moi au nom de Yoo Se Yoon, je répondrais à vos appels. »

Il sortit de la supérette. Le premier dont les policiers toléraient la sortie. Mais il resta devant, attentif. Il se décala simplement, laissant la sortie libre. Il avait mémorisé le visage du jeune homme, et était bien décidé à le voir – ne serait-ce que pour lui rendre sa ‘chose’, qu’il ne gardera certainement pas.

Il n’attendait aucunement ici par pitié pour par altruisme. Il avait payé pour ne pas avoir plus de problèmes et restait là parce qu’il ne savait pas que faire de cette chose. Mais, même s’il ne l’avouera pas, une certaine curiosité avait naquit entre deux de ses neurones emplis de connaissances, pour signaler qu’il y avait quelque chose, là, dont il n’avait idée. Une situation sur laquelle il ne s’était jamais penchée. Ce monde là, ce monde banal, finalement, ce monde populaire, que lui n’avait jamais approché, autrement que par approches extérieures souvent professionnelles. Alors, oui, quand l’inconnu est sorti, quand il a prit son soi-disant dû, et qu’il s’est éloigné dans un remerciement sonnant si faux, ça l’a peut-être embêté un peu. Ce ton aurait pu le piquer si l’interrogation et finalement le fait qu’il n’aurait de toute façon pas prit au sérieux les mots d’un péquenaud sorti de nulle part. Mais qu’importe, au lieu de prendre la direction opposée, et de le laisser faire, il attrapa le garçon par le bras avant de le laisser partir plus que nécessaire.

« Excusez moi de vous retenir, mais, » Il marqua une pause, regardant le bras qu’il avait saisit. Est-ce que c’était sur et bien sain d’attraper par le bras un voleur des bas quartiers ? Il en risquerait pas d’attraper une quelconque maladie ? Il réussit à faire abstraction plus ou moins de la question pour regarder le jeune homme dans les yeux. « Vous êtes conscient me devoir quelque chose. Plus que ce vulgaire achat, je vous ai dispensé d’un détour au commissariat. » Il jeta un coup d’oeil vers le supermarché. « Enfin, je pourrais toujours juger cette entrevue nécessaire. » Il lâcha son emprise, regarda un instant sa main avant de sortir un flacon de gel hydroalcoolique de son sac en cuir, s’en déversant une noisette sur les mains. « Je ne demande aucune sorte de remboursement, si cela peut vous rassurer. Je ne vous réclamerai qu’une entrevue polie, de quoi faire connaissance et d’apaiser ma curiosité piquée à vif par des concepts que j’ai du mal à me figurer. » Il sourit au millimètre, quelque chose d’imperceptible, et ayant finit de nettoyer ses mains dans les moindres recoins, releva la tête. « Ca vous va ? »